La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015
48 LES NOUVEAUX VISAGES DE LA VIE PUBLIQUE
La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015
PARTI COMMUNISTE
Première élection en mars dernier
Thibaut Bize, communiste décomplexé À 30 ans, le secrétaire départemental du P.C.F. du
Doubs est aussi élu au conseil municipal de Besançon où il occupe la fonction d’élu délégué aux animations sportives. Rencontre avec un ensei- gnant dont l’expérience de vie sociale l’a amené à regarder le monde au-delà du bout de son nez.
T hibaut Bize fait partie de la nouvelle garde des élus bisontins. Membre actif d’une majorité municipa- le plurielle, il n’est ni socialiste, ni vert, ni même de la société civi- le. Ce jeune homme de trente ans à la barbe bien taillée porte en bandoulière les valeurs du parti communiste dont il a puisé la sub- stance dans ses racines familiales. “Je suis issu d’une famille de mili- tants syndicaux.Mon grand-père était ouvrier chez Peugeot et mili- tant syndical. Mon père est un agent E.D.F. qui s’est battu contre la privatisation de l’entreprise. J’ai toujours vécu dans cette ambiance de militants. Pour moi, c’était dans l’ordre des choses que d’entrer dans l’action politique” remarque Thibaut Bize. Une fois atteint l’âge de la majo- rité, ce Bisontin pure souche qui a grandi à Montrapon s’est enrô- lé dans la Jeunesse Communiste mû par l’idéal à la fois noble et naïf qu’il est toujours possible de changer le monde. “C’est sur ce principe-là que je me suis engagé en politique” dit-il. Il a livré son premier combat de militant pour
défendre la cause d’un homme, celle de Salah Amouri, un Fran- co-palestinien emprisonné en Israël en 2005 et qui sera libéré sept ans plus tard. L’étudiant a été accusé d’avoir tué un rabbin, sans preuves suffisantes selon ses défenseurs. “Je l’ai soutenu com- me beaucoup de communistes en France. De le voir libre, çam’a fait quelque chose.” Depuis ses premiers pas au P.C.F. en 2004, le temps désenchanteur
s’écoule sur lemon- de, mais les convic- tions de Thibaut Bize sont restées intactes. Le jeune homme a pris des responsabilités au sein de son parti puisqu’il en est le secrétaire départe- mental depuis 2013. Il a franchi un pas de plus en 2014, en rejoignant l’équipe de Jean-Louis Fous- seret grâce à laquel- le il a gagné sonpre- mier mandat de conseiller munici-
Faire confiance aux salariés.
Thibaut Bize s’est approprié cette phrase de Pablo Neruda : “Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs, mais ils ne seront jamais les maîtres du printemps.”
pal délégué, en ce qui le concerne, aux animations sportives. Pour un garçon qui a l’expérience de 20 ans de judo, le sujet que lui a confié Jean- Louis Fousseret ne lui est pas totale-
ment étranger. Néanmoins, il n’est pas question pour lui d’endosser le costume d’unMon- sieur-Je-Sais-Tout qui arriverait en terrain conquis. “Je viens dans cette délégation non pas avec un regard d’expert ou de militant mais avec un regard de citoyen. Il y a beaucoup de politique dans le sport qui est un outil social, de rencontre, d’émancipation, de vivre ensemble, de confiance en soi, de respect de l’autre, d’intégration aussi. Il n’y a que le sport pour véhiculer de tels symboles et générer un tel enthou- siasme comme ce fut le cas en 1998 lors de la victoire de l’équipe de France de foot” estime l’élu. Mais à une époque où les enfants s’éloignent de plus en plus de la pratique sportive, le conseiller municipal a du pain sur la planche pour ramener ces jeunes dans les gymnases. “On l’oublie souvent mais le sport est aussi le moyen de s’en sortir pour beau- coup de gamins qui vont faire les bonnes rencontres aubonmoment. Un éducateur sportif est un édu- cateur ! En s’éloignant des clubs, ces enfants ont un éducateur de moins dans leur vie.” Si son idéal de changer le mon- de s’est un peu estompé, il est néanmoins convaincu en tant que conseiller municipal qu’il est possible d’améliorer le quotidien de beaucoup de Bisontins en tra- vaillant dans la proximité. Sen- tir les injustices, agir pour que les choses fonctionnent mieux, apporter des réponses collectives à un problème, c’est dans ce rap- port à la société que vibre sa fibre communiste. “Si je pensais qu’il est impossible de faire évoluer les choses, je ne serais pas ici” dit-il. Cette expérience de vie sociale, il la forge au quotidien dans son métier de prof qu’il exerce au lycée professionnel NelsonMan- dela d’Audincourt où il enseigne les biotechnologies. Une école de la République qui défendrait
l’égalité des chances mais dans laquelle se reflètent surtout les inégalités sociales. Thibaut Bize les a pris en pleine figure, lorsqu’en début de carrière il a étémuté dans un lycée à Montreuil. “Cela a été une expérience professionnelle et humaine très enrichissante. J’ai compris qu’il y avait des gamins qui étaient dans des situations qu’on ne souhaite à personne. Il y a là-bas une proximité avec la délin- quance dans laquelle basculent des élèves. Quand cela se produit, on le vit comme un échec en tant que prof.” Un constat qui le conforme dans sa conviction qu’il y a urgen- ce à sortir d’une logique indivi- dualiste dominée par le pouvoir de l’argent “qui ne va pas dans le sens du progrès de l’humanité. Para- doxalement à Montreuil, j’ai été très impressionné par les réseaux de solidarité qui se mettent en pla- ce.” Dans une société qui paraît à bout de nerf, l’embellie viendrait donc des actions collectivesmenées dans l’intérêt de tous, affranchie de la toute puissance de la sphère finan- cière. Pour Thibaut Bize qui incar- ne un communisme dépoussiéré, de nouveauxmodèles sont à inven- ter y compris dans l’industrie. “N’est- il pas temps de faire confiance aux gens qui connaissent leur métier ? Qui peut être plus intéressé que l’employé lui-même à maintenir son emploi ? Il faut que des sala- riés puissent peser sur les orienta- tions stratégiques de l’entreprise. Il est temps d’avoir une réflexion commune sur l’industrie que l’on veut et pourquoi.Si c’est pour renou- veler l’expérience d’une industrie au service de l’actionnariat, alors nous tomberons dans les mêmes travers qu’aujourd’hui. Oui je suis optimiste, car si on se réapproprie une part de notre pouvoir, nous pourrons sortir de ce déclin.” Le renouveau est possible. Arrivera- t-il dans la douceur ou dans la dou- leur ? L’avenir le dira. T.C.
Bio express Naissance le 1 er octobre 1984 à Besançon Il rejoint la J.C. en 2002 Il intègre le P.C.F. en 2004 Il devient enseignant en 2008 Enseigne à Montreuil de 2009 à 2011 Il pratique le judo de 1989 à 2004 Il devient secrétaire départemental du P.C.F. du Doubs en 2011 Il est élu au conseil municipal en 2014
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