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28 Le Grand Besançon
La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024
INTERVIEW Santé périnatale “La prise en charge pendant et après-accouchement doit être améliorée” La sénatrice centriste du Doubs, Annick Jacquemet, qui présidait la mission d’information sénatoriale sur la santé périnatale a rendu son rapport. Le document met le doigt sur un certain nombre de fragilités et la nécessaire transformation de l’offre de soins dans les territoires.
Annick Jacquemet plaide pour une sécurisation accrue des accouchements et un renforcement du suivi en proximité après la naissance.
L a Presse Bisontine : Un long travail d’auditions a été mené pendant six mois autour de la santé des mères et des nour rissons. Pourquoi ? Annick Jacquemet : Cette mission d’information a été décidée par le groupe du Rassemblement démocratique et social européen (R.D.S.E.) et initiée par la séna trice Véronique Guillotin. Elle fait suite au rapport de l’Aca démie de médecine de 2023, qui préconisait la fermeture des maternités où s’effectuent moins de 1 000 naissances par an, ainsi qu’aux chiffres alarmants de la santé périnatale en France. La situation se dégrade depuis une dizaine d’années. Nous avons dégringolé au classement euro péen pour nous retrouver aux 21 ème et 22 ème rangs en matière de mortinatalité et de mortalité infantile. L.P.B. : À quoi est dû ce plus grand nombre de décès que chez nos voisins européens ?
A.J. : C’est multifactoriel. On observe notamment que les indi cateurs de santé des mères et des nourrissons se dégradent. Avec l’âge de grossesse plus tar dif (un quart des femmes ont plus de 35 ans), l’augmentation des problèmes d’obésité et de diabète gestationnel mais aussi la précarité et les vulnérabilités sociales.L’offre de soins de réa nimation néonatale insuffisante et la difficulté à assurer la per manence des soins participent aussi de la situation, sachant que la présence de cinq profes sionnels de santé différents (gynécologue-obstétricien, anes thésiste, sage-femme, infirmière et pédiatre) est demandée en permanence. Soit l’équivalent d’une trentaine de professionnels pour assurer une rotation et les soins en continu sur un lieu d’ac couchement. L.P.B. : Le taux de mortalité infantile atteint 3,5 pour 1 000 en France hexa gonale, avec des disparités territoriales
importantes. Qu’est-ce qui fait défaut dans l’offre de soins actuelle ? A.J. : On préconise dans ce rap port de vraiment travailler par territoire et de voir comment les maternités de différents niveaux s’organisent. Mais aussi de développer le lien entre méde cine de ville et hôpitaux. L’or ganisation que nous avons pu observer en Bretagne en est un bon exemple. Les bébés naissent de plus en plus tôt et sont pris en charge plus prématurément qu’avant. Il faut dans ce contexte qu’il y ait un bon maillage ter ritorial et une bonne orientation des femmes pendant l’accouche ment. Trop d’entre elles mécon naissent le niveau de prise en charge des maternités, et les fermetures soudaines et non préparées aggravent l’iniquité sociale. L.P.B. : Quels leviers peuvent justement être trouvés face à la fermeture des maternités ? A.J. : Le nombre de maternités
assurent le suivi pré et postnatal et cette proximité essentielle. L.P.B. : Quid de la santé des mamans ? A.J. : La santé de la femme enceinte et de la mère est préoc cupante. On a notamment été surpris par le taux de suicide après accouchement. On se rend compte que cela va bien au-delà du baby-blues. Les dépressions post-partum touchent une mère sur 5 et un père sur 10 (il ne faut pas les oublier).Si le suivi est jugé qualitatif pendant la grossesse, la prise en charge pendant et après accouchement doit être améliorée. On estime aussi qu’il serait opportun de créer un registre national des naissances et de la mortalité néonatale, pour avoir un meil leur rapprochement des données. Il faut en parallèle mieux accom
pagner les jeunes parents qui sont souvent perdus, avec des sources d’information multiples et contradictoires. Cela passe par une meilleure coordination de l’offre d’accompagnement (autour des 1 000 premiers jours notamment) et des profession nels de santé. Le rôle méconnu des services départementaux de P.M.I. (protection maternelle et infantile) pourrait aussi être davantage creusé, avec des antennes dans les maternités. L.P.B. : Quelle suite va être donnée à ce rapport ? A.J. : Nous allons le présenter à la nouvelle ministre de la Santé. Il faut maintenant que les pou voirs publics s’en emparent et voient comment on peut trans former cela. n Propos recueillis par S.G.
a baissé de 40 % en 30 ans, en lien avec la diminution des nais sances. Les choses ont évolué, en parallèle, avec, désormais, une pluralité de projets de nais sance et des praticiens qui ne veulent plus exercer comme avant. C’est à nous, élus, de nous adapter à ces évolutions de société.En tenant compte des contraintes territoriales, on recommande par exemple d’in tégrer des professionnels de santé périnatale dans les équipes de transports médicaux d’ur gence. On encourage aussi à réviser les décrets de 1998 et qu’il y ait un ratio minimal d’un lit de réanimation néonatale pour 1 000 naissances.On pense également que les plus petites maternités doivent être conser vées, même si l’acte d’accouche ment ne s’y fait plus, car elles
MONTFERRAND-LE-CHÂTEAU Bien-être à l’école Des classes flexibles en expérimentation La rectrice, Nathalie Albert-Moretti, était en visite fin septembre à l’école de la gare de Montferrand-le-Château, où sont proposées des classes flexibles en maternelle et en CM2. Une pratique qui se développe doucement dans l’Académie.
nomie. “ L’écueil est sans doute le niveau sonore et la charge de travail et de suivi, en cas de remplacement de l’enseignant” , reconnaît-il amusé, “car il faut avoir constamment une dizaine de proposi tions de travail d’avance.” Les premières inquiétudes des parents sont assez vite balayées en général, en voyant l’auto nomie gagnée, notamment sur la ges tion des devoirs. Ces classes flexibles intègrent, en fait, un projet plus global d’établissement à Montferrand, autour du bien-être à l’école, et sont financées dans le cadre de la démarche “Notre école, faisons là ensemble”. “Cela fait écho au projet académique 2024-2027. Notre académie s’engage pour une école qui protège et épanouit” , indique Giliane Ferrand, inspectrice de l’Éducation nationale, nouvellement nommée sur la circons cription de Besançon 1. L’école, qui avait commencé en 2022 par un projet d’éducation artistique (une comédie musicale) en est venue naturellement à élargir son champ d’action (café parents, opération “10 jours sans écran”, lutte contre le har cèlement…) et proposer ces classes flexibles. “Le début de la réflexion est parti d’une démarche inclusive. On avait des enfants porteurs de handicap” , précise la directrice de l’école, Patricia Monello, qui veut continuer à “cultiver le vivre-ensemble.” n S.G.
tiative de l’enseignant, qui se forme lui-même. Elle implique sur le niveau maternelle des sollicitations plus importantes de l’enseignant comme de l’A.T.S.E.M. pour valider le travail réalisé par chacun, veiller à ce que personne ne décroche et assurer le suivi individuel. Mais l’autonomisation se met assez vite en place, et “de l’en traide spontanée est même observée entre élèves” , nous assure-t-on. “C’est une autre façon de voir la pédagogie” , explique M me Selvais, “cela mobilise diverses compétences comme la mémoire de travail ou apprendre à aller au bout d’une activité, qui peuvent être bénéfiques y compris quand on rebascule en classe classique.” M. Mailley, qui développait déjà aupa ravant cette approche en CM2 et qui a décidé de passer en classe flexible depuis deux ans, y voit aussi bien des avantages. “On stigmatise moins ceux qui se trouvent en difficulté sur une matière. On voit qu’on peut s’apporter chacun quelque chose et qu’on peut être bon ailleurs.” Loin de l’image du “maître devant une rangée d’oignons” , sa classe se pratique portes ouvertes, avec tantôt des passages en grand groupe et tantôt de petits ateliers de travail en auto
D ans un joyeux bourdonnement ce jour-là, les élèves de moyenne et grande section de M me Selvais avançaient chacun à leur rythme sur un travail différent. L’un cherchant à distinguer les syllabes,
et pourront continuer en prenant un autre travail, tandis que d’autres pren dront un peu plus de temps.” Ici, les enfants sont libres de se déplacer et d’aller et venir pour trouver leur activité. Une approche à laquelle on est assez peu habitué et qui surprend d’emblée. Mais favoriser l’autonomie, la prise d’initiative et l’implication des élèves dans leurs apprentissages est justement le but de ces classes dites “flexibles” ou “semi-flexibles”. Les élèves suivent un parcours étoilé construit par l’enseignante, avec dif férents niveaux d’apprentissage. “L’avantage est qu’ils ont la possibilité de recommencer jusqu’à réussir. On permet à chacun de progresser en fonc tion de ses acquis.” Le mobilier est lui aussi flexible et modulable pour s’adap ter aux besoins et faire évoluer les espaces classe. Commandé et en attente, on devait achever de le monter ici durant les vacances de la Toussaint. Pour l’heure, cette pratique pédago gique (qui mise sur des parcours indi vidualisés), est mise en œuvre à l’ini
tandis que son voisin de table s’adon nait à un exercice de calcul et un autre, installé sur tapis, déchiffrait les lettres de l’alphabet. “Ils s’installent chacun où ils veulent et font l’activité de leur choix. Certains vont avancer plus vite
Exemple d’ateliers mis en place en CM2.
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