LPB269_WEB

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

3

NOVEMBRE 2024

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

N° 269

Les permis de construire en chute libre dans le Grand Besançon

SPÉCIAL IMMOBILIER

Sur la ville de Besançon, à peine 200 logements ont été réalisés en 2023 et 2024, contre 500 en 2019.

Le dossier en pages 18 à 24

P. 6 À 7

santé P. 14 Proctologue bisontin Les victimes sont prêtes à aller jusqu’au bout

L’événement

Des agents au bord de la rupture Protection de l’enfance : le problème bisontin

3 782888 303004

2 Retour sur info - Besançon

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

Le Tour de la France solidaire pour un Bout de vie

“Rencontres… et vous” prend racine à Besançon

D es kilomètres contre des euros, c’est le principe du nouveau projet sportif et solidaire de Frédéric Parise. En duo, le Bisontin va entreprendre en mai 2025 un tour de la France à vélo, sans assistance. Le trajet longe les côtes et marque notam ment des arrêts sur les 12 sites majeurs de Vauban, alors que le départ se fera depuis la Citadelle de Besançon. Le périple, long de 6 500 km, doit rapporter 13 000 euros, à raison de 2 euros le kilo Pour s’entraîner à son futur défi, Frédéric Parise a réalisé le G.R. 20 en Corse, une des randonnées réputées les plus difficiles.

mètre. Les fonds récoltés sont reversés à l’association Bout de vie, chère au cœur de Frédéric Parise. Cette dernière vient en aide aux personnes amputées en leur proposant notamment des périples sportifs pour prendre confiance en elles. “Tous les deux ans, je me lance un défi pour récolter des fonds pour l’association Bout de vie” , explique le sportif. Le Bisontin n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà derrière lui quatre défis : Le Marathon des sables, l’Ultra Marin Golfe du Morbihan, l’Ascension du Mont-Blanc et le Groenland. Si le départ est fixé au 1 er mai, le duo de cyclistes devrait arriver le 14 juillet après deux mois et demi à sillonner les routes de France. ■

La Bisontine Valérie Chameau, organisatrice des “Rencontres… et vous”, et son dernier invité Nicholas Moscovitz.

L e concept de ces soirées thé matiques, lancé par Valérie Chameau, créatrice de la Boîte à interview, fait de plus en plus d’adeptes. L’idée : recevoir un invité de marque sur une scène de théâtre et échanger avec lui sous la forme d’une interview-confidences. Le 15 octobre, Au Scènacle de Besan çon, dans un décor chic et intimiste, c’est l’artiste multidimensionnel, comédien et thérapeute Nicholas Moscovitz qui a répondu aux ques tions de Valérie Chameau. La dis cussion fait ensuite place aux échanges et aux questions du public. Sur la scène, deux fauteuils, des sabliers qui égrènent le temps, et c’est parti pour une heure d’entretien en tête à tête en face d’un public attentif et, il faut le dire, essentiel lement féminin. Pourquoi ? “C’est surtout en lien avec les thématiques abordées. Les femmes sont bien plus enclines à se pencher sur leurs blessures, sur leur histoire et sur la spiritualité. Les quelques hommes présents sont soit des curieux ouverts d’esprit, soit des hommes

qui ont travaillé sur eux et leurs bles sures” analyse l’organisatrice dont le concept est séduisant. “Au fil des rendez-vous, je sème des graines. Je sais que j’ai un concept original, novateur, et que j’aborde des sujets un peu hors cadre. Ce qui me rend la plus fière et la plus heureuse, ce sont les témoignages unanimes que je reçois lorsque les participants me disent qu’ils ont adoré ou que je présente des personnalités incroya bles” note Valérie Chameau. La 6 ème édition de “Rencontres… et vous”, la dernière de l’année, aura lieu le mardi 17 décembre, toujours au Scènacle avec comme théma tique : “L’invité, c’est vous !” En 2025, Valérie Chameau a déjà prévu plusieurs rencontres avec des invités aussi divers qu’un spécialiste de la prise de parole en public et de l’art oratoire, un spécialiste de l’I.A., et une spécialiste de la synergologie, une discipline dont l’objet est de mieux décrypter le fonctionnement de l’esprit humain à partir de son langage corporel. Plus d’infos en contactant la conceptrice sur vale rie@laboiteainterview.com ■ Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Acollaboré à ce numéro : Sarah George. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité: 0381679080 E-mail: redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine, C.A.F.C., E. Chatelain - J.-C. Sexe - G.B.M., E.F.S., Go Upper, Léo Guinchard - Région B.F.C., Pierre Gondard, S.L.R.C. équipe commerciale : Virginie Girardot, Anthony Gloriod. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N.: 1623-7641 Dépôt légal : Octobre 2024 Commission paritaire : 0225 D 80130

Fabrication de bio-médicaments à Besançon : bientôt une réalité ?

N ous avions révélé ce sujet il y a quelques mois dans nos colonnes, il commence à se concrétiser par le lancement officiel du projet BioIMP le 14 octobre dernier à BioInnovation (au pôle santé de Besançon) par l’E.F.S. de Bourgogne-Franche-Comté, chef de file de ce projet d’en vergure pour l’optimisation de la fabrication des bio-médica ments. L’établissement est en effet très impliqué et reconnu pour son expertise dans ce domaine. Ce projet, très ambi tieux, disposera d’un budget à l’avenant : 20,051 millions d’eu ros avec un large financement des fonds européens pour plus de 17 millions. “Le développe ment de biomédicaments,

médicaments dont le principe actif est d’origine biologique, est en plein essor, présente l’E.F.S. Un enjeu de santé publique a émergé ces der nières années face au coût de production de ces médicaments innovants, limitant leur déploie ment malgré des premiers résul tats scientifiques probants. La souveraineté de la France pour produire ses propres biomédi caments est également un enjeu majeur.” Le projet BioIMP, porté par un consortium d’acteurs acadé miques et industriels locaux, vise donc in fine à développer et déployer des solutions tech nologiques et biotechnolo giques innovantes, afin d’op timiser les procédés de

Le projet BioIMP a été officiellement lancé le 14 octobre dernier (photo E.F.S.).

fabrication des bio-médica ments. Ce projet ambitieux per mettra aux entreprises déve loppant, fabriquant ou exploitant des bio-médicaments de béné ficier de l’expertise de cher cheurs experts locaux en micro

techniques et en immunologie afin de “conjointement déve lopper les solutions de demain nécessaires à la production de biomédicaments sur le territoire de la Bourgogne-Franche Comté.” ■

B aisser les dépenses, ou augmenter les impôts, le choix était cornélien pour le nouveau gouvernement de Michel Barnier. Alors ce dernier a choisi de faire les deux, et pas à moitié. Certains diront qu’il est courageux, le pre mier sans doute depuis des décennies à tenter de s’attaquer au mur de la dette, sans quoi la France risquerait de connaître la potion amère que la Grèce avait dû s’in fliger pour survivre. Et d’autres penseront qu’il ne va pas assez loin dans la hausse des impôts, prônant un matraquage fiscal qui risquerait de briser la fragile croissance du pays. Il y a aussi ceux qui estiment qu’on ne doit en aucun cas augmenter la fiscalité, espérant que la baisse des dépenses suffira à redresser les comptes de la France. Eux se fourvoient sans doute aussi, tant il est devenu quasiment impossible de nos Éditorial Magicien

rement à l’État qui a le droit d’emprunter pour financer sa dette, les territoires ne peuvent le faire que pour investir. Pour notre seule Région, les efforts que demande l’État sont de 60 millions d’euros. Soit l’équivalent des dotations de fonctionnement habituellement versées aux 128 lycées publics de Bourgogne-Franche-Comté. Même colère chez le président des maires du Doubs Patrick Genre qui n’accepte pas, dit-il, “que les collectivités soient mises au banc des accusés” , réclamant en matière de dotations de l’État, “de la visibilité et de la stabilité dans ses engagements.” Alors qu’ils débutent à peine, les débats autour du budget 2025 de la France n’ont pas fini de faire des remous. Situation inédite en France : on risque de s’acheminer vers une guerre ouverte entre l’État et les collectivités locales ajoutant une crise institutionnelle à la crise sociale. Michel Barnier devra se muer en magicien pour résoudre cette impossible équation du budget. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

jours d’imposer des cures d’austérité à des secteurs de l’économie qui agonisent déjà faute de moyens (la santé, la justice, l’école… ). Le grand plan d’économies annoncé par le Premier ministre devrait avant tout se heurter dans les jours à venir à la fronde unanime des collectivités territoriales à qui M. Barnier a demandé 5 milliards d’eu ros d’économies. Les associations d’élus (maire, présidents de Départements, de Régions, d’intercommunalités…) n’admet tent pas que l’État qui a dépensé sans compter ces dernières années - le fameux “quoiqu’il en coûte” -, avec une dette qui a été creusée de 1 000 milliards d’euros depuis 2017, demande aux territoires de se serrer eux aussi la ceinture. La présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté Marie-Guite Dufay l’a dit haut et fort lors de la récente séance publique de la collec tivité, rappelant que 70 % des investisse ments publics en France sont le fait de ces collectivités territoriales et que, contrai

4 L’interview du mois

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

ENGAGEMENT

Société de la Légion d’Honneur

“Cette jeunesse-là, elle nous donne de vrais arguments d’espoir”

L’ancien président du Conseil départemental et sénateur du Doubs Claude Jeannerot est aujourd’hui à la tête de la société des membres de la légion d’honneur, section du Doubs. Une association qui a organisé ce mois-ci les Chemins de l’excellence, pour récompenser de jeunes apprentis méritants.

porté le premier prix. Les douze lycéens pontissaliens partent une semaine à la Toussaint à Chypre. Une autre manifestation qu’on organise au cours de l’année, ce sont les Chemins de l’honneur dont la prochaine édition aura lieu en décembre, et qui récompense cette fois des actions de civisme qu’on repère tout au long de l’année. Le dernier exemple en date était un jeune homme qui avait sauvé une femme de la noyade dans le secteur de Pontarlier. L.P.B. : Avez-vous été surpris par la qualité des profils récompensés au cours de la cérémonie des Chemins de l’excellence qui s’est déroulée au début du mois ? C.J. : Tous ces jeunes m’ont vraiment étonné. On taxe trop souvent la jeunesse Deux personnalités ont été nommées chevaliers dans l’ordre de la Légion d’Honneur lors de la dernière promotion du 14 juillet pour le Doubs : le maire de Saône Benoît Vuillemin, et Catherine Faivre-Pierret, agricultrice dans le Haut Doubs et membre du bureau national de la F.N.S.E.A. n Zoom Les derniers légionnaires de l’année

L a Presse Bisontine : Pour quelle raison avez-vous souhaité vous engager dans cette fonction (bénévole) de président de la société des membres de la Légion d’Honneur du Doubs ? Claude Jeannerot : Ce qui m’a motivé, ce sont les actions de solidarité que cette association développe tout au long de l’année, qui sont encore méconnues pour la plupart. On pourrait penser que cette société des membres de la Légion d’Hon neur fait de l’entre-soi, ce n’est pas du tout le cas, au contraire. Et nos actions sont essentiellement tournées vers la jeunesse, c’est cela qui me motive éga lement depuis deux ans que je préside cette association départementale. L.P.B. : À quoi sert cette société des membres de la Légion d’Honneur ? C.J. : Sur le plan national, cette association est née en 1921, au sortir de la Première guerre mondiale. Elle a été créée pour venir en aide aux familles de légionnaires, les titulaires de la Légion d’Honneur. Progressivement, cette association s’est intéressée à d’autres causes. Être titulaire de la Légion d’Honneur comme le sont tous nos membres n’est évidemment pas une fin en soi, elle crée des devoirs. Si on a été décoré de la Légion d’Honneur, c’est qu’on a peut-être répondu à quelques mérites, mais c’est aussi et surtout parce qu’on a beaucoup reçu des autres tout

au long de notre vie. On a donc vocation à rendre ce qu’on nous a donné. Au pre mier rang de ces devoirs, nous avons à repérer la jeunesse qui réussit. Ce rôle de transmission est sans doute la mission essentielle de notre association. L.P.B. : Quelles sont justement les missions de votre association au cours de l’année ? C.J. : Elles sont de deux ordres : la solidarité et le renforcement de la cohésion nationale en direction de la jeunesse. Ce côté inter générationnel est d’autant plus important que la faiblesse de notre association est de regrouper des membres d’un certain âge. Notre association vieillit par la force des choses et il devient compliqué de la renouveler aussi parce que le nombre de nouveaux légionnaires a été réduit ces dernières années.

convention au terme de laquelle, quand un de nos membres intègre un de ses E.H.P.A.D., notre association contribue financièrement à un projet collectif de l’établissement en question grâce à une aide financière de 5 000 euros que nous lui versons pour concrétiser un projet d’équipement par exemple. L.P.B. : Et pour la jeunesse ? C.J. : C’est essentiellement ce qui motive le fait que je sois président de cette société départementale. C’est dans cet esprit que j’ai souhaité organiser depuis l’an dernier ces Chemins de l’excellence qui viennent cette année de récompenser une dizaine de jeunes lauréats engagés dans l’apprentissage. C’est ce même esprit qui a présidé cette année à l’organisation des Olympiades de la jeunesse, une mani festation dans laquelle se sont engagés une douzaine d’élèves de trois établis sements du département : le lycée Xavier Marmier de Pontarlier, le lycée des Huis selets de Montbéliard et le C.F.A. du bâtiment de Besançon. Pendant six mois, les jeunes de ces établissements se sont confrontés au travers d’épreuves numé riques sur des thèmes touchant à la citoyenneté et à l’engagement associatif. Ces jeunes se sont retrouvés à Paris il y a quelques semaines pour affronter d’au tres établissements de France. Au final, c’est le lycée Xavier-Marmier qui a rem

de déclinistes mais cette jeunesse-là, elle nous donne de vrais arguments d’espoir, de vraies raisons d’espérer en l’avenir de notre pays. Quand je vois cette jeune file lauréate qui en plus de son engage ment professionnel dans le T.P. est sapeur pompier volontaire, j’ai de l’admiration. Comme pour ce jeune handicapé de nais sance qui rêvait d’être menuisier puis, sachant que ce ne serait pas possible pour lui, qui a cherché, en suivant des tutos sur Youtube, comment devenir bijoutier-joaillier et qui a pu intégrer une formation pour ces métiers au lycée des Huisselets. Ce sont vraiment des gamins qui méritaient d’être mis dans la lumière. Pour cela, je suis assez fier. L.P.B. : Comment devenir titulaire de la Légion d’Honneur ? C.J. : Même si certains le font, il ne faut surtout pas postuler ! (rires). Chaque ministère dispose chaque année d’un quota et fait remonter les dossiers auprès du grand chancelier de la Légion d’Hon neur qui soumet la liste au président de la République qui au final, décide. Il y a actuellement environ 500 légionnaires dans le Doubs (75 000 en France), dont près de 300 sont membres cotisants de notre société départementale. L.P.B. : Vous êtes en retrait de la politique mais vous avez sans doute un avis sur le nouveau gouvernement ou encore sur la façon dont Anne Vignot conduit les affaires bisontines ? C.J. : Je suis un observateur attentif de cette actualité politique bien sûr ! Mais en prenant cette responsabilité à la société des membres de la légion d’honneur, je me suis engagé à respecter un devoir de réserve ! Nous nous devons de rester neutres sur le champ politique et heu reusement. Les commentaires politiques, je ne peux les faire qu’en privé ! (rires). n Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Quel genre d’actions de solidarité menez-vous ? C.J. : Par exemple pour les personnes âgées titulaires de la Légion d’Honneur dans le Doubs, à qui nous rendons visite régulière ment. Notre doyen a 102 ans, il vit à Ornans. Sur le plan du grand âge, nous avons signé récemment avec une dizaine d’E.H.P.A.D. du Doubs une

“Pour avoir la Légion d’Honneur, il ne faut surtout pas postuler !»

Zoom Les Chemins de l’excellence ont livré leur verdict

L a deuxième édition de cette cérémonie s’est tenue à Besançon le 2 octobre dernier dans la salle des séances de l’ex Région de Franche-Comté square Castan. Elle a récompensé dix jeunes issus de la filière appren tissage, dans des domaines aussi variés que le bâtiment, la méca nique, les assurances, le com merce, la vente ou l’agriculture. La lauréate des lauréats cette année est Inès Biguenet, conduc trice de travaux chez C3B à Besan çon, titulaire d’un Master mana gement de projet au lycée Pâris de Besançon, également pompier volontaire à Sancey. n

Les jeunes récompensés à l’occasion de la deuxième édition des chemins de l’excellence.

Inès Biguenet, ici aux côtés de Daniel Cassard, légionnaire et ancien maire de Belmont (photo D.R.)

L’interview du mois 5

Repères La longue vie politique du légionnaire Jeannerot l Claude Jeannerot a mis un terme à trente ans d’engagements politiques en mars 2018 après avoir occupé depuis 2015 un dernier poste : délégué du gouvernement français au Bureau international du travail (B.I.T.) à Genève puis ambassadeur chargé des relations sociales internationales. l Auparavant, il fut pendant onze ans le président du Conseil départemental du Doubs (ex-Conseil général) entre 2004 et 2015. Et en parallèle, il a fait un mandat en tant que sénateur du Doubs entre 2008 et 2014. l Son premier mandat de conseiller général du canton de Besançon-Ouest date de 1998. Il avait été auparavant élu au conseil municipal de Besançon en 1989 sous Robert Schwint qui lui avait confié les affaires sociales, puis en 1995 où il sera chargé notamment du développement économique. l Sur le plan professionnel, il a passé une longue partie de sa vie dans des postes de direction à l’A.N.P.E., puis à l’A.F.P.A., un organisme de formation national dont il finira directeur général. l Claude Jeannerot a reçu une première fois la Légion d’Honneur au rang de chevalier en 1998 au titre de son engagement professionnel au service de l’emploi, et une seconde fois, comme officier cette fois-ci, en 2015, remise par François Hollande, au titre des fonctions politiques de M. Jeannerot. n

Claude Jeannerot lors de la récente cérémonie des Chemins de l’excellence organisée par

l’association qu’il préside.

Investir ou s’investir pour un monde plus juste et solidaire ? Imaginez un monde où chaque euro investi contribue à améliorer la vie des personnes les plus défavorisées. C’est ce que propose Oikocredit !

Il y a 50 ans, un groupe de réflexion de la région s’est questionné sur l’impact de l’ épargne , sur l’économie, et le développe ment international. Découvrant, avec d’autres, que leurs fonds pouvaient soutenir des actions controver sées, ces pionniers ont imaginé un modèle alternatif et transparent de gestion de l’épargne. En 1975, ils ont cofondé Oikocredit, une coopérative internationale réalisant des investissements éthiques en faveur d’un développement international, humain, solidaire et durable.

Localement , l’association de soutien à Oikocredit vous propose d’ agir pour une transformation sociale et environnemen tale mondiale. En fonction de vos envies et de vos dispo nibilités, vous pouvez devenir bénévole afin de : • participer à la promotion de l’épargne solidaire, du modèle coopératif et de l’ impact d’Oikocredit, • prendre part à nos actions de sensibi lisation en région ou aux groupes de travail internationaux.

Pour nous rejoindre, contactez Nawel AZGUIGOU, chargée de mission bénévolat 03 81 34 78 74 franche-comte@oikocredit.org

www.oikocredit.fr

6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

La protection de l’enfance en danger

l Département Social Les agents publics crient au secours L’agression d’un collègue a été la goutte d’eau qui est tout près de les noyer. Les agents de la protection de l’enfance sont à bout et demandent à leur tour de l’aide. Ils doivent gérer de plus en plus de situations. Le Département donne plus de moyens. Insuffisants.

Le fait est rare, quoique de moins en moins, au vu de la situation extrêmement tendue et difficile. Les agents de la protection de l’enfance, et plus globalement de services du social du Département, ont exprimé leur ras-le-bol lors d’une manifestation inédite il y a quelques semaines. La protection de l’enfance est en souffrance et ne protège plus grand-chose…

Zoom La délicate question des placements à domicile L a décision de la Cour de cassation a été une autre secousse à encaisser pour les professionnels de la protection de l’enfance. Dans un arrêt du 2 octobre, la Cour de cassation a mis fin aux P.E.A.D., placements éducatifs à domicile, forçant ainsi les Départements à trouver d’autres solutions. Les P.E.A.D. sont une solution alternative au placement en établissement afin de préserver les liens familiaux tout en assurant la protection de l’enfant. Si ce dispositif hybride a montré des résultats appréciés, la Cour de cassation a estimé qu’un placement éducatif ne peut pas se faire avec les parents à domicile. “À l’origine, les P.E.A.D. étaient une mesure éducative avec du sens car c’était pour éviter le placement qui reste un traumatisme, explique Adeline Clerget, ancienne éducatrice au P.E.C. Les P.E.A.D. se font par défaut par manque de place. Il reste un flou juridique. Encore plein d’enfants sont avec un P.E.A.D., que fait-on avec eux ? Et puis, des juges prononcent encore des P.E.A.D. car pour eux, c’est ce qui convient le mieux dans certaines situations.” Par ailleurs, il existe les A.E.M.O. renforcées, une assistance éducative en milieu ouvert avec une possibilité d’hébergement. n

Ç a craque. De partout. Les agents de la pro tection de l’enfance sont à bout. À bout de forces, à bout de nerfs, désespérés de ne plus pou voir exercer correctement leur métier qui pourtant est un métier passion. À l’image des soignants du monde hospitalier qui déplo rent des manques de moyens, financiers, humains face à des arrivées qui augmentent. Le nombre d’enfants placés ne cesse d’augmenter d’année en année. Jusqu’au 31 août, le Département avait en charge 1 597 enfants. Alors, chose extrêmement rare mais qui tend à se répéter face à la gravité de la crise, les agents de la protection de l’enfance ont décidé de sonner l’alarme et de manifester le 30 septembre devant l’hôtel du Département. Ce qui a mis le feu aux poudres :

sociale pour qui les services publics qui se réduisent à peau de chagrin contribuent au pro blème. “La C.A.F. est peu ouverte, la Sécurité sociale, c’est pareil. Nous, on récupère tout.” La souffrance des services de la protection de l’enfance et du social entre en résonance avec tous les services publics, eux aussi en crise, rabotés financiè rement depuis plusieurs années, de même que la santé. “L’État va se désengager de plein de spé cificités, relève Adeline Clerget, du syndicat C.F.D.T. Il n’y a plus de places en I.M.E., plus de places en psychiatrie, il faut plus de 8 mois pour un rendez-vous au cen tre de guidance infantile…” Éducatrice pendant 22 ans 10 en psychiatrie, 12 ans au Pôle enfant placé (P.E.C.), Adeline Clerget a changé de métier. “J’ai mais trop mon métier pour le

ce qu’on peut faire, ne pas faire. Mais depuis six mois, on n’a pas pu lancer cette réflexion. Il faut revoir notre organisation du tra vail. Quand la délégation a été reçue à l’issue de la manifestation, des choses fortes ont été nommées. Le travail social déclenche une

l’agression d’un agent à Valdahon, poignardé par un parent. Sur les pancartes, on pouvait lire “Allô le 119, il y a danger. O.K., on arrive dans 6 mois.” Ou encore “Le Haut-Doubs est à bout”, “Se faire agresser, ce n’est pas les risques du métier”, “Protégeons la protection de l’enfance”. À la suite de l’agression, les agents se sont rendu compte d’un trop plein : trop d’heures supplémen taires, surcharge de travail, etc. “Cela fait un moment que l’on alerte sur la souffrance au travail. Il y a les agents de la protection de l’enfance mais aussi les tra vailleurs sociaux des autres ser vices, note Sonia Pretet, déléguée syndicale C.G.T. au Département. Depuis plusieurs mois, on tra vaille en mode dégradé pour les usagers mais aussi les agents. On demande une adaptation de notre travail à ce mode dégradé,

pression, un stress qui empêche la réflexion. On tra vaille dans l’ur gence. Notre métier de base est d’accompagner. Des temps de réflexion avec un psychologue pour soutenir les enfants, ça fait longtemps que ça n’existe plus. On perd notre cœur de métier” , souffle la travailleuse

“On perd notre cœur de métier.”

L’événement 7

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

les notaires vous propos un échantillon de leurs biens immobiliers ...

sent

air HN : Honor Toutes les publicités présentes sur cette double page ne valent pas o re de vente. * raires de négociation T

Les assistants familiaux, un métier difficile mais essentiel

APP

PARTEMENT

MAISON

8

€ 7 000

2

€ 44 000

Le Doubs compte environ 230 assistants familiaux, contre 300 en 2015. Cette année, le Département a réussi à recruter 40 nouveaux assistants familiaux, plus que le nombre de départs.

Honor BESANÇON (BUTTE) Dans un immeuble de 1954 , récemment ravalé avec isolation extérieure, isolation des combles et du sous sol, un apparte ment T2 loué , situé au 4ème étage sans ascenseur état, fenêtres PVC double vitrage, chauffage individuel au gaz. Il comprend entrée, salle de bain avec baign séjour, cuisine simple, une chambre, dressing. En annexe une cave et un grenier. Loyer : 461,39 € + 44 € Tax foncièr oncière environ 680 € rges trimes DPE C rg. 211 - DPE Emiss. CO raires inclus : 6 576 € ravalé avec isolation sous sol, un apparte- ns ascenseur, en bon age individuel au gaz. noire, wc indépendant, ssing. En annexe une (charges en sus.) imestrielles de 204 € O 2 : 45 onso : Ener - Char T e f

WC, salon séjour avec GpJDJHPHQW $ O·pWDJ avec baignoire et douche. Piscine hors sol avec terrasse en bois, AND LE CHA ATEAU 993 sur un terrain de 999 m² dans un secteur et cadre champêtre. Elle comprend entrée, ec accès terrasse, cuisine semi ouverte, JH FKDPEUHV XQ EXUHDX VDOOH GH EDLQ che. Piscine hors sol avec terrasse en bois, n à poisson, double garage avec grenier et ortail électrique. ffage par géothermie à granule ou pompe à chaleur. Prévoir travaux re. Taxe foncière : 1024 € 7 • DPE Emiss. CO2 : 4 112 € MONTFERRAND LE CHA Maison de 117m 2 de 1993 calme, exposition sud, et cadre champêtre. Elle comprend entrée, chalet de jardin, bassin cave.Terrain fermé, por complété par poêle à g de rénovation intérieure. DPE C rg. 12 T Chauf T

R ouage essentiel de la pro tection de l’enfance, ce métier reste pourtant dif ficile. Cécile, assistante familiale depuis 5 ans, avait accepté de témoigner en 2022 sur son quo tidien. Responsable de formation et formatrice dans le secteur médico-social, sa reconversion s’est faite petit à petit. “J’avais envie d’un métier plus engageant, de m’investir personnellement.” Maman de deux enfants, elle a pris conscience de l’importance du rôle parental. “Avec mon mari, on s’est dit qu’on pouvait offrir quelque chose.” Une fois l’agré ment obtenu - à la suite de quatre mois d’investigation de la Pro tection maternelle infantile - Cécile a postulé à la P.E.C. Elle a effectué une formation de 60 heures avant l’accueil du pre mier enfant. “J’ai passé deux jour nées chez des assistants familiaux,

une journée là où sont réception nés les signalements pour bien comprendre le système.” Cécile a également suivi une formation de 240 heures à l’Institut régional de santé à raison de deux jours par mois pendant deux ans. En même temps, elle a accueilli un bébé de 7 mois. “Je suis allée la chercher à l’hôpital. C’était une belle rencontre. On était prêt à accueillir un bébé même s’il y a eu des gros soucis de sommeil, des phases compliquées. Le lien qui s’est créé est fort.” En parallèle, elle effectue des accueils relais. “Ce sont comme mes enfants.” Les avantages de ce métier ? “Très riche au niveau humain et émotionnel. J’y trouve mon compte. Les journées ne sont jamais pareilles. C’est loin d’être évident, on accueille des enfants qui ont un vécu. Je me dis que je

N2505 9 - NE ATION.2505 MPAGNE - 03 81 51 42 8 Honor onso : Ener raires inclus : 14 112 € GOCIA

OM CP ÉTUDE ANDRÉ C S OMPAGNE - 03 81 51 42 8 SCP ÉTUDE ANDRÉ C

9@NOTAIRES.FR

suis utile à cet enfant, que je peux lui donner toutes les armes pour s’épanouir.” Cécile souligne pour autant cer tains inconvénients de ce métier qui s’exerce à domicile en continu, 24 heures sur 24. “Les sphères publiques et institutionnelles se mélangent à la sphère privée, il faut trouver un équilibre, sinon c’est compliqué pour la vie de famille” , prévient-elle. n Environ 1 200 enfants sont placés en famille d’accueil.

Zoom Les chiffres dans le département l 1 597 enfants placés au 31 août 2024 • 150 enfants en plus par rapport à 2023 soit une augmentation de 10 % par an l 371 mineurs non accompagnés • 28 enfants en plus par rapport à 2023. Entre 2021 et 2024, le budget consacré à la protection de l’enfance a augmenté de 21 millions d’euros. l Budget total : 81 millions d’euros 108 agents du Département travaillent exclusivement avec les enfants

les visites médiatisées. Quand on met des tiers, ça peut relancer une situation. Et ça permet de décharger les éducateurs pour accompagner les assistants familiaux. Il n’y a pas si long temps, les assistants familiaux voyaient un éducateur par semaine, ce n’est plus le cas.” La syndicaliste ne cache pas son inquiétude et “avec les annonces gouvernementales, ça ne va pas aller en s’arrangeant.” La protection de l’enfance est une mission de service public qui dépend uniquement du Département (voir ci-contre), la collectivité étant la seule à financer cet important volet social. Non sans mal à l’heure d’un étranglement de l’argent public. n L.P.

besoins et les enfants accueillis ne sont plus les mêmes.” Plusieurs mesures sont en réflexion ou lancées comme les futures M.E.C.S. (mai sons d’enfant à caractère social) qui doi vent ouvrir en 2026. “Il faut faire sans, en attendant l’ou

faire mal. Ça devenait trop com pliqué. La charge émotionnelle est lourde à assumer. C’est un métier passionnant et dévorant. On ne peut pas le faire à moitié.” Si elle convient qu’heureuse ment, les agressions sont rares, “on s’est tous sentis plus ou moins en danger. Les insultes deviennent une banalisation, quand on a le nez dedans, on ne s’en rend pas compte. On laisse couler. Quand on touche aux enfants, c’est extrêmement compliqué pour les parents d’être dans la mesure.” Selon certaines situations, des vigiles peuvent être présents mais “ce n’est pas dans l’ordre des choses.” Autre point relevé par la syndicaliste : un important turn over. “Il y a de moins en moins d’anciens éducateurs. Les

Le 30 septembre dernier, alors que se tenait une assemblée plénière du Département, les agents de la protection de l’enfance ont manifesté devant l’hôtel du Département.

La syndicaliste ne cache pas son inquiétude.

verture, relève Adeline Clerget. Comme les visites médiatisées qui devraient être faites à l’ex térieur, c’est-à-dire que ce soit un service extérieur qui réalise

8 L’événement

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

l Majorité départementale Plan Enfance L’enfance, premier budget de la politique sociale Le Département fait face à une augmentation du nombre d’enfants placés. Si la collectivité alloue des moyens plus importants, la situation reste tendue. Le Plan pluriannuel 2024-2027 de la protection de l’enfance est lancé.

Cyril Carbonnel, D.G.A. en charge des solidarités et Emmanuel Faivre, D.G.S. du Département.

L ors de l’assemblée plé nière, consacrée au sort de Piquemiette, la pré sidente du Départe ment ne pouvait pas ne pas prendre la parole au sujet de la protection de l’enfance. Le bruit des manifestants a accompagné ces mots. “Un des agents réfé rents éducatifs a été agressé et a reçu un coup de couteau dans le ventre par un parent. L’auteur des faits a été interpellé. Cette agression nous a tous atteints, nous nous devons d’agir et de réagir, c’est inacceptable. Nous refusons que cette agressivité s’installe comme une fatalité, cet acte ne saurait remettre en question notre engagement. Nous agissons pour la sécurité de nos agents. Ce qui doit être amélioré le sera. Je veux réaffirmer publi quement notre soutien à nos agents.” Ce sera là la seule parole poli tique de l’assemblée plénière, la vice-présidente de l’enfance et de la famille, Patricia Lime Vieille ne s’étant pas fait enten

Au 31 août, 371 mineurs non accompagnés étaient suivis par le Département, centre 343 fin 2023. “À un moment, l’institution est obligée de bricoler, d’inventer des solutions, reprend le D.G.S. Et les moyens suivent cette courbe-là.” Concrètement, l’aide sociale à l’enfance a vu son bud get augmenter de 35 %, soit plus de 21 millions d’euros pour un budget total de 81 millions d’eu ros à l'heure actuelle. Il faut compter sur l'arrivée prochaine de deux villages d’enfants aux haras de Besançon et à L’Isle sur-le-Doubs. Ces deux struc tures vont offrir cent places sup plémentaires courant 2026. “En 2027, il faudra compter 7 mil lions d’euros en plus pour assu rer ces 100 places supplémen taires”, remarque Emmanuel Faivre. La protection de l’enfance est le premier budget du social du Département devant les per sonnes âgées, le handicap, le R.S.A. Si les moyens humains ont aug menté mais pas suffisamment

dre. Un manque relevé par les élus du groupe minoritaire Doubs social écologique et soli daire. C’est d’ailleurs le directeur général des services Emmanuel Faivre et Cyril Carbonnel, direc teur général adjoint en charge des solidarités, qui montent au front pour expliquer la situation. Les deux hommes ont aussi reçu une délégation à l’issue de la grève. “Au-delà de la manifes tation, il faut recontextualiser, attaque d’emblée Emmanuel Faivre. Il y a une augmentation exponentielle du nombre d’en fants placés. Aucune institution en France n’est capable de pren dre sereinement le choc de + 10 % par an. C’est compliqué. En 8 mois (jusqu’au 31 août), le nom bre d’enfants placés est passé de 1494 à 1597, 103 supplémen taires en 8 mois. Il y en aura + 150 cette année. Déjà l’an der nier, on a pris 10 %. L’explication est principalement sociétale, peut-être aussi que l’on détecte mieux. C’est la même chose sur les mineurs non accompagnés.”

y a également les tiers de confiance qui proposent diffé rentes modalités d’accompagne ment, renchérit Cyril Carbonnel. On peut aussi faire appel à la société civile pour du mentorat, du tutorat. Ce sont des bénévoles qui viennent nous épauler, on peut augmenter les indemnités pour les tiers dignes de confiance afin d’en attirer plus.” “Le plan avance et il sera intégralement mis en place” , conclut Emmanuel Faivre. Enfin, les élus du Département ont travaillé une M.I.E., une mission d’information et d’éva luation qui sera rendue publique en décembre. De cette M.I.E. sortiront des préconisations qui pourront nourrir la politique de la protection de l’enfance, voire la réformer. n L.P.

savent tout ça, et le comprennent. Ils nous ont fait passer deux messages. Ils voulaient être ras surés sur notre capacité et notre volonté à mettre en œuvre le plan Enfance voté en mars. Au bout de six mois, on a fait énormément de boulot, les engagements seront tenus. Le deuxième message concerne la volonté des agents d’être plus étroitement associés pour changer les pratiques et les process internes.” Parmi toutes les mesures vou lues par le Plan Enfance, dont 10 places supplémentaires en M.E.C.S. (maison d’enfants à caractère social) à Montbéliard, l’externalisation des visites médiatisées et des placements éducatifs à domicile, sont des sujets d’importance. “Ça ne se fait pas en cinq minutes, c’est du budget” , relève le D.G.S. “Il

par rapport au flux, le Dépar tement s’est engagé à titulariser un certain nombre d’agents. “On fait tout ce qu’on peut sur les métiers de l’enfance pour offrir de meilleures conditions, de sta tuts, de salaires.” En mars der nier, trois agents ont renforcé les équipes sur Besançon, 2 sur Montbéliard et un sur le Haut Doubs. Concernant les assistants fami liaux, la collectivité a recruté cette année 40 assistants fami liaux, pour une fois plus que ceux qui partent. “Là aussi, ce sont des dépenses supplémen taires. Ce n’est pas parfait mais on fait le maximum avec les moyens que l’on a” , souligne Emmanuel Faivre. Il est vrai que le Département assume seul le budget de l’enfance, sur ses fonds propres. “Nos agents

l Minorité départementale Le Doubs social, écologique et solidaire “Il y a trop de situations à gérer, le système est embolisé”

Les élus du groupe de la minorité départementale le Doubs social, écologique et solidaire ont lancé l’idée d’une mission d’information et d’évaluation sur la protection de l’enfance. Votée à l’unanimité, elle sera rendue publique en décembre. Entretien avec Jeanne Henry, Géraldine Leroy et Christine Coren-Gasperoni, les élues investies sur ce dossier.

Aujourd’hui, la situation est gangrenée de partout, personne n’avance. On ne sait plus par où prendre le sujet car les causes sont multifactorielles. L.P.B. : Quel est le sentiment qui vous anime face à la protection de l’enfance qui s’étrangle ? G.L. : En tant que groupe minoritaire, on n’a pas facilement accès aux services. On a l’impression d’un décalage entre ce qu’on entend, les témoignages qu’on nous envoie, et ce qu’on perçoit lors des commissions du Département. On regrette. On a tous envie que la pro tection de l’enfance aille mieux. On aimerait davantage travailler en toute transparence. Quant au plan Enfance, on voit beaucoup de lignes, de projets mais derrière il n’y a rien. C.C.-G. : Il fallait attendre les conclusions de la M.I.E. On a l’impression d’une mise en pause. Pourtant, on a bien voté un plan d’urgence. Presque aucune mesure n’a été adoptée. G.L. : Tant que le national n’en fera pas une priorité, le Département ne fera que colmater et s’épuiser. Après, il y a des choix politiques au sein du Dépar tement. Il y a 15 ans, les professionnels sortis de l’I.R.T.S. (institut régional du travail social) voulaient travailler au Département, ce n’est plus le cas. J.H. : Je me sens impuissante et en colère. Le sujet est sensible et on a l’im pression que rien ne se passe. n Propos recueillis par L.P.

de l’enfance ? Qu’aimeriez-vous améliorer ? J.H. : La situation est complexe mais pas propre au Département. En revanche, il n’y a aucun acte sur la pré vention. Depuis 2015, il n’y a pas eu de prévention par rapport aux familles, aux enfants accompagnés. C.C.-G. : On va mettre en parallèle ce vécu et les conclusions de la M.I.E. Que peut-on rajouter au désastre? G.L. : Il ne faut jamais oublier la pré vention et la protection. Mais la poli tique de la protection de l’enfance est tellement saccagée et dans un piètre état. Nous ne faisons plus que trouver des solutions d’urgence. Il y a trop de situations à gérer, le système est embo lisé. La politique de la protection de l’enfance est la plus complexe à gérer, multipartenariale. Il faut inscrire l’en fant dans un parcours de vie. Le Dépar tement dépend de la politique nationale qui n’en fait pas une priorité. Y compris

L a Presse Bisontine : Pourquoi avoir voulu lancer une M.I.E. sur la protection de l’enfance ?

à l’initiative de cette M.I.E. à la suite de dysfonctionnements très sérieux. Nous avons fait des suggestions de points que nous voulions étudier. La majorité à accepter cette M.I.E. sur le principe. Dans son contenu, la majorité a proposé d’autres points à pister et évoluer. Jeanne Henry : La M.I.E. qui a été tra vaillée n’est pas celle que l’on avait demandée. Nous, c'était sur les moyens mis en place, financier et humain. En 2017, il y a eu une restructuration de l’organigramme ce qui a conduit à trois directions territorialisées (Besançon, Montbéliard, Haut-Doubs). On voit qu’il n’y a pas de résultats. C’est ce qu’on voulait questionner aussi. Christine Coren-Gasperoni : Au niveau de la M.I.E., on a des critiques à faire mais il faudra attendre qu’elle soit rendue publique. On a vu des représentants des services, des directions qui nous ont présenté le fonctionnement. Nous, on voulait aller au-delà, approfondir dans les problèmes. On n’a pas assez creusé ce qu’on voulait.

Géraldine Leroy : La M.I.E. a été votée à l’unanimité, ce qui est rarissime. C’est un sujet très sensible. Le groupe a été

au niveau de la justice avec le manque de moyens, l’accompagne ment psychologique et psychiatrique complète ment abandonné, le manque de profession nels du médico-social… Nous, ce qu’on voulait interroger, c’est comment le Département s’em pare de ces probléma tiques et les confronte.

“Il n’y a pas ou peu de prévention.”

Jeanne Henry et Géraldine Leroy (à l’écran) sont les élues du groupe avec Christine Coren-Gasperoni qui travaillent sur la problématique de la protection de l’enfance.

L.P.B. : Qu’avez-vous découvert sur la protection

res sur des o fr Détails et conditions s meubles. f

BARON. Y et Atelier Marc BARRAL

. Crédit photo : Luc FRE R B 326 784 709 sur les remise exclusivement valable

e, hors livraison, r

C hors pos meubles

HMIDT GROUPE SAS - RCS COLMAR

ts de vente participants. S t dans les poin e à partir de 20000 € TTC d’achat m chmidt et www.homedesign.s remise *Offre limitée à 2000 € de

ERTS 2000 R * S € 0

O OFFE 2 SQU’À

JUS

DU AU 30 ER U 1 NOVEMBR RE

ZAC E NO ARIN ATEAUF ESPACE VALENTIN - BESANÇON C CHA UVEAU www.hom - E - BESANÇON - N - BESANÇON

me-design.schmidt 03 81 80 80 79 03 81 80 05 05

10 Besançon

La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024

EN BREF

CONSOMMATION De 13 à 17 euros le kg Les Champignons de la Boucle ont investi la ville Après une reconversion

Exposition Le Cercle Spirite Allan Kardec organise son exposition Médium Art’s, vendredi 1 er , samedi 2 et dimanche 3 novembre au Caveau des Arts, place Saint-Vernier à Ornans. Selon les organisateurs, les œuvres présentées sont issues de la manifestation des artistes de l’Au-delà auprès des médiums artistes de l’association. Exposition d’une centaine d’œuvres, vidéos de médiums réalisant des œuvres médiumniques, tables rondes, poèmes et musiques médiumniques Spirite Allan Kardec est un Centre d’étude de la Survivance de l’Âme. Plus d’infos : Claudine Camus au 06 27 15 21 35. Super Cabaret Du 1er au 30 novembre, c’est la deuxième édition du Super Cabaret. Cirque, musique et restauration live sont au programme. Avec un spectacle éphémère sous chapiteau, à mi-chemin entre cabaret traditionnel et cirque contemporain. Sur le site de la Rhodia Ceta. Réservation indispensable sur ww.divague/creation/ supercabaret.fr, ou plus d’infos au 06 08 54 62 05. sont au programme. L’Association Cercle

D ès l’entrée dans la cour, les narines sont assaillies de ces effluves reconnaissables entre mille. L’odeur de champignon imprègne l’endroit, c’est sûr, on est arrivé à la bonne adresse. Derrière un portail bleu dans un coin de la place professionnelle, Laurent Godot s’est lancé dans la culture des champignons. C’est dans des caves voûtées de la place de la révolution que la magie opère.

des shiitakés (voir ci-dessous). Ancien couvreur dans une belle entreprise du Grand Besançon, Laurent Godot a décidé de changer de vie professionnelle il y a deux ans. Épaulé dans le montage de son projet de reconversion par Coopilote, il a suivi les formations nécessaires pour s’initier à la science du champignon (au lycée agricole de Montmorot notamment) avant de pouvoir lancer ses premières productions. “Au départ, je souhaitais m’orienter sur le champignon de Paris sauf qu’en creusant le sujet, j’ai vu que le champignon de Paris poussait sur de la tourbe. Sachant qu’il faut plus de 1 000 ans pour créer une tourbière, j’ai renoncé à utiliser cette ressource, je me suis donc tourné vers les pleurotes et les shiitakés” resitue l’entrepreneur. Rapidement, Lau rent Godot trouvera des débouchés pour écouler sa production. Directement sur le marché place du Jura et place de la Révo lution le mardi et le vendredi matin, dans des restaurants bisontins (dont Loiseau du Temps situé à quelques mètres de là) ou dans des magasins du centre-ville qu’il livre tous à vélo, ou encore en vente directe dans la cour de sa champignonnière le vendredi de 16 heures à 18 heures. Du circuit très court. Dès le lancement de son activité en mars

de la Révolution se cachent deux anciennes caves voûtées qui ont longtemps servi de débarras aux habitants des immeubles voisins. Quand il a découvert les lieux qui appar tenaient à la grand-mère de sa compagne, Laurent Godot a tout de suite compris le potentiel de ces deux caves. C’est là que depuis le printemps s’alignent les étagères qui portent les blocs de substrat sur lesquels poussent les champignons. Dans la cave de gauche, c’est le royaume des pleurotes, dans celle de gauche, celui

dernier, le succès a été immédiat. Il livre également régulièrement pour la cuisine centrale de la Ville de Besançon qui pré pare les repas pour les écoles et les crèches municipales. Pour les particuliers, le kg de pleurote est vendu 13 euros, celui de shiitaké 17 euros. “Ceux qui goûtent le shiitaké pour la première fois, en général, ils y reviennent !” observe le producteur. Malgré le succès et le fait qu’il écoule depuis le mois de juin l’intégralité de sa

Ses caves sont situées place de la Révolution, à deux pas de l’ancien conservatoire.

PLANOISE

Site scolaire Champagne

Plan écoles : la Ville va s’attaquer à son plus gros chantier Le programme de reconstruction de l’école élémentaire Champagne, à Planoise, a été arrêté fin septembre en conseil municipal. Il intègre le grand plan de réno vation scolaire souhaité par la Ville. Les travaux, qui incluent également la réno vation et l’extension de la maternelle, devraient démarrer à la rentrée 2026.

“L’ ensemble de bâtiments fonc tionnels et confortables” , prévu à Pla noise, également exemplaire sur le plan environnemental, consti tuera “une référence de l’école bisontine du XXI ème siècle” , tel que le présente la Ville. Ce chantier d’ampleur interviendra aussi bien sur le fond que sur la forme - “de par la topographie des lieux et son positionnement dans le quar tier” , comme l’explique Annaïck Chauvet, adjointe en charge de la transition énergétique et des bâtiments - et mobilisera 13,6 mil lions d’euros (toutes dépenses confondues). Les moyens impor tants mis en œuvre autour de cette école de Planoise devraient

être appuyés par une subvention de 3,25 millions d’euros dans le cadre de l’A.N.R.U. “Les travaux vont permettre de repositionner l’établissement en l’ouvrant davantage sur le quartier et en l’éloignant de la R.N. 57” , explique l’adjointe. Une barre d’immeuble voisine prévoit d’être démolie à proximité (probable ment au premier semestre 2026). Le projet de reconstruction de l’école élémentaire Champagne pourra alors prendre vie, “en apportant un meilleur environ nement de travail et une réponse aux enjeux énergétiques avec un niveau de labellisation passif” , prévient Annaïck Chauvet.Devenu trop vétuste, l’état du bâtiment (construit au début des années soixante-dix)

nécessitait une complète réhabi litation. La nouvelle construction inclura en même temps l’aména gement d’un restaurant scolaire, commun aux écoles élémentaire et maternelle (430 m² pour la res tauration et 2 274 m² pour l’élé mentaire). Déjà en partie rénovée suite à un incendie en 2009, l’école mater nelle fera juste l’objet, de son côté, d’un réaménagement et d’une extension sur 420 m², en cohé rence avec cet ensemble scolaire. Les cours pourront continuer à être assurés sur site pendant les travaux. La municipalité, qui a retenu l’agence AACT + sur ce projet, envisage de démarrer le chantier en septembre 2026 et de livrer l’ensemble fin 2028-début 2029.

Paul Soulié et Annaïck Chauvet sur le site de l’école Champagne.

de l’école Viotte devrait aussi être entièrement finalisée d’ici sep tembre 2025. Reste à ce stade les opérations plus lourdes et longues à monter. “Elles arrivent seulement main tenant car il a fallu le temps des études, en repensant parfois le fonctionnement en entier” , précise Paul Soulié, chargé des opérations. Les écoles Paul-Bert, Vieilles-Per rières, Butte et Jean-Macé sont les prochaines sur la liste, enta mées d’ici fin 2025-2026. Suivies donc par ce chantier sur le site scolaire Champagne à Planoise, et par les écoles Boichard et Condorcet. n S.G.

entre 2021 et 2024. Ce qui fait qu’aujourd’hui, le plan approche plus les 80 millions d’euros que les 60. Mais plutôt que de retirer l’un des chantiers, la municipalité a choisi d’espacer un peu plus sa programmation jusqu’en 2028. Quitte à assurer leur mise en route avant la fin du mandat. Le dossier des crèches fait partie des plus avancés. “La réhabilita tion complète de la crèche de Saint Ferjeux s’achève, celle de Battant qui se fait en site occupé sera livrée fin 2025 et le projet de décons truction et reconstruction de la crèche d’Orchamps prévoit une réouverture à l’été 2026” , précise Annaïck Chauvet. La rénovation

Elle s’attaque, ici, au plus gros morceau de son plan écoles et crèches, qui, on le rappelle, devait mobiliser 60 millions d’euros sur le temps du mandat pour la réno vation de 12 écoles et trois crèches. Un planning qui a finalement dû être revu comme l’explique l’ad jointe. “Quand on s’engage sur ce type de réhabilitation, il y a souvent d’autres travaux qui s’agrègent.” Si de premières rénovations ont pu, ainsi, assez vite aboutir au sein des écoles Kergomard, Ken nedy, Boulloche et Jules-Ferry, d’autres chantiers restent toujours en attente. L’augmentation du coût de construction constituant aussi un frein : + 25,82 %

Made with FlippingBook Digital Proposal Maker