Journal C'est à dire 285 - Août 2022
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Le profil des frontaliers de 2022 Le dernier Observatoire des frontaliers s’est basé sur un échantillon de 1 001 individus interrogés, résidant en France, travaillant en Suisse et répartis sur les territoires frontaliers de l’Alsace à la Savoie, en passant par la Franche-Comté. Analyse
des C.S.P. + (dirigeants, cadres...). l Les frontaliers sont majoritai rement en couple et comptent en moyenne 3 personnes dans le foyer. Parmi les personnes en couple, seulement 23 % des conjoints travaillent également en Suisse. l Le canton de Genève concentre à lui seul plus de la moitié des emplois frontaliers. l 93 % des frontaliers emploient
l 69 % des frontaliers interrogés sont de sexemasculin (ils étaient 54 % lors du 1 er Observatoire réalisé en 2015). l En majorité, ce sont des hommes d’au moins 40 ans. l À 91 %, ce sont des frontaliers de nationalité française, 8 % d’entre eux sont des Franco Suisses. l 56%d’entre eux sont des C.S.P. - (employés ou ouvriers) et 44 %
le français comme langue au tra vail, 44 % l’anglais également et 14 % l’allemand. l C’est la santé qui est le secteur le plus représenté (13 %), suivi de l’horlogerie (12%), la construc tion (11%), l’ingénierie et le com merce (9 % chacun). l 70 % des frontaliers travaillent dans des structures de plus de 50 salariés, dont 41%dans des entre prises de plus de 500 salariés. l 92 % des frontaliers ont été embauchés en C.D.I. l Deux frontaliers sur trois tra vaillent en Suisse depuis plus de 10 ans (et 42 % d’entre eux ont déjà changé plusieurs fois d’entreprise, 37 % n’ont jamais changé). l Depuis le début de la crise sanitaire, 35 % d’entre eux ont connu une période de chômage partiel ou total, 15 % un chan gement de poste, 3 % une recon version professionnelle et 57 % aucune de ces situations. l Ils sont seulement 26 % à pra tiquer le télétravail.
La question des salaires Le revenu brut des frontaliers (hors primes) : l 5 % disent gagner moins de 35 000 C.H.F. par an. l 15 % de 35 000 à moins de 50 000 C.H.F. l 33 % entre 50 000 et moins de 80 000 C.H.F. l 18 % de 80 000 à moins de 100 000 C.H.F. l 19 % entre 100 000 et moins de 150 000 C.H.F. l 6 % disent gagner 150 000 C.H.F. ou plus.
La voiture (sans covoiturage) est encore le seul moyen de transport pour 82 % des frontaliers.
cile et le lieu de travail se sont allongées, mais les moyens de transport n’ont guère évolué. En effet, “la voiture reste quasiment hégémonique puisque 82 % des frontaliers utilisent leur voiture sans covoiturage” note Éric Mar tin, directeur général adjoint du Crédit Agricole Franche-Comté. À peine 18 % d’entre eux seule ment utilisent le covoiturage et 15 % seulement un transport en commun.
l Pour quelles raisons travail lent-ils en Suisse : 69 %des fron taliers interrogés affirment que c’est pour le niveau de salaire, 25 % pour la proximité avec leur lieu d’habitation et 22 % pour le cadre de vie. l 52%des frontaliers travaillent à plus de 30 km de leur domicile et 44 % d’entre eux mettent plus de 45 minutes pour se rendre sur leur lieu de travail. Depuis 2015, les distances entre le domi
l 78 % des frontaliers sont pro priétaires et 66 % vivent dans une maison. “45 % des porteurs d’un projet d’acquisition ont moins de 30 ans” indiqueVincent Steinhauser du Crédit Agricole Alsace-Vosges. 74 % des fronta liers ayant un projet envisagent d’emprunter en euros (contre 44 % seulement en 2015, qui pri vilégiaient donc l’emprunt en francs suisses). n J.-F.H.
47 % des frontaliers ne touchent aucune prime, 22 % d’entre eux une prime de moins de 5 000 C.H.F. par an, 15 % entre 5 000 et 10 000 C.H.F., 6 % entre 10 000 et 15 000 C.H.F. et 8 % une prime de plus de 15 000 C.H.F. par an.
Rétrospective
Le nombre de frontaliers en hausse constante depuis 2000
000 frontaliers à fin 2004. Débutant en juin 2004, la deuxième phase de la période de transition a aboli la préférence nationale ainsi que le contrôle préalable des salaires. L’accès aumarché du travail au sein des zones frontalières s’est donc complètement libéralisé pour les frontaliers. Le nombre
cantons du Jura (19 %), de Bâle-Ville (18 %), de Bâle-Campagne (14 %) et de Neuchâtel (12 %).” Plus de la moitié de la main-d’œuvre frontalière vient de France (55 %), près d’un quart vient d’Italie (23 %) et près d’un cinquième d’Allemagne (18 %). Faisons un petit saut en arrière d’une
343 000 frontaliers travaillaient en Suisse à fin 2020 selon l’Office fédéral de la statistique qui vient de publier une étude sur la question. Les points forts.
I ls étaient deux fois moins nom breux il y a 25 ans. La plupart venaient d’un pays voisin et tra vaillaient dans un canton limi trophe. À fin 2020, ces 343 000 fronta liers travaillant en Suisse représentaient 6,7 % de la population active suisse. Depuis le milieu des années 1990, leur nombre a plus que doublé, passant de 140 000 à 343 000. De nombreux facteurs ont influencé
l’évolution du nombre de frontaliers en Suisse ces 25 dernières années, selon l’O.F.S., dont bien sûr l’introduction de la libre circulation des personnes ainsi que la croissance économique helvé tique. “Le nombre de frontaliers n’a cessé d’augmenter d’année en année à partir de 1998. Entre 1996 et fin 2004, le nombre de frontaliers travaillant en Suisse s’est accru de 2,7 % par année en moyenne. Et de fin 2004 à fin 2020,
il a augmenté de 4,4 % par an en moyenne” résument les statisticiens suisses. Avec plus de 90 000 personnes, le nom bre absolu de travailleurs frontaliers était le plus élevé dans le canton de Genève. “Leur part dans l’emploi total se montait par contre à 29 % dans le canton du Tessin et à 24 % dans celui de Genève. La proportion de frontaliers était importante également dans les
de frontaliers a augmenté de 6,5%par an enmoyenne entre fin 2004 et fin 2007 pour atteindre 210000 personnes. Le mois de juin 2007 marque l’abandon des zones fronta lières pour les ressortissants d’un État de l’U.E. : ces der niers peuvent donc désormais
vingtaine d’années.Avant les accords de libre circulation des personnes de 2002, tout demandeur d’une autorisation de travail frontalière devait résider dans une zone fronta lière définie autour de la Suisse (une trentaine de kilo mètres au maximum) et dis
Le nombre de frontaliers a augmenté de 143 % entre 1996 et 2020.
vivre où bon leur semble dans l’U.E. et travailler partout en Suisse. Seule l’obligation de regagner le domicile une fois par semaine reste en vigueur. De fin 2007 à fin 2020, le nombre de frontaliers travaillant en Suisse n’a ainsi cessé d’augmenter, affichant une hausse de 3,9 % en moyenne chaque année. La croissance économique suisse est un autre facteur explicatif, à côté de la libéralisation du marché du travail. “On peut observer une corrélation entre la hausse du nombre de frontaliers et la croissance du produit intérieur brut (P.I.B.)” estime Jonas Deplazes de l’O.F.S. Effet conjugué de la croissance écono mique et de la libéralisation dumarché du travail, le nombre de frontaliers a donc augmenté de 143 % entre 1996 et 2020. Et la part de frontaliers parmi la population active occupée est ainsi passée de 3,6 % à 6,7 % entre 1996 et 2020. n J.-F.H.
poser d’un contrat de travail avec une entreprise sise en Suisse à proximité de la frontière. L’employeur devait en outre prouver qu’il avait au préalable cherché à engager de la main-d’œuvre suisse. Entre 1996 et 2002, le nombre de frontaliers a d’abord légèrement diminué avant de connaître une période de croissance.Avec une hausse annuelle moyenne de 2,7 %, les effectifs de fron taliers sont passés de 141000 à fin 1996 à 165000 à fin 2002. Et à partir de l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne en juin 2002, le marché du travail suisse s’est ouvert progressivement,modifiant les conditions d’obtention d’une auto risation de frontalier.Ainsi, dès lemilieu de l’année 2002, l’obligation imposant de regagner le domicile une fois par jour a été supprimée, remplacée par celle d’un retour hebdomadaire. L’emploi frontalier a poursuivi une croissance continue de 2,7 % par an en moyenne depuis la fin 2002 pour atteindre 174
La libéralisation du marché du travail en Suisse à partir de 2002 a donné un coup de fouet à l’emploi frontalier, qui ne s’est pas démenti depuis.
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