Journal C'est à dire 313 - Février 2025

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Les chiffres du Swatch Group en net recul Tendances

Le bilan 2024 du groupe marque une sévère baisse. Mais le géant mondial de l’horlogerie estime que l’année 2025 se déroulera sous de bien meilleurs auspices. L’optimisme et l’énergie helvétiques dans toute leur splendeur.

A vec plus de 32 000 sala riés, le Swatch Group Swatch reste le numéro un mondial incontesté des producteurs de montres. Avec un chiffre d’affaires de plus de 6,7 milliards de francs suisses et dans son giron des marques parmi les plus connues comme Blanc pain, Breguet, Jaquet Droz (pres tige), Longines, ou Rado pour le haut de gamme, Certina, Hamil

positif même s’il a fondu par rap port au bénéfice net enregistré fin 2023 qui avait presque atteint les 900 millions. “La marge nette a été de 3,3 % en 2024 contre 11,3 % en 2024” ajoute la direction bien noise. Pour la suite, optimiste, le Swatch Group estime que 2025 “promet une dynamique positive au niveau mondial. La vaste base industrielle du groupe ainsi que la forte pré sence des marques, avec de nom breux nouveaux produits dans tous les segments de prix, laissent présager une évolution positive en 2025” observe la direction du groupe horloger basée à Bienne. “Nous allons continuer à investir en Chine et nous ne réduirons pas notre engagement, bien au contraire” , a déclaré récemment le patron du groupe Nick Hayek. Mais si cette dernière prévoit que la demande en Chine restera modérée cette année, elle s’attend tout de même à ce que les habi tudes et le comportement des consommateurs chinois continuent à évoluer pour ainsi offrir “de nom breuses nouvelles opportunités

tion. En production, l’année a donc été très compliquée pour le Swatch Group avec “un résultat opéra tionnel fortement négatif dans le secteur de la production pour l’en semble de l’année” avoue la direc tion du groupe. Une des raisons de ces mauvais résultats ? “Le maintien délibéré des capacités de production et des places de tra vail” répond le groupe qui a donc

tout fait pour ne pas sup primer de postes de travail par des licenciements secs. “Et nous n’avons pas eu recours non plus au chô mage partiel.” Dans ce contexte compli

ton, Mido ou Tissot pour le moyen de gamme et bien sûr Swatch pour les montres d’entrée de gamme. Le Swatch Group a récemment publié son

“Nous allons continuer à investir en Chine”, dit Nick Hayek.

Certaines marques du groupe comme Omega (ici la Moonswatch Earthphase) se sont bien comportées à l’exportation (photo Swatch Group).

qué, il y a eu malgré tout des bonnes surprises avec par exem ple, des ventes records et des gains de parts de marché enregistrés aux États-Unis, au Japon, en Inde et au Moyen-Orient, “avec la plus forte croissance pour les marques Omega, Longines et Tissot.” Au final, le Swatch Groupe conti nue bien sûr à gagner de l’argent avec un bénéfice opérationnel net de 219 millions d’euros. Toujours

bilan chiffré de l’année 2024 avec un chiffre d’affaires net de 6,735 milliards d’euros, en net recul par rapport à l’année pré cédente : - 12,2 % à taux de change constants (- 14,6 % aux taux actuels). Les effets de change néga tifs ont eu un impact de 192 mil lions de francs. Sa marge opéra tionnelle a atterri en fin d’année à 10,6 % dans le segment montres et bijoux, mais sans la produc

flow en 2025” affirme le géant de l’horlogerie. Et malgré les turbulences, le pre mier groupe horloger mondial reste bien assis sur des capitaux

propres qui atteignent désormais les 12,2 milliards de francs. De quoi passer encore quelques mois difficiles. n J.-F.H.

aux marques du groupe, fortement positionnées. Swatch Group s’at tend à des améliorations substan tielles de son chiffre d’affaires, du résultat opérationnel et du cash

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“Le contexte actuel est encore très compliqué” Interview

chiffres de la F.H. La contraction des exportations horlogères suisses s’est intensifiée en décembre 2024, avec un repli de 5,4 %, pour une valeur totale de 2 milliards de francs suisses. Ce résultat porte le bilan annuel 2024 à 25,9 milliards de francs, soit une diminution de 2,8 % en com paraison avec l’année 2023. Tous les segments de prix ont enregistré des reculs. Les montres dont le prix export se situe entre 200 et 500 francs ont affiché la plus forte diminution en valeur (- 13,2 %). Les garde-temps d’un prix inférieur à 200 francs (- 5,9 %) et ceux supérieurs à 3 000 francs (- 5,3 %) ont également accusé des baisses significatives. Le segment 500-3 000 francs a mieux résisté, limitant son repli à 1,8 %. S’agissant des principaux débouchés, les quatre premiers marchés ont tous enregistré des baisses en décembre. Les États-Unis (- 1 %) ont connu un léger recul, pour la première fois en six mois. Hong Kong (- 6,4 %), se his sant à la deuxième place, a affiché une dimi nution moins prononcée que lors des mois précédents, tandis que la Chine (- 19 %) a continué de souffrir de performances très négatives. Enfin, le Japon (- 12,7 %), pénalisé par un effet de base marqué, a accusé une nette régression. Parmi les quinze principaux marchés, seuls les Émirats arabes unis (+ 0,6 %), le Royaume Uni (+ 5,8 %), l’Espagne (+ 19,3 %) et l’Aus tralie (+ 7,2 %) ont présenté une évolution positive (source F.H.). n

La fédération de l’industrie horlogère suisse (F.H.) scrute mois après mois les chiffres des exportations de montres suisses. Son patron Yves Bugmann fait un point de situation après une année 2024 très compliquée pour le secteur.

C’ est à dire : Quel bilan tirez vous de l’année 2024 pour l’hor logerie suisse ? Yves Bugmann : Le contexte actuel est encore très compliqué. L’horlogerie est une branche cyclique habituée à ces particularités conjoncturelles. Cette situation actuelle s’explique facilement à travers un principal problème : la Chine. Le reste du monde continue, lui, à évoluer de manière plutôt positive. La crise immobilière en Chine dure maintenant depuis plus de trois ans. Les Chinois avaient beaucoup investi dans l’immobilier et depuis quelque temps on observe également en Chine une augmentation du chômage des jeunes notamment. La priorité de ces derniers n’est donc plus d’acheter une belle montre suisse, mais c’est d’écono miser. Càd : Comment s’annonce la suite de l’année 2025 ? Y.B. : C’est très difficile à prévoir. En ce début d’année 2025, la tendance par rapport à 2024 ne change pas. En Chine, le gouvernement a pris certaines mesures pour soutenir son économie et pour sortir de cette situation et afin de stimuler la consommation privée, tout

comme la banque chinoise, mais d’ici les tout prochains mois, on n’attend pas encore d’embellie sur ce marché. D’au tres décisions sont attendues en mars et devaient à moyen terme renforcer la confiance des consommateurs et, par conséquent, avoir un impact positif sur nos exportations vers la Chine. Pour l’instant, la hausse d’autres marchés comme les États-Unis (+ 5 % en 2024) est donc loin de compenser la baisse de 25 % du marché chinois qu’on a subie. Càd : Les chiffres sur l’emploi dans l’horlogerie suisse s’en ressentent forcé ment ? Y.B. : Les derniers chiffres montraient que les effectifs n’ont pas baissé chez les fabricants, mais on sait en même temps que dans la sous-traitance, un bon nombre d’entreprises ont recours au chômage partiel. Cette conjoncture actuelle impacte avant tout la sous traitance. Càd : Quelques signes d’espoir ? Y.B. : L’horlogerie suisse est habituée à ces soubresauts. Et la Confédération agit. Elle a notamment signé récemment des accords de libre-échange avec des pays comme l’Inde et la Thaïlande qui

Yves Bugmann est le nouveau président de la Fédération horlogère dont le siège est à Bienne et qui regroupe 460

entreprises horlogères suisses.

nous restons tous persuadés que nous avons un bon produit avec l’horlogerie suisse. Le Swiss made est un label qui vaut cher. À travers le monde, la fasci nation pour les montres suisses est intacte, j’en suis persuadé. n Propos recueillis par J.-F.H.

prévoient l’élimination des droits de douane sur plusieurs années. Pour l’ins tant, l’Inde, qui est désormais le pays le plus peuplé du monde, est au 20 ème rang des pays vers lesquels l’horlogerie suisse exporte. Il y a donc de belles perspectives avec cette partie du monde d’autant que

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