Journal C'est à dire 311 - Décembre 2024

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Environnement

Les affleurements rocheux pas assez protégés pour les défenseurs des paysages

Toujours engagé dans la préservation des affleurements calcaires, le collectif “Pour la préservation des paysages jurassiens” souhaite que le projet d’arrêté préfectoral réglementant les interventions sur les affleurements rocheux aboutisse enfin.

Cette action militante a pris une forme plus concrète quand l’Union Euro péenne a décrété que les affleurements rocheux, biotopes abritant une grande diversité floristique et faunistique qui leur est inféodée, sont des habitats d’in térêt communautaire prioritaire. Arrêté en décembre 2018, ce décret donne aux préfets les moyens réglementaires pour empêcher la destruction des affleure ments rocheux. La prise d’un arrêté supposait d’iden tifier, de recenser les affleurements, travail toujours en cours de réalisation par les membres du collectif. “On tra vaille en partenariat avec le Conserva toire des Espaces Naturels qui nous a fourni des images aériennes identifiant les zones d’affleurement à protéger. Les membres du collectif s’organisent ensuite pour vérifier les informations sur le ter rain. Cela prend du temps. Au prin temps 2023, on a lancé la cartographie sur le secteur du Haut-Doubs horloger en partant du plateau de Maîche-Le Russey. La campagne devrait reprendre en direction du Saugeais” , explique Noël Jeannot, membre du collectif qui coordonne cet inventaire. Le projet d’arrêté a été plus ou moins mis en stand-by. “En mai dernier, on a rencontré Rémi Bastille, le préfet du Doubs pour faire le point. Il nous a indiqué qu’il attendait que les élections dans les chambres d’agriculture soient terminées pour reprendre ce dossier.

J uste avant l’arrivée du loup qui fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre, le casse-cailloux était au cœur des débats entre les agriculteurs et les défenseurs de nature. Pour mémoire, tout état parti d’une vidéo montrant en mai 2017 un tracteur équipé d’un casse-cailloux réduire en miettes un communal de 4 hectares situé en zone Natura 2000 dans le Haut-Doubs. Ce document avait suscité un large mouvement de protestation qui avait abouti en novembre 2017 à la création du collectif “Pour la préser vation des paysages du massif juras

sien”. Ce collectif est composé de sept asso ciations : Murs et murgers, Terrasses des collines bisontines, Les Gazouillis du plateau, Fleurs de terre, collectif Loue-Lison, France Nature Environ nement, Association de Protection de la Vallée du Drugeon. De réunions publiques en tables rondes avec les autorités et les instances agricoles, le collectif a d’abord voulu instaurer une prise de conscience en vue d’aboutir à une réglementation qui protégerait ces affleurements calcaires caractéristiques des paysages jurassiens.

Les affleurements calcaires sont des éléments indissociables des paysages jurassiens.

Pas de quoi décourager les membres du Collectif qui comptent bien se mobi liser après les élections dans les cham bres d’agriculture. “On voudrait réunir

Aujourd’hui, la procédure mise en place consiste à faire une déclaration de tra vaux avant chaque intervention. Cette démarche est, selon le préfet, plutôt bien

à nouveau toutes les parties concernées pour finaliser cet arrêté de protection des habi tats. C’est une façon de valo riser les efforts de chacun sur

respectée. Celui qui y déroge rait ne serait pas sanctionné. Au lendemain de cette rencon tre, on a nous signalé un cas de destruction d’affleurement

Sollicitée pour faire le point sur le dispositif actuel d’encadrement des travaux sur les affleurements rocheux, la D.D.T.en charge du dossier répond : “Un guichet unique est d’ores et déjà en place à la D.D.T. afin de renseigner en amont les porteurs de projet de travaux sur des affleurements rocheux. La pro tection de ces habitats particuliers passe par une meilleure connaissance des espèces présentes. Après un essai d’in ventaire par télédétection infructueux réalisé en 2021 et 2022, un travail d’in ventaire de terrain et de cartographie est engagé depuis 2023. Sous réserve de l’obtention des crédits nécessaires, ces travaux devraient s’achever en 2026 et permettre d’avoir une cartographie exhaustive des affleurements protégés dans le département.” n L’espoir de terminer la cartographie en 2026

“Le problème est encore loin d’être réglé.”

un dossier sensible où l’on était parvenu à s’entendre en privilégiant la concer tation plutôt que la confrontation. D’au tres associations comme la L.P.O. mani festent aussi leur impatience et sont prêts à se mobiliser pour faire valoir les intérêts de l’environnement sur ces questions” , rappelle Guy Pourchet, autre membre du collectif. n F.C.

du côté de Grand’Combe-des-Bois. On a transmis toutes les preuves à la pré fecture pour montrer que le problème est encore loin d’être réglé” , indique Syl vie Pierrot du Collectif “Pour les pay sages du massif jurassien”. Après avoir atteint un pic à 250 signa lements en 2020 lors du confinement Covid, les dégradations sur les affleu rements sont en très nette diminution.

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