Journal C'est à dire 273 - Juin 2021

É C O N O M I E

Avec “Action Philippe Streit”, le travailleur handicapé devient une force Charmoille Ex-dirigeant du groupe industriel Delfingen à Anteuil, Bernard Streit déploie son énergie dans la création d’une association qui bâtit un ensemble de services pour accueillir des entreprises employant des personnes en situation de handicap. Une salariée de Charmoille témoigne.

nose thérapeutique, ainsi qu’une aide pour trouver un logement et même un accès à la culture le sont également ! Le tout pris en charge par l’association. Un “écosystème” unique où 65 per- sonnes travaillent, 230 à l’horizon 2023. L’histoire solidaire et entrepreneuriale de la famille Streit commence par la création àAnteuil, au début des années cinquante, d’une petite entreprise spé- cialisée dans l’extrusion de sacs plas- tiques. Émile, le père de Bernard et Philippe, avait créé cette activité pour offrir un travail à sa sœur Jeannette, atteinte de la poliomyélite. Les parents mettront également toute leur patience dans l’accompagnement de Philippe, leur fils aîné, atteint d’un handicap mental. Bernard, le second fils, reprend l’entreprise en 1984 et la transforme en groupe international spécialisé dans l’automobile qui emploie aujourd’hui 3 700 salariés dans le monde dont 270 à Anteuil. En 2017, Philippe décède. Pour lui rendre hommage et parce que son frère lui avait demandé en léguant son patrimoine à l’association, Bernard Streit a créé l’association “Action Phi- lippe Streit” pour venir en aide aux travailleurs handicapés. Objectif : faire de chaque personne en situation de handicap un contribuable. Deuxmillions d’euros ont déjà été inves- tis par des investissements familiaux, des dons et des prêts pour réaliser dans un ancien bâtiment de l’usine Delfingen des salles de soins, des blocs sanitaires adaptés, un ascenseur. Une entreprise a rejoint cet “écosystème”, la société Vipp et Philippe spécialisée dans la relation client. C’est là que Jennifer a

Bernard Streit (à droite) et son frère Phi- lippe, décédé en 2017.

D ans le bureau qu’elle partage avec une collèguemalvoyante originaire de Pontarlier, Jen- nifer employée comme télé- conseillère à Anteuil a trouvé depuis février sa place dans un “écosytème” unique en France. La jeune femme de Charmoille atteinte d’unemaladie auto- immune qui l’empêche par exemple de porter des charges lourdes et qui l’oblige à honorer des rendez-vous chez leméde- cin, a recouvré un emploi au sein de l’entreprise Vipp et Philippe accueillie

dans la structure associative “Action Philippe Streit” àAnteuil, entre Sancey et Clerval. Ici, le handicap n’est pas un motif de discrimination.Au contraire, il est syno- nyme d’élévation sociale. Les postes sont adaptés à chacun. Bientôt, une piscine-balnéo sera ouverte aux salariés handicapés dont certains profitent du transport à la demande pour se rendre à leur poste de travail. Deux séances de sport adapté et une séance de kiné par semaine sont proposées, de l’hyp-

déniché son travail en février. “Je vais au travail avec le sourire ! , reconnaît la salariée reconnue comme travailleur handicapé (R.Q.T.H.). Quand je recher- chais un emploi, je ne voulais pas cacher ma maladie aux recruteurs. Tout de suite, je voyais le visage des employeurs changer car ils craignent des absences pour des rendez-vous médicaux. Là, ça n’a pas été un problème ! Cela mérite vraiment d’être connu car tout le monde s’entraide, se soutient. On ne voit pas les handicaps des autres. On bénéficie d’un véritable accompagnement.” Polyhandicapé célèbre pour ses exploits sportifs et sonmental, Philippe Croizon est devenu le parrain de cette associa- tion qui espère dans son bâtiment accueillir d’autres entreprises. “Notre

objectif est d’atteindre 230 emplois d’ici 2030, la réalisation de nombreux inves- tissements avec la création d’un res- taurant d’entreprise, d’un espace central avec de nouveaux bureaux, d’un centre médico-sportif avec bassin de balnéo- thérapie et la création de trois nouvelles salles de sport” indiqueAction Philippe Streit. Une deuxième entreprise est attendue en août au sein de l’associa- tion. Ce sera unemicro-crèche du réseau “La Compagnie d’Arthur”, qui proposera 10 places, dont un tiers réservé à des enfants en situation de handicap. Les travaux pour les accueillir viennent d’être lancés. Ici, la solidarité n’est pas de façade. Il est possible d’aider cette structure en faisant un don. n E.Ch.

À Anteuil, une association a créé un écosystème pour permettre aux travailleurs handicapés physiques de surmonter plu- sieurs difficultés.

Pour aller plus loin et soutenir : www.actionphilippestreit.fr

Quand les élus de Morteau remettent l’église au centre du village Lobby Des élus du Grand Besançon ont créé une association visant à défendre les liaisons routières et ferroviaires transfrontalières à laquelle le maire de Morteau a adhéré et bientôt La Chaux-de-Fonds et Le Locle. Quelques mises au point à la clé…

E n matière de voie routière comme en politique, les che- mins sont semés d’embûches. Parlez-en aux élus du Grand Besançon qui bataillent dur pour la poursuite de la mise en 2 x 2 voies de la R.N. 57 entre Beure et Micropolis. La présidente du Grand Besançon, l’écologiste Anne Vignot, a décidé de

mettre ce sujet au vote des 123 élus lundi 28 juin dernier, elle qui n’a jamais caché sa frilosité envers la poursuite de ce projet validé par son prédécesseur. Un lobbying est mené à la fois par ceux qui veulent des travaux et les autres qui s’y opposent. Le sujet, hautement polémique à Besançon, ruisselle jusqu’aux contre-

forts du Haut-Doubs et plus largement de Suisse. Des élus du Grand Besançon dont le maire de Saône Benoît Vuillemin, ceux deMamirolle (Daniel Huot) et deMont- faucon (Pierre Contoz) ont embarqué avec eux la quasi-totalité des élus du premier plateau et du Haut-Doubs dans la constitution d’un organe visant à promouvoir et valoriser les infra- structures ferroviaires et routières transfrontalières. C’était le 4 juin der- nier. Son nom : “Association des liaisons transfrontalières”, un organe qui doit sur le papier valoriser les projets rou- tiers et ferroviaires transfrontaliers. Officiellement constituée, l’association présidée par le maire de Saône - élu à l’unanimité - a essuyé la mise au point d’Annie Genevard, députée du Haut-Doubs. “Je ne méprise pas la volonté des élus du Grand Besançon de vouloir peser sur les sujets trans- frontaliers mais le Haut-Doubs a tou- jours été à la manœuvre et le sera tou- jours” , dit-elle pour ne froisser personne. La parlementaire de rappeler son inves- tissement dans le dossier du franchis- sement de Pontarlier (à hauteur de La Cluse-et-Mijoux) qui va débuter, l’ob- tention d’un financement pour une étude sur le linéaire Besançon-Vallorbe

Le Haut-Doubs, comme le secteur du plateau, est représenté.

“Haut-Doubs” dans l’objet de l’asso- ciation fraîchement créée. Benoît Vuil- lemin (Saône) a accepté sans sourcil- ler. Les jalons sont posés “à un moment crucial, estime le maire de Morteau et président de la communauté de com- munes. Si rien ne se développe, notre territoire risque d’être contourné par l’axe de Genève au sud et celui de Bâle au Nord.” PierreVaufrey, représentant

avec une étude plus spécifique sur le créneau de dépassement La Main-La Vrine et la descente sur Vallorbe, sa mobilisation toujours intacte pour le contournement de Valdahon ou encore la poursuite de la route des Microtech- niques au niveau des Fins dont les réservations foncières sont encore actées. Sur le volet ferroviaire ont été renou- velés les matériels roulants sur la ligne des Horlogers actuellement en travaux en lien avec la Région Bourgogne-Franche- Comté. “Le prochain dossier de cette ligne concerne l’aug- mentation capacitaire et le cadencement, sans oublier notre mobilisation sur le T.G.V. Lyria” ajoute Annie Genevard. Les élus du Grand Besançon ont pris note. “On ne veut surtout pas édicter ce que doit faire le Haut-Doubs depuis Besançon, rassure Pierre Contoz. Nous sommes là pour être en appui.” Le mes- sage est passé. Tout comme celui du maire de Morteau, Cédric Bôle, qui a demandé à ce qu’apparaisse le terme

de l’association urbaine du Doubs d’indiquer que les villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle souhaitent inté- grer la nouvelle association. Judicieux, sachant que les verrous loclois et chaux-de-

“Le Haut-Doubs n’a pas attendu…”

fonnier doivent prochainement sauter avec le projet de contournement. La chambre de commerce et d’industrie (C.C.I.) ainsi que la fédération régionale des travaux publics (F.R.T.P.) intègrent le conseil d’administration. La volonté politique franco-suisse est affichée. Reste à trouver les financements… côté français. n E.Ch.

Annie Genevard, Pierre Vaufrey et Cédric Bôle (absent sur l’image), mesurent - depuis longtemps - l’intérêt de peser sur la route des Microtechniques, la R.N. 57…

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