Journal C'est à dire 273 - Juin 2021

É C O N O M I E

Croissance et empreinte écologique dans l’actualité du comté Agriculture

Le C.I.G.C. a profité de l’ouverture de la nouvelle Maison du Comté à Poligny fin mai dernier pour y faire son assemblée générale et tirer le bilan d’une campagne 2020-2021 plus qu’encourageante. L’oc- casion aussi de dénoncer l’acharnement des asso- ciations écologistes à l’encontre d’une filière trop souvent montrée du doigt.

d’accueil basée sur l’intégration de nouvelles surfaces. Cela repré- sente 140 nouveaux exploitants depuis 4 ou 5 ans. 35 000 hec- tares ont basculé sur le terroir comté en 10 ans, soit 15 % de la surface déjà dédiée à l’A.O.P.” Face aux défis climatiques et environnementaux, aux attentes sociétales et écono- miques, la filière affine en per- manence son cahier des charges. Une nouvelle mise à jour a été transmise à l’I.N.A.O. en mai 2020 pour une première expertise. L’objectif est de main- tenir tous les ingrédients du modèle comté basé sur la coo- pération, l’exploitation des res- sources locales, le lien à l’herbe, la taille des outils de production et de transformation, le bien- être animal… “On ajoute par exemple 30 % de surface sup- plémentaire par vache laitière. On réduit aussi de 20 % le nom- bre d’unités d’azote en système lisier” , illustre Alain Mathieu. Cette nouvelle réforme rime avec limitation. Limitation de la taille des fermes, du nombre de vaches laitières par produc- teur, limitation de la taille des ateliers et encadrement de la croissance de ces outils de trans- formation. n F.C.

L’union syndicale sacrée autour du comté I l n’est jamais agréable d’être régulièrement placé sur le banc des accusés comme c’est le cas de toute la filière comté, soi-disant en grande partie responsable de la pollution de rivières comme le Doubs, le Dessoubre ou encore la Loue. Comme ils l’avaient déjà fait au sujet du robot de traite, les syndicats actifs sur la filière : Confédération Pay- sanne, Coordination rurale, F.D.S.E.A. et J.A. dénoncent dans un communiqué commun “l’achar- nement dont ils font l’objet de la part du collectif S.O.S. Loue.” Ils rappellent que “la croissance du comté est le fruit d’une politique volontariste d’ou- verture basée sur une augmentation du taux de transformation d’un lait déjà produit, une substitution de l'emmental par le comté, l’accueil de nouveaux exploitants et donc de nouvelles surfaces.” le meilleur rempart à toute intensification.” Les mesures expertisées actuellement par l’I.N.A.O. vont dans le sens de la préservation des milieux naturels. Selon une étude de la D.R.A.A.F., la fer- tilisation des prairies permanentes a baissé de 30 % entre 2011 et 2020. Les producteurs insistent aussi sur le fait que leurs vaches ne sont pas des “usines à lait”. Une autre étude montre que le niveau de production du troupeau dans le Doubs, tous systèmes confon- dus, s’élève à 6 930 kg de lait par vache laitière et par an contre 9 226 kg pour la race PrimHolstein. Sur l’utilisation de concentrés, ils expliquent travailler à la création de filières locales d’approvisionnement. Ils invitent aussi “à ne pas généraliser aux 2 400 fermes à comté, des cas isolés que nous condam- nons, lesquels par leur comportement entachent le travail de tous.” Alain Mathieu le président du C.I.G.C. souscrit bien sûr à cette levée de boucliers. “On partage aussi le diagnostic. La filière est enga- gée et agit en toute transparence.” n Les quatre Grâce à cette politique, le massif du Jura est sans doute le champion de l'installation. Un départ pour une arrivée. Quid des pratiques prétendument trop intensives ? Pour les quatre syndicats, “la limitation individuelle de la production de lait par ha constitue

A vec une progression des ventes affichée à 4,03 % depuis un an, soit un volume de 60 323 tonnes de comté com- mercialisées, les dirigeants devraient afficher une certaine sérénité. 68 500 tonnes de comté ont été produites au cours de la même période. Mais les sou-

su s’adapter pour regagner la confiance des consommateurs” , analyse Alain Mathieu, le pré- sident du C.I.G.C. L’augmentation de 4,03 % s’ap- plique à tous les segments de la distribution. Elle se décline en France comme à l’export. “Les ventes à l’étranger progres- sent de 10 % sachant qu’elles

rires sont plutôt cris- pés face aux attaques incessantes qui remettent en cause cette belle dyna- mique et ses consé- quences sur l’envi-

représentent actuelle- ment 10 % du volume global. 75 % des expor- tations se font dans les pays frontaliers de la France” , complète le président. De quoi

60 323 tonnes de comté commercialisées.

ronnement. “2020 restera une année particulière rythmée par la crise sanitaire.Après quelques inquiétudes liées notamment à la fermeture des rayons de vente à la coupe, la filière a plutôt bien résisté à la conjoncture grâce aux efforts de tous. On a

élargir encore le potentiel de production pour la prochaine campagne qui s’étend jusqu’au 30 avril 2022. Le rythme reste inchangé avec 1 500 tonnes de nouveaux droits à produire. “Cette ouverture confirme une vraie politique

syndicats étaient présents aux côtés d’Alain Mathieu le président du C.I.G.C. pour défendre l’évolution d’une filière engagée depuis longtemps vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

“Beaucoup de producteurs se sentent blessés par ces attaques perpétuelles” Trois questions à Gérard Coquard agriculteur à Arc-sous-Montenot et représentant de la Confédération Paysanne au bureau du C.I.G.C. Morteau

C’ est à dire : Pourquoi cette tribune com- mune alors que vous êtes loin de partager les mêmes visions de l’agricul- ture ? Gérard Coquard : Les quatre syndicats ont accepté d’œuvrer dans le même sens pour s’amé- liorer. En tant qu’agriculteur, on est très conscient de notre responsabilité mais la filière comté n’est pas l’unique respon- sable de l’état des rivières. C’est trop facile. On pourrait parler de l’artificialisation des terres qui accélère l’écoulement des eaux dans les nappes. Le C.I.G.C. a fixé un certain nombre de règles pour limiter l’impact environnemental, il faut un peu de temps pour que cela fasse effet. Càd : La Confédération Pay- sanne est-elle favorable au comté bio ? G.C. : On n’a jamais été partisan d’un basculement de la filière vers le bio. Ce qui est important,

c’est l’évolution que doit prendre le comté pour répondre aux attentes des consommateurs. On sait que si le comté venait à disparaître, il serait sans doute remplacé par quelque chose de beaucoup plus polluant. Càd : Les producteurs de lait à comté vivent mal cette pres- sion écologique ? G.C. : Beaucoup se sentent bles- sés par ces attaques perpé-

tuelles. Je pense qu’il est impor- tant d’apaiser le débat, d’éviter que chacun devienne procureur et de ne pas s’en tenir aux cli- chés. La pollution ne peut pas se réduire à la présence d’une tonne à lisier ou d’un pulvéri- sateur dans un champ. Il y a souvent derrière ces pratiques une réflexion agronomique qui ne porte pas atteinte aux res- sources naturelles. n Propos recueillis par F.C.

La pollution ne peut pas se réduire à la présence d’une tonne à lisier dans un champ.

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