La Presse Bisontine 227 - Avril 2021

8 L’événement

La Presse Bisontine n°227 - Avril 2021

l Jardin zoologique Humanimo pour la fin du zoo

l Avenir du zoo Le président des jardins zoologiques français à Besançon “J’ai dit à la maire que le zoo de Besançon est une vraie chance”

Un groupe de “travail” en place pour décider de l’avenir des animaux Scientifiques, élus, vétérinaires, soigneurs

Directeur du zoo de Beauval et représentant des jardins zoologiques français, Rodolphe Delord était à Besançon où il a rencontré Anne Vignot et découvert le zoo. Il se dit surpris par la qualité du site mais convient qu’il y a trop d’espèces dans la partie “mammifères”. Entretien.

qui ne souhaite pas pour le moment préciser son propos. Sans en apporter la preuve, elle évoque des probléma- tiques de pratique de gestion des animaux, de soins, et de transports douteux. Connue pour dénoncer la captivité animale, l’association avoue toutefois une avancée : “La mise en place d’un groupe de travail comme la mairie s’y était engagée pour évoquer la des- tinée du zoo” annonce la porte-parole d’Humanimo. Ce groupe de travail - qui ne s’est pas encore réuni - sera composé de scientifiques, d’élus, de professionnels du jardin zoologique, et de bénévoles de la cause animale. La position d’Humanimo n’a pas changé : “On veut la fin du zoo car on estime car la vie en captivité est inadaptée pour la santé physiologique et mentale des animaux. Nous com- battons cette pratique des zoos et leur grande opacité sur les transports d’animaux qui leur rapporte de l’ar- gent.” n

I

L’ association anti-spéciste Humanimo fut la première à s’élever en septembre dernier contre le sort réservé à Hélios, le lion de la Citadelle, “voué, selon elle, au même sort que la tigresse Taïga, exfil- trée et transférée de sa cage bisontine pour une cage d’un zoo des pays de l’Est.” Les membres de cette asso- ciation avaient manifesté devant les portes de la Citadelle pour demander que ce lion rejoigne un sanctuaire et non une cage dans un autre parc. Six mois plus tard, quels sont les changements ? “Nous restons vigi- lants car certaines pratiques qui se déroulent au zoo de Besançon sont contestables” répondVirginie Vernay du jardin zoologique et l’as- sociation Humanimo réunis autour d’une même table.

l’Apron du Rhône, et des écrevisses. Pour l’apron et l’écrevisse des torrents qui sont des espèces françaises, les équipes de la Citadelle sont les seules à maîtriser le cycle de reproduction et participent à plusieurs réintroduc- tions au travers des plans nationaux d’action pour les espèces menacées du ministère de l’Écologie. On peut remercier la Ville de Besançon pour son soutien financier dans cette mis- sion. L.P.B. : En revanche, la seconde partie du zoo, celle qui abrite les mammifères, fait moins rêver. R.D. : C’est ancien, c’est vrai. Il faut tout refaire mais ce n’est pas insur- montable. Les animaux sont très bien entretenus mais il y a trop d’espèces. Il faudra faire des choix.

l est le directeur du zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher, classé le qua- trième plus beau au monde, un espace qui accueille (hors période Covid) 1,6 million de visiteurs par an. Rien que ça. Il est aussi le président de l’association des jardins zoologiques français, une association regroupant une centaine des “meilleurs” parcs français dont celui de Besançon. C’est à ce titre que Rodolphe Delord est venu fin février découvrir le jardin zoologique de la Citadelle et rencontrer Anne Vignot dans son bureau. La Presse Bisontine : Quel était l’objectif de votre visite à la Citadelle de Besançon ? Rodolphe Delord : Notre association repré- sente une centaine de zoos en France qui hébergent 100 000 espèces et accueillent 22 millions de visiteurs. Elle combat les “mauvais” zoos et défend ceux qui travaillent à l’éduca- tion du public, sensibilisent à la conser- vation des espèces, de la génétique, permet la recherche scientifique pour développer les connaissances des espèces, et travaille sur le bien-être animal. Nous sommes venus à Besan- çon avec d’autres associations car le parc zoologique s’interroge. L.P.B. : La question est de savoir si un parc comme celui de Besançon, ancien, doit accueil- lir des espèces ou se séparer des animaux. R.D. : J’ai été bluffé par le travail des équipes qui bénéficient d’une expertise reconnue pour l’élevage d’espèces très menacées et même en danger critique d’extinction suivant la liste rouge de l’U.I.C.N. (union internationale pour la conservation de la nature) telles que la Mantelle dorée, l’Ibis chauve,

Rodolphe Delord, président de l’association des jardins

zoologiques français, directeur du zoo de Beauval, était à Besançon il y a quelques semaines.

L.P.B. : Faut-il par exemple se séparer des lions ? R.D. : Oui, pour libérer de la place pour les tigres. La question est aussi de savoir s’il faut garder les tigres. Chez les primates, il faudra également faire des choix. L’espace occupé auparavant par les macaques va peut-être servir à la présentation d’espèces asiatiques avec panda roux, lou- tres, petits singes. Un zoo ne doit plus être une exposition d’ani- maux mais un endroit où vivre une expé- rience.

“Remplacer le zoo par un refuge pour animaux, c’est utopique.”

L.P.B. : Pensez-vous que la maire vous a entendu et qu’elle pense que les zoos servent à préserver les espèces ? R.D. : Elle était à l’écoute. Je lui ai dit en préambule que le jardin zoologique était une chance, qu’il était promis à un bel avenir. C’est un sanctuaire au milieu de la ville. L.P.B. : Vous a-t-on parlé des projets du jar- din ? R.D. : On m’a parlé de remplacer le jar- din zoologique par un refuge pour ani- maux qui vivent dans les cirques. C’est utopique à mon sens. L’argent des zoos finance des projets de conserva- tions, des parcs naturels. n Propos recueillis par E.Ch.

Les membres d’Humanimo avaient manifesté en août dernier devant la Citadelle.

l Chantier 5 millions d’euros Bientôt les grands travaux au musée de la Résistance Le musée de la Résistance et de la Déportation entamera à l’automne sa grande métamorphose. Réouverture prévue au printemps 2023.

L a richesse de ses collec- tions est connue et recon- nue en France et dans toute l’Europe. Seule- ment, comme tout musée, celui consacré aux heures sombres de la guerre créé à l’initiative de Denise Lorach, a vieilli depuis son ouverture en 1974. Sur une vingtaine de salles, ce musée poi- gnant propose plus de 1 000 objets, photos et archives de cette période. Ce musée d’histoire veut aujourd’hui renforcer sa vocation d’outil citoyen. C’est ce qui motive l’entière rénovation dont il va

faire l’objet à partir de septembre prochain, pour une réouverture prévue “au printemps 2023”

crés à son extraordinaire collec- tion d’art concentrationnaire, et aux expositions temporaires” résume le projet. “L’idée de ce musée est de continuer à expliquer l’histoire pour ne pas qu’elle se répète. On est en plein dans la philosophie des sites Unesco transmetteurs de mémoire” ajoute le directeur. Dès septembre, une palissade en bois sera installée dans la cour des Cadets afin de délimiter l’em- prise de ce chantier d’envergure qui donnera une nouvelle occa- sion de redynamiser la Citadelle de Besançon. n

Contrairement à ce qu’indique ce panneau, le musée de la Résistance et de la Déportation rouvrira ses portes en 2023.

confie Alexan- dre Arnodo, le directeur de la Citadelle. LaVille investit 5 millions d’eu- ros dans ces travaux de réhabilitation. Le chantier consistera à “ proposer de nouveaux espaces consa-

“Nouveaux espaces pour son

extraordinaire collection d’art concen- trationnaire.”

Made with FlippingBook Ebook Creator