La Presse Bisontine 227 - Avril 2021
L’événement 7
La Presse Bisontine n°227 - Avril 2021
l Interview
Le nouveau directeur “La Citadelle de Besançon entame sa métamorphose”
Arrivé en début d’année à la tête de la Citadelle, Alexandre Arnodo déroule sa feuille de route avec trois priorités majeures pour revitaliser le site : les animations, l’accueil du public et le label Unesco qu’il compte bien (enfin) mieux valoriser.
L a Presse Bisontine : La fermeture de la Citadelle pour raisons sanitaires est-elle difficile à vivre pour vous qui prenez vos marques ici ? Alexandre Arnodo : C’est compliqué et triste évidemment de ne pas encore pouvoir recevoir le public, mais para- doxalement, cette période m’a permis de mieux connaître les équipes, de m’imprégner de la culture de ce site, du ressenti des équipes et sur le plan collectif, la fermeture a également per- mis d’avancer plus vite sur les travaux qui ont été engagés et sur l’entretien du site. C’est aussi un temps qui m’a permis de lancer de nombreuses pistes, sur le volet animations notamment. L.P.B. : Quand espérez-vous rouvrir les portes de la Citadelle ? A.A. : Nous n’avons évidemment aucune certitude tant le contexte reste instable, mais jeme dois de donner de la visibilité aux équipes. Pour planifier les choses, nous sommes obligés de nous fixer un cap. Nous tablons sur une potentielle réouverture si toutes les conditions sont réunies, à partir du 10 avril. L.P.B. : Quelle est votre feuille de route en tant que nouveau directeur du site le plus visité de Franche-Comté ?
miques locaux.
A.A. : Je souhaite articuler notre action autour de trois points. Le premier, capi- tal, c’est ce qu’on souhaite produire ici, c’est-à-dire tout le volet animations. Le constat que j’ai fait est que la Cita- delle s’est un peu coupée de son ter- ritoire ces dernières années. Alors que tant de structures locales auraient leur place ici pour se produire. Je pense à la Scène nationale, à la Rodia, à l’or- chestre Victor-Hugo, à tous les acteurs associatifs de la culture. La Citadelle est un écrin qui ne demande qu’à accueillir ces acteurs culturels. Je déplore le fait que la Citadelle se soit
L.P.B. : Cette ouverture au monde extérieur va démarrer dès la réouverture ? A.A. : Dès cet été par exemple, nous allons créer un bar en “roof-top” sur le premier front : on ouvrira au public une terrasse aménagée de 270 m 2 , avec vue imprenable sur la ville de Besan- çon. Ce bar éphémère qui proposera aussi de la petite restauration de qua- lité en lien avec les producteurs locaux ouvrira dès le 1 er juin, jusqu’au 30 sep- tembre. Je souhaite aussi que dès cet été, à raison de trois soirs par semaine, soient organisées à la Citadelle des propositions de musique live avec des groupes locaux. Il faut aussi que la reprise profite à tous ces acteurs cul- turels locaux. L.P.B. : Quel est le deuxième axe de votre plan de redynamisation ? A.A. : C’est l’accueil.Au-delà de la ques- tion de l’accessibilité du site, il faut impérativement améliorer l’accueil à la Citadelle, et surprendre les visiteurs. Cela passe par la mise en place d’une nouvelle billetterie (en janvier pro- chain), digne d’un site Unesco. Cela passe par des points qui ne sont pas des détails, comme prévoir plus d’as- sises sur le site, améliorer les sanitaires. On va créer également un petit jardin d’aromates qui seront les potagers de notre restaurant. La Citadelle est un site très minéral, on va donc lui appor- ter plus d’ombre, avec des dispositifs novateurs. Sur le plan des jardins, on peut également prévoir des plantations pour nourrir les animaux. Également créer des potagers autour des légumes anciens. Il y a plein de pistes à déve- lopper. La Citadelle de Besançon entame sa métamorphose. L.P.B. : Pour, enfin, être digne de son appar- tenance au réseau des sites du patrimoine mondial de l’Unesco ? A.A. : C’est justement le troisième axe de mes priorités. J’estime que depuis l’obtention du label en 2008, on n’a jamais mis l’offre en face, on n’a pas changé l’expérience depuis qu’on a le
un peu recroquevillée sur elle-même. Mon grand projet, c’est de l’ouvrir ! Pour cela, j’ai commencé àmobi- liser tout mon réseau, celui que je me suis constitué au service culturel de laVille où je travaillais aupara- vant, en leur disant : “On se connaît, alors faisons des choses ensemble.” Cet esprit d’ouverture, je le sou- haite également avec les acteurs écono-
“Expérimenter pendant un été un accès interdit aux voitures.”
Alexandre Arnodo a pris ses fonctions en début d’année.
millions d’euros, c’est de mieux orga- niser les choses. La recherche d’un nouveaumoyen de transport a toujours occulté la question des moyens déjà en place. La vraie question, c’est qu’il y a souvent trop de monde dans le tuyau d’accès à la Citadelle. Il faut enlever sans doute un moyen de trans- port. À mon avis, il faut évidemment garder les transports en commun l’été, en les améliorant. Il faut aussi sans doute améliorer le parcours d’accès à pied. Il mérite d’être beaucoup mieux valorisé, en montrant des choses aux familles notamment au cours de la montée. Le vélo électrique est aussi une opportunité formidable. Pourquoi ne pas envisager des locations de vélos électriques en ville couplées avec un billet à la Citadelle ? Selon moi, le par- king du haut doit être réservé aux P.M.R., aux bus, et tout le reste pourrait être dédié aux racks à vélos. Je serais partisan d’expérimenter un été sans voiture, du moins pour les horaires en journée. Il est nécessaire d’expérimen- ter des choses sur ce point. n Propos recueillis par J.-F.H.
label. Le label Unesco, c’est la paix à travers l’éducation, la culture et le développement durable. On a ici tous les ingrédients pour mettre en œuvre ces objectifs : le musée de la résistance qui va rouvrir ses portes au printemps 2023, le musée comtois qui présente une mixité de culture, le muséum et ses milliers d’objets et d’espèces…Tous
Le nouveau directeur compte bien rester au moins six ans AlexandreArnodo a bien l’intention de battre le record de trois ans, temps maximal pour un directeur de la Citadelle sur la dernière décennie. Valérie Guy qui occupait le poste avant lui est partie au bout de deux ans et demi. Les directeurs précédents n’ont pas fait mieux. Le nouveau directeur ne se considère pas sur un siège éjectable. “Je tiens à m’inscrire dans le temps. J’imagine ma mission comme si je faisais un vrai mandat, donc sur au moins six ans. On ne peut rien bâtir pour ce site si on raisonne sur le court terme” estime-t-il. Mosellan d’origine, Alexandre Arnodo travaille depuis 2005 à la Ville de Besançon où il a commencé à travailler au service juridique, sa formation d’origine, avant d’intégrer le service culturel où il était l’adjoint de la directrice générale, avant de postuler pour la direction de la Citadelle. “La Citadelle me faisait très envie, avoue-t-il. Au service culturel, j’ai pu poser un regard sur ce qu’elle est, ce qu’elle n’était pas, et imaginé ce qu’elle devrait être.” Il sera donc jugé sur pièces dès la réouverture. n
ces objectifs liés à la valo- risation du label Unesco seront valorisés à travers un projet culturel et tou- ristique pluri-annuel 2022-2026 actuellement en préparation. L.P.B. : Vous frotterez-vous à l’éternelle question de l’ac- cessibilité de la Citadelle. Pas de projet de téléphérique dans les cartons ? ! A.A. : La vraie question, avant de réfléchir à de nouveaux moyens de transport ou à de nou- velles dépenses qui se chiffreraient à plusieurs
“Une réouverture espérée à
partir du 10 avril.”
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