La Presse Bisontine 227 - Avril 2021

Le Grand Besançon 29

La Presse Bisontine n°227 - Avril 2021

AGROALIMENTAIRE

Exploitants et grandes surfaces

“On ne se gave pas sur le dos des agriculteurs” Au G.A.E.C. des Tilleuls (Val-de-Roulans), la F.D.S.E.A. a invité

EMPLOI RESPONSABLE EXPEDITION H/F

Afin de compléter son équipe, la fromagerie de Doubs est à la recherche de son responsable expédition-clientèle . Vous serez à même de gérer les stocks, les commandes et vos équipes d’emboitage, de filmage et de préparation des commandes dans un souci d’ecience et de qualité. Une connaissance de l’HACCP et une bonne maitrise de l’agroalimentaire sera demandée. LE PROFIL RECHERCHÉ : DIPLÔME DE NIVEAU II BTS management vente commerciale ou Licence Pro commercialisation et service ou équivalent par expérience. Salaire 2300€ brut pour 39h hebdomadaire,

les rémunérer au juste prix. Il travaille en direct avec 70 producteurs locaux sur le Haut-Doubs avec lesquels il a contractualisé un partenariat. “Avec ces producteurs locaux, je ne discute même pas le prix, j’achète ! À 99,99 % notre relation est excellente. On a demandé aux grandes surfaces (dans le cadre de la loi Égalim) d’augmenter les prix pour que cela ruisselle chez les paysans. Où est passée cette hausse car ce ne sont pas nos magasins qui l’ont prise ? Chez les transformateurs ? Je crois que la solution est dans le direct entre le pro- ducteur et nous” dit-il. Sans doute juste comme analyse “mais elle ne permet pas d’écouler le volume” nuance Philippe Monnet, le président de la F.D.S.E.A. du Doubs, qui, en par- tenariat avec les Jeunes agriculteurs du Doubs, a organisé mardi 2 mars au G.A.E.C. des Tilleuls situé au Val-de- Roulans une rencontre avec les repré- sentants de la filière lait et viande et des représentants de grande etmoyenne surface. Les Super U de Roche-lez-Beaupré, Thise, Rougemont, Baume-les-Dames, l’Intermarché de L’Isle-sur-le-Doubs, de Métro Besançon, Leclerc Houtaud avaient répondu à l’appel.Auchan, Car- refour et Colruyt n’ont pu se déplacer. Pour montrer “qu’ils ne sont pas là pour tondre la laine sur le dos des agricul- teurs” comme l’image le responsable du Ude Rougemont, les Super U rappellent qu’ils sont les premiers à avoir mis en valeur le “Bœuf comtois”, à donner 50 euros de plus par bête pour la viande hachée en 2020, ce qui représente un effort de 850 000 euros. Le représentant de Lidl - qui achète 4 400 bêtes par an

des représentants de grandes et moyennes surfaces de Besançon pour échanger sur les coûts de production qui augmentent dans les fermes et leur rémunération qui diminue.

L a loi “Égalim” censée rémunérer les producteurs en fonction de leurs coûts de production n’a pas “ruisselé” jusque chez les produc- teurs. “L’éléphant a accouché d’une souris, il manque 1 euro sur une carcasse de viande par exemple.Aujourd’hui un agriculteur comme moi se rémunère 700 euros parmois pour 70 heures de travail” se désole Stéphane Seguin, agriculteur à Mercey-le-Grand. Qui se remplit les

poches ? Pas les grandes et moyennes surfaces à les écouter. Le patron de Leclerc à Pontarlier résume assez bien le fossé qui s’est creusé entre ceux qui produisent et ceux qui vendent. “Je suis attristé d’entendre dire que les grandes surfaces se “gavent” sur le dos des agriculteurs car ce n’est pas le cas” expose David Hatton. Car lui, comme d’autres établissements, fait le job pour mettre en avant les produits locaux et

évolution possible en fonction des compétences apportées.

Tél. 03.81.39.05.21 coop-fromageriededoubs@orange.fr

- fait une proposition concrète : “Que la grande distribution arrête de faire des promotions sur les produits d’élevage. Quand je vois qu’un litre de lait peut être vendu 55 centimes en demi-écrémé (il est acheté 0,37) en magasin, c’est impossible de bien rémunérer le pro- ducteur. Il faut que la viande et le lait deviennent des secteurs protégés.” Quid des marges ? Le patron de U à Baume-les-Dames a été transparent. Interrogé sur le prix du fromage à raclette label à 13,40 euros du kg dans ses rayons alors que le paysan vend 38 centimes le litre de lait, ce dernier explique qu’il prend 1,8 % de marge à

la fin ! C’est peu. “On ne se gave pas sur le dos des agriculteurs. Et on ne ren- tabilise pas un magasin comme j’ai pu l’entendre sur 7 ans,mais 20 ans !” sou- ligne Patrice Mathey. Cette matinée, enrichissante, où le transformateur L’Ermitage était présent, amontré toute la difficulté d’un système entre des producteurs acculés par des coûts de production élevés et des maga- sins coincés par les marges. Quant au “tout local”, c’est impossible. N’importe qui ne peut pas débourser une pièce de bœuf label rouge à 30 ou 35 euros le kg. n E.Ch.

Maxime Chapuis (à droite) a accueilli sur son G.A.E.C., la F.D.S.E.A. et son président Philippe Monnet (accroupi au second plan) en présence de Leclerc, Super U, et Ermitage.

POUILLEY-FRANÇAIS Producteurs de lait désabusés Les agriculteurs ruminent de ne pas voir leurs efforts récompensés Quand il s’est installé en 1995, Christophe Bonnefoy vendait 340 euros les 1 000 litres de lait. Pour réparer ses machines, le coût d’un mécanicien était de 18 euros de l’heure. Vingt ans plus tard, il vend légèrement plus cher son lait alors que le prix de l’heure au garage a grimpé à 50 euros.

Éric Morel (à gauche), ici avec

montbé- liardes à Pouilley- Français,

accompagné de Christophe Bonnefoy, exploitant à Mercey-le- Grand.

D ans la stabulation d’Éric Morel, agriculteur ins- tallé avec son frère à Pouilley-Français en lait conventionnel, céréales et viande, les 75 vaches montbé- liardes attendent patiemment le retour des beaux jours pour retrouver l’herbe verte et grasse. Éric, le paysan, accompagné ce jour-là de Christophe Bonnefoy, éleveur à Mercey-le-Grand, en ont assez d’attendre et d’enten- dre qu’un jour, ils seront récom-

clients. “Nous sommes allés poser cette question : seriez-vous prêts à payer un produit plus cher comme une brique de lait, un fromage, un yaourt, à condition que l’augmentation revienne au producteur ?” raconte ÉricMorel, qui est aussi conseiller municipal à Pouilley-Français. La majorité des consommateurs ont dit “oui.” Le calcul est rapide : “Si on aug- mente une part d’emmental de 8 centimes pour 250 grammes, cela représente + 40 euros pour

La loi Égalim censéemieux rétri- buer le producteur n’a pas ruis- selé dans les cours de ferme. Des réactions sont attendues “car dans les 10 prochaines années, 50 % des agriculteurs partent à la retraite. Qui voudra nous remplacer ?” interroge Éric Morel. En jeu : l’autonomie et la sécurité alimentaire du pays. Éric et Christophe ont fait de leur métier une passion. Jusqu’à quand ?… n E.Ch.

le prix était d’environ 34 cen- times. Le 7 février dernier, avec des

1 000 litres de lait. Si vous pro- duisez 700 000 litres de lait à l’année, vous empocherez alors environ 28 000 euros ! Cela me permettrait par exemple d’em- baucher du personnel, de moder- niser l’exploitation et ainsi nous pourrions par exemple souffler un peu avec mon épouse, en G.A.E.C. avec moi. Mais encore une fois, il faut être certain que cette augmentation nous revienne directement” explique Chris- tophe.

pensés pour le travail effectué. La qualité du lait produit est là. Pas la récompense financière. Les deux professionnels - qui travaillent environ 70 heures par semaine - sont désabusés de voir les coûts de production exploser et menacer les équili- bres financiers de leur exploi- tation. Pour s’en sortir, ils font du volume et de la qualité. Pour 1 000 litres de lait produits, Éric touche 38,5 centimes du litre. Il y a une vingtaine d’années,

membres du syn- dicat de la F.D.S.E.A., ils se sont rendus à Saint-Vit pour discuter avec le gérant du maga- sin Super U qui leur a ouvert les portes. Ils ont échangé avec les

“Seriez- vous prêts à payer un produit p lus cher ?”

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