La Presse Pontissalienne 299 - Décembre 2024
14 Pontarlier TERROIR
La Presse Pontissalienne n°299 - Décembre 2024
Zoom La Fort Catinat,
Location du fort Catinat La fromagerie Petite
patrimoine militaire local Construit entre 1880 et 1883, cet ouvrage militaire qui s’inscrit dans le dispositif Séré de Rivières avait un rôle défensif majeur associé aux forts de Joux et Mahler. Il résista seulement 12 heures à l’arrivée des Allemands en juin 1940.
prépare l’avenir
P our l’anecdote, à 1170 m d’al titude, le Fort Catinat quand il sera opérationnel sera le site d’affinage de la filière comté le plus haut au monde, dominant de 20 m le Fort des Rousses et de 70 m le Fort Saint-Antoine, les deux ouvrages mili Pontarlier. Une opération qui permettra à l’affineur d’augmenter sa capacité et surtout de diversifier sa palette d’affinage sur le long terme. Stratégie. L’entreprise a saisi l’opportunité de reprendre la location du Fort Catinat, propriété de la commune de
Laurent Frieh, le directeur et Lionel Petite le
D e forme hexagonale avec tout son armement tourné vers le sud-est, le rôle du fort Catinat, dit aussi du Larmont Supérieur était clair : empêcher l’arrivée de l’ennemi par la Suisse, protéger la frontière en la verrouillant sous ses feux. C’est également pourquoi on trouve les casernements à l’arrière de la place afin que les hommes ne soient pas exposés directement à l’attaque enne mie. Offrant la plus grande superficie du triptyque défensif autour de Pontarlier, le Fort Catinat abritait logiquement la plus forte garnison, 300 hommes environ. Il est équipé de deux postes de télégraphie optique, c’est-à-dire de deux salles où un faisceau lumineux puissant pouvait communiquer en morse avec le fort de Montfaucon au nord-ouest et le fort Lucotte de Saint Antoine au sud. “Comme dans beau coup de forts Séré de Rivières, son sys tème défensif qui reposait sur une épaisse couche de terre, n’était plus adapté à l’arrivée de l’obus torpille. Face à cette menace, la réponse fut d’augmenter encore l’épaisseur de la couche et de créer des abris sous-roc. L’armement a été renforcé en 1886 par une batterie d’artillerie de quatre canons installée vers l’actuel relais téléphonique” , explique Valentin Métral, chargé de travailler sur le patrimoine historique de la ville. À l’arrivée des Allemands, au matin du 17 juin 1940, la garnison est com posée de 320 hommes et 18 officiers
président de la fromagerie
Petite sont ravis de pouvoir mettre
en œuvre au Fort Catinat le savoir -faire
acquis au Fort Saint Antoine dans l’affinage lent des comtés.
taires faisant partie du système Séré de Rivière utilisés pour l’affinage des meules de comté. Tout est parti d’un échange entre la fro magerie Petite et le salaisonnier Decreuse qui louait le site depuis 1997 sous la forme d’un bail emphytéo
La volonté de diversifier la qualité des fromages Petite.
de différents régiments et bataillons avec à leur tête le commandant Davouze pour coordonner les opéra tions. L’infanterie allemande attaque le fort mais est tenue en respect. Vers 18 heures, elle arrive au contact du fort et lance six assauts successifs qui seront repoussés. Le manque de muni tions se fait sentir chez les défenseurs finiront par se rendre vers 20 heures. Les pertes sont importantes avec 6 hommes morts au combat côté alle mand et 4 victimes, 11 blessés côté français. n Pour renforcer le système défensif des abris sous roc ont été creusés après l’arrivée des obus torpille.
tique pour y développer une activité de séchage de charcuterie. “On a repris le bail en accord avec la commune” , indique Lionel Petite, le président de la fromagerie éponyme. Revenir à Pon tarlier n’est pas anodin pour la maison Petite qui a débuté ses activités dans la capitale du Haut-Doubs. L’attache ment au terroir fait toujours partie des valeurs fortes de cette entreprise dirigée par la même famille depuis cinq générations. La fromagerie Petite qui emploie 115 salariés a désormais son siège aux Granges-Narboz et affine une partie de ses comtés au Fort Saint-Antoine. “On travaille avec 34 fruitières parte naires. On exploite trois ateliers de fabrication à Gellin, Lajoux et Long chaumois qui disposent chacun d’un magasin de vente directe. Sans oublier la crémerie Petite située au bas de la rue Sainte-Anne à Pontarlier” , détaille Laurent Frieh, le directeur de la fro magerie Petite. Le choix d’aller affiner des comtés au Fort Catinat ne relève pas d’un besoin immédiat de places supplémentaires. “On s’inscrit dans une stratégie de déve loppement à long terme avec l’aména gement de nouvelles caves d’affinage répondant à la volonté de diversifier la qualité des fromages Petite.” Au-delà de l’attachement familial au berceau pontissalien, la situation du Fort Catinat à proximité des deux autres sites d’affinage et des coopéra tives partenaires est aussi un moyen pour la fromagerie Petite de renforcer sa présence sur le Haut-Doubs. “90% de nos coops sont en zone de montagne.” Tout comme de valoriser le savoir-faire acquis par dans l’affinage lent grâce à l'initiative de Marcel Petite qui fut le premier en 1966 à expérimenter cette méthode au Fort Saint-Antoine. “On a développé une forme d’expertise
L’ affineur avait profité des travaux d’agrandissement du site des Granges-Narboz en 2019 pour installer 3 000 m 2 de panneaux pho tovoltaïques. “On vient de terminer une seconde tranche avec 3 000 m 2 supplémentaires. Elle est opérationnelle depuis septembre. Tout est en autoconsommation” , annonce Laurent Frieh. Le refroidissement des caves notamment en été reste le premier poste de dépense énergétique chez les affineurs de comté. La maison Petite n’échappe pas à la règle. “La production de 6000 m 2 de panneaux photovoltaïques représente 25 % de la consommation électrique annuelle sur le site des Granges. C’est loin d’être anodin. Cette seconde tranche nous a aussi permis de mieux isoler la toiture et de minimiser au final notre empreinte énergétique. On contribue ainsi à la sobriété énergétique tout en faisant appel à des tech nologies alternatives” , résume le directeur. n sur les caves Petite aux Granges-Narboz Zoom 6 000m 2 de panneaux
Les casernements étaient situés à l’arrière du front principal abritant les caponnières tournées vers la Suisse.
9 % en moyenne pour la filière.” Dans cette logique prospective, la fro magerie Petite avait fait l’acquisition au printemps dernier de l’ancien entre pôt de la Société de Participation Pari sienne des Sciures à Frasne. L’exploi tation du Fort Catinat à des fins d’affinage de comté n’est guère envi sageable en l’état. L’ouvrage est encore dans son jus militaire. Des études, de gros aménagements seront nécessaires avant d’envisager une utilisation régu lière et rentable. “Quand tout sera opé rationnel, il ne faut pas s’attendre non plus à voir une circulation incessante de camions sur la route du Larmont” , rassure l’affineur. n F.C.
dans ce fort où l’on reçoit également près de 40 000 visiteurs chaque année. Ces visites sont organisées en partena riat avec l’office de tourisme du Pays du Haut-Doubs”, souligne Lionel Petite ravi de relever un nouveau challenge au Fort Catinat. Le président de la fro magerie Petite précise qu’il n’est plus question d’agrandir le site des Granges Narboz car ce n’est pas nécessaire. Certains trouveront aussi assez para doxal de se positionner sur un nouveau site d’affinage dans un contexte de sta bilisation de la production. Marque de confiance dans l’avenir du comté Petite. “Il y a encore des marges de progression, notamment à l’étranger. Chez Petite, le taux d’export avoisine 15 % contre
Une seconde tranche de 3 000 m 2 de panneaux photovoltaïques a été installée cet été sur le site des Granges-Narboz dont 25 % de la consommation énergétique est aujourd’hui d’origine solaire (photo Fromageries Petite).
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