La Presse Bisontine 234 - Décembre 2021

24 Le dossier

La Presse Bisontine n°234 - Décembre 2021

La F.N.A.U.T. délivre un “peut mieux faire” l Usagers Ils se sentent dupés La fédération qui représente les usagers des transports réclame un nouveau plan stratégique pour cette ligne à grande vitesse non rentable et qui n’a pas fait gagner de temps aux Bisontins pour rejoindre Paris. Pire, des allers-retours ont été supprimés.

L e matin, en provenance de Paris, trois T.G.V. arrivaient jusqu’à Besançon. Un seul a survécu : celui de 9 heures Le train de 10 h 30 qui partait pour Paris a lui aussi disparu des écrans (dès 2016), ce qui avait entraîné la colère de nos voisins suisses. Le T.G.V. a finalement été déplacé à 12 h 46. En 2013, un ajout est arrivé avec le train Marseille-Francfort mais il est loin de combler toutes les attentes annoncées en 2011. Ces quelques exemples démontrent à quel point les ajustements - souvent à la baisse - ont été nombreux sur cette ligne “en déficit” ' rappelle Patrick Noblet, président de la Fédération nationale des usagers des transports. Il réclame un nouveau plan stratégique avec une diminution des péages, les plus chers en France, ce qui permettrait de rendre attractif les billets sachant qu’il n’est

trains, la L.G.V. réalise 60 % de son trafic entre l’est et l’ouest (Paris), 40 % entre le nord et le sud (Marseille) Le marketing de la S.N.C.F. annonçait Paris à moins de 2 heures de Besançon. Les utilisateurs en sont loin, très loin si l’on compte le trajet en T.E.R. à effec- tuer depuis la gare Viotte. Seul le train de 6 h 30 s’en sort bien avec une arrivée à Paris promise 2 h 08 plus tard. Idem pour celui au départ de 8 h 30. Les autres T.G.V. mettent 2 h 16, 2 h 29, 2 h 42 pour rejoindre la capitale. “On n’a rien gagné. On peut même dire que nous avons perdu en niveau de service comme Dole mais à l’inverse de Belfort, résume la F.N.A.U.T. Le pire, ce sont les ruptures de charge et des problèmes de corres- pondances avec les T.E.R. pas encore réglées. Il y a parfois 30 minutes de bat- tement. Tout cela doit être étudié. Il faut coordonner le réseauT.G.V. avec le T.E.R.”

pas possible de réserver des “Ouigo” (billets à partir de 10 euros) sur une partie des destinations. L’autre point concerne la création d’un schéma de desserte qui permettrait l’ar-

rivée de plus de trains, ce qui ne semble pas être la politique de la S.N.C.F. qui transporte autant de voyageurs avec moins de cré- neaux. Comment fait- elle ? Elle fait confiance aux nou- veaux trains dont la capacité est plus importante. Les T.G.V. “nouvelle génération” doivent circuler en 2024. Avec 70 % de taux d’oc- cupation pour ses

Le problème des ruptures de charge.

les contrôles qui vont s’intensifier sur la navette gare Viotte-Les Auxons, le peu de commerces qui sont venus s’ins- taller à Franche-Comté T.G.V., l’avenir paraît bien incertain. En 2012, face aux nombreux retards et couacs sur la ligne, la Région avait menacé de ne plus payer

expliquent les représentants des usagers qui délivrent un “peut mieux faire au T.G.V.” , dix ans après. La F.N.A.U.T. demande le retour du T.G.VMulhouse - Lille et le retour via Marne-la-Vallée et Roissy. Entre le parking coûteux des Auxons,

l Village

La gare n’a rien apporté aux Auxons “Je n’ai jamais senti de volonté politique pour développer cette gare et sa zone” La commune des Auxons a

M aire des Auxons depuis quatre mandats, Serge Rutkowski connaît bien le dossier de la gare économique qui annonçait la création de 3 500 emplois sur 5 000 m 2 . Dix ans après, c’est un sentiment de gâchis. vendu 150 hectares de forêt (à 80 centimes du m 2 ), dont une partie en Z.N.I.E.F.F., pour permettre la création de la gare et de la zone

Besançon Franche-Comté T.G.V. pour l’avoir porté, avec d’autres. À l’époque, Auxon-Dessus a donné un tiers de son territoire, soit 150 hectares, pour per-

aucune volonté politique de vouloir la développer ! , témoigne l’édile. Au début de monmandat, je disais “Venez habiter auxAuxons, vous aurez du travail dans la zone économique de la gare.” Aujourd'hui, si quelques personnes du village travaillent là-bas, c’est le bout du monde ! Il était annoncé que des Parisiens arriveraient enmasse, ce n’est pas le cas ! Je ne connais aucun Parisien qui est venu habiter ici” poursuit Serge Rutkowski. Était-ce à la collectivité de porter plus vigoureusement le développement éco- nomique ? Le maire pense que oui : “Si le politique ne met aucun de ses services ici, comment être crédibles auprès des entreprises venant du secteur privé ! Pourquoi ne pas avoir mis la direction départementale des territoires ici par exemple ? On a fait un super- bâtiment au Pôle Viotte parce qu’il fal- lait laisser du service à Besançon, mais rien ici. On aurait pu donner vie à cette zone mais il fallait remplir Témis, ce que je peux comprendre. C’est le serpent qui se mord la queue : il n’y a pas de restaurant parce qu’il n’y a pas d’en- treprises, et il n’y a pas d’entreprises parce qu’il n’y a pas de restaurant. Heureusement, on a notre restaurateur à la sortie du village (le Bistrot des Auxons)” dit-il. Parmi les faiblesses de la zone économique : son emplacement reculé, loin d’une voie d’accès et visible seulement des utilisateurs du T.G.V.

mettre la création de cet espace. Les terrains ont été achetés 0,80 euro du m 2 , en majorité de la forêt répertoriée en zone d’intérêt écologique, faunistique et floris- tique (Z.N.I.E.F.F.). “Je le répète, cette gare avait toute vocation à être là mais il n’y a eu

Le projet de déviation resté dans les cartons.

Le maire des Auxons Serge Rutkowski.

Avec la gare, les riverains n’ont pas tout perdu. Ils peuvent accéder au T.E.R. menant à Besançon mais ils sont très peu à l’emprunter. Idem pour la halte ferroviaire d’Écolecole-Valentin qui a coûté plus de 8 millions d’euros et qui demeure sous-utilisée alors qu’elle permet de se rendre à Besançon en moins de cinq minutes. Son plus grand problème : le manque de fré- quence. Dotée des réseaux, cette zone finira bien par se remplir. Peut-être dans vingt ans. n E.Ch.

Seule la partie proche de la route dépar- tementale 1 a progressé avec un hôtel d’entreprises qui accueille des artisans, une enseigne de motos… La commune estime avoir fait, avec ses moyens, le boulot. À l’époque, elle avait accepté la création d’une déviation de la R.D. 1 censée absorber des milliers de véhicules par jour. Les crédits pour les études ont bien été dépensés mais la route (heureusement) n’a pas été réalisée. L’actuelle voie d’accès est en effet dimensionnée pour supporter le trafic.

Un hôtel d’entreprises s’est installé au début de la zone économique, côté R.D. 1.

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