Le Doubs Agricole 39 - Mars 2022

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M o b I L I S A t I o n

Lait conventionnel : au Carrefour des revendications En pleine négociation

V endredi 18 février, soixan- te-dix jeunes agriculteurs du département ont mené une opération coup de poing pour dénoncer les travers de la grande distribution en matière de

négociation commerciale. Ils se sont rendus - à grand renfort de klaxons et d’engins agricoles - à Carrefour Chalezeule, dans l’agglomération de Besançon. L’opération s’est dérou- lée dans un contexte particulier : la négociation des prix des produits lai- tiers entre les grandes surfaces, les coopératives laitières et industrielles. En jeu : le prix du litre de lait (stan- dard) acheté aux agriculteurs dans un contexte d’explosion des charges financières pour les fermes. Encore une fois, les J.A. ont fait preuve de leur solidarité et de leur organisation sans faille pour positionner tracteurs et bennes devant l’entrée de la grande surface. Pourquoi solidarité ? Parce que les jeunes exploitants installés dans des cantons en lait A.O.P., donc mieux rémunéré, étaient présents pour soutenir leurs collègues du “bas”. Les lois Égalim 1 puis Égalim 2 étaient censées “nous permettre de construire un prix qui tienne compte des hausses de charges tout en restant connectés aux marchés. Aujourd’hui, les deux sont en application et pourtant nous constatons toujours des pratiques qui vont à l’encontre de cela. La grande distribution n’applique pas la loi !” se désolent Loïc Farey et Maxime Chapuis, respectivement président des Jeunes agriculteurs du Doubs et vice-président du lait standard. Le second, pour l’anecdote, a demandé au directeur de Carrefour d’acheter plutôt de la raclette produite à Clerval qu’en importer d’ailleurs. Il n’a pas obtenu gain de cause. La

réunion avec le directeur n’a pas été ouverte aux journalistes et n’a débouché sur aucune décision concrète. “Les agriculteurs prennent leurs responsabilités en s’engageant dans la contractualisation avec les premiers acheteurs, conformément à la loi. Nous attendons que la grande distribution soit tout aussi responsable dans sa politique d’achat. On voulait notamment savoir si les acheteurs ont d’autres consignes que celle de baisser toujours plus les prix auprès de leurs fournisseurs !” Pas de réponse claire non plus. Lors de cette journée, les J.A. ont interpellé et échangé avec les clients. Une opération d’étiquetage a été menée : en vert les produits français, en rouge les produits dont l’origine est inconnue. “Le monde agricole souffre aujourd’hui d’une envolée des charges qui met à mal notre capacité à poursuivre notre activité, estime le président des J.A. Du côté des enseignes de la grande distribution, la défense du pouvoir d’achat est devenue le seul moyen d’attirer les consommateurs en magasin. On le dit très franchement : la destruction de valeur a assez duré !” pointent les agriculteurs. Quant au bio, il est loin d’être le remède pour sauver les fermes à l’image de cette bouteille d’un litre vendu 1,50 euro “alors que l’agriculteur n’est même pas payé 40 centimes” , fait remarquer un participant. La profession ne peut plus être la seule variable d’ajustement de la guerre des prix. n

commerciale, les jeunes Agriculteurs du Doubs dénoncent l’attitude de certaines grandes surfaces.

Manifestation des Jeunes agriculteurs pour réclamer de “meilleurs prix” à l’heure où les charges flambent dans les fermes.

En rouge, les produits dont la provenance n’est pas mentionnée.

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