La Presse Pontissalienne 304 - Mai 2025
30 Économie BESANÇON
Mai 2025
Avant la Foire comtoise du 24 mai au 1 er juin
“Une modernisation de l’outil Micropolis sera forcément nécessaire”
À quelques semaines de la Foire comtoise,la principale manifestation de l’année pour Micropolis, son directeur général depuis 14 ans Didier Sikkink fait le point sur le rôle économique du parc des expositions bisontin.
de la salle de spectacle ? D.S.: Oui. Depuis le début de l’année 2025, nous sommes déjà à une quin zaine de concerts à Micropolis. Je pense qu’on va finir la saison avec une bonne trentaine de concerts au compteur et très souvent, les concerts font à nouveau le plein avec une jauge à 2200 spec tateurs. Quelles sont les sources de revenus de Micropolis pour atteindre ce chiffre d’affaires de plus de 7 millions d’euros ? D.S. : La vente d’espaces en premier lieu, la vente de salons que nous orga nisons nous-mêmes, et la restauration avec notre restaurant Boulevard Ouest qui confirme sa progression. Ainsi que notre service traiteur qui fonctionne également très bien. Micropolis vit-elle en partie de l’argent public ? D.S. : Non ! Micropolis vit uniquement de ce qu’elle gagne, et en payant 350000 euros par an syndicat mixte de Micropolis (loyer, matériel, entretien des bâtiments…). Bien que la S.E.M. Micropolis soit composée de collectivités publiques (Département, Ville de Besan çon, banques…), contrairement à d’au tres entités culturelles à Besançon ou dans le département, nous ne touchons aucune subvention de ces partenaires. Nous ne vivons que de nos propres acti vités. Et nous ne réclamons aucune subvention : c’est justement notre fierté de faire tout ce qu’on fait en payant
Comment se porte la S.E.M. Micropolis ? Didier Sikkink : Nous restons sur deux années assez exceptionnelles en termes d’activité. Micropolis avait réalisé en 2023, 7 millions d’euros de chiffre d’af faires et nous avons atteint 7,250 mil lions en 2024. C’est une année record pour Micropolis. Je suis à la tête de la structure depuis novembre 2011, nous n’avions jamais atteint ces chiffres. Quand je suis arrivé ici, Micropolis fai sait environ 5 millions. Vous étiez pourtant très pessimiste au moment de la crise sanitaire. Cette période est oubliée ? D.S. : Je pense que s’est imposé à nous le fait que les gens ont besoin de se retrouver, d’échanger en vrai, de se voir, d’avoir des contacts réels, et c’est tout le secteur du loisir qui s’en ressent. Au moment du Covid, beaucoup avaient imaginé des salons virtuels basés sur la technologie. Tout cela n’existe plus et c’est tant mieux ! On l’a bien vu dès que nous avons pu rouvrir Micropolis après la crise sanitaire et dès la Foire comtoise du printemps 2022 après deux ans d’annulation forcée. Cela signifie-t-il que toutes les manifestations organisées à Micropolis ont retrouvé des cou leurs ? D.S. : Notre seul vrai souci depuis deux ans, c’est le salon de l’habitat. Après l’euphorie post-Covid et le boom du bricolage et de la décoration, on sent une vraie baisse depuis deux ans, liée à la mauvaise santé du marché de l’im mobilier. Même si on sent un léger mieux sur le plan des taux d’emprunt, la conjoncture a eu un impact colossal sur ce salon. Ce qui prouve encore une fois que les gens semblent avoir changé un peu d’optique : quand ils ont un peu d’argent, ils choisissent plus facilement de le dépenser dans les loisirs plutôt que de thésauriser. Tout ce qui concerne le loisir, le plaisir, le bien-être marche très fort. Dernier exemple en date : le salon du camping-car qui a fait un car ton.
Didier Sikkink est à la tête de Micropolis depuis bientôt 14 ans.
l’événementiel à Besançon. Une moder nisation de cet outil sera nécessaire. Besançon a loupé le coche ? D.S. : Souvenons-nous à la fin des années quatre-vingt, tout le Grand est de la France venait en concert à Besançon. Oui, on a loupé le coche ici en ne construisant pas de
là depuis 14 ans : en 30 ans, Micropolis a toujours réalisé un résultat positif, sauf l’année du Covid en 2020. Cette gestion rigoureuse est très importante pour moi. Pendant le Covid, nous avions été soutenus à hauteur de 435 000 euros par la Ville et le Département, nos deux principaux partenaires. Toutes ces sommes leur ont été restituées au cen time près les années suivantes. L’autre avantage de ne toucher aucune aide publique, c’est de se dégager de l’obli gation de passer par des appels d’offres publics quand on organise quelque chose et là aussi, c’est une vraie liberté. La locomotive de Micropolis reste la Foire com toise. Que représente-t-elle dans le chiffre glo bal ? D.S. : La Foire comtoise réalise environ 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires, c’est donc un quart du total pour cette seule manifestation. Et la Foire repré sente aussi un tiers de la rentabilité de Micropolis. Il est donc clair que l’équilibre économique de Micropolis dépend véritablement de la Foire. Micropolis est une vénérable institution mais qui aurait besoin d’un grand coup de neuf. Quel est votre avis ? D.S. : Mircopolis est en effet une dame qui vieillit. D’autant que nous avons à faire face à des villes du Grand est (Dijon, Metz, Nancy, Colmar…) qui investissent à fond dans ce genre d’équi pement. Dijon va encore mettre 50 mil lions d’euros dans ses espaces d’expo sition et toutes ces autres villes ont investi chacune entre 50 et 80 millions d’euros ces dernières années pour avoir de beaux équipements. Je pense que les prochains dirigeants politiques qui prendront les rênes à partir de 2026 devront sérieusement se poser la ques tion d’un investissement de taille pour
entrevoyez-vous cette période ? D.S. : Ces premiers travaux ne change ront rien pour la Foire comtoise 2026. En 2027, les travaux routiers se concen treront rue de Dole à hauteur de Thiriet. Et c’est en 2028 que la nouvelle entrée de Micropolis sera opérationnelle par le sud. Les Foires 2028 et 2029 devront sans doute trouver une autre configu ration, d’autant que plus de 400 places de stationnement seront impactées par ce nouveau schéma. Nous avons quelques pistes avec la D.R.E.A.L. pour trouver d’autres possibilités de sta tionnement autour du parc. Les places “sauvages” actuellement utilisées par les visiteurs de la Foire ne seront plus possibles non plus à terme. Il faudra donc forcément trouver d’autres solu tions et notamment de vrais parkings relais avec de vraies navettes, comme ce qu’il se fait dans la plupart des cen tres des congrès et parcs d’exposition. En même temps que ces travaux d’accès et ces travaux routiers pilotés par la D.R.E.A.L., il nous faudra imaginer une nouvelle configuration intérieure du parc. À terme, je suis persuadé que ce sera chouette. Comment se présente cette Foire comtoise 2025 avec Cuba en invité d’honneur ? D.S. : Nous avons bouclé la commercia lisation. Nous aurons 600 exposants, dont 80 % sont du local ou du régional. C’est vraiment ça la bonne recette. Quel est l’objectif de fréquentation ? D.S. : 2023 avait été l’année record avec 154 243 visiteurs enregistrés. En 2024, on a fait à peine moins avec 146692 visiteurs. L’objectif de cette édition 2025 serait d’atteindre les 155 000 visi teurs. Nous avons les ingrédients pour y parvenir. n Propos recueillis par J.-F.H.
“On a loupé le coche en ne construisant pas de centre des congrès.”
nos équipements, nos 33 salariés, sans aide publique. Le chiffre d’affaires est une chose, la rentabilité une autre. Est-ce que Micropolis dégage du bénéfice à la fin de l’an née ? D.S. : Nous dégageons un résultat de 250000 euros nets après impôts. Jean Louis Tissot avant moi a dirigé Micropolis pen dant 16 ans, moi je suis
“L’équilibre économique de Micropolis dépend de la Foire comtoise.”
centre des congrès digne de ce nom. Si on avait fait quelque chose à l’époque, l’Axone ne se serait jamais fait à Mont béliard. S’il faut faire quelque chose à Besançon, ce doit être sur le site actuel de Micropolis ? D.S. : Ce site est bien placé, avec une très bonne connectivité qui se construit progressivement autour (route, bus, tram, vélo…). Il faudra profiter des tra vaux routiers et d’accès sur ce secteur dans les prochaines années pour amé liorer ce parc de Micropolis. L’accès au site sera modifié. Quelles sont les étapes ? D.S. : Les premiers travaux seront enta més début 2026 avec la création d’un nouveau rond-point au pied de la Mal combe, qui matérialisera une nouvelle route d’accès à Micropolis dont l’entrée principale sera désormais côté rue Mou ras, et donnera en face de l’entrée du bâtiment d’accueil et de l’entrée de la salle de concert. L’entrée actuelle ne sera plus accessible en voiture. Micropolis sera forcément également impactée par les travaux d’aménagement de la R.N. 57, ainsi que les places de stationnement. Comment
Les gens ont également retrouvé le chemin
La future entrée principale de Micropolis se fera de ce côté-là, depuis la Malcombe.
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