La Presse Pontissalienne 284 - Septembre 2023

24 Le dossier

La Presse Pontissalienne n°284 - Septembre 2023

l Chez nos voisins Département du Jura Pas de hausse notoire d’accidentalité sur les routes à 90 km/h Le Département du Jura est passé aux 90 km/h depuis 2020 sans que cela engendre une hausse du nombre d’accidents rou tiers même si certains contestent toujours l’intérêt de la mesure.

Le Conseil départemental du Jura a adopté les 90km/h dès septembre 2020.

“O n était très favorable aux 80 km/h et on s’est opposé formelle ment au retour des 90 km/h dans le Jura comme dans tous les autres départements concernés. Cela fait plus de 70 ans que la Préven tion Routière se mobilise pour faire baisser la mortalité sur les routes. Certes on manque encore de recul pour connaî tre l’impact précis de la hausse de la limitation de vitesse. On raisonne uni quement sur une loi physique : plus on roule vite, plus le risque d’accident aug mente. En roulant à 10 km/h de plus, le gain de temps sur un trajet est ridi cule, on pollue plus et on consomme plus, ce qui va à l’encontre de ce qui est préconisé pour lutter contre le

réchauffement climatique” , estime Phi lippe Surot, le directeur régional de la Prévention Routière. Le Conseil départemental du Jura a toujours contesté le bien-fondé des

taux moyen du réseau primaire. Cette extension a été validée puis appliquée depuis octobre 2022. “Les 90 km/h ne concernent que 500 km des 3500 km de routes départementales du Jura. À ce jour, aucune étude d'impact n’a été réalisée sur le retour à 90 sur les routes jurassiennes. La dégradation de l’ac cidentalité observée en 2022 concerne toutes les routes jurassiennes et pas uniquement les routes qui sont repassées à 90” , indique-t-on à la Commission Départementale de la Sécurité Rou tière. n

tion. Une première étude portait sur les itinéraires structurants à partir des données d’accidentalité sur la période 2008-2017. Conséquences : en septembre 2020, 350 km de routes jurassiennes voyaient leur limitation revenir à 90 km/h. Ardent défenseur des 90 km/h, Clément Pernot, le pré sident du Conseil départemental du Jura s’en expliquait sans regret l’au tomne dernier : “Rappelons que la mise en place des 80 km/h s’est faite de façon autoritaire par Édouard Philippe. Les Départements étant les premiers ges

tionnaires d’espaces routiers, on a été vraiment surpris par la méthode du Premier ministre. Heureusement la loi a évolué en permettant d’envisager le retour aux 90 km/h sur les routes les plus sûres. On a mené ce travail en col laboration avec les commissions de sécurité routière.” Les services du Département ont réalisé en 2022 une seconde étude sur le réseau primaire pour sélectionner 10 itiné raires propices au retour à 90 km/h, soit 145 km supplémentaires. Leur taux d’accidents étant inférieur au

80 km/h. Il a immé diatement saisi l’opportunité de repasser une partie de son réseau à 90 km/h dès que la loi d’orientation des mobilités des 2019 a autorisé de relever la vitesse maximale sur des sections de routes départementales hors aggloméra

Les 90 km/h ne concernent que 500 km des 3 500 km de routes départementales.

l Politique Des compensations Pour l’opposition, il n’y a pas d’urgence à accélérer sur ce sujet

l’élu. Ce dernier a en revanche eu la mauvaise surprise de per dre son siège au sein de la com mission départementale de la sécurité routière en tant que membre de la minorité. “J’ai appris ça par surprise un mois avant l’été. C’est une chose qui m’a déplu, j’aurais aimé être autour de la table avec tous les acteurs de la sécurité routière.” Pour autant, le groupe Doubs social écologique et solidaire se rassure à la suite des propos de Christine Bouquin. Celle-ci a assuré que si le département fai sait face à une vague d’accidents sur les portions relevées à 90 km/h, elle ne s’interdirait pas de réduire à nouveau la vitesse. n L.P.

trant qu’à 90 km/h, les dégâts étaient plus graves lors d’acci dents. “Et puis, vu les conditions environnementales, relever la vitesse est la cerise sur le gâteau” , constate amèrement Raphaël Krucien. Pour autant, la minorité et la

Le groupe Doubs social écologique et solidaire s’est prononcé en majorité contre le retour des 90 km/h sur certaines routes départementales. Pour la minorité départementale, ce sujet n’était pas prioritaire.

L a sécurité routière, et notamment le thème de la vitesse, est un sujet qui irrigue toutes les strates de la société et en crispe plus d’un. Il a fait l’objet d’intenses débats au sein du groupe minoritaire au département le Doubs social écologique et solidaire. Sur les 12 élus qui le composent, 10 se sont prononcés contre le relève ment de la vitesse à 90 km/h sur certaines routes départemen tales, un s’est abstenu et un a voté pour. “C’est une question très conflictuelle, remarque Raphaël Krucien. Mais franchement, ce

n’était pas urgent. Ce n’était pas un sujet prioritaire, il n’y avait pas nécessité d'accélérer sur cette question. Et c’est beaucoup d’ar gent public, plus de 220 000 euros.” Ce qui chiffonne l’élu? Le manque de recul depuis l’instau ration des 80 km/h. “Nous avons seulement trois années, donc deux de Covid qui faussent un peu les chiffres de la sécurité routière. Cela ne nous laisse pas le temps d’observer les bienfaits de la mesure des 80 km/h.” Pour rap pel, l’instauration des 80 km/h se basait sur des études démon

majorité ont failli tomber d’accord au début des discus sions. “Nous avons demandé des com pensations carbone, la majorité n’avait pas été réceptive. Mais elle les a quand même intégrés par la suite, ce qui est pour nous une satis faction” , souligne

La mauvaise surprise de perdre son siège.

Raphaël Krucien, chef de file du groupe Doubs social écologique et solidaire au Département, regrette le manque de recul pour analyser les bienfaits des 80 km/h.

à Pontarlier

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