La Presse Pontissalienne 273 - Octobre 2022
Le dossier 21
La Presse Pontissalienne n°273 - Octobre 2022
l Construction Fédération Française du Bâtiment Quand le bâtiment tousse…
Le dernier facteur, concernant cette fois les clientèles de parti culiers, c’est le resserrement des conditions de prêts accordées par les banques. “On commence à voir des chantiers qui s’annu lent. Jusqu’à la fin du premier trimestre 2023, ça devrait tenir. C’est après que l’on a les plus grandes craintes” prédit Domi nique Viprey qui ne se veut pas pour autant défaitiste. Il entre voit tout de même quelques éclaircies dans ce ciel bien sombre de rentrée, notamment grâce “aux nombreux chantiers de per formance énergétique et d’isola tion thermique qui se profilent. Les entreprises sur ce créneau là pourront avoir de bonnes pers pectives.” À l’inverse, ce sont les maçons qui pourraient subir les plus fâcheuses conséquences de cette période agitée pour la pro
Les professionnels du bâtiment ne cachent pas leurs inquiétudes même si le travail ne manque pas pour l’instant. Le point avec Dominique Viprey, le président de la F.F.B. du Doubs.
de levier d’action possible en ce moment sur les salaires, beaucoup d’entreprises ont utilisé la prime Macron faute de mieux” note le président de la F.F.B. Dans ce contexte, la concurrence, voire une certaineméfiance entre les entreprises, et entre les entre prises et leurs donneurs d’ordres, commence à s’installer créant un climat assez délétère. Les entreprises confrontées à ces hausses brutales du prix des matières peuvent éventuelle ment demander des plus-values, sous réserve d’apporter des élé ments factuels à leurs comman ditaires. Une situation délicate pour les professionnels du bâti ment.
Dominique Viprey, président de la F.F.B. du Doubs.
O n a l’habitude de dire que quand le bâti ment va, tout va…Et quand le bâtiment tousse, à quoi faut-il s’attendre ? Depuis la rentrée de septembre en effet, le moral des profession nels du bâtiment en a pris un coup. La faute à un contexte international qui grippe une machine qui pourtant se portait encore àmerveille en début d’an née. Les explications de Domi nique Viprey, le président de la Fédération du Bâtiment du Doubs (F.F.B.) qui représente plus de 4 000 salariés du bâti ment à l’échelle du département : “En début d’année, tous les car nets de commandes des entre prises étaient pleins pour les 24 prochains mois. La crise ukrai nienne a tout bouleversé, les matières premières sont venues àmanquer et de nombreux chan tiers ont été décalés. Les entre prises ne feront pas leur chiffre d’affaires pour 2022” constate le président qui est aussi à la tête de l’entreprise E.I.M.I. et du Groupe 1000, entreprise de construction tous corps d’État. La guerre enUkraine, on le sait, a fait exploser les délais de livrai son du matériel pour les entre prises et flambé les prix. Ajouté
à ces facteurs le prix de l’énergie dont les entreprises du bâtiment sont gourmandes, et on enraye la bellemécanique du début d’an née. “Les plannings 2022 sont donc étalés sur 2023” complète DominiqueViprey qui craint un second phénomène : “La baisse du nombre d’appels d’offres de la part des collectivités locales. Depuis cet été, c’est flagrant. Jusqu’en juin, on chiffrait un devis par jour.Aujourd’hui, c’est à peine un par semaine.” La baisse annoncée des dotations de l’État après deux ans de per fusion et la hausse des prix de l’énergie qu’elles doivent assumer pousseraient donc les collectivités territoriales à freiner leurs inves tissements.
conclut le patron de la F.F.B. Paradoxalement, dans ce contexte, le bâtiment continue à recruter : les besoins sont esti més à près d’un millier de bras actuellement à l’échelle du Doubs. n J.-F.H.
fession. Une profession qui s’estime à un tournant. “Avec les changements liés au climat, nous aurons de vraies remises en question à faire dans les prochaines années. C’est forcément perturbant, mais c’est un vrai challenge à relever”
C’est donc une rentrée inédite que vivent les entreprises du bâtiment dans le Doubs, devant encaisser une hausse du prix desmatières esti mées entre 15 et 20%. Les salaires dans le bâtiment s’en trouvent blo qués, de fait. “Ne pouvant pas avoir
On chiffrait un devis par jour. Aujourd’hui, c’est un par semaine.”
qui s’envolent
Le marché de la construction est encore au beau fixe dans le Haut-Doubs.
pour les nouvelles constructions.” Pour autant, les professionnels se refusent à sombrer dans la morosité. “Ces périodes ont aussi la vertu de nous ramener aux fondamentaux de l’immobilier : qualité de construction, qualité architecturale, qualité de l’emplacement, qualité de la maîtrise d’œuvre estime le président des pro
moteurs. Ces périodes poussent éga lement les promoteurs à faire preuve d’imagination, d’être réactifs, tout en se posant les bonnes questions, du point de vue environnemental notamment. La prudence et l’audace à la fois doivent nous guider en ce moment” note M. Jeannot. n J.-F.H.
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