La Presse Pontissalienne 272 - Septembre 2022
Le dossier 21
La Presse Pontissalienne n°272 - Septembre 2022
l Analyse
l Pour quelles raisons travaillent ils en Suisse : 69 % des frontaliers interrogés affirment que c’est pour le niveau de salaire, 25 % pour la proximité avec leur lieu d’habitation et 22 % pour le cadre de vie. l 52 % des frontaliers travaillent à plus de 30 km de leur domicile et 44 % d’entre eux mettent plus de 45 minutes pour se rendre sur leur lieu de travail. Depuis 2015, les dis tances entre le domicile et le lieu de travail se sont allongées, mais les moyens de transport n’ont guère évolué. En effet, “la voiture reste quasiment hégémonique puisque 82 % des frontaliers utilisent leur voiture sans covoiturage” note Éric Martin, directeur général adjoint du Crédit Agricole Franche-Comté. À peine 18 % d’entre eux seulement utilisent le covoiturage et 15 % seu lement un transport en commun. l 78 % des frontaliers sont proprié taires et 66 % vivent dans une mai son. “45 % des porteurs d’un projet d’acquisition ont moins de 30 ans” indique Vincent Steinhauser du Crédit AgricoleAlsace-Vosges. 74 % des frontaliers ayant un projet envi sagent d’emprunter en euros (contre 44 % seulement en 2015, qui pri vilégiaient donc l’emprunt en francs suisses). n J.-F.H. La question des salaires Le revenu brut des frontaliers (hors primes) : l 5 % disent gagner moins de 35 000 C.H.F. par an. l 15 % de 35 000 à moins de 50 000 C.H.F. l 33 % entre 50 000 et moins de 80 000 C.H.F. l 18 % de 80 000 à moins de 100 000 C.H.F. l 19 % entre 100 000 et moins de 150 000 C.H.F. l 6 % disent gagner 150 000 C.H.F. ou plus. 47 % des frontaliers ne touchent aucune prime, 22 % d’entre eux une prime de moins de 5 000 C.H.F. par an, 15 % entre 5 000 et 10 000 C.H.F., 6 % entre 10 000 et 15 000 C.H.F. et 8 % une prime de plus de 15 000 C.H.F. par an. n
Une majorité d’hommes
Rétrospective Le nombre de frontaliers en hausse constante depuis 2000 343 000 frontaliers travaillaient en Suisse à fin 2020 selon l’Office fédéral de la statistique qui vient de publier une étude sur la question. Les points forts.
Le profil des frontaliers de 2022 Le dernier Observatoire des frontaliers s’est basé sur un échantillon de 1 001 individus interrogés, résidant en France, travaillant en Suisse et répartis sur les territoires frontaliers de l’Alsace à la Savoie, en passant par la Franche-Comté.
I ls étaient deux fois moins nombreux il y a 25 ans. La plupart venaient d’un pays voisin et travaillaient dans un canton limitrophe. À fin 2020, ces 343 000 frontaliers travaillant en Suisse représentaient 6,7 % de la population active suisse. Depuis le milieu des années 1990, leur nombre a plus que doublé, passant de 140 000 à 343 000. De nombreux facteurs ont influencé l’évolution du nombre de frontaliers en Suisse ces 25 der nières années, selon l’O.F.S., dont bien sûr l’in troduction de la libre circulation des personnes ainsi que la croissance économique helvétique. “Le nombre de frontaliers n’a cessé d’augmenter d’année en année à partir de 1998. Entre 1996 et fin 2004, le nombre de frontaliers travaillant en Suisse s’est accru de 2,7 % par année en moyenne. Et de fin 2004 à fin 2020, il a augmenté de 4,4 % par an en moyenne” résument les sta tisticiens suisses. Avec plus de 90 000 personnes, le nombre absolu de travailleurs frontaliers était le plus élevé dans le canton de Genève. “Leur part dans l’emploi total se montait par contre à 29 % dans le canton du Tessin et à 24 % dans celui de Genève. La proportion de frontaliers était importante également dans les cantons du Jura (19 %), de Bâle-Ville (18 %), de Bâle-Campagne (14 %) et de Neuchâtel (12 %).” Plus de la moitié de la main-d’œuvre frontalière vient de France (55 %), près d’un quart vient d’Italie (23%) et près d’un cinquième d’Allemagne (18 %). Faisons un petit saut en arrière d’une vingtaine d’années. Avant les accords de libre circulation des personnes de 2002, tout demandeur d’une autorisation de travail frontalière devait résider dans une zone frontalière définie autour de la Suisse (une trentaine de kilomètres au maximum) et disposer d’un contrat de travail avec une entreprise sise en Suisse à proximité de la fron tière. L’employeur devait en outre prouver qu’il avait au préalable cherché à engager de la main d’œuvre suisse. Entre 1996 et 2002, le nombre de frontaliers a d’abord légèrement diminué avant de connaître une période de croissance. Avec une hausse annuelle moyenne de 2,7 %,
les effectifs de frontaliers sont passés de 141 000 à fin 1996 à 165000 à fin 2002. Et à partir de l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne en juin 2002, le marché du travail suisse s’est ouvert progressivement, modifiant les conditions d’obtention d’une auto risation de frontalier. Ainsi, dès le milieu de l’année 2002, l’obligation imposant de regagner le domicile une fois par jour a été supprimée, remplacée par celle d’un retour hebdomadaire. L’emploi frontalier a poursuivi une croissance continue de 2,7 % par an en moyenne depuis la fin 2002 pour atteindre 174000 frontaliers à fin 2004. Débutant en juin 2004, la deuxième phase de la période de transition a aboli la préférence nationale ainsi que le contrôle préalable des salaires. L’accès au marché du travail au sein des zones frontalières s’est donc complètement libéralisé pour les frontaliers. Le nombre de fron taliers a augmenté de 6,5 % par an en moyenne entre fin 2004 et fin 2007 pour atteindre 210 000 personnes. Le mois de juin 2007 marque l’abandon des zones frontalières pour les ressortissants d’un État de l’U.E. : ces derniers peuvent donc dés ormais vivre où bon leur semble dans l’U.E. et travailler partout en Suisse. Seule l’obligation de regagner le domicile une fois par semaine reste en vigueur. De fin 2007 à fin 2020, le nombre de frontaliers travaillant en Suisse n’a ainsi cessé d’augmenter, affichant une hausse de 3,9 % en moyenne chaque année. La croissance économique suisse est un autre facteur explicatif, à côté de la libéralisation du marché du travail. “On peut observer une cor rélation entre la hausse du nombre de frontaliers et la croissance du produit intérieur brut (P.I.B.)” estime Jonas Deplazes de l’O.F.S. Effet conjugué de la croissance économique et de la libéralisation dumarché du travail, le nombre de frontaliers a donc augmenté de 143 % entre 1996 et 2020. Et la part de frontaliers parmi la population active occupée est ainsi passée de 3,6 % à 6,7 % entre 1996 et 2020. n
l 69 % des frontaliers interrogés sont de sexe masculin (ils étaient 54 % lors du 1er Observatoire réa lisé en 2015). l En majorité, ce sont des hommes d’au moins 40 ans. l À 91 %, ce sont des frontaliers de nationalité française, 8 % d’entre eux sont des Franco-Suisses. l 56 % d’entre eux sont des C.S.P. - (employés ou ouvriers) et 44 % des C.S.P. + (dirigeants, cadres…). l Les frontaliers sont majoritaire ment en couple et comptent en moyenne 3 personnes dans le foyer. Parmi les personnes en couple, seu lement 23 % des conjoints travail lent également en Suisse. l Le canton de Genève concentre à lui seul plus de la moitié des emplois frontaliers. l 93 % des frontaliers emploient le français comme langue au travail, 44 % l’anglais également et 14 % l’allemand.
l C’est la santé qui est le secteur le plus représenté (13 %), suivi de l’horlogerie (12 %), la construction (11 %), l’ingénierie et le commerce (9 % chacun). l 70 % des frontaliers travaillent dans des structures de plus de 50 salariés, dont 41 % dans des entre prises de plus de 500 salariés. l 92 % des frontaliers ont été embauchés en C.D.I. l Deux frontaliers sur trois tra vaillent en Suisse depuis plus de 10 ans (et 42 % d’entre eux ont déjà changé plusieurs fois d’entreprise, 37 % n’ont jamais changé). l Depuis le début de la crise sani taire, 35 % d’entre eux ont connu une période de chômage partiel ou total, 15 % un changement de poste, 3 % une reconversion profession nelle et 57 % aucune de ces situa tions. l Ils sont seulement 26 % à prati quer le télétravail.
La voiture (sans
covoiturage) est encore le seul moyen de transport pour 82 % des frontaliers.
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