La Presse Pontissalienne 269 - Juin 2022
22 Le dossier
La Presse Pontissalienne n°269 - Juin 2022
l N.U.P.E.S. Martine Ludi “Le rôle d’un député n’est pas de faire du clientélisme sur son territoire” La militante L.F.I. sera la représentante de la gauche unie à ces élections. Elle défend l’application du programme national validé par cette Nouvelle gauche, populaire, écologique et sociale (N.U.P.E.S.).
données thématiques dont la première a eu lieu sur le thème de la forêt. Les deux autres sont sur la thématique de l’eau, et la troisième sur l’agriculture à la ferme du Barboux le 6 juin. L.P.P. : La gauche est (pour une fois) unie pour ces législatives. Battre la députée sortante serait malgré tout une vraie prouesse ! M.L. : Annie Genevard est en effet très présente dans le Haut Doubs, mais il faut bien avoir à l’esprit qu’un député est un élu national qui est censé aller ailleurs en France sur le terrain. Le rôle d’un député n’est pas de faire du clientélisme sur son territoire, mais de défendre un projet politique. Le nôtre, c’est la planification écologique, la règle verte, l’urgence climatique et l’urgence sociale. Si les gens m’élisent, ils éliront un pro gramme, de gauche, et pas Mar tine Ludi. Le problème avec Annie Genevard, c’est que les gens élisent d’abord une per sonne. L.P.P. : Et PhilippeAlpy qui semble avoir un message comme vous tourné vers l’écologie ? M.L. : L’écologie en prônant la croissance comme il le fait, ce n’est pas de l’écologie. n Propos recueillis par J.-F.H. Haut-Doubs en 2011 pour sa retraite, elle a milité au sein du groupe A.T.T.A.C. Haut-Doubs et au sein du Parti de Gauche qu’elle a quitté depuis. l Elle s’est présentée une première fois en 2017 aux législatives. Son parcours l Martine Ludi est née à Pontarlier. l Elle a 71 ans, habite Jougne. l Elle est retraitée (ancienne ingénieure chez Elf Aquitaine). l Entre 1989 et 2009, elle était experte en brevets d’innovation à l’office européen des brevets (La Haye et Munich). l Revenue dans le
Martine Ludi, candidate de la gauche unie sous la bannière N.U.P.E.S. dans le Haut-Doubs.
L a Presse Pontissalienne : Après 2017, c’est votre seconde campagne des législatives. En quoi elle se différencie de la première ? Martine Ludi : Associé à Ivan Bou day en 2017, nous avions réalisé 8,75 % des suffrages, c’est-à dire une quatrième place à l’échelle de la circonscription et de bons scores dans les deux principales villes de la circons cription, Pontarlier et Morteau. Cette année, la configuration est complètement différente puisque la gauche part unie, avec une candidate L.F.I. et une
suppléante Europe Écologie LesVerts. Une gauche unie, plus forte, riche de ses différences qui ne sont pas insurmontables. L.P.P. : Un des grands dossiers struc turants du Haut-Doubs, c’est la question des mobilités. Quelle est votre position sur le sujet ? M.L. : Sur la question de la R.N. 57, il est nécessaire de baisser les flux de voitures et de camions. Nous sommes donc contre les travaux prévus. Car plus on améliorera cette route, plus il y aura de trafic. Et élargir l’entrée de Pontarlier ne va que
contraire.
déplacer le problème des bou chons de quelques centaines de mètres et le déporter sur la rocade qui ne comporte qu’une seule voie. Il faut d’abord conti nuer et renforcer les incitations au covoiturage et en parallèle augmenter la fréquence des trains et des bus. Et commencer par créer tout simplement une ligne de bus pourVallorbe. Cette question des transports est aussi une histoire d’éducation aux mobilités alternatives. L.P.P. : Un de vos credo, c’est la question écologique. Soutenez-vous les projets
éoliens qui fleurissent dans le Haut Doubs ? M.L. : Je n’ai pas d’avis tranché sur cette question. Je pense que les éoliennes défigurent les pay sages, mais au même titre qu’une autoroute ou qu’une zone commerciale. Ce qui me gêne surtout, c’est l’absence d’études véritables sur les performances de ces éoliennes, dont les projets sont souvent portés par des groupes qui ne cherchent qu’à faire du profit. Sur la question des éoliennes, L.F.I. défend plus les installations en mer. En même temps, à l’époque où ils ont été construits, les barrages ont eux aussi défiguré les pay sages. Je pense qu’il faut surtout penser à baisser sa consomma tion d’énergie. Notre planifica tion écologique consistera à impliquer tous les citoyens sur cette question, avant de prendre les grandes décisions. Une sorte de grand débat, mais suivi d’ef fets. L.P.P. : Quel est votre point de vue sur la question agricole dans un Haut Doubs qui est plutôt favorisé ? M.L. : Localiser le plus possible la production doit être une prio rité, et éviter les mono-cultures. Tout comme la course à la pro duction et à la vente n’est pas la bonne solution. Après 2015, on a autorisé la filière comté A.O.P. a augmenté de 10 % la production de lait. Cette course en avant, polluante, pénalise en fait les paysans contraints d’aug menter leur cheptel, moderniser leurs bâtiments, et améliorer l’automatisation de leurs ins tallations, donc s’endetter lour dement. Ce modèle n’est pas tenable. Ce qu’on propose, c’est de baisser la production et d’aug menter en parallèle la qualité. L.P.P. : C’est la décroissance ? M.L. : La décroissance, cela signi fie d’évaluer les besoins et de produire en conséquence et de voir quels besoins ne sont pas couverts : je pense aux soins, aux E.H.P.A.D., aux hôpitaux, aux services publics… Là, il y a de la production à faire et ce n’est pas de la décroissance, au
L.P.P. :Votre suppléante Pascale Morer est écologiste : comment s’accorder avec des partenaires qui ne partagent pas toutes vos idées, sur l’Europe par exemple ? M.L. : Nos différences ne sont pas insurmontables. L.F.I. n’est pas un parti anti-européen,mais certains traités sont tellement contraignants qu’il est néces saire de changer ces textes qui imposent une concurrence libre et non faussée qui détruit plus qu’elle ne construit. Nous sommes tous d’accord entre nous pour dire que tout doit partir des besoins des populations pour planifier les choses sur le long terme. L.P.P. : Quelle sont vos solutions pour réduire la fracture sociale entre les populations habitants le Haut-Doubs ? M.L. : Si les conditions de travail étaient à la hauteur en France, les gens n’iraient pas travailler en Suisse. L’augmentation du S.M.I.C. à 1 500 euros est donc un impératif. Un vrai salaire, et pas avec une prime d’activité qui est par nature non pérenne. On doit en parallèle intervenir sur la question du logement en interdisant la spéculation sur le parc privé et orienter la construction sur le logement social. Il est impératif que les gens puissent travailler vers leur lieu de résidence et qu’ils n’aient pas à faire des dizaines de kilomètres pour se loger.
La candidate participera à trois randonnées théma tiques, comme la première qui a eu lieu mi-mai sur le thème de la forêt.
Sa mesure symbole La règle verte et la planification écologique Si elle est élue, Martine Ludi soutiendra l’application de la règle verte, théorisée par son mentor Jean-Luc Mélenchon. De quoi s’agit-il ? En résumé, il s’agit de ne plus prendre à la nature davantage que ce qu’elle est capable de reconstituer ni produire plus que ce qu’elle peut supporter. Cette règle s’ac compagnerait d’un plan de tran sition énergétique vers les éner gies renouvelables par la sortie du nucléaire notamment. n
“Interdire la spéculation sur le parc de logements privés.”
L.P.P. : Comment organisez-vous votre campagne ? M.L. : On fait du porte à porte et du boîtage, et on organisera trois réunions publiques à Morteau le 7 juin à la salle des fêtes, le 9 juin à Valda hon (espace Ménétrier) et le 10 juin à Pon tarlier. Ainsi que trois ran
Martine Ludi fait campagne avec sa suppléante Pascale Morer, une militante écologiste de Vercel.
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