La Presse Pontissalienne 267 - Avril 2022

34 La page du frontalier

La Presse Pontissalienne n°267 - Avril 2022

Zoom “Aujourd’hui, je me sens beaucoup plus tranquille” Installée à Pontarlier depuis 1998, cette maman de trois enfants est infirmière de bloc dans une clinique en Suisse. Une situation confortable et une vie remplie des bonheurs de l’existence avant qu’une séparation ne vienne cas ser cette belle harmonie. “Cela ne s’est pas très bien passé, je me suis retrouvée seule avec les enfants à charge” , explique cette frontalière qui surmonte cette épreuve. En janvier 2021, des soucis de santé l’obligent à se mettre en maladie. Privée de 20 % de ses revenus au bout d’un mois d’arrêt, elle glisse dans la spirale des crédits pour se retrouver en diffi cultés financières. “Je suis très amère vis-à-vis des banques, des services des impôts qui vous enfoncent plutôt que de chercher à vous aider. Ils vous lais sent juste le minimum vital.” Consciente qu’elle n’arriverait pas à s’en sortir seule, elle évoque ses pro blèmes à la Mutuelle La Frontalière qui lui suggère d’aller au centre médico social. “Je n’étais pas forcément par tante. J’ai finalement franchi le pas et on a engagé la procédure. Mon dossier de surendettement a été accepté par la Banque de France pour planifier mes dettes et annuler les intérêts. Je suis dans l’attente du courrier validant ce plan d’apurement. Au final, je vis ce surendettement comme un échec mais aujourd’hui je me sens beaucoup plus tranquille.” n Permanences de la Banque de France au C.C.A.S. de Pontarlier Tél. : 03 81 65 21 39

FINANCES

Prévention Frontaliers, gare au surendettement !

Le mythe du frontalier qui dépense sans compter n’est pas qu’une vue de l’esprit. Un groupe de travail composé de différents acteurs de l’endettement, de l’économie sociale et du travail frontalier s’est constitué pour prévenir ce phénomène.

en Suisse est bien différent de celui d’un salarié français. Les travailleurs frontaliers sont administrativement autonomes à l’instar d’un travailleur libéral en France. Ce qui signifie qu’ils vont devoir effectuer eux-mêmes toutes sortes de démarches : assurance mala die, impôts. Quand ces formalités ne sont pas accomplies au bon moment, il y a un risque de voir s’accumuler des dettes comme les impôts, mises à jour de cotisation” , précise Valérie Pagnot de l’Amicale des Frontaliers. Le début des ennuis si le frontalier s’engage vers des crédits à la consom mation, les abonnements ou les paie ments fractionnés. “Le surendettement résulte souvent d’un accident de la vie : licenciement, maladie, divorce, sépa ration”, ajoute le directeur de la Banque de France. À partir de là, tout est pos sible. Certains se hâtent de débloquer leur second pilier. D’autres se résignent à rencontrer une assistante sociale qui les oriente vers des structures comme le centre médico-social, le Point info Budget. Là, une conseillère en économie sociale et familiale propose un accom pagnement pour apporter une réponse adaptée. “Si besoin, on peut renégocier les emprunts avec les établissements de crédits. On peut même envisager d’aller jusqu’à l’ouverture d’un dossier de surendettement à la Banque de France sachant qu’il s’agit d’une démarche volontaire et déclarative” , complète Élise Guillaume du centre médico-social. Mieux vaut prévenir que guérir. C’est tout le sens de ce groupe de travail. Après le webinaire, d’autres actions de communication sont en réflexion : articles dans les magazines frontaliers, information dans les structures de for mation axées sur des métiers fronta liers : horlogerie, micromécanique, santé… n F.C.

contre 1 824 euros par mois à Dijon et 1 613 euros par mois sur le bassin d’emploi d’Autun en queue de peloton régional. Le territoire frontalier se caractérise aussi par le dynamisme du marché de l’immobilier. Plus 33 % de nouveaux crédits immobiliers ou liés à l’habitat entre 2015 et 2020. “Dans une zone aussi riche, on est étonné de voir le nombre d’incidents de chèques pour 100 000 habitants*. En 2020, on était à 2 775 incidents sur la zone de Pontarlier, soit presque autant qu’à Autun avec 2 860 incidents.À titre indi catif, Besançon est à 2 139 et Dijon à 2 360 incidents chèques pour 100 000 habitants” , explique Jean-Luc Mesure, le directeur de la Banque de France à Besançon. Les 2 775 chèques non couverts sur la zone de Pontarlier ont été émis par 1 403 personnes. Autre indicateur qui justifie sans doute les actions préven tives, le niveau de surendettement sur le bassin de vie de Pontarlier se situe à 36 000 euros alors qu’il avoisine 23 000 euros en France. L’évolution de l’endettement moyen sur la zone frontalière évolue aussi plus vite en zone frontalière. Sur une base 100, il passe de 100 à 136 entre 2015 et 2020 contre une progres sion de 100 à 114 à l’échelle nationale. Important aussi de signaler que le surendettement de façon générale tend plutôt à baisser depuis cinq ans en France. Le constat vaut également dans le Doubs où il a diminué de 11 % entre 2019 et 2021. Comment expliquer le surendettement chez les frontaliers ? Si un chirurgien, un avocat, un expert-comptable, un notaire ou un ingénieur est préparé en quelque sorte à gérer de gros reve nus, ce n’est pas toujours le cas d’un travailleur frontalier qui va voir son salaire doubler ou tripler du jour au lendemain. “Le statut d’un frontalier

T out est parti d’observations de terrains, en l’occurrence des entretiens réalisés au centre médico-social de Pontarlier où sont orientées les personnes en difficultés financières. “Dans les dos siers de surendettement traités sur le Haut-Doubs, on trouve des frontaliers parfois confrontés à des dettes impor tantes. À partir de ce constat, on a mis en place ce groupe de travail” , indique ÉliseGuillaume, conseillère en économie sociale et familiale au centre médico social de Pontarlier. Ce groupe de travail regroupe plusieurs partenaires : la Banque de France, l’Amicale des frontaliers, le Centre Médico-Social, le service Point Conseil

Budget, la C.A.F. et la Direction dépar tementale des Impôts. La première action a pris la forme d’un webinaire organisé en février à destination des banquiers, courtiers, assureurs installés sur le bassin d’emploi du Haut-Doubs. S’il est difficile de connaître le nombre de frontaliers en situation de suren

dettement, quelques indicateurs de la Banque de France sont assez révélateurs de la situa tion sur le bassin d’em ploi de Pontarlier. Le revenu mensuel médian sur la bande frontalière s’élève de 2 152 euros par mois

“Si besoin, on peut renégocier les emprunts.”

“L’objectif de ce groupe de travail, c’est de faire en sorte que le frontalier ait toutes les informations et les maîtrise”, explique Valérie Pagnot, juriste à l’Amicale des Frontaliers.

*Source : fichier central des chèques géré par la Banque de France

DOUANE

Bilan Plus d’une tonne de drogues saisie dans le Doubs en 2021 La douane en Franche-Comté a à nouveau enregistré une activité soutenue avec 4,8 tonnes de drogues saisies, dont 1,4 tonne dans le Doubs.

Les infractions relevées sur le territoire vont “de la simple négligence à des fraudes organisées”, selon la direction régionale.

O n s’en souvient. L’an née écoulée s’est soldée par l’arrestation emblématique du frère d’un baron de la drogue à Pelousey.Une satisfaction pour les équipes douanières opérant dans le Doubs, qui, à l’occasion d’un contrôle “ordinaire” le 1 er janvier sur l’A 36, ont permis de confondre Hakim Hambli (recherché depuis 2002). Cette affaire, très médiatisée, fait partie des événements mar quants de 2021, avec d’autres saisies de stupéfiants et inter pellations notables relatives au contrôle migratoire. À l’image de cette patrouille qui a contrôlé en décembre un fourgon sur l’aire

d’Écot, dans lequel se trouvaient 20 personnes entassées à même le sol. Ou de ces 8,5 kg de cocaïne découverts par la brigade doua nière de Montbéliard sur la R.N. 57, dans une cache aménagée

douanières. Ils n’hésitent plus à mettre enœuvre des moyens com pliqués, y compris sur des quan tités assez modestes, et utilisent des véhicules éclaireurs. Il nous a fallu travailler sur cette notion de convois” , reconnaît Bruno Ligiot, arrivé récemment à la tête de la Direction régionale des douanes à Besançon. Le nouveau patron de la douane comtoise tenait à renouer avec le traditionnel bilan annuel. Dans sa présentation à la presse début mars, il a ainsi rappelé que 4,8 tonnes de drogue et 1,2 tonne de tabac ont été saisies sur le territoire. Le plus gros des prises douanières enmatière de stupéfiants s’est fait dans le

400 000 euros de taxes portant sur 165 véhicules ont notamment été redressés. La constatation initiale de la brigade des Rousses, suivie de l’enquête du service de Besançon puis de Metz, a mis à jour des faux et usage de faux documents de dédouanement. L’année 2022 semble toute aussi bien partie, d’après le directeur régional, qui voit bien sûr un enjeu clef sur ces 240 kmde fron tière avec la Suisse “en période de crise sanitaire et migratoire.” n S.G.

de six personnes revendeuses de tabac en ligne. Un total de 578 kg de tabacs dont 73 kg de cigarettes ont ainsi été saisis dans le Doubs. L’administration comtoise s’est également illustrée par le redres sement de près de 5,8 millions de droits et de taxes. Et si elle a réussi à diminuer les dépôts de déchets à la frontière par la pression des contrôles, rien n’est gagné en revanche sur les impor tations sans déclaration de véhi cules suisses. Plus de

Doubs (1,4 tonne dont 1,3 tonne d’herbe de cannabis) et le Jura (3,2 tonnes dont 2,2 tonnes d’herbe de cannabis). L’attention soutenue portée aux trafics de tabac a aussi permis 279 constatations à la frontière franco-suisse, “aussi bien sur des dépassements de franchise, qu’à la circulation sur les plus grosses quantités” , précise Chris tian Solliez, chef de la division Franche-Comté frontière. La lutte se mène aussi sur le Net, avec l’identification notamment

plutôt élaborée (le frein à main élec trique avait été démonté).Des tra fics auxquels les douaniers sont régulièrement confrontés sur les axes porteurs autoroutiers de l’A 36 et l’A 39. “Les organisations de fraudes s’adap tent aux méthodes

Des trafics de voitures aussi à la frontière.

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