La Presse Pontissalienne 266 - Mars 2022
Pontarlier 5
tal un conjoint survivant d’un fémi nicide. L.P.P. : Un travail est-il réalisé avec les auteurs de ces féminicides ? D.F. : Oui, les auteurs ne sont pas laissés pour compte. Qu’ils soient condamnés pour les faits qu’ils ont commis, c’est normal. La nouveauté réside dans le fait que des obligations de soins leur sont proposées par l’intermédiaire de l’association Altérité qui travaille en
“sauver”. Dans cette alliance impro bable, c’est souvent la violence qui se déclenche. Si ce phénomène touche tous les milieux sociaux, il est encore plus difficile de dénoncer un acte de violence si l’homme violent est connu. Imaginons qu’il soit élu ou maire de sa commune, la femme possède une notoriété qui freine la dénonciation ou a parfois une dépendance maté rielle. L.P.P. : Médiatiser les violences faites aux femmes a-t-il permis de faire évoluer posi tivement les lignes ? D.F. : Cela a permis de libérer la parole. Je note d’autres avancées. Un exem ple : lorsqu’une femme est battue, ce n’est par exemple plus à elle de quitter le domicile familial en pleine nuit, parfois avec ses enfants, mais à son mari à qui l’association Altérité à Besançon propose un hébergement. Pour les enfants, des régions ont mis en place des protocoles pour les mettre à l’abri et surtout qu’ils ne soient pas confiés au conjoint auteur du fémi nicide. L.P.P. : Qu’un père meurtrier puisse récupérer ses enfants paraît inconcevable ! D.F. : Jusqu’à maintenant, l’autorité parentale n’était pas si claire puisqu’un père pouvait - après incar cération - demander un droit de visite bien que ses enfants soient protégés ou placés. Un projet de loi doit donner la possibilité de déchoir du droit paren
direction de ce public ainsi que France vic times. Dans le cadre d’une alternative aux poursuites, ces auteurs paient une somme et sont tenus de partici per à plusieurs séances pour parler des actes qu’ils ont commis…Ce travail est animé par une psychologue. Si je défends les victimes, je pense qu’il faut mal gré tout aller chercher l’humanité des auteurs de violence. On ne peut pas les diaboliser com plètement au risque de les condamner à récidiver avec le conjoint suivant. Car cela se répète encore trop souvent ! n Propos recueillis par E.Ch.
“Les enfants peuvent être repérés comme des victimes.”
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