La Presse Pontissalienne 262 - Novembre 2021
24 Mouthe - Région des lacs
La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021
CHAPELLE-DES-BOIS Tradition La gentiane a perdu ses racines jurassiennes
“On préférerait utiliser des racines jurassiennes plutôt qu’au- vergnates”, déplore
La saison de la gentiane a démarré à la distillerie Marcel Michel où l’on vient de réceptionner 20 tonnes de racine de gentiane importée du Massif Central faute de pouvoir utiliser la version juras- sienne soumise à une réglementation plus sévère.
cuves de 1 300 litres. De l’eau sera ensuite ajoutée. Chaque cuve sera recouverte pendant 10 à 12 semaines, le temps de la fermentation. “On pourra alors effectuer la distillation” , résume Dominique Rousselet qui fait appel à un distillateur ambulant équipé d’alambics à percolation. Il devrait produire environ 2 000 litres d’eau-de- vie vendues en bouteille de 35 cl à 1 litre. Une partie est aussi commercialisée en vrac pour d’autres distilleries. La gentiane n’est pas seulement un fameux breuvage de fin de repas. On l’utilise aussi en cos- métique, dans l’alimentaire et à des fins médicamenteuses. À la distillerie Marcel Michel, il faut compter 77 euros pour un litre d’eau-de-vie. “C’est plus cher sous le manteau” , confie celui qui est aussi particulière- ment remonté contre le fait de devoir importer de la gentiane auvergnate alors que la “fée jaune” pousse aujourd’hui en abondance dans les communaux et les alpages jurassiens. Ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé, valant à la grande gen- tiane des mesures de protection avec l’instauration d’arrêtés pré- fectoraux réglementant la cueil-
Dominique Rousselet, le gérant de la distillerie
L e fond de l’air plutôt frais à la mi-octobre encourage déjà le port du bonnet tout là-haut à Chapelle-des- Bois. Dominique Rousselet le gérant de la distillerie Marcel Michel est à la manœuvre pour organiser avec quelques amis passionnés le broyage des 20
Marcel Michel.
tonnes de racine de gentiane livrées la veille en camion. Le contenu des sacs est déposé au sol. Les racines sont nettoyées au jet. “On utilise un broyeur de végétaux qui nous fait gagner un temps précieux” , explique le distillateur. Le résultat est stocké dans des
plus de flexibilité dans le massif jurassien français où la régle- mentation est surtout destinée à maintenir une tradition de distillation familiale ou artisa- nale. “On fait pression pour assouplir le dispositif sachant que l’arrachage peut aussi rap- La réglementation L’extraction de la gentiane est définie par l’arrêté préfectoral du 11 mars 1991 portant réglemen- tation de la cueillette de certaines plantes sauvages Article 5 : Sur tout le territoire du département du Doubs, l’arra- chage des racines de Gentiane jaune (Gentiana lutea) ne peut être pratiqué que sur les terrains privés par les propriétaires ou
lette. La distillerie Les fils d’Émile Pernot majoritaire dans le rachat de la distillerie Marcel Michel en 2012 adhère de ce fait à “Gentiana lutea”. Basée à Manosque, c’est l’association interprofessionnelle de la gen- tiane jaune. “On a mis en place un label qualité avec un cahier des charges pour encadrer la cueillette de la gentiane. L’arra- chage se fait manuellement à
porter quelques subsides aux propriétaires de terrain. On avait organisé il y a quelques années l’assemblée générale de l’asso- ciation à Chapelle-des-Bois en invitant les élus locaux, mais aucun n’était venu…” n F.C. leurs ayants droit. Cette récolte est soumise à l’approbation, par la mairie, d’un plan de cueillette avec localisation du site. Au-delà d’une quantité supérieure à 200 kg par an, ce plan de cueillette devra être soumis au Directeur dépar- temental de l’Agriculture et de la Forêt pour approbation. L’arrêté préfectoral n° 7741 du 22 sep- tembre 1980 réglementant la cueillette de la Gentiane jaune est abrogé. n
l’aide d’une pioche appelée la fourche du dia- ble. Le cahier des charges impose des rotations de 20 ans avant de revenir sur un site” , détaille Dominique Rous- selet qui souhai- terait un peu
Dominique Rousselet voudrait assouplir le dispositif.
Les racines sont lavées avant le broyage. Une fois broyée, la gentiane est stockée en fût. L’ajout d’eau enclenchera le début de la fermentation.
TOURISME Enquête Le meilleur ambassadeur touristique est l’habitant du Haut-Doubs Le résultat de l’enquête menée par l’Office de Tourisme du Pays du Haut-Doubs démontre le fort attachement des locaux pour leur territoire. Ce qui va se traduire par de nouvelles actions marketing.
C hauvins les gars du “haut”. Un peu. Ils sont surtout fiers de leur ter- ritoire et en sont les meil- leurs ambassadeurs, d’où la volonté de l’Office de tourisme de s’appuyer sur eux pour ven- dre nos sapins. Si les limites géographiques du Haut-Doubs ne sont pas tout à fait claires dans la tête des habitants, les habitants sont assez unanimes pour dire que les paysages, les lieux, la culture et la gastrono- mie font la richesse du Haut- Doubs. C’est un constat établi par l’Of- fice de tourisme du Pays du Haut-Doubs qui a questionné 297 habitants sur la raison de
leur présence ici, ce qu’ils pra- tiquent comme activités, ce que représente le Haut-Doubs pour eux, ce qu’est aussi le Haut- Doubs. “Ce questionnaire nous permet de construire un plan marketing. Peut-être avons-nous
laire, président de l’Office et maire de Touillon-et-Loutelet. La nature et le terroir se retrou- vent sans hésitation en tête de liste pour distinguer le Haut- Doubs qui résonne très forte- ment lorsque l’on en parle à Pon- tarlier, mais beaucoup moins dans le Jura. “Les habitants se rejoignent également dans la description du trait de caractère du Haut-Doubs en citant en pre- mier “gourmand”, “traditionnel” et “sympathique.” Avec toutes ces données compi- lées, l’Office a décidé d’engager une nouvelle politique en matière de communication tou- ristique. “Nous notons qu’une grande partie des habitants ne
Sébastien Populaire, président de l’Office de tourisme du Pays du Haut-Doubs.
mants, les bureaux de l’Office vendent des magnets ou des autocollants à l’effigie du secteur. “On sent que les personnes veu- lent que le secteur se dynamise et souhaitent faire connaître “leur”Haut-Doubs aux touristes , se réjouit le président. Le tou- risme est un très fort vecteur de cohésion sociale car des per- sonnes qui viennent habiter d’au- tres régions participent à la vie locale et s’intègrent grâce aux manifestations culturelles ou
vont pas dans les Offices de Tou- risme car cela n’est pas dans leurs habitudes et ils préfèrent rechercher des informations sur Internet. On va donc aller vers eux dès l’an prochain. Nous ache- tons un camion (style food truck) qui se déplacera à Besançon ou ailleurs pour faire la promotion du Haut-Doubs, annonce Sébas- tien Populaire. Des produits locaux pourront être vendus dans cet accueil mobile.” Moins originaux mais perfor-
sportives. Le tourisme justifie également les investissements faits sur notre territoire car ces structures profitent aux locaux. Je pense par exemple au com- plexe nautique de Malbuisson.” 42 % des non-natifs sont venus pour le travail sans connaître la destination, cependant ils l’apprécient tout autant que des natifs. Preuve que l’on peut se dire du “haut” sans être né ici. Une belle preuve d’amour… n E.Ch.
par le passé délaissé l’impor- tance de cette clientèle qu’est l’habitant qui s’ajoute à l’ex- cursionniste qui vient de Besan- çon ou de Dijon, ou au touriste qui vient de plus loin” pointe Sébastien Popu-
“Le tourisme est un vecteur de cohésion sociale.”
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