La Presse Pontissalienne 262 - Novembre 2021

Le dossier 21

La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021

l Restauration Du jamais vu 30 postes à pouvoir aux McDo de Pontarlier et de Morteau

“J e n’ai jamais connu une situation aussi critique depuis l’ouverture du McDo à Pontarlier en 1995 et c’est encore pire àMorteau. La période de rentrée est toujours compliquée pour compléter les équipes, reprendre un fonctionnement stable. Les choses ren- trent dans l’ordre au bout de quelques semaines mais là, cela commence tout juste à se détendre même si le problème du recrutement reste entier” , explique Philippe Gille, le patron des deuxMcDo du Haut-Doubs. Celui qui est aussi vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie duDoubs connaît bien la problématique de l’emploi sur ce territoire frontalier. “On compte 30 000 habitants à l’échelle de la C.C.G.P. qui dispose d’une offre commerciale d’une ville de 120 000 habitants. On comprend vite le problème quand il s’agit de trouver localement le personnel pour faire tourner un tel équipement. Les gens viennent de plus en plus loin. Tous secteurs d’activité confondus, on estime qu’il y a au moins 400 postes non pourvus sur le bassin économique pontissalien. Cela varie entre 150 et 200 postes sur le secteur

du Val de Morteau qui, du fait de sa proximité avec Le Locle et La Chaux-de-Fonds, subit davantage les consé- quences de la fuite de main-d’œuvre vers la Suisse. Avec le plein- emploi, cela signifie qu’il y a plus d’offres d’emploi que de personnes employables sur cette

drive jusqu’à minuit, l’heure de ferme- ture” , note la directrice. L’impact de la crise sanitaire se réper- cute durablement sur les habitudes de consommation. “On constate qu’il y a beaucoupmoins de Suisses qu’avant. On enregistre aussi une baisse de fré- quentation globale en partie compensée, là aussi, par le développement des livraisons à domicile. Actuellement, on fait de gros chiffres le vendredi avec une baisse d’activité le samedi de 15 à 20 %. Quand je compare nos chiffres à ceux de 2019, c’est sensiblement iden- tique. La baisse de clientèle est com- pensée par la hausse du panier moyen” , observe Philippe Gille. Restrictions sanitaires, livraisons à domicile, pass sanitaire, la donne a changé. “Dans un établissement comme le nôtre, le contrôle des pass représente presque un temps complet. Pour ne pas mobiliser un salarié, on a eu recours à une société de sécurité qui a fourni un vigile. Sauf qu’au bout d’un mois, ladite société ne pouvait plus satisfaire notre demande étant elle aussi touchée par la pénurie de personnel. On a été contraint de fer- mer la salle…” n F.C.

Après un été en partie amorti par la main-d’œuvre étudiante, la question du recrutement reste toujours d’actualité dans les deux McDo du Haut-Doubs obligés de réduire l’activité et de se tourner vers les jeunes de moins de 18 ans.

400 postes non pourvus

zone. Les McDo sont un peumoins expo- sés que d’autres activités à la concur- rence suisse car notre personnel ne cor- respond globalement pas aux profils les plus recherchés en Suisse.” Mc Donald’s à Pontarlier emploie envi- ron 65 salariés, soit entre 45 et 50 équi- valents temps plein. “Il nous manque aujourd’hui entre 13 et 15 personnes” , complète Manon Gille, la directrice de l’enseigne pontissalienne. Le besoin est identique au Mc Do de Morteau. Le déficit est en partie comblé par le recrutement de jeunes qui ont entre 16 et 18 ans. “Comme ils ne peuvent pas travailler après 22 heures, on n’a pas d’autre choix que d’arrêter le service en salle pour conserver uniquement le

“À Pontarlier et Morteau, on recherche une trentaine de personnes”, explique Philippe Gille, le patron ici en compagnie de Manon Gille la directrice du McDo de Pontarlier.

l Actualité Une prime de cooptation K.F.C. recrute 40 employés sur son nouveau site pontissalien Le septième K.F.C. régional ouvrira ses portes le 7 décembre. D’ici là, il faudra recruter et former une quarantaine de serveurs et cuisiniers. Un challenge dans les cordes du groupe franchisé Pronoia qui ouvrira son 20 ème restaurant.

l Transport Conducteurs de car Kéolis Monts Jura

contraint de travailler à perte pour honorer ses contrats

L e métier de conducteur de car ne fait pas rêver, c’est peu de le dire. “Cela fait plu- sieurs années qu’on peine à recruter des conducteurs sur le secteur du Haut-Doubs. Le phénomène s’est accentué avec la crise sanitaire. On subit une évolution des comportements assez dramatique par rapport à la valeur travail” , constate Stéphane Wissemberg, le directeur de Kéolis Monts Jura. Les raisons de cette pénurie de conducteurs sont multiples. Depuis cet été, le nombre de candidatures s’effondre. L’opérateur enregistre une augmentation inédite de démissions. “Beau- coup de personnes ont attendu la fin du Covid pour mettre en œuvre des projets de mobilité ou de reconversion professionnelle. Le turn over qui caractérise notre activité avec ces mouvements de personnel était en sous-régime depuis mars 2020. En trois mois, il s’est emballé à un rythme effréné.” La situation de Kéolis Monts Jura est assez préoccupante au niveau du recrutement. “On est sorti de toute logique économique en lançant des campagnes de recrutement nationales avec la proposition de loger les candidats. On est contraint d’agir ainsi pour tenir nos engagements de service public dans le Haut-Doubs.” Depuis la rentrée de septembre, l’opérateur fait donc venir des chauffeurs à la semaine. Ils Faute de trouver des conducteurs, l’opérateur de transport doit recruter des chauffeurs à la semaine pour remplir ses obligations de continuité de service dans le transport scolaire. Du jamais vu.

C omment trouver en quelques semaines qua- rante employés de res- tauration dans le Haut-Doubs ? “On a lancé la campagne de recrutement à partir du 13 octo- bre et on organisera quatre ses- sions à Pôle Emploi. On recrute des salariés en C.D.I. à temps complet ou partiel en fonction des disponibilités de chacun. On fonctionne beaucoup sur le bouche-à-oreille. On propose aussi des primes de cooptation. On a bien pris en compte la spé- cificité du contexte pontissalien et l’importance de sortir d’une procédure de recrutement clas- sique” , résume Jacques Corbier, le directeur de réseau de la fran- chise Pronoia propriétaire du site pontissalien. En Bourgogne- Franche-Comté, ce groupe est implanté à Dole, Dijon, Queti- gny, Belfort, Besançon et Che- nôve. Après la signature de leur contrat, les futurs salariés sui- vront sept semaines de forma- tion sur les sites de Besançon, Dole et Pontarlier. “On fonc- tionne en partenariat avec Pôle Emploi et A.K.T.O. qui finance une partie de la formation, le reste étant pris en charge par K.F.C.” Jacques Corbier est plu- tôt satisfait de la méthode de

recrutement déployée à Pon- tarlier. “On a développé de bonnes relations avec les conseil- lers de Pôle Emploi. Au 20 octo- bre, il nous manquait encore une vingtaine de personnes. Les candidats sont informés qu’ils vont travailler dans une entre- prise qui a beaucoup de valeurs humaines : respect, transpa- rence, honnêteté, cordialité… L’idée étant qu’ils partagent aussi ses valeurs et viennent chez nous pas uniquement pour le salaire. On cherche des per-

sonnalités.” Au sein du groupe Pronoia, le recrutement des directeurs de restaurant s’effectue la plupart du temps en interne. C’est aussi le cas pour Océane Marchiano, 23 ans, qui travaillait précé- demment au K.F.C. de Chenove avant de prendre les com- mandes du restaurant pontis- salien. Une quinzaine de sala- riés venus d’autres sites du groupe viendra épauler la nou- velle équipe pour la période d’ouverture. n

sont hébergés à l’hôtel, nourris et touchent même des indemnités de déplacements pour venir conduire des cars dans le Haut-Doubs. Cela représente sept postes. Tout cela a un coût. Le directeur évoque “un gouffre économique très indigeste mais on n’a pas le choix.” Nul besoin d’avoir son permis de transport en com- mun pour postuler chez Kéolis qui prend tota- lement en charge la formation des demandeurs d’emploi. “On a actuellement huit stagiaires dans le Haut-Doubs. Le souci avec la crise sani- taire, c’est qu’il y a eu plus de départs que de sessions de formation.” L’opérateur propose deux types de poste : quelques temps complets et beaucoup de temps partiel dédié avant tout au ramassage scolaire. “Cela ne représente pas 35 heures hebdomadaires. On est dans une logique de complément de reve- nus. Le manque de conducteurs nous oblige aussi à restreindre les services occasionnels type sorties scolaires, déplacements des clubs ou associations sur des événements.” n Kéolis Monts Jura est contraint de recruter des chauffeurs à la semaine, nourris, logés à ses frais pour répondre à ses obligations de continuité de service public.

Océane Marchiano la jeune responsable du K.F.C. de Pontarlier avec Jacques Corbier, le directeur de réseau de la franchise Pronoia.

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