La Presse Pontissalienne 261 - Octobre 2021

6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n°261 - Octobre 2021

UNE TRADITION SÉCULAIRE BIEN VIVANTE LES ANISÉS DU HAUT-DOUBS :

Les distilleries historiques et plus contemporaines du Haut-Doubs fabriquent toujours des anisés cultivant ainsi un savoir-faire issu des années absinthe. Chacun valorise comme bon lui semble cet héritage qui, sans avoir le rayonnement de la fée verte, continue de plaire, voire aurait tendance à se développer. Enquête.

l Patrimoine Annniversaire Le Pontarlier-Anis fête ses cent ans

La recette mise au point en 1921 par Armand Guy reste toujours d’actualité et François-Laurent Vitrac qui a repris la distillerie en novembre dernier compte bien la promouvoir au-delà de son fief de consommation franc-comtois. Stratégie.

dans les grandes surfaces fran- çaises. On observe aussi une fémi- nisation parmi les consomma- teurs.Au final, cela nous a permis de tirer notre épingle du jeu. L.P.P. : La distillerie Guy produit combien de Pontarlier-Anis différents ? F.-L.V. : On a quatre variétés, avec deux produits leaders : le Pont sec et le Pont sans sucre. À eux deux, ils représentent 95 % de la production de Pont. Le Pont sec est plus consommé dans le Doubs. On fabrique aussi un Pont sec à 40° et du Sapont, mélange de liqueur de sapin et de Pont. L.P.P. : Quelles sont vos ambitions sur cette famille de produits ? F.-L.V. : On veut faire connaître davantage le Pontarlier-Anis en France. Il est consommé à 90 % en Bourgogne-Franche-Comté et dans quelques fiefs en Bretagne, dans les Alpes, à Paris. C’est com- pliqué de sortir de la région mais on est en train de constituer un réseau de prescripteurs. Aujourd’hui, je cible d’abord les cavistes avec la volonté de com- muniquer sur les 100 ans du Pon- tarlier-Anis, le Vert Sapin et l’Ab- sinthe. Dans quelques semaines, on va sortir un coffret spécial

L a Presse Pontissalienne : Quel sentiment vous inspireArmand Guy, le père du Pontarlier- Anis ? François-Laurent Vitrac : Cet homme était un visionnaire, une grande personnalité. Ses descendants ont tous apporté leur contribution au développement de la distillerie. Je veux continuer à glorifier cette famille, au maximum. L.P.P. : Comment interpréter l’aigle qui figure sur les étiquettes de la distille- rie ? F.-L.V. : Pour les habitants de la montagne, c’est l’oiseau qui vole le plus haut. Il domine les sapins qui représentent la concurrence. Il prend son envol au lever du soleil dans l’idée de se lever tôt, d’être le premier au rendez-vous. L.P.P. : Au rendez-vous des nouveaux produits ? F.-L.V. : En quelque sorte. On est une entreprise du patrimoine vivant toujours portée sur l’in- novation. Quand je travaillais chez Moët Hennessy, j’ai participé

à la création de la marque de rhum Captain Morgan qui fait aujourd’hui un tabac. Je continue à mettre au point de nouveaux produits qui sont vendus seule- ment au magasin sous l’étiquette Pontarlier Anis. On a sorti par exemple l’Élixir Gourmand. C’est un rhum épicé. Pareil avec Saint- Armand, une liqueur de sapin vieillie en fût de chêne. Ces pro- duits sont encore en phase de test et de dégustation avec le respon- sable qualité et le directeur des alambics. J’ai toujours vécu dans les vins et spiritueux sans jamais être du côté de la production. Ici, j’ai la chance de pouvoir fabriquer en restant dans l’A.D.N. de la dis- tillerie. L.P.P. : C’est l’heure de la diversifica- tion ? F.-L.V. : Oui, mais la gamme prio- ritaire s’articule toujours autour du Pont, de l’absinthe et de la liqueur de sapin. J’ai envie de travailler les autres produits aussi bien au niveau du packaging que des recettes.

L.P.P. : Le Pont a-t-il été impacté par la crise sanitaire ? F.-L.V. : Non, au contraire puisqu’on a produit 607 000 litres de Pont entre mars 2020 et mars 2021. C’est un record. Les choses avaient plutôt mal commencé, avec la fermeture des cafés, res- taurants, commerces non essen- tiels. Les ventes directes à la dis-

tillerie se sont écroulées. Inverse- ment, on a bénéficié de la reprise des ventes en grandes et moyennes sur- faces. Pendant la crise, les Français ont redécouvert les fonds de bar à domicile. Cette situation a favorisé le retour en force des anisés. Les bois- sons anisées repré- sentent aujourd’hui la seconde catégorie de spiritueux la plus consommée

“607 000 litres de Pontarlier- Anis produits cette année.”

caviste avec des bouteilles de 70 cl sur les trois produits. Je travaille également au développement d’un réseau d’agents commerciaux en ciblant les grandes villes et les bassins historiques de consom- mation.

tarlier-Anis à venir ? F.-L.V. : On ne s’interdit rien, mais il faut que le résultat soit digne des exigences de la distillerie Guy. L.P.P. : Vous pensez produire plus d’ab- sinthe ? F.-L.V. : On n’est pas du tout en quête de volume. On n’aurait pas

L.P.P. : De nouvelles recettes de Pon-

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