La Presse Pontissalienne 261 - Octobre 2021
Valdahon - Vercel 33
La Presse Pontissalienne n°261 - Octobre 2021
TERROIR
Les 10 ans de l’I.G.P. Morteau Michel Delacroix, la saucisse chevillée au cœur
L’appellation “I.G.P. saucisse de Morteau” fête ce mois-ci ses 10 ans après un long combat mené notamment par Michel Delacroix. À 76 ans, l’agriculteur retraité qui n’est ni du Haut-Doubs, ni producteur de porcs, a fédéré toute une interprofession. Il transmet le flambeau.
Val-
D ans son congélateur, une place est toujours réservée à une saucisse de Morteau ou de Montbéliard. Michel détes- terait être en rupture de stock en cas d’arrivée impromptue d’amis. Car avant d’être un produit que l’on consomme le midi ou le soir, la saucisse est un produit chaleureux qui se partage entre amis et en famille. Elle est à l’image de Michel Delacroix, homme souriant, au caractère bien trempé, qui a voué une partie de sa vie à faire connaître ce produit devenu l’emblème d’un territoire, de nos traditions, de nos savoir-faire. Rien ne prédestinait ce fils d’agriculteur issu d’une famille de six enfants à deve- nir “le” président de l’association de défense et promotion des charcuteries et salaisons I.G.P. de Franche-Comté (A2M). En effet, le paysan qui a repris la ferme de son père en 1967 n’a jamais élevé de porcs. “Il n’avait aucun intérêt personnel dans ce combat d’I.G.P. de la Morteau car il n’était ni fabricant, ni salaisonnier ! J’ai beaucoup d’admi-
ration pour lui car en 20 ans, il a su prendre de la hauteur et a fait preuve d’abnégation pour réunir tout le monde autour de la table et assurer que l’I.G.P. fasse vivre notre terroir” déclare Richard Paget, président de la société Jean- LouisAmiotte, spécialisée dans la fabri- cation de salaisons à Avoudrey. Retraité du monde agricole, Michel Delacroix rend son tablier de président de l’association avec le sentiment du
Michel Delacroix, une vie dédiée à la défense des intérêts collectifs du monde rural et paysan.
devoir accompli. La filière emploie 1 200 per- sonnes, produit 5 655 tonnes de saucisses de Morteau par an dont 235 en “label rouge” (et 6 070 tonnes de Montbéliard), fait vivre 160 éleveurs de porcs, 14 fabricants d’aliments, 15 abatteurs- découpeurs et 30 trans- formateurs. À 76 ans, l’agriculteur des Chazeaux (commune de Gonsans) cède le flambeau à Jean-Fran-
“J’ai de l’admiration pour lui” dit Richard Paget.
dahon.” Tout ce qu’il a entrepris, Michel l’a fait pour le collectif au point parfois de pla- cer sa ferme au second rang. Heureu- sement, Bernadette sa femme, était là, ainsi que le service de remplacement. Ensuite, Christophe, Delphine, Sylvain et Mickaël, ses quatre enfants, ont pris le relais. “Je tiens à les remercier” dit- il avec humilité. Tous sont devenus agriculteurs. C’est sa plus grande fierté de papa. Outre sa passion, Michel a transmis sa vision d’avenir. Lorsque Christophe, l’aîné, a souhaité s’installer en 1992, l’agriculture vivait sous les quotas laitiers. Il ne pouvait donc pas vivre sur l’exploitation. “En tant que président de la F.D.S.E.A. et élu à la Chambre d’agriculture durant douze ans, j’invitais mes collègues à se diversifier car on ne pouvait pas étendre la production de lait. Quand mon fils m’a dit qu’il voulait se lancer dans la production…d’escargots, je l’ai encou- ragé” se souvient-il. Vingt-deux ans après, l’entreprise du fiston intitulée “L’escargot des Chazeaux” est une réfé- rence. Elle emploie six personnes à la “belle” saison. Michel Delacroix, homme de combat pour le collectif nommé Chevalier de la Légion d’Honneur (2005), sera incité par la D.R.A.A.F. à travailler sur ce fameux cahier des charges de la saucisse de Morteau. Il met les pieds dans un milieu hostile.À l’époque, un différend oppose les producteurs du “bas” à ceux du “haut” car il est question que l’in- dication géographique ne soit réservée qu’au haut du département. Après dix ans de combat, l’I.G.P. est officialisée en 2010, signe officiel de qualité européen. Son aire géographique de production s’étend à toute la Franche- Comté avec un cahier des charges à respecter avec des porcs nourris au petit-lait, du fumage au bois de résineux, des boyaux naturels de porc, une cheville en bois… Son nom est protégé, son savoir-faire également.Michel, en tant que défenseur de la saucisse, devrait être désigné président d’honneur à l’is- sue de la passation de pouvoir. De “la Morteau”, il est accro. n E.Ch.
mise sur le bon cheval, certes moins fougueux qu’à ses débuts, lui qui s’est formé adolescent au militantisme au sein de la Jeunesse agricole catholique (J.A.C.). Dans les années soixante-dix avec la F.D.S.E.A., Michel s’illustre par des coups d’éclat. “On irait en prison aujourd’hui… même si nous n’avons jamais été violents” estime le septua- génaire. Michel et ses collègues se ren- dent, en pleine crise agricole, chez le député du Doubs Jacques Weinman pour lui subtiliser un taureau et des génisses (N.D.L.R. : le député possédait des animaux) qu’ils libèrent au cen- tre-ville de Besançon. “Au cou de chaque animal, on avait accroché une pancarte avec ce slogan : “Mes patrons n’ont plus les moyens de me donner à manger, alors je fais le trottoir”” se souvient-il avec un large sourire. Quelques années plus tard, autre action coup de poing, en pleine période de crise du prix de la viande. Toujours avec une trentaine d’agriculteurs, ils interceptent un poids lourd venu d’Al- lemagne à hauteur de Baume-les- Dames. “Nous ne comprenions pas que la France importe de la viande d’Alle- magne alors que nous n’avions plus de débouchés. Nous avons repéré le camion allemand, mis une herse sur la route, l’avons arrêté, et aspergé les 15 tonnes de viande de gasoil. On n’y allait pas avec le dos de la cuillère.” La gendar- merie confisque les herses mais n’en- tame aucune poursuite. “Le président de la F.D.S.E.A. de l’époque - Michel Jeannerot - nous avait évité des pour- suites” convient Michel. Quelques années plus tard, rebelote avec un camion d’équarrissage suite à un dif- férend sur le prix de l’enlèvement des carcasses au sein des exploitations. Michel et ses acolytes subtilisent alors le camion au conducteur et déversent le chargement au rond-point d’Étalans. “Le chauffeur avait alors demandé qu’on l’attache à un arbre… car il nous disait que son patron n’allait pas le croire. C’est ce que l’on a fait… sauf que les gendarmes ont pensé que nous l’avions séquestré. Heureusement, il a avoué mais j’avais fini à la gendarmerie de
çois Nicolet, ancien directeur du Tuyé du Papy Gaby. La transmission se déroule officiellement le 15 octobre au stade Florence-Baverel d’Arçon lors de la journée anniversaire des 10 ans de l’appellation I.G.P. de la saucisse de Morteau. En le nommant au début des années 2000 président, l’interprofession
Renseignements et réservations des repas
CONSOLATION Solidarité Cancer du sein : des jeunes femmes se mobilisent Honorine et Lauriane ont convaincu d’autres filles de poser pour un calendrier vendu au profit de l’association OncoDoubs.
au 06 74 17 16 26 ou 06 82 49 92 40
peu mais nous sommes fières de l’avoir mené à son terme, témoigne Honorine. Il prouve que l’on peut être jeune, travailler, et se mobiliser pour une bonne cause.” Au-delà de la simple photographie, chacun des 21 modèles a laissé un message d’encouragement sur la maladie. Sortie officielle du calen- drier dimanche 3 octobre à Conso- lation où sont organisées deux marches roses au profit de l’asso- ciation OncoDoubs. 5 kilomètres : départ à 10 heures de la Roche du Prêtre (5 euros). 10 kilomètres : départ à 9 heures de l’Auberge du Mont-de-Fuans (5 euros). Arrivée vers midi dans la grande cour du site de Consolation. Possibilité de se restaurer avec des repas servis sur place (15 euros). Retour aux points de départ par navettes gra- tuites. n
À leur âge, le cancer du sein n’est pas le premier sujet de discussion. Honorine Vernier, 25 ans, et Lauriane Escamilla, 23 ans, ont préféré l’ac- tion en créant un calendrier 2022 pas comme les autres pour sensi- biliser et aider. Ce n’est pas un calendrier de filles nues mais un ouvrage classe dont l’ensemble des bénéfices est destiné à l’association OncoDoubs dont les missions sont d’apporter gracieusement récon- fort, bien-être et espérance aux personnes confrontées à la chimio- thérapie à travers des soins socio- esthétiques et des activités phy- siques adaptées. Lorsque les deux jeunes femmes ont présenté leur projet au prési- dent de l’association FrançoisVuil- lemin, il a de suite accepté.Venant de la jeunesse, c’est un message d’espoir. “Nous sommes toutes confrontées de près ou de loin à cette maladie, témoigne Lauriane.
J’ai perdu ma grand-mère à l’âge de 60 ans de cette maladie. Il me paraissait normal de faire quelque chose…” Photographe indépendante, elle a mené ce projet avec Honorine, coif- feuse à domicile, et Émeline, esthé- ticienne. “L’ampleur et les réper- cussions de ce projet réalisé pour la bonne cause nous dépassent un
Honorine, à gauche,
et Lauriane, ont créé ce calendrier au profit de l’association OncoDoubs.
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