La Presse Pontissalienne 256 - Avril 2021

Économie 29

La Presse Pontissalienne n°256 - Avril 2021

MOUTHE

Bilan de saison à l’E.S.F. L’avenir du site touristique de la source du Doubs s’éclaircit Après le manque d’enneigement l’an dernier, c’est la crise sanitaire qui est venue plomber la dernière saison hivernale de l’E.S.F. de Mouthe qui a su s’adapter avec tous les autres acteurs de la neige pour accueillir les vacanciers et les inciter à revenir dans le Haut-Doubs.

A vec la fermeture des remontées imposées à toutes les stations alpines françaises, Yves Maré- chal le directeur de l’E.S.F. de Mouthe ne se faisait guère d’illusions sur le bilan financier de cette saison. “On a fait les comptes. C’est encore inférieur à l’hiver précédent qui n’était pas terrible car on avait alors beaucoup souffert du manque d’enneigement. Comme on a travaillé avec un petit nombre de moniteurs, à savoir sept

de Mouthe a privilégié l’adaptation et le dialogue avec les professionnels de la neige et les collectivités qui gèrent les sites nordiques. “On est parti dans cette idée-là : faire l’union sacrée, oublier ce qui nous opposait, être constructif. La finalité étant de fournir du travail aux moniteurs, de répondre aux attentes des clients.” Comme chaque hiver, l’E.S.F. deMouthe intervient sur deux sites à la source du Doubs et Chez Liadet où elle avait même installé un point d’accueil. Faute de ski alpin, il a fallu se creuser les méninges pour trouver d’autres pro- duits, encadrer d’autres activités, jon- gler avec les diplômes et surtout s’or- ganiser pour maintenir le jardin d’enfants à tout prix. “C’est important dans le sens où l’on accueillait cet hiver trois stagiaires qui avaient besoin d’exercer pour valider leur cursus.” La crise sanitaire a contraint chacun à se remettre en cause dans ses habi- tudes et ses pratiques. Un exercice tou- jours formateur. Les moniteurs ont dû échanger davantage avec les loueurs de matériel. “On proposait par exemple un produit multi-activités sur cinq jours avec au programme ski classique,

dont trois à temps partiel, chacun y trouve quandmême son compte.Aucun n’a sollicité le fonds de solidarité auquel il pouvait prétendre.”Question de fierté et volonté de travailler, d’aller de l’avant plutôt que de se lamenter. Le directeur qui éprouve chaque année les pires difficultés pour trouver du personnel a dû refuser des candidats, bien conscient qu’il ne pouvait les occu- per. Un vrai paradoxe. Dès l’annonce de la fermeture des stations, l’E.S.F.

L’E.S.F. de Mouthe s’est adaptée à la demande de la clientèle en organisant des stages de biathlon sur la semaine au lieu des traditionnelles séances à la demi-journée.

skating, biathlon, passage de bosse, randonnée libre à pied ou en raquettes. Cela supposait que le client puisse trouver chaque jour lematériel adéquat. On a négocié avec les collectivités des tarifs de redevance plus incitatifs.” L’activité orientation qui peinait à trou- ver son public s’est transformée en chasse au trésor très appréciée par les familles. Une formule plus ludique. De quoi dépoussiérer le traditionnel flyer publié avant la saison et qui n’avait plus aucune utilité avec lamise à l’arrêt des remontées mécaniques. L’initiation au biathlon habituellement program- mée sur une seule séance a même trouvé des adeptes sur des stages heb- domadaires. “Cela nécessite quand même de la préparation”, poursuit Yves Maréchal, plutôt satisfait des relations

nouées avec Espace Mont d’Or qui a repris l’exploitation de la station et de l’ancien bâtiment de la P.E.P. Avec ce nouvel opérateur, l’avenir du site touristique de la source du Doubs s’éclaircit au moment même où les pre- miers chalets sortent de terre au cam- ping. Yves Maréchal y voit une formi- dable opportunité. “On attend cela depuis des années. Cet hiver, on n’était pas forcément là pour gagner de l’argent mais pour bien accueillir les vacanciers et les inciter à revenir. D’après les retours, je crois qu’on a réussi ce chal- lenge. Pour toutes ces perspectives, on n’avait pas le droit de baisser les bras cet hiver. On recrute déjà des moniteurs alpins et nordiques pour l’hiver pro- chain.” Contact : 06 08 22 67 66. n F.C.

L’E.S.F. a œuvré pour fidéliser les vacanciers et les encourager à revenir cet été.

“Cette consultation organisée à Frasne permet de mieux comprendre les attentes du plan d'investissement montagne”, note Joël Giraud, le secrétaire d’État en charge de la Ruralité.

TOURISME

Un plan d’investissement montagne L’union sacrée pour pérenniser le tourisme de montagne L’État et les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Provence-Alpes-Côte d’Azur membres de la Stratégie de l’Union Européenne de la Région Alpine ou S.U.E.R.A. se sont retrouvés en colloque mi-mars à Frasne pour préparer les états généraux de la transition du tourisme en montagne qui se tiendront en octobre. L’occasion de s’inspirer du projet développé à Métabief.

comme l’indique Fabrice Pannekoucke, vice-président du comité de massif des Alpes. “Quand on parle de transition, il n’y a de clivage entre le passé et le présent. On ne doit pas tourner le dos à ces richesses tout comme il ne faudrait pas se limiter à une seule vision car chaque territoire de montagne à ses spécificités.” Métabief reste le moteur du tourisme hivernal dans le Haut-Doubs. Utile aussi de rappeler que la dynamique de ce territoire repose avant tout sur l’éco- nomie frontalière, ce qui n’est pas for- cément le cas dans les autres massifs français. Plus question de rester aujourd’hui confiné dans son massif. “Ce temps est révolu, constate Pierre Torrente qui préside l’associationTran- sitions des Territoires de Montagne. Avec ces états généraux, on souhaite collectivement trouver une voie ensem- ble.” Fredi Meignan, le président de l’association MountainWilderness est sensiblement sur la même longueur d’ondes. “Sur les états généraux eux- mêmes, on a touché du doigt les risques

d’une situation qui peut devenir gra- vissime. Cette situation peut aussi créer des opportunités. L’organisation de ces échanges en octobre prochain repose sur une formule innovante qui réunira simultanément 40 régions européennes. La première journée servira à faire un état des lieux pour avoir une base de travail commune qui sera ensuite affinée pour prendre en compte la diversité des territoires. L’objectif final consistera à définir des pistes d’action à tous les niveaux en associant les collectivités locales et les acteurs socio-profession- nels.” Jean-Marie Saillard le régional de l’étape qui est aussi vice-président de Nordic France a rappelé que le chan- gement climatique affecte aussi les sites nordiques. “Ces sites peinent chaque année à équilibrer leurs comptes. Pour mémoire, on en comptait 415 en 1985 contre 180 en 2021.” Ces états généraux seront parrainés par l’ultra-traileur Kilian Jornet et l’ancienne biathlète Marie Dorin-Habert. n F.C.

Q uoi de mieux que de s’inspirer de Roger Frison-Roche et de son roman “Premier de cordée” pour relever l’enjeu du tourisme de montagne ? “Dans ce récit, il montre qu’il n’y a pas de difficulté qui ne puisse être surmontée. C’est une solidarité qui doit nous inspirer. Je pense aussi à Valéry Giscard-d’Estaing qui estimait que la montagne devait être vivante, active et protégée. À travers ces mots, je lance officiellement ces états géné- raux” , annonçait Joël Giraud, le secré- taire d’État en charge de la Ruralité, présent le 16 mars à Frasne. La stratégie de la transition touristique en montagne s’articule en deux temps, d’abord réparer avant de préparer l’avenir en mettant en place un plan d’investissement montagne ambitieux qui sera ensuite présenté au 1er minis- tre. Et quoi de mieux que de se concer- ter au sein de la S.U.E.R.A. dont la présidence est assurée par la France

et ses trois régions alpines depuis 2020 ? Les participants à cette consultation ont eu tout loisir de découvrir comment la station de Métabief va s’adapter au changement climatique. “À Métabief, nous venons prendre des leçons de ce que doit être la montagne de demain. On a devant nous le résultat du travail, d’une équipe d’élus et de techniciens qui sont visionnaires et courageux” , estime Marie-Guite Dufay, plutôt ravie que ce lancement des états généraux se fasse dans le Haut-Doubs. La pré- sidente de la Région Bourgogne- Franche-Comté n’était pas venue les mains vides à Frasne en annonçant un engagement de 12 millions d’euros en faveur des projets et des acteurs du massif du Jura, dans le cadre du contrat de plan interrégional 2021-2027. Si la mutation du tourisme de mon- tagne est en route, pas question pour autant de faire table rase du passé

Jean-Marie Saillard vice-président de France Nordic a aussi rappelé que le ski nordique est aussi touché par le changement climatique. Le nombre de sites a diminué de 56 % depuis 1985.

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