La Presse Pontissalienne 254 - Février 2021

20 Le dossier

La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

l Chapelle-des-Bois Ski backcountry Rando liberté en terre chapelane

Pour bien commencer avec le ski de randonnée nordique, rien de tel qu’une sortie en compagnie de Murielle Giacomino, la directrice de l’école de ski de Chapelle-des-Bois.

Départ avec le tour de présentation.

La descente, avec quelques chutes inévitables quand on apprend la discipline.

Un passage de congère, ça s’apprend aussi.

U ne séance de rando nordique commence toujours par une petite présentation de l’équipe. Murielle l’accompa- gnatrice guidera aujourd’hui un groupe de citadins avant tout soucieux de passer un bon moment à ski. Tous découvrent le backcountry, cette discipline consistant à chausser des skis de fond à écailles suffisamment larges pour partir hors piste. Avant de s’élancer, Murielle évoque les origines du ski dans le Jura qui remontent à la fin du XIX ème siècle. Des skis en bois fabriqués par des menuisiers locaux et utilisés avant tout à

des fins utilitaires. La suite s’ins- crit dans l’émergence des sports d’hiver. À partir des années 70- 80, le ski de fond se popularise, contri- buant à la naissance de petites stations comme Chapelle-des- Bois considérée à juste titre comme l’un des spots nordiques du massif. Très isolé, perché dans les neiges à 1 100 m d’al- titude, ce village s’adosse à la forêt du Risoux à cheval entre France et Suisse. Si le soleil n’est pas franchement au rendez-vous ce jour-là, la neige est là bien présente, sous forme transformée et plutôt lourde. Avantage : ça accroche

en montée. Le groupe se met en branle derrière la monitrice qui fait la trace. Passage de talus où il faut tailler quelques marches, monter en grands virages, premières descentes sans danger, le mode d’emploi du backcountry s’acquiert assez naturellement. L’heure de vérité approche avec une descente digne de ce nom mais finalement sans grand danger dans cette neige lourde qui ralentit le skieur. Première chute. D’autres suivront. L'oc- casion d’apprendre aussi à se relever. Murielle conduit son groupe dans un creux à froid où la végétation pousse plus diffi- cilement qu’ailleurs. “La crois- sance des épicéas est moins rapide. Ils sont plus petits que les autres” , confirme la guide en profitant de chaque curiosité rencontrée en chemin pour enri- chir la culture jurassienne de ses hôtes. Au pays du monta- gnon, pas de place au hasard. Orientation, façades les plus exposées recouvertes de tavaillons, toit en croupe pour soulager les toitures : l’archi- tecture des fermes mérite bien quelques explications. Le défaut d’une neige lourde et humide : ça colle, ça botte. La pause de fart liquide sous les semelles limite les dégâts même si l’effet ne dure pas. En contact perma- nent avec la nature, la guide sait identifier les empreintes, comprendre les indices les plus discrets. Grâce à elle, le livre de la nature nous livre quelques- uns de ses secrets. Facilement reconnaissable, l’em- preinte du lièvre en forme de Y rappelle que d’autres sont déjà passés par là avant nous. Reste à déterminer dans quel sens ? Et pourquoi ? Là où des branches émergent de la neige, Murielle trouve des

brindilles cou- pées et quelques crottes laissées par le rongeur. Les Jurassiens ne sont pas peu fiers de leurs forêts rési- neuses qui recouvrent d’immenses massifs. Sauf

tion insolite, celle du bec-croisé des sapins. Ce petit passereau est équipé d’un bec asymétrique lui permettant d’extraire les graines des cônes de conifères avec une précision chirurgicale. En poursuivant la randonnée à travers l’alpage, une curieuse construction attire le regard. Un pan de toit en tôle s’appuie sur une auguste charpente. “À quoi peut servir cet ouvrage ?” interroge Murielle qui lâche indices : sol calcaire, vache, pâtu- rage. L’épaisse couche de neige donne la clef de l’utilisation de ce couvert qui récupère les pré- cipitations pour les stocker dans un réservoir. Cette eau alimen- tera les abreuvoirs à la belle saison. Alors satisfait de cette balade ? “C’est le top” , lâche finalement l’un des participants au terme d’un beau voyage. n F.C.

“C’est le top !”

se réjouit ce participant.

qu’avec le réchauffement clima- tique, les peuplements d’épicéas notamment sont la proie d’in- sectes ravageurs comme les sco- lytes capables d’assécher un arbre en quelques jours. Aucun secteur n’y réchappe, comme le montre Murielle en prélevant un morceau d’écorce où l’on voit les canaux creusés par le petit coléoptère. La balade se poursuit entre combes et alpages pour découvrir une autre spécialisa-

Une rando en compagnie de Murielle Giacomino, direc- trice de l’école de ski nor- dique de Chapelle-des-Bois.

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Parfois, ça colle un peu sous la semelle…