La Presse Pontissalienne 254 - Février 2021

Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs

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Mensuel d’information du Haut-Doubs

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BATTRE LE CŒUR DE LA MONTAGNE Les plus belles activités à faire dans le Haut-Doubs pendant les vacances

Benjamin Soufflot, guide de haute montagne basé à Métabief.

Les créations en augmentation Ils créent leur “boîte” malgré la crise p. 6 à 8

L’ambassadeur de France en Suisse “L’interdépendance avec la Suisse, source d’irritations et de richesses” p. 4-5

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2 Retour sur info - Pontarlier Montaigne les pieds dans l’eau

La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

Télé suisse romande : si ça ne marche pas, cela vient de vous

Un lecteur nous interroge suite à la publi- cation d’un article annonçant le retour de la Télé suisse romande sur les écrans des habitants du Doubs. Ce résidant d’une commune du Haut-Doubs indique ne pas recevoir la chaîne malgré une mise à jour de son décodeur. Rappelons que le Dépar- tement du Doubs finance à hauteur de 90 000 euros sur trois ans la réactivation de l’émetteur du Chasseral. Renseignement pris auprès du financeur, l’émetteur du Chasseral a bel et bien été réactivé le 24 décembre par la société suisse Swox Télécom. Mais contrairement à ce qui avait été indiqué au départ, ce ne sont pas tous les Doubistes qui peuvent recevoir la chaîne, mais essentiellement ceux de la zone nord- est de la bande frontalière avec la Suisse.

Si vous résidez à Chapelle-des-Bois, n’es- sayez même pas. “La diffusion des deux chaînes de la Télévision Suisse Romande (R.T.S. 1 et 2) se fait sur le canal K 30, et la bonne réception passe par l’orientation des antennes T.N.T. en direction de l’émet- teur du Chasseral” explique un profession- nel. L’évolution de la norme de diffusion de la T.N.T. nécessite une reprogrammation des chaînes sur les téléviseurs ultra H.D., ou bien l’acquisition d’un nouveau décodeur pour continuer à recevoir les émissions selon cette norme sur des téléviseurs plus anciens. Pour mémoire, depuis décem- bre 2012, tous les téléviseurs neufs intègrent un tuner T.N.T. “Les personnes qui recevaient les chaînes de la Télévision Suisse Romande par la T.N.T. avant l’arrêt de l’émetteur du Évoquer la sécheresse alors que les inon- dations dues à la fonte des neiges et aux pluies diluviennes gonflent les nappes phréatiques paraît décalé. Et pourtant… Tous les ans, le Haut-Doubs manque d’eau. L’an dernier, dès le 28 avril, le préfet a alerté les collectivités. Le département a été placé en alerte le 17 juillet déclenchant un dur- cissement des restrictions des usages de l’eau et des contrôles. La situation de crise hydrologique a duré deux semaines. Le Doubs a connu un assec total sur plusieurs kilomètres entre Arçon et Entreroches sur une durée et un linéaire toutefois plus faible qu’en 2018. Sept communes ont dû mettre en place une alimentation en eau potable par des camions-citernes (contre 32 en 2018). La levée des restrictions a été décidée le 1 er octobre. L’État a réuni - en janvier - lors d’une visio-

Chasseral et qui ne le reçoivent plus depuis sa remise en service fin décembre 2020 doivent donc, si besoin, prendre contact avec leur installateur télé pour savoir com- ment procéder en fonction de leur équi- pement” conseille l’opérateur. Si le problème de réception persiste, les personnes sont invitées à se faire connaître auprès du Département qui se chargera de faire remonter le problème auprès de l’opérateur Swox Télécom. n conférence les acteurs dans un comité pour trouver des solutions. Parmi les actions mises en œuvre pour le Haut-Doubs : un renforcement des opérations de contrôle des restrictions des usages en période de crise, la mise en œuvre de projets struc- turants de sécurisation de l’alimentation en eau potable pour l’arrondissement de Pontarlier grâce à l’aide du Plan de relance, l’actualisation du plan “O.R.S.E.C. Eau potable” et une sensibilisation des exploi- tants des réseaux d’alimentation en eau potable à la nécessité d’élaborer un plan interne de crise. Parmi les autres pistes, locales cette fois, l’arrivée de l’eau provenant du Mont d’Or pour les villages de la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs. L’eau sous la montagne est capable de délivrer 2 400 m 3 par jour aux villages. Cette nouvelle réserve en eau per- mettra de limiter les prélèvements sur le lac Saint-Point et de sécuriser en eau les villages en les raccordant à cette future conduite. Pour cela, il va falloir patienter au minimum trois ans. n Seuls les habitants du nord-est de la bande frontalière peuvent recevoir la T.S.R. Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser A collaboré à ce numéro : Magalie Troutet Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Mise en page et conception pubs : Alexandra Tattu, Pierre Coulon est éditée par la société “Publipresse Médias” Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645

L’eau a envahi le terrain d’un futur lotissement.

P our catastrophiques qu’elles soient, les crues ont aussi l’avantage de mettre en évi- dence des zones inondables qui n’apparaissent rarement telles quelles. Fin janvier, c’est le champ devant le lycée Xavier Marmier qui s’est transformé en plan d’eau. Rien de dramatique même si certaines caves dans les maisons riveraines se retrouvent parfois inondées. Qu’en sera-t-il des 16 maisons du

futur lotissement Montaigne à construire sur ce terrain ? Le chan- tier devrait débuter au printemps. Ce n’est pas le sans doute pas le premier lotissement pontissalien qui sera construit sur des terrains sensibles aux crues. Technique- ment, des solutions de drainage, d’évacuation existent. Il ne reste plus qu’à espérer qu’elles soient suffisantes pour un projet qui se veut digne d’un éco-quartier. n

Un plan “O.R.S.E.C.” pour ne plus manquer d’eau

Et comme en 2017, la rue de l’Église à Doubs a de nouveau été envahie par les eaux.

Parmi les autres options, des contrôles plus sévères comme ici l’O.F.B. et la gendarmerie pour limiter l’usage de l’eau dans les stations (photo archive L.P.P.).

Édito Sursis

Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

lequel ne manquera pas de tomber la horde des médecins médiatiques suivis de l’opinion tout entière au cas où l’épi- démie flamberait à nouveau. Mais c’est un risque à notre avis sensé au regard du rapport probable entre les consé- quences d’un non-confinement sur le plan de la santé et de la morbidité d’une partie de nos concitoyens, et l’effondre- ment potentiel de l’économie en même temps que du moral des Français, déjà bien entamés par dix mois de yo-yo sani- taire. Ce numéro de février de La Presse Pontissalienne, traditionnellement prisé par les touristes venus découvrir la moyenne montagne du Haut-Doubs, rend justement hommage à ceux qui vivent de ce territoire mais surtout qui le font vivre. Guides, accompagnateurs, naturalistes, professionnels de l’héberge- ment, responsables de structures de loi- sirs… C’est à toutes ces femmes et ces

hommes qu’il faut penser, ceux qui contribuent à l’équilibre économique de cet écosystème de montagne, quand on prend la décision de mettre, ou pas, l’ac- tivité sous cloche. Un mois de février sans activité signerait pour certains d’entre eux la fin de leur sacerdoce. Un troisième (et dernier ?) reconfinement n’est évidemment pas à exclure, y com- pris au courant de ce mois-ci. Mais pour ces acteurs de la moyenne montagne que l’on met en avant dans ce numéro, une semaine, quinze jours ou un mois gagnés, c’est peut-être un avenir assuré. Si troisième confinement il devait y avoir malgré tout, on peut espérer que celui-ci serait le dernier d’une perni- cieuse série. Le vaccin, et les inévitables couacs de sa mise en route, apporte ce filet de lumière qui fait apercevoir à tous le bout d’un long tunnel que l’on traverse tous depuis presque un an. n

P eut-être de courte durée, le délai de réflexion que s’est donné le gouvernement fin janvier en n’annonçant pas de nouveau confinement (pour l’instant) est un sur- sis pour tous les acteurs économiques, notamment ceux de la montagne déjà bien éprouvés. Mais un sursis sans doute vital pour nombre d’entre eux à qui cette nouvelle peut redonner le semblant de moral qui leur évitera de sombrer, écono- miquement, et peut-être surtout morale- ment dans l’abîme, après bientôt un an de soubresauts liés à la crise sanitaire. Mettre un pays et tout un écosystème économique sous cloche alors que se pro- filent quatre semaines de vacances est aussi un risque pris par l’exécutif sur

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Crédits photos : La Presse Pontissalienne, C. Gagnaison, F. Gloriès, Groupe Tétras Jura, J. Panconi, R. Turban, Ville de Pontarlier.

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4 L’interview du mois

La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

BERNE

L’ambassadeur de France en Suisse

“L’interdépendance avec la Suisse crée des irritations mais c’est aussi une source de richesses” Ambassadeur de France en Suisse depuis septembre 2019, Frédéric Journès répond aux attentes des 180 000 Français résidents en Suisse. Il s’investit aussi activement au maintien des bonnes relations diplomatiques et au développement des échanges économiques entre la France et la Suisse. Entretien (réalisé fin janvier).

L a Presse Pontissalienne : Avec un nouveau reconfinement, peut-on craindre la fermeture des frontières entre la France et la Suisse comme cela s’est produit au printemps 2020 ? Frédéric Journès : Le gouvernement veut limiter au maximum la circulation mais sans revenir au confinement pour ne pas biaiser l’économie, l’édu- cation et la liberté des gens. Ralentir la circulation du virus, c’est ralentir la circulation tout court, notamment les occasions de meetings. L.P.P. : Comment vont s’organiser les dépla- cements à la frontière ? Quelles seront les règles pour les frontaliers ? F.J. : Une course de vitesse est engagée entre la vaccination et les variants. Il faut limiter la reprise de l’épidémie, le temps que le vaccin soit déployé. On va sans doute réclamer des tests P.C.R. aux personnes qui arriveront en France depuis le reste du monde, y compris via la Suisse mais même s’il faut faire plus, il y aura des déro- gations accordées aux frontaliers et pour les déplacements indispensa- bles. L.P.P. : Les Français pourront-ils passer une semaine de ski alpin dans une station suisse ? F.J. : La France avait déjà fortement déconseillé le ski alpin lors des vacances de Noël, ceci pour limiter les brassages. Les Suisses ne sont pas d’accord sur ce point, sans doute car c’est un pays de montagne. Ils ont maintenu l’ouverture des stations et défini des règles qui ciblent le ski. Depuis le 23 décembre, les Länder allemands réclament des quarantaines au retour de Suisse sauf pour les fron- taliers. En France, les préfets peuvent demander des quarantaines aux Fran- çais qui revenaient des stations suisses, c’est plus ciblé. Ce n’est vraiment pas une bonne idée d’aller skier, en Suisse ou ailleurs, en ce moment.

L.P.P. : Pour autant, ce n’est pas interdit ? F.J. : Non, mais au retour on peut se voir imposer une obligation de qua- rantaine.Au-delà, je ne sais pas, mais la question des tests P.C.R. va se poser, hors frontaliers. Il faut s’y attendre et être en mesure de le présenter si cette décision est prise car cela pourra être demandé lors de contrôles aléa- toires. L.P.P. : Comment s’organise la campagne de vaccination en Suisse ? Qu’en est-il des rési- dents français ? F.J. : On travaille depuis plusieurs mois en étroite collaboration avec la Suisse et l’Europe pour avoir des stratégies cohérentes. Cela a abouti à une décla- ration entre les ministères de la Santé des pays concernés pour se coordonner. Le gouvernement suisse essuie les

Bio express l Depuis septembre 2019 : Ambassadeur de France désigné en Suisse l De 2016 à 2019 : Directeur des affaires internationales, stratégiques et technologiques au secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (S.G.D.S.N.) l De 2013 à 2016 : Directeur des relations internationales, gouverneur à l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives l De 2012 à 2013 : Directeur adjoint des affaires stratégiques au ministère des Affaires étrangères l De 2010 à 2011 : Premier conseiller à l’ambassade de France à Kaboul. Ministère des Affaires étrangères l De 2007 à 2010 : Premier conseiller à l’ambassade de France à Athènes. Ministère des Affaires étrangères l De 2003 à 2007 : Premier secrétaire à la représentation permanente de la France auprès de l’O.N.U. Ministère des Affaires étrangères l 1998 : Ancien élève de l’E.N.A., promotion Valmy l 1991 : Agrégé de géographie l 1991 : ancien élève de l’École de Management de Lyon

Frédéric Journès se montre résolument optimiste sur l’évolution de l’économie transfrontalière (photo F. Gloriès).

Comté et d’Auvergne-Rhône-Alpes se fait avec la Suisse. Quand on parle des effets liés aux mouve- ments d’emplois, il faut regarder des deux côtés de la frontière. Les départs de salariés français pour la Suisse sont souvent compensés par d’autres mécanismes. Le seul groupe familial suisse Firmenich, spécialisé dans le parfum, a investi 2 milliards d’euros en France l’an dernier. La Suisse est le deuxième investisseur mon- dial en France, et cela induit la création de nombreux emplois. L.P.P. : Avez-vous des informations sur l’évolution du nombre de frontaliers en 2020 ? F.J. : Depuis le 19 mars dernier, la France a conclu un accord avec la Suisse pour assurer la couver- ture sociale du chômage partiel des frontaliers. Cela a permis aux entreprises de mettre les fronta- liers au chômage partiel dans la perspective de mieux les garder. On a eu des surplus de licencie- ments dans la restauration et l’hôtellerie en Suisse. L’industrie a plutôt bien résisté. Deuxième facteur positif, les pertes écono- miques liées au Covid représen- tent seulement 4 points de P.I.B., contre 10 en France. Cette diffé- rence s’explique car la Suisse a été moins touchée que la France pendant le premier confinement. L’économie suisse ne repose pas sur les mêmes bases. Le tourisme

et bénéficient des mêmes règles prioritaires. Le même traitement s’applique aux Suisses résidant en France. La prise en charge des frontaliers dépend de leur régime d’assurance. S’ils cotisent à l’as- surance maladie suisse, ils seront remboursés. L.P.P. : En zone frontalière, les hôpitaux français se plaignent régulièrement du départ du personnel soignant vers la Suisse. Qu’en pensez-vous ? F.J. : Difficile de nier ce phénomène qui fait partie des préoccupations exposées par les élus et les pré- fectures des territoires frontaliers. 30 000 Français travaillent dans le domaine de la santé suisse. On compte 11 000 salariés aux Hôpi- taux Universitaires de Genève, dont 3 500 Français, soit 33 % du personnel soignant. Ce pourcen- tage n’a pas varié depuis 20 ans. Cette structure qui est le premier employeur de Haute-Savoie est très attentive au débauchage. Sur les 324 Français recrutés l’an der- nier, moins d’une trentaine venait de l’extérieur de cet établissement. La plupart étaient déjà sous contrat. Je conviens parfaitement que le départ de plusieurs infir- mières ou aides-soignantes d’un service hospitalier français peut vite s’avérer problématique. Les professionnels de santé ont une liberté d’installation et c’est dif- ficile de s’opposer à l’attractivité de la Suisse voire d’autres régions

françaises. Je pense par exemple au grand ouest. N’oublions pas aussi que le système de santé suisse nous rend aussi service. Pendant le premier confinement, 52 patients français ont été pris en charge dans les services de réanimation suisses. Genève accueille actuellement plus de 150 patients français en soins intensifs. On a une interdépen- dance. Elle crée des irritations mais c’est aussi une source d’em- ploi, de richesse. L.P.P. : Cette fuite des emplois touche d’autres secteurs économiques ? F.J. : C’est vrai. On observe des situations individuelles négatives sur lesquelles les entreprises fran- çaises affectées sont très vocales. On perçoit moins bien les béné- fices qui sont énormes mais diffus. Avec la Suisse, on a un commerce extérieur équivalent en volume à celui qu’on a avec la Chine. Beaucoup de P.M.E. françaises exportent des produits en Suisse dans le secteur de la chimie ou de la sous-traitance horlogère. Au total, on gagne plus de 2 mil- liards d’euros. Pendant la crise sanitaire, on a demandé des déro- gations pour permettre à des entreprises françaises d’envoyer des missions en Suisse pour relan- cer l’horlogerie. Un tiers des échanges commerciaux dans les régions frontalières du Grand Est, de Bourgogne-Franche-

mêmes critiques qu’en France. Cette impatience autour du vaccin montre à quel point le scep- ticisme a beaucoup baissé. La cam- pagne suisse a démarré avec Pfizer pour être relayé par le vaccin Moderna qui présente l’avan- tage d’être fabriqué par un sous-trai- tant suisse, à savoir Lonza. Le déploie- ment sera sensible- ment le même qu’en France en partant des centres de vaccinations pour s’étendre pro- gressivement jusqu’auxmédecins généralistes et aux pharmacies. Les Français qui vivent en Suisse ont bien sûr accès aux cam- pagnes vaccinales

“Ce n’est vraiment pas une bonne idée d’aller skier, en Suisse ou ailleurs.”

L’interview du mois 5

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Mobilités transfrontalières a été ajourné à cause de la crise sani- taire. Le pont de Goumois où pas- sent 2 000 véhicules par jour fera l’objet d’une grosse restauration en 2021. Un travail a été mené avec les cantons de Vaud et de Neuchâtel pour mettre en place une offre de transport palliant la fermeture de ce passage pen- dant le chantier. De gros efforts sont engagés depuis des années pour fluidifier les flux frontaliers. L.P.P. : La modernisation de la ligne des Horlogers va dans ce sens ? F.J. : Oui, c’est l’occasion d’évoquer la quarantaine de projets comme celui-ci qui ont bénéficié de Fonds Interreg entre 2014 et 2020. Le programme Interreg France- Suisse sur l’Arc jurassien se décline dans diverses théma- tiques : recherche, innovation, collaboration universitaire. On peut citer par exemple le travail en commun mené par les établis- sements d’enseignement supé- rieur de l’Arc jurassien sur les archives documentaires. L.P.P. : L’avenir de la ligne Paris-Lausanne via Frasne et Vallorbe est aussi un sujet d’inquiétude récurrent… F.J. : Lyria a modernisé son offre sur cette ligne même si le confi- nement limite, pour l’instant, le volume d’activité. On sait que les lignes sur Genève, Lausanne et Bâle fonctionnent très bien. Concernant la navette pour Neu-

aiment travailler avec la France. L.P.P. : Autre chose à ajouter sur le plan économique ? F.J. : Oui, je vou- lais parler d’un dernier facteur. En période de crise, la Suisse reste un pays refuge où ren- trent beaucoup de liquidités, ce qui renchérit le franc suisse. Par conséquent, notre compétitivité prix sur la zone fron- talière va conti- nuer à s’appré- cier. L.P.P. : Les liaisons routières et ferro- viaires sur l’Arc juras-

dance.

châtel, il peut être utile de moder- niser la gare de Frasne. Lyria ne supprimera pas cette liaison transjurane car c’est encore plus rapide de passer par Frasne et Neuchâtel que par Genève. La réalité ferroviaire devance éga- lement l’option d’une liaison aérienne entre Paris et Lausanne obligeant à transiter par l’aéro- port de Genève. Pour l’instant, le facteur temps donne un avantage à la ligne existante. L.P.P. : En septembre dernier, les Suisses ont approuvé le maintien de la libre cir- culation avec l’Union Européenne. Y a- t-il eu un effet Covid selon vous dans cette votation ? F.J. : Il y a eu un effet Covid négatif dans le sens où le premier confi- nement s’est traduit par la fer- meture des frontières. L’idée de se retrouver isolé de ses voisins ne correspond pas aux souhaits des Suisses. C’est fondamental de ne pas couper les ponts avec l’Union Européenne car cela signi- fie aussi l’accès au marché euro- péen. L’économie suisse est spé- cialisée dans les produits à haute valeur ajoutée et, pour cela, elle a besoin de plus de main-d’œuvre qualifiée qu’elle ne peut en former. En Suisse, 1,4 million de citoyens de l’U.E. participent à la prospé- rité du pays. La libre circulation va continuer. La Suisse a donc besoin du marché européen pour son économie même si elle est très soucieuse de son indépen-

représente seulement 2 points de P.I.B., l’industrie pharmaceu- tique et médicale y est très forte et elles ont forcément mieux résisté à la crise sanitaire. Cela induit une demande de main- d’œuvre. C’est un avantage pour la dynamique des territoires fron- taliers. La Suisse s’en sort donc correctement et cela va tirer l’em- ploi vers le haut. Le redémarrage de nos voisins va nous aider à redémarrer aussi, surtout les ter- ritoires frontaliers. La Suisse se projette sur un rattrapage en 2021 pour retrouver son niveau de P.I.B. d’avant Covid à l’horizon 2022. Les frontaliers resteront une source de richesse. L.P.P. : Des informations sur l’économie horlogère suisse ? F.J. : Je n’ai pas d’informations précises sur la situation actuelle. Il y a un indicateur assez encou- rageant avec l’évolution des titres en bourse des grands acteurs du luxe : on constate un redémarrage très fort. En dépit du ralentisse- ment, on sait que cela va repartir. Les marchés qui tirent le secteur du luxe en Extrême-Orient ou au Moyen-Orient sont déjà en phase de reprise. La crise a provoqué un réflexe d’épargne important. C’est aussi un indicateur positif. L.P.P. : La vitalité des échanges com- merciaux observée en 2019 entre la France et la Suisse est-elle encore d’ac- tualité ?

F.J. : On travaille beaucoup avec Business France, l’agence natio- nale au service de l’internatio- nalisation de l’économie française. Sur 2020, on est 25 % en dessous des objectifs en Europe sauf en Suisse où l’on enregistre une hausse de 8 %. C’est l’exception européenne. Avec la Suisse, on fonctionne sur des échanges croi- sés. Les premiers postes d’expor- tation s’articulent autour des branches bijouterie, horlogerie, chimie. C’est la même logique dans le sens Suisse-France. L.P.P. : Finalement, vous semblez très optimiste sur la santé de l’économie suisse ? F.J. : Oui, car elle repose sur des entreprises solides, des savoir- faire irremplaçables. Il n’y a pas eu de choc sur la demande mais sur l’offre. Le savoir-faire horloger, c’est le cœur du Jura. Ce modèle économique positionné sur des activités haut de gamme et une main-d’œuvre très fidèle et spé- cialisée n’est pas délocalisable. Quand on est ambassadeur de France à l’étranger, les gens ont une vision assez biaisée de la France en stigmatisant sur les grèves, le caractère grincheux. Mais les Suisses savent bien que les Français sont très productifs et qu’il y a une main-d’œuvre très compétente dans notre pays. En termes de crédit impôt recherche, en France, c’est très stable. Sur ce plan-là aussi, les Suisses

L.P.P. : Du nouveau sur le front de l’ac- cord-cadre entre la Suisse et l’Europe ? F.J. : Il subsiste encore une forte incertitude sur le sujet. Beaucoup de questions restent en suspens et plus largement une hésitation et des réticences de la part de la classe politique suisse. L’U.E. veut avoir une bonne relation avec la Suisse. On avait un processus de négociation qui semblait abouti du point de vue de l’U.E. alors qu’il ne faisait que commencer pour certains acteurs du côté suisse. L.P.P. : Après 16 mois d’installation à Berne, vous plaisez-vous en Suisse ? F.J. : C’est un très beau pays. Berne est une ville splendide, sans doute l’une des capitales championnes du monde au niveau de la qualité de vie. Les Suisses sont très accueillants. Pendant cette année difficile, le caractère paisible de la Suisse nous a permis de bien travailler. Une chose que j’ai ado- rée, comme j’aime bien mettre les mains dans le cambouis, j’ai passé une grande partie de mon temps à travailler sur des actions de coopération avec les acteurs de l’administration de la santé et de l’économie. L.P.P. : C’est efficace ? F.J. : Ils sont pragmatiques et hon- nêtement, vachement bons ! n Propos recueillis par F.C.

“Lyria ne supprimera pas la liaison Paris- Lausanne via Frasne.”

sien suscitent pas mal de critiques et d’inquiétudes. Vous avez peut-être entendu parler des bouchons de La Cluse ?… F.J. : Effectivement, les infrastruc- tures de transport sur Pontarlier sont insuffisantes. On s’en est rendu compte avec le retour des contrôles aux frontières lors du confinement. Le débat sur la taille des routes et le développement des autres modes de transport qui devait être organisé en 2020 dans le cadre du Schéma des

6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

CRÉATEURS D’ENTREPRISES EN MODE COVID

La crise sanitaire n’a pas empêché ces entrepreneuses et entrepreneurs de tenter leurs chances dans la création ou la reprise d’entreprise. Pas facile de se lancer à son compte dans une période où tant d’incertitudes demeurent. On constate pourtant qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux à vouloir voler de leurs propres ailes.

l Économie Tribunal de commerce Malgré le contexte, un nombre record de créations d’entreprises Le Doubs a affiché un record de créations d’entreprises (+ 2 458) l’an dernier et une diminution du nombre de liquidations judiciaires. Des chiffres en “trompe-l’œil” selon le tribunal de commerce qui s’attend à une 2021 très difficile.

L’audience solennellede rentrée au tribunal de commerce de Besançon.

voir les chefs d’entreprise afin de leur proposer des solutions en cas de diffi- culté” annonce le président. Comme annoncé l’an dernier, le tribunal a renforcé la “Chambre des sanctions” chargée d’écarter les gérants malhon- nêtes.Ainsi, cinq interdictions de gérer ont été prononcées ainsi que trois fail- lites personnelles dans le ressort du tribunal de Besançon. Pour que l’activité reprenne, les chefs d’entreprise ont besoin de clarté. Pour le moment, c’est le flou total.Mais mal- gré ce contexte incertain, beaucoup ont décidé d’avancer. n

L a crise sanitaire a-t-elle incité nombre de salariés ou de fonc- tionnaires à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ? Difficile à dire. Les chiffres du tribunal de commerce de Besançon parlent pour- tant d’eux-mêmes : 30 559 entreprises sont inscrites au R.C.S. de Besançon, soit 2 458 de plus qu’en 2019 indique la juridiction lors de son audience solen- nelle de rentrée, en janvier dernier. Ce cru 2020 est pourtant plus difficile à classer que les précédents. Bon mil- lésime à en croire la baisse des procé- dures collectives (lire par ailleurs), le président du tribunal de commerce de Besançon Pierre-André Dubreuil apporte d’emblée un bémol : “Les aides bénéfiques de l’État visant à aider les entreprises lors de la crise sanitaire ont engendré un endormissement.

Maître Renoud-Grappin, commissaire- priseur, craint également l’affluxmassif de cessations d’activité que l’État devra étaler : “Toutes ne seront pas à mettre sur le compte du Covid, prévient-il, mais l’État devra forcément prendre de nouvelles mesures de soutien” dit ce spécialiste des ventes aux enchères dont la dernière vente à Pontarlier du restaurant American’s Back a réuni en février plus de 150 personnes. Cette enseigne n’a d’ailleurs pas été touchée par l’effet de la crise puisque ses pro- blèmes étaient antérieurs à la pandé- mie. Encore plus fortement que l’année pré- cédente, le tribunal de commerce met en place un système d’identification des entreprises en difficulté pour mieux les aider. “Ce n’est plus lorsqu’il y a une inscription au greffe du tribunal

qu’il faut réagir mais bien avant, aux premières difficultés. Une cellule de prévention est mise en place pour rece-

Qu’arrivera-t-il lorsque le patient se réveillera, qu’il devra s’acquitter de ses loyers, rembourser ses premiers prêts ? Des mesures de soutien devront être adoptées” commente-t-il. Sans ce sou-

En chiffres l Entreprises inscrites au R.C.S. de Besançon : 30 559, soit 2 458 de plus qu’en 2019 l Durée moyenne des affaires rendues : 8,35 mois (contentieux général) l Sauvegardes : 8 en 2020, contre 4 en 2019 l Redressements judiciaires : 30 en 2020, contre 74 en 2019 l Liquidations judiciaires : 8 en 2020, 10 en 2019 l Liquidations judiciaires simplifiées : 70 en 2020, 101 en 2019 l Procédures collectives en cours : 1 256 en 2020, 1 349 en 2019 l Poursuites d’activités : 554 en 2020, 1 349 en 2019 l Liquidations judiciaires en cours : 30 en 2020, contre 47 en 2019 l Chiffre d’affaires total pour les procédures ouvertes : 22,9 millions d’euros en 2020, 74,5 millions en 2019

tien, les faillites vont s’en- chaîner. Elles toucheront d’abord les structures déjà affaiblies avant la crise. Le plus difficile est à venir. Les ouvertures de sauve- gardes, redressements et liquidations judiciaires sont passées de 224 en 2019 à 127 en 2020. Le nombre de procédures en cours a lui aussi baissé, passant en un an de 1 349 à 1 256 en 2020. Présent dans la salle,

Des mesures

de soutien attendues en 2021.

L’événement 7

La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

l Accompagnement à la création La B.G.E. digitalise ses outils au sein d’un “bureau virtuel” Le nombre de candidats suivis par l’antenne Haut-Doubs de la B.G.E. (Boutique de gestion) n’a pas varié en 2020. Le changement concerne les méthodes de travail axées sur l’interaction numérique.

L e niveau d’activité n’a pas chuté en 2020. “On a reçu 600 à 700 per- sonnes, soit sensible- ment le même nombre que les années précédentes. On n’a pas ressenti de découragement global même si quelques projets ont dû être repoussés dans les secteurs de la restauration et de l’événe- mentiel” , explique Sophie Cara- vati, responsable de l’antenne Haut-Doubs B.G.E. Franche- Comté. La crise sanitaire a eu des effets assez surprenants dans le sens où elle a aussi conforté certains à franchir le pas de l’installation. Le ralentissement d’activité a laissé notamment plus de temps de réflexion à un public de sala- riés qui souhaitait s’engager dans des reconversions profes-

son modèle économique. “On s’est beaucoup développé sur la formation à destination des chefs ou futurs chefs d’entreprise. Il s’agissait de combler unmanque et de proposer de nouveaux outils axés sur la stratégie commerciale et la communication.” La visio- conférence a permis de main- tenir le lien avec les porteurs de projet. Cette technologie a même bouleversé les méthodes d’accompagnement classiques. “On a créé une offre d’ateliers en visio qui fera désormais partie de nos outils. C’est pratique pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Cela permet de main- tenir les séances même s’il y a peu d’inscrits. On travaille main- tenant dans l’univers d’un bureau virtuel dont l’architecture a été finalisée le 11 janvier der- nier.” Avec ce bureau virtuel, la B.G.E. met à disposition des créateurs d’entreprise un environnement dédié permettant d’accéder directement aux documents, au business plan, de rester en lien avec son conseiller. Pour autant, tout ne se fait pas à distance. Certains échanges impliquent une relation en présentiel. “Le premier rendez-vous d’accueil se fait toujours dans nos agences.” Depuis début janvier, Sophie

Caravati constate une augmen- tation de candidats victimes de licenciements. Sans être trop alarmiste, elle s’interroge néan- moins sur l’évolution des habi- tudes de consommation et les répercussions sur l’activité éco- nomique locale. n

Sophie Caravati la responsable d’antenne entourée des conseillers Patricia Lebrun et Thomas Goguillot (manque sur la photo la secrétaire Marie-Jeanne Léchine).

La baisse des immatriculations est plus prononcée dans le Haut-Doubs Les deux antennes Haut-Doubs de la C.C.I. et de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat enregistrent un ralentissement des créations-reprises d’entreprises sur le territoire frontalier. Ceux qui se lancent privilégient massivement le statut de micro-société.

également une stagnation des créations sous forme de société. Cela traduit la prudence d’entrepreneurs les plus ambitieux. Au cours de l’année 2020, la C.C.I. a lancé une nouvelle formation qualifiante “Cinq jours pour entre- prendre” à destination des porteurs de pro- jets.” Le diagnostic de l’évolution de la situation en 2020 dans le Haut-Doubs est sensiblement identique à l’antenne de la Chambre deMétiers et de l’Artisanat logée dans les mêmes locaux que la C.C.I. à Pontarlier. “La dynamique de création d’entreprises dans l’artisanat a repris à partir de la mi-avril avec une activité assez soutenue dans différents secteurs : bâtiment, nettoyage, food-trucks, mécanique auto, pho- tographie et loisirs créatifs. Au total, on a enre- gistré une centaine de créations d’entreprises en 2020 contre 120 en 2019.Autre particularité, il s’agit uniquement de micro-entreprises” , indique Martine Lamy, la responsable de l’an- tenne Haut-Doubs de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat. n

E n matière de création d’entreprises, le Doubs et le Haut-Doubs nagent en contresens de la tendance nationale qui affiche une croissance de 4,5 % en 2020. La branche “commerces” est la plus touchée alors que les activités de service se maintien- nent. Deux tiers des créations sont réalisés en tant qu’auto-entrepreneur. Une tendance nationale marquée notamment par le déve- loppement des plateformes de transport et de livraison et l’essor des activités de services aux entreprises. “À l’échelle du Pays du Haut- Doubs, on enregistre 263 immatriculations en 2020 contre 320 l’année précédente, soit une baisse de 17,8 %. La différence avec

l’évolution mesurée dans le Doubs réside dans le caractère frontalier du Haut-Doubs avec les incertitudes qui pèsent sur l’évolution du travail en Suisse” explique Frédérique Bri- schoux, responsable de l’antenne de la C.C.I. à Pontarlier. Le confinement du printemps a permis à de nombreux candidats à l’installation de concré- tiser des projets qui étaient en gestation depuis plusieurs mois voire plus longtemps. La situa- tion du marché du travail a aussi facilité la prise de décision. “On est face à deux réalités, analyse Frédérique Brischoux. D’un côté, on observe une accélération de l’ubérisation de l’économie des petits boulots. On constate

sionnelles. “Le Covid a libéré des vocations” , résume Sophie Caravati. La remise en cause s’applique aussi au sein de la B.G.E. n’a pas eu à subir de rup- ture d’activité interne en bascu- lant dans le télé- travail. L’occasion aussi de repenser

“Le Covid a libéré des vocations.”

l Arc-sous-Cicon Ils reprennent un restaurant Ils se lancent, comme une évidence…

Fanny Reveney et Yann Clochey viennent de rache- ter le restaurant d’Arc-sous-Cicon dans lequel ils prévoient une activité “pizzas à emporter” pour compléter la restauration traditionnelle. Prévoyants.

notre compte. Puis cette longue période nous a même permis de mieux mûrir notre projet, de pré- parer toutes les phases de la reprise, de discuter sereinement avec la banque, de suivre les conseils et les formations pro- posées par la Chambre de métiers. Nous sommes encore plus motivés” ajoute Fanny Raveney, 24 ans. Le couple qui réside également au village est en plein chantier de rénovation. Ils font la plupart des travaux eux-mêmes. “ Nous espérons terminer les travaux mi-mars” indiqueYann. La confi- guration du futur restaurant se dessine déjà. À côté de la salle principale d’une cinquantaine de couverts où sera proposée midi et soir (5 jours par semaine dans un premier temps) une cuisine régionale traditionnelle à base de produits frais “ et locaux” , le couple est en train d’aménager une seconde salle. “Dans cette seconde pièce, nous

aurons un four à pizzas. Nous proposerons donc en complément du restaurant traditionnel, des pizzas à emporter, avec nos pro- pres recettes. C’est un service qui n’existe pas à des kilomètres à la ronde et la vente à emporter correspond également à une vraie tendance, on l’a vu avec le Covid” poursuit le couple. C’est la raison pour laquelle, L’Évidence pourra ouvrir ses portes avant la fin du mois de mars. Couvre-feu ou pas, confi- nement ou non, l’activité pizzas à emporter pourra toujours démarrer. Pour la partie restau- rant traditionnel, ce sera sans doute pour le printemps. Et pour les beaux jours, le restaurant d’Arc-sous-Cicon, situé au cœur du village, disposeramême d’une belle terrasse ensoleillée. De quoi voir l’avenir avec optimisme pour ce jeune couple d’entrepre- neurs. n J.-F.H.

L a signature chez le notaire est encore toute fraîche, elle date du 22 janvier. Après une année ponctuée par les couvre- feux et les confinements, Fanny Raveney et Yann Clochey ne sont en aucun cas découragés par leur engagement récent de reprendre les rênes de l’ancien restaurant La Masure, à Arc- sous-Cicon. Pour eux, cette reprise est même apparue “comme une évidence” disent- ils en chœur. C’est d’ailleurs le nom qu’ils ont donné à leur futur établissement qui doit ouvrir ses portes d’ici la finmars, après plusieurs mois de travaux. “Après plusieurs années d’expérience chacun dans

le domaine de la restauration, nous avons souhaité travailler à notre propre compte. On sait que dans la restauration, on ne compte pas ses heures. Et quand on sait qu’on le fait pour soi, on compte encore moins ses

Le restaurant L’Évidence sera prêt à ouvrir ses portes avant fin mars.

heures” observe Yann Clochey, 26 ans. La crise sani- taire n’a pas freiné leur enthousiasme, au contraire. “Le premier confine- ment nous avait déjà fait cogiter sur le fait de nous lancer à

Fanny Raveney et Yann Couchey sont prêts à ouvrir leur nouveau restaurant, après rénovation complète.

8 L’événement

La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

l Labergement-Sainte-Marie Restaurant de l’Aberge Le projet de vie plus fort que le Covid

Pierre Thévenin et son épouse Fafa ont repris en octobre dernier le restaurant de l’Aberge en développant plutôt bien la formule à l’emporter. Une alternative salvatrice.

S’ ils supportent mieux que d’autres la situa- tion, on est loin de l’euphorie qui pour- rait régner dans un restaurant fraîchement repris. “On n’est pas spécialement inquiet mais c’est perturbant de ne pas savoir quand on pourra rouvrir nor- malement. C’est un peu comme si on nageait sans espoir d’ar- river quelque part” , explique Pierre Thévenin. Le plaisir de l’ouverture fut très court, une petite quinzaine de jours avant l’annonce du second confinement. “On a fait un très bon démarrage” , note Fafa, l’épouse du cuisinier qui s’occupe du service. Que faire ? Pour évi- ter de s’endetter plus que de raison, le couple opte pour la préparation de plats à emporter à prendre sur place ou à livrer dans un rayon d’une dizaine de kilomètres. Bonne pioche. La clientèle ouvrière habituée à fréquenter cet établissement répond présente tout comme les locaux qui appréciaient aussi la cuisine simple et frugale pro-

posée en ces lieux. “On s’est orga- nisé pour être ouvert six midis sur sept et trois soirées par semaine. On cuisine en moyenne 120 repas par semaine. Cela nous permet de couvrir les frais fixes” , analyse le restaurateur qui voit aussi dans cette alter- native l’occasion de se sentir utile, de travailler pour ne pas sombrer dans le doute.

Fafa et Pierre Thévenin ont juste eu le temps d’ou- vrir 15 jours avant le second confinement.

L’emplacement du restaurant particulièrement bien situé le long de la R.D. 437, le choix de conti- nuer à proposer une cuisine sim- ple et accessible participent aussi à la réussite de la formule à l’em- porter. “C’est exactement le res- taurant qu’on recherchait” , rap- pelle Pierre Thé- venin. Ce Juras- sien a effectué son apprentis-

120 repas à l’emporter par semaine.

Ils gardent pourtant le moral.

sage chez Joël Cesari, étoilé Michelin qui tient la Chaumière à Dole. Diplôme en poche, il décide d’aller faire les saisons dans les Alpes. C’est là qu’il ren- contre sa future épouse serveuse. “Les saisons, c’est très formateur. On est obligé de se prendre en main. Il faut être opérationnel tout de suite.”

La famille s’agrandit. Le couple Thévenin vient se poser d’abord à Besançon puis à Labergement en travaillant dans différents restaurants locaux. “En venant manger au bistrot de l’Aberge, on a fait la connaissance de Sté- phane et sa maman Claude qui tenaient l’établissement. Le projet de reprise est né quand on a

s’inscrire dans la continuité des anciens gérants. “On a gardé 90 % des plats. On veut que cela reste un restaurant familial. Avec le Covid, on s’est quand même posé la question d’y aller ou pas, mais on ne voulait sur- tout pas avoir de regrets. C’est pour cela qu’on s’est engagé.” n F.C.

appris que l’affaire était à ven- dre.” Pas de précipitation pour autant. Pierre et son épouse se donnent le temps de la réflexion. La situa- tion sanitaire n’est pas très favo- rable mais ce restaurant leur plaît. Il correspond à leurs ambi- tions professionnelles. Ils sentent aussi le potentiel et tiennent à

l Pontarlier

Ouverture en décembre 2019 Au bon thé de Cindy, au désespoir du Covid…

S i c’était à refaire ? “Non, répond Cindy Courtois en nuançant ensuite. Ou alors avec énor- mément de réflexion.” Si elle n’a pas l’intention de mettre la clef sous la porte, elle admet que cette crise épidémique s’avère très compliquée à gérer. “On vit un peu au jour le jour sans savoir à quelle sauce on va être mangé.” Le bilan de sa première année d’ou- verture restera très contrasté avec une activité en dents de scie variant au gré des restrictions imposées aux petits commerces. Flash-back. Retour en 2019 dans un passé proche où personne ne connaissait encore le sens et les effets du coronavirus. Monitrice d’atelier à l’U.N.A.P. depuis huit ans, Cindy Cour- tois depuis toujours “fan de thé” entre- prend sa reconversion. “J’ai toujours voulu créer ma propre entreprise. J’avais une référence de boutique à thé très cocooning à Strasbourg.” Le transfert de l’enseigne “Cafés Querry” du centre-ville vers le crêt de Dasle la conforte dans l’idée qu’il y a une place à prendre. Elle prend attache auprès de la B.G.E. du Haut-Doubs qui l’accompagne dans son projet. “J’ai bénéficié d’un très bon soutien. C’est appréciable quand on n’a jamais fait ce type de démarche.” Refroidie par les loyers exorbitants des magasins de la rue de la Répu-

blique, elle se rabat sur un local de la rue Vannolles qu’elle rénove entière- ment dans une ambiance cocooning. La boutique “Au bon thé de Cindy” ouvre en décembre 2019. On y trouve 114 références de thés, infusions, tisanes à acheter ou à consommer sur place dans l’espace salon de thé. “Je travaille avec un fournisseur allemand qui est spécialisé dans le bio. Les autres produits (miel, biscuits) sont fabriqués en France voire à Pontarlier. Je fais appel au restaurant Midi treize pour les biscuits servis au salon de thé” , sou- ligne Cindy Courtois. Les débuts sont encourageants. La commerçante se fait très vite une petite clientèle avant le choc du premier confi- nement. Exerçant dans l’alimentaire, elle échappe à la fermeture des com- merces non essentiels même si elle doit suspendre l’activité salon de thé. Le déconfinement de l’été apporte bien des notes d’espoir. Son commerce reprend vie jusqu’au second confine- ment avant de connaître l’euphorie du mois de décembre. “J’ai fait pas mal d’expéditions. Le produit s’y prête bien.” La boutique qui dispose aujourd’hui d’une page Facebook et d’un site Inter- net reste ouverte, attirant toujours quelques amateurs toujours à la recherche de conseils et de nouvelles saveurs. n F.C.

Cindy Courtois décide en 2019 de quitter son emploi pour ouvrir au centre-ville un commerce spécialisé dans la vente et dégustation de thés, infusions, tisanes. Retour d’expérience.

Cindy Courtois propose 114 références de thés, tisanes et infusions issus de l’agriculture biologique.

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La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

SANTÉ

Les travers de la centralisation Le centre de vaccination dans l’expectative

allouées au centre de vaccination. Un test avec 100 doses supplé- mentaires est réalisé sur lamai- son de santé de Levier. Concluant. “On nous a aussi enjoint de limiter la prise de ren- dez-vous au 14 février” , annonçait le docteur Cécile Ratte, l’une des deux coordinatrices du centre de vaccination. Deux semaines plus tard, pas d’éclaircies en vue.À fin janvier, 1 200 personnes ont pu être vac- cinées au centre pontissalien. Soit à peine 25 % des personnes à risque identifiées sur le Haut- Doubs Forestier. “Le 28 janvier, on ne connaissait toujours pas les dotations qui seront attribuées début février au centre de Pon- tarlier. On n’a aucune visibilité.

une dotation connue au jour le jour. On constate aussi un gros cafouillage sur Doctolib.Tout est compliqué. Heureusement, on peut compter sur lamobilisation du personnel soignant” , apprécie Laure Jagiello, autre coordina- trice du dispositif. Bien conscient des difficultés auxquelles est confronté l’État, le maire dénonce surtout les incohérences de la communica- tion gouvernementale. “Je ne critique pas les arbitrages qui doivent être rendus mais on ne nous dit pas toute la vérité. C’est ce qui m’ennuie le plus.” Et Laure Jagiello d’abonder dans ce constat. “On a l’impression que ce sont l’A.R.S. et la préfecture qui vont décider de la suite. Si on doit reporter des rendez-vous, il faudrait que cela parte du cen- tre de vaccination. On risque un vrai cafouillage en privilégiant une plateforme externe. Pourquoi ne pas faire confiance aux struc- tures locales ? On nous demande de mettre en place un centre de vaccination en moins de cinq jours et au moindre problème on nous reprend la main. C’est déplorable.” L’État centralisateur dans toute sa splendeur. n F.C.

La diminution des livraisons de doses de vaccin compromet le fonctionnement de tous les centres de vaccination. De quoi irriter le maire de Pontarlier qui reproche au gouvernement un manque de communication lourd de conséquences.

T out avait pourtant bien commencé à Pontarlier avec une organisation aux petits oignons pour ouvrir le 13 janvier le troisième centre de vaccination du Doubs dans les locaux du club “Bel Âge” aux Capucins. La Communauté Pro- fessionnelleTerritoriale de Santé (C.P.T.S.) du Haut-Doubs Fores- tier a pris en charge le volet médical en mobilisant des pro- fessionnels de santé, des secré- taires médicales en retraite ou encore en activité pour assurer les consultations pré-vaccinales et les injections des doses. La Ville apporte son soutien logis- tique. Le préfet du Doubs Joël Mathu- rin s’était même déplacé dans la capitale du Haut-Doubs pour apprécier de visu ce qu’il quali- fiait de “très bonne dynamique de coopération locale.” Le repré- sentant de l’État évoquait aussi

le déploiement du dispositif vers les maisons de santé, l’idée de créer des équipes mobiles pour se rendre les personnes les plus dépendantes. Tout cela, c’était avant la baisse d’approvision- nement annoncée par les labo- ratoires Pfizer et Moderna. Jugeant utile et nécessaire de prévenir certaines déceptions de personnes qui ne pourraient pas être vaccinées comme cela devait se faire, la Ville de Pon- tarlier a organisé en toute hâte un point presse le 18 janvier en présence de la C.P.T.S. du Haut- Doubs Forestier. “On souffre d’une communication nationale qui risque de créer beaucoup de frustrations à tous les niveaux” , s’inquiétait déjà Patrick Genre. On apprend aussi qu’une seconde ligne vaccinale est opérationnelle à Pontarlier, ce qui permet de vacciner 500 personnes par semaine, soit le nombre de doses

Il y a un risque de devoir dépro- grammer des premières vacci- nations pour garantir la seconde injec- tion” , déplore le maire. Au centre de vac- cination, on est plus que scep- tique. “On est à flux tendu avec

“On ne nous dit pas toute la vérité.”

“La vaccination des médecins et autres professionnels de santé rassure les patients”, observe Nicolas Kury qui n’a pas hésité à venir se faire vacciner.

ÉDUCATION

Une école Montessori Romain Piechocki, ambassadeur de la liberté d’apprendre

Diplômé et enseignant dans une école Montessori, Romain Piechocki est passionné par le déve- loppement et l’épanouissement personnel de l’enfant, à tel point qu’il a créé sa micro-entreprise Liberté d’apprendre Montessori. Il accueille les familles dans les locaux de la Tant’ative à Houtaud.

rentrée scolaire dans les locaux de la Tant’ative à Houtaud. Les ateliers de Liberté d’apprendre Montessori s’adressent aux enfants de 2 ans et demi à 6 ans mais aussi aux parents qui souhaitent découvrir et approfondir leurs connaissances sur les aspects théoriques de la méthode Montessori et sa pratique sur le terrain. “C’est un projet qui demande du temps car il est important de créer un lien de confiance avec l’enfant mais aussi avec les parents. Le but de ce projet est d’iden- tifier la demande et de sensibiliser les familles. L’enfant est accueilli dans un environnement chaleureux mettant à disposition le matériel développé par Maria Montessori. Il pourra à son contact affiner ses sens, développer sa confiance en lui, pratiquer la motricité fine et cheminer vers la lecture, l’écriture, la grammaire, les mathématiques, la géographie, la zoologie et la botanique” , développe le pédagogue. Les ateliers ont lieu tous les mercredis matin de 9 h 30 à 12 heures “La concen- tration est beaucoup plus importante chez l’enfant le matin et une séance de 2 h 30 permet le respect du rythme de travail, la possibilité du libre choix de l’activité et d’avoir une qualité de travail dans mon accompagnement auprès des enfants” , conclut Romain Piechocki, qui par la suite, aimerait ouvrir une école Montessori dans la région. Pour tous renseignements : www.liberte- dapprendre.com ou liberté d’apprendre sur Facebook. n M.T.

Si l’on compte une ving- taine d’écoles Montes- sori en Suisse et seule- ment une dans notre région à Besançon, le choix professionnel de Romain Piechocki a été facile à faire. Il s’est ainsi constitué une expérience et une sta- bilité qui lui ont permis de se lancer avec sa micro-entreprise bapti- sée Liberté d’apprendre Montessori. “Depuis que j’enseigne, beaucoup de jeunes parents en dehors de mon travail s’inté- ressent et veulent com-

É ducateur de formation initiale dans le milieu spécialisé, Romain Piechocki a travaillé auprès de différents publics et plus parti- culièrement dans le secteur de la petite enfance. Puis, diplômé et enseignant dans une école Montessori en Suisse, depuis maintenant trois ans, il a pu élargir ses connaissances et se centrer sur le développement sensoriel de l’en-

fant. “ Mon rôle au quotidien me pas- sionne car il consiste à proposer des activités spécifiques adaptées au déve- loppement de l’enfant et aux périodes sensibles qu’il traverse. En suivant le cycle dès 3 ans, l’environnement va lui permettre de développer son intelligence, l’estime de soi et l’autonomie par le tra- vail individuel” , explique le jeune papa passionné.

Montessori est une méthode d’appren- tissage par le matériel sensoriel. Ce qui plaît le plus à l’éducateur dans cette philosophie, c’est l’intérêt et l’épa- nouissement que portent les enfants pour le matériel, la liberté de choix, accompagner l’enfant à devenir auto- nome, la mixité des âges (3 à 6 ans), l’entraide et un accompagnement indi- vidualisé pour chaque enfant.

“Le niveau de bonheur d’un enfant” selon Maria Montessori.

prendre les principes de la pédagogie Montessori. Parfois ils me parlent de leurs enfants et font directement le rap- prochement” , constate-t-il. “Avant de m’initier dans ce projet, j’avais besoin d’acquérir de l’expérience et de trouver une stabilité dans mon travail puis l’arrivée de mon fils a été l’un des élé- ments déclencheurs. En effet, j’ai sou- haité réduire mon pourcentage de tra- vail pour partager du temps avec lui et par la même occasion construire mon projet” , poursuit-il. Après avoir publié une étude demarché, investi du temps et de l’argent pour acheter du matériel pédagogique, mais aussi pour construire un mobilier adapté et trouver un local suffisamment grand et conforme, Romain Piechocki accueille les familles depuis la dernière

Romain Piechocki est passionné par son rôle au quotidien. Ses ateliers Montessori s’adressent aux enfants de 2 ans et demi à 6 ans mais aussi aux parents.

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