La Presse Pontissalienne 253 - Janvier 2021

ÉCONOMIE

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La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021

URBANISATION La terre, une valeur refuge L’artificialisation des sols toujours galopante La Cour des Comptes déplore l’artificialisation des terres agricoles et l’arrivée de sociétés qui spéculent sur les terrains. Elle formule des recommandations pour enrayer un phénomène qui n’épargne pas le Haut-Doubs. Le président de la Safer du Doubs témoigne.

L’arrondisse- ment de Pontarlier (ici une photo d’archives de 2011) s’est urbanisé, notamment sur sa partie sud-ouest.

E n dix ans en France, l’équivalent d’un dépar- tement comme le Nord a été bétonné, soit 596 000 hectares de terres agricoles en moins. Étalement urbain, construction de zones écono- miques, développement des transports et infrastructures sont les premières raisons de l’artificialisation, l’autre étant la spéculation foncière. Le Haut-Doubs n’est pas épar- gné. Il suffit de jeter un œil à l’arrondissement de Pontarlier dont une partie des terres, pas les moins fertiles, ont été arti- ficialisées : “Par rapport à nos voisins européens, on ne parvient pas à freiner cette artificialisa- tion des sols qui devient galo- pante” regrette Éric Liégeon, président de la société d’amé- nagement foncier et d’établis- sement rural (Safer) du Doubs et agriculteur à Courvières. La

Cour des Comptes a publié un référé en novembre dernier à destination du Premier ministre en ciblant trois recommanda- tions à l’État français : accélérer et achever d’ici 2023 la mise en place de l’observatoire de l’ar- tificialisation des sols, définir un cadre d’intervention des

blent démunies. Mises en place pour réguler le foncier ou éviter la création de méga-s exploita- tions pour assurer l’installation des jeunes agriculteurs, elles permettent également aux agri- culteurs d’accéder à des par- celles à des prix raisonnables. Mais depuis quelques années, elles se font court-circuiter . “Nous sommes des gendarmes, certes, mais il faut nous donner les armes…” image Éric Lié- geon. Quel est le problème ? “Des parts de sociétés avec à leurs têtes des personnes (très souvent des non- exploitants) achètent les terres. Ce sont parfois des fonds de pen- sion. Une fois propriétaires du foncier, ces sociétés font appel à des entreprises pour cultiver des terrains ou revendent les terres, précise Éric Liégeon. Ces ache- teurs ont bien compris ce fonc- tionnement qui échappe à la

portance de la sécurité de l’ap- provisionnement alimentaire et dumaintien d’une agriculture forte et qualitative. Dans ce contexte, la préservation des terres agricoles est essentielle. Faut-il pour cela limiter la crois- sance économique ? “Je dis que l’on peut faire des économies de terres agricoles lorsque on voit l’étalement des centres commer- ciaux et des parkings. À Frasne, nous travaillons avec la com- munauté de communes sur une

maison de santé. Nous réfléchis- sons à créer un parking souter- rain pour éviter de consommer de l’espace” , précise Éric Liégeon, qui est aussi conseiller commu- nautaire. Un autre procédé l’in- terroge : la création de panneaux photovoltaïques sur le sol qui tend à se développer. “Attention à ne pas perdre de la terre agri- cole” prévient-il. En matière d’artificialisation, le pragma- tisme doit être de mise. n E.Ch.

Safer car nous ne pouvons pas préempter. Il nous faut une loi” indique le représentant. Le Doubs est touché par ce phé- nomène mais de manière moins importante que le vignoble ou les terres céréalières. “On se souvient de l’exemple de 2 000 hectares de terres agricoles ven- dues à des Chinois” poursuit le représentant agricole. Cela avait d’ailleurs valu une intervention au plus haut sommet de l’État. La crise sanitaire a rappelé l’im-

Safer sur les parts sociales de société et regrou- per, c’est plus technique, la fédération des Safer de France avec les euro- péennes. Les Safer char- gées de la régu- lation du foncier que l’on pensait toutes puis- santes - car capables de préempter - sem-

“Nous sommes des gendarmes, mais donnez-nous les armes.”

POPULATION

En légère hausse dans le Haut-Doubs

Pontarlier stagne, les villages s’étoffent Avec 17 393 habitants, la population pontissalienne stagne toujours, à l’inverse des communes de la périphérie. Le Haut-Doubs porte le dynamisme démographique du département.

E ntre 2013 et 2018, la population a continué d’augmenter dans le Haut-Doubs mais de façon moins forte que durant la période 2008-2013. L’I.N.S.E.E. a publié les populations légales et sans surprise, le Haut- Doubs demeure le secteur le plus actif en termes d’augmen- tation de sa population dans une région qui perd des habi- tants. Le Doubs - avec la Côte- d’Or - est le seul département qui gagne des habitants, soit 8 134 habitants supplémen- taires entre 2013 et 2018 pour arriver à 541 454 Doubistes. “Cela s’explique notamment pour le Doubs par la proximité de la Suisse où une population plus jeune vient s’installer pour travailler” explique le directeur de l’I.N.S.E.E. Cette population ne vient pas s’installer à Pontarlier mais dans les villages environnants. “Pontarlier perd de la popu- lation parce qu’elle a moins d’espace à offrir” estime l’I.N.S.E.E. au profit des vil- lages de la communauté de communes du Grand Pontar- lier lesquels poursuivent leur développement avec 1 042 per- sonnes supplémentaires pour un total de 27 449 habitants (+ 0,8 % en 2013 et 2018). La

À Pontarlier, les constructions de nouveaux logements ne suffisent pas à enrayer la baisse de population.

26 166 habitants, + 1 371). Avec 2 807 807 habitants au 1 er janvier 2018, la Bourgogne- Franche-Comté rassemble 4,3 % de la population de France métropolitaine. Consé- quence du vieillissement de la population, son solde naturel est quasi-nul sur cinq ans, les décès l’emportant sur les nais- sances depuis 2015. Le solde migratoire est lui déficitaire depuis près de 10 ans. Entre 2013 et 2018, quatre des huit départements sont en décroissance démogra- phique. Le Doubs et surtout le Haut-Doubs font figure de locomotive. Jusqu’à quand ? n

communauté de communes de Montbenoît se développe (7 833 habitants, + 636), idem pour les 10 communes de Frasne-Drugeon (6 040, + 240). La championne est celle des Lacs et Montagnes du Haut- Doubs qui passe de

La championne : la com’com des Lacs et Montagnes.

14 618 habi- tants en 2013 à 16 099 en 2018 (+ 1 481 habitants), juste devant les 47 com- munes des Portes du Haut-Doubs

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