La Presse Pontissalienne 253 - Janvier 2021
LA PAGE DU FRONTALIER 34
La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021
SANTÉ
Une autre prime pour les soignants ? Prime “de vie chère” : le remède aux départs des soignants ? La députée Annie Genevard demande au ministre de la Santé l’extension du coefficient de compensation “coût de la vie” aux régions frontalières de la Suisse comme cela a été fait en Île-de-France. Insuffisant au regard des syndicats.
Environ 40 postes sont à pourvoir au sein de l’établisse- ment.
C’ est ce qui s’appelle dans le jargon journa- listique un marron- nier. Tous les ans, ou presque, il est question du départ de personnel de santé vers la Suisse et par effet de la pénurie de main-d’œuvre dans les ser- vices de soins du Haut-Doubs, E.H.P.A.D., hôpital et médecine libérale. Une infirmière débute à 1 500 euros pour atteindre environ 2 000 euros en milieu de carrière à l’hôpital de Pon- tarlier. Sa collègue en Suisse flirte avec les 5 000 euros. Un rapport de force joué d’avance ? Sans doute. Députée du Doubs,Annie Gene- vard a demandé fin décembre au nom des élus du territoire l’extension du coefficient de com- pensation “coût de la vie” aux régions frontalières de la Suisse comme cela a été fait en Île-de- France.Une demande commune a été formulée avec les députés deHaute-Savoie -Virginie Duby- Muller et Martial Saddier - pour demander audience auprès du
La réponse de l’hôpital La direction de l’hôpital indique avoir mis en place un groupe de travail intitulé “qualité de vie au travail” il y a environ un an et demi. Cela n’empêche pas les services d’être confrontés à une pénurie de main-d’œuvre que l’épidémie n’a fait qu’ag- graver. Environ 40 postes sont à pourvoir : infirmiers, médecins, agents d’entretien, aides-soi- gnants. Quant aux jours de congé, le C.H.I.H.C. tient à pré- ciser qu’il a donné avant les fêtes de fin d’année la consigne aux chefs de service de redon- ner les heures générées lors de la première vague. Les per- sonnels ont eu droit à environ 3 voire 4 jours de repos consé- cutifs. n
Pontarlier. Elle ne concernerait d’abord que les infirmièr(e)s, aide-soignant(e)s et manipula- teurs radios. Son montant ? “Environ 950 euros par an” dit un agent, soit 80 euros par mois, chiffre qui n’est pas confirmé par la direction de l’hôpital. Ce n’est évidemment pas négligeable si l’on compte les 180 euros sup- plémentaires par mois liés au Ségur de la Santé, “mais insuf- fisant, martèle le syndicaliste C.F.D.T. On demande une vraie politique de qualité de vie au tra- vail ! Si l’on cherche à concur- rencer la Suisse par le salaire, c’est perdu d’avance. Nous demandons depuis plusieurs années à la direction la mise en place d’une politique en lamatière mais cette dernière ne l’a jamais mise en place. L’hôpital de Pon- tarlier gaspille encore de lamain- d’œuvre et souffre d’une hiérar- chie pyramidale où le personnel est infantilisé. Le personnel réclame de l’autonomie avec une administration soutenante, ce qui n’est pas le cas. Arrêtons de
relations. “Lorsqu’un cadre appelle chez un(e) soignant(e) pour lui demander de venir tra- vailler sur un jour de repos, il lui arrive de se faire raccrocher au nez par unmari ou une épouse qui n’en peut plus” témoigne un agent. “Des marques de recon- naissance, il pourrait y en avoir mais je ne crois pas que l’hôpital veuille se saisir de cette question. Lorsque vous venez travailler sur un jour de repos, vous êtes gratifié de 2 heures supplémentaires. Mais si on vous appelle 12 heures avant, vous n’avez rien ! Pontar- lier doit être le meilleur hôpital de France dans le domaine des conditions de travail mais rien ne vient. C’est à la direction d’être moteur dans ce domaine et non au C.H.S.C.T. (comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail) comme cela a été demandé !” prévientM.Chenevez pour la C.F.D.T. La fameuse prime serait la bienvenue, la reconnaissance au travail éga- lement. n E.Ch.
ministre de la Santé afin d’ex- poser leurs propositions. Cette prime d’attractivité territoriale aurait vocation à augmenter notamment le traitement des infirmiers, aides-soignants, agents des services hospitaliers et permettrait ainsi de compenser le coût de la vie en zone fronta- lière et “d’éviter le départ de nos soignants” annoncent-ils. Pour l’instant, rien n’est acté. À l’hôpital de Pontarlier où les soignants sont “fatigués et pour certains en arrêt maladie”
dire que c’est la faute de laSuisse” dit-il. Parmi les autres griefs, l’absence de politique de prévention de la santé au travail. Dès juin, les représentants du personnel ont réclamé la mise en place d’une cellule de prévention des risques après la Covid. “Rien n’a été fait. On sait le personnel malademais on ne cherche pas à savoir s’il a mal à la tête ou au ventre” image le représentant. Il est rejoint par sa collègue de Force ouvrière : “On a supprimé 10 lits de chirurgie en 2016 à Pontarlier, 11 lits en 2018. Il faut stopper ces fermetures, prévient Sophie Richard. Travailler en Suisse nécessite des trajets et plus d’heures de travail sauf qu’au- jourd’hui, les soignants à Pon- tarlier travaillent sur leurs congés pour pallier l’absence d’un col- lègue. Ils en font beaucoup et on leur parle déjà d’une troisième vague !” expose la profession- nelle. La fatigue ajoutée à ce sentiment d’être corvéable àmerci tend les
annonce Sophie Richard, secré- taire du syndicat Force Ouvrière, cette idée de prime “est une bonne idée…mais elle est insuffi- sante” prévient Michaël Chene- vez, porte-parole du syndicat C.F.D.T. auCentre hospitalier de Haute Comté à
“On réclame une politique de conditions de vie au travail.”
HORLOGERIE
Inscription à l’Unesco Une reconnaissance franco-suisse fédératrice
L’inscription officielle des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art au patrimoine mondial de l’Unesco met en valeur le savoir-faire des deux côtés de la frontière.
Déposée en mars 2019, la candidature était portée par l’Office fédéral de la culture pour la Suisse et par le minis- tère de la Culture pour la France. “La candidature a été considérée comme exemplaire par l’Unesco pour la sen- sibilisation à l’importance au patri- moine culturel immatériel dans un espace transfrontalier” souligne l’Office fédéral de la culture en Suisse. Les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art comprennent l’ar- tisanat horloger situé le long de l’Arc jurassien de Besançon à Neuchâtel, mais aussi la fabrication d’automates et de boîtes à musique, caractéristique de la région de Sainte-Croix.À la croisée des sciences, des arts et de la technique, ces savoir-faire conjuguent des com- pétences individuelles et collectives, théoriques et pratiques, dans le domaine de lamécanique et de lamicro- mécanique. On ignore pour l’instant comment cette inscription sera valo- risée. Si les conditions sanitaires le permettent, une exposition commune devait se dérouler à partir de ce mois- ci au Musée du Temps de Besançon et au Musée international de l’horlogerie à La Chaux-de-Fonds. n
P réparée par un groupe de pilo- tage binational regroupant des artisans, des formateurs, des représentants de musées et de collectivités, la candidature à l’inscrip- tion officielle des savoir-faire en méca- nique horlogère et mécanique d’art au patrimoine mondial de l’Unesco a été officialisé le 16 décembre dernier. Cela ouvre, selon les élus, une perspective d’avenir pour l’horlogerie dans un contexte difficile lié à ce savoir-faire sur la liste représentative du patri- moine culturel immatériel de l’huma- nité. Cette inscription met en valeur une tradition vivante emblématique de l’Arc jurassien franco-suisse, lequel est déjà inscrit depuis 2009 sur la liste du patrimoine mondial pour l’urba- nisme horloger des villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds et depuis 2011 pour cinq sites palafittiques. La Cita- delle de Besançon est, elle, inscrite au patrimoine mondial au titre de ses for-
tifications depuis 2008. Si l’Unesco a dit “oui” , c’est surtout parce que la Suisse et la France ont porté ensemble cette candidature. “Je suis heureuse et fière, c’est un immense cadeau dans cette année 2020 inédite. Cela ouvre des perspectives importantes.
Le défi qui nous attend : que l’on fasse de ce cadeau une future dyna- mique de nos territoires. C'est une histoire d’ave- nir avec ce passé com- mun” développe Anne Vignot, présidente de Grand BesançonMétro- pole, humble dans cette réussite car elle n'en fut pas à l’origine. Denis Leroux, président du P.E.T.R. Pays Horloger, se félicite de cette ins- cription qui couronne l’excellente coopération franco-suisse.
À la croisée des sciences, des arts et de la technique.
Le savoir- faire horloger mis à l’honneur par l’Unesco.
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