La Presse Pontissalienne 253 - Janvier 2021

VALDAHON - VERCEL 32

La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021

Là-bas, Samuel devient Samba Samaké Samuel Balanche-Jacquet vit depuis près de vingt au Mali. Un pays confronté aux dérives islamistes mais où le Haut-Doubiste d’origine a fondé une famille et se sent bien. PORTES DU HAUT-DOUBS Un expatrié français au Mali

L es habitants de Fuans, son village des portes du Haut-Doubs, l’appellent Sam, ou Samuel pour ceux qui le connaissent un peu moins. Si un jour vous le croisez dans son village de la banlieue de Bamako, il se retournera sans doute plus spontanément si vous l’avez Samba. Et même Samba Samaké, son surnom local. “Tout le monde m’appelle comme ça ici, c’est un vendeur dans un magasin qui a commencé àm’ap-

Bamako. Qu’est-ce qui a amené ce fils du Haut-Doubs à s’ins- taller au cœur de l’Afrique sub- saharienne ? “J’ai entamé des études d’espa- gnol à Besançon avant de pour- suivre ma formation au C.L.A. en Français langue étrangère (F.L.E.). En 1997, je suis parti pour une première expérience à l’étranger enTurquie où j’ai passé deux ans à enseigner dans une université privée.” Retour en France après deux ans, une fois

la mission terminée. “En atten- dant de trouver autre chose, j’ai travaillé dans une usine de plas- turgie à Morteau, puis dans un supermarché à la mise en rayon. Je suis reparti entre-temps quelques mois à Barcelone pour travailler mon espagnol dans le cadre d’un programme européen où j’étais référent culture fran- çaise. Puis le C.L.A. m’a envoyé enThaïlande dans une université publique avec le statut de lecteur” poursuit Samuel. Un an plus

peler ainsi et c’est resté. Ce nom africain a été pour moi un facteur supplémentaire d’intégration. Je me sens d’ailleurs un peu afri- cain après toutes ces années…” avoue le quarantenaire. Venu se ressourcer dans le Haut- Doubs pendant les fêtes de fin d’année, Samuel Balanche-Jac- quet (de son vrai nombien franc- comtois !) est un expatrié de longue date. Il est aujourd’hui professeur d’espagnol dans éta- blissement d’enseignement de

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Samuel Balanche-Jacquet au Mali, ici en compagnie de Salif Keïta à Bamako, un des plus grands noms de la musique africaine.

ATIER

famille, construit une maison plantée de manguiers. Il s’y est marié et avec sa femme d’origine peule, a eux deux enfants, Nes- tor, 9 ans, et Stella, 6 ans. “Le Mali m’a accueilli à bras ouverts, je m’y sens bien” reconnaît Samuel. Et ce, “même si depuis quelques années, le climat a changé. Il y a eu un premier coup d’État en 2012 qui a changé les choses, il n’y a pas la même insouciance. Mais ça n’empêche pas les Maliens de continuer à bien faire la fête et l’esprit de solidarité est toujours aussi pré- sent ” sourit-il. Une pharmacie pillée récemment, une banque attaquée, quelques crimes de sang, mais la présence militaire française arrivée ici en 2013 - avec les récents drames qui ont

tard, l’Alliance française le sol- licite pour assurer une mission d’enseignement au Mexique, dans un lycée. “C’était au nord- est du pays, j’enseignais à des enfants de grosses fortunes locales. Ce secteur du Mexique est devenu très dangereux.” Le Haut-Doubiste globe-trotter en profite pour découvrir les façades atlantique et pacifique du Mexique. Avec cette nouvelle expérience, il deviendra parfai- tement bilingue en espagnol. Riche de ce nouveau bagage, on lui donne le choix ensuite entre Lima au Pérou ou Bamako au Mali. Il choisira l’Afrique. “J’y suis allé en 2002 en me disant que je verrais bien au bout de quelques semaines. Je n’en suis jamais reparti !” note Samuel Balanche-Jacquet. Après trois premiers mois d’essai concluants, il sera embauché et après trois ans d’enseignement, il obtiendra par Validation des acquis de l’expérience sa licence d’espagnol qu’il n’avait pas eu le temps de valider en France. Le voilà installé, pour de bon, en C.D.I. où il enseigne la langue espagnole à des élèves de collège et de lycée dans un établisse- ment français. “Parmi les élèves, il y a des Maliens, des Français et pas mal de Libanais car ce sont eux qui tiennent les grandes surfaces auMali” ajoute Samuel, qui deviendra vite Samba Samaké. C’est là que le jeune homme ori- ginaire de Fuans a fondé une

et d’occuper un ue deux : mes HACCP tion, de la production r. se ci-dessous ssier de candidature te chance !

encore endeuillé l’armée - sont aussi là pour apai- ser le climat. Malgré les soubre- sauts de l’histoire, Samuel Balanche- Jacquet a désor- mais une partie de son cœur en Afrique. L’autre reste bien sûr accrochée aux sapins du Haut- Doubs, sa région de naissance où la petite famille vient en général passer une partie de l’été. n J.-F.H.

“Le Mali m’a accueilli à bras ouverts.”

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