La Presse Pontissalienne 252 - Décembre 2020
ÉCONOMIE
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La Presse Pontissalienne n°252 - Décembre 2020
PONTARLIER
Reprise de la distillerie Guy “Je rêvais de trouver un pays où planter mes racines”
Après 21 ans dans le commerce international au sein du groupe L.V.M.H., François-Laurent Vitrac jeune cinquantenaire cherchait à se poser et à s’accomplir dans un projet plus personnel. Son rêve d’enfance se réalise en reprenant la dernière distillerie encore en activité à Pontarlier. Une icône à laquelle il compte bien apporter sa contribution dans le respect des traditions. Entretien.
L a Presse Pontissalienne : Quelques mots sur vous ? François-Laurent Vitrac : Je suis né par très loin d’ici à Nyons d’unemère allemande et d’un père français.Mes parents sont partis s’installer en Californie en 1980, j’avais 10 ans à l’époque. J’ai grandi dans la Napa Valley, la région viticole la plus célèbre de Californie. J’ai tou- jours baigné d’une façon ou d’une autre dans le monde des vins et spiritueux. L.P.P. :Vous avez fait une grande école de com- merce ? F.-L.V. : Aussi surprenant soit-il, j’ai com- mencé par apprendre les secrets de la céramique. J’ai même fait une décora- tion pour la Maison Blanche, ce qui m’a permis de financer des études uni- versitaires en commerce, marketing, finances. Ensuite j’ai fait l’E.S.S.E.C. L.P.P. : Pour débuter votre carrière professionnelle dans le groupe L.V.M.H. ? F.-L.V. : Pas tout de suite. Après mon servicemilitaire effectué dans lamarine àToulon, j’ai monté ma première entre- prise spécialisée dans l’huile d’olive. Puis je me suis installé à Paris pour intégrer en 1998 la société Moët Hen- nessy qui constitue la branche “Vins et Spiritueux” du groupe L.V.M.H. J’y suis resté 21 ans. L.P.P. : Les temps forts de votre parcours ? F.-L.V. : J’ai commencé pour la maison “champagne” avec un poste basé à Reims. Après 4 ou 5 ans, je suis parti à Istanbul où j’ai ouvert un bureau pour gérer le portefeuille Moët Hen- nessy. Cinq ans plus tard, direction l’Écosse. J’étais responsable du déve- loppement de la maison sur le marché américain. En 2010, je suis revenu en France pour travailler sur des projets de fusion-acquisition.Au cours des six
dernières années, on m’a proposé la création d’une troisième direction com- merciale axée sur le e-commerce et la vente des produits Moët Hennessy aux multimillionnaires avec des responsa- bilités sur le plan européen. J’ai quitté le groupe L.V.M.H. en février 2020. L.P.P. : La remise en question au cap de la cin- quantaine ? F.-L.V. : Oui, en quelque sorte. C’est l’heure des bilans. Je ne regrette rien du passé mais il était temps pour moi de me consacrer à mes rêves d’enfance avec l’idée de reprendre une entreprise. L.P.P. : Dans les spiritueux ? F.-L.V. : Pas forcément. J’avais d’abord ciblé la Bretagne avec l’idée de repren- dre une biscuiterie. Au fil de mes
recherches, j’ai décou- vert le fonds Capelia. C’est un groupe de chefs d’entreprise qui accom- pagne des porteurs de projets en leur appor- tant aussi un soutien financier. Ce sont eux qui m’ont parlé de la distillerie Guy à Pon- tarlier. Moi qui pensais faire un break, c’est tout l’inverse qui s’est pro- duit en découvrant les caractéristiques de cette distillerie. Il y a là un savoir-faire unique, un mode de transmission familial, un produit le Pontarlier Anis emblé- matique de toute une ville. Cette distillerie est une entreprise du patrimoine vivant avec tout l’historique autour de l’absinthe. J’ai suc-
Après plus de 20 ans à courir le monde au sein du groupe L.V.M.H., François-Laurent Vitrac souhaitait donner une autre direction à sa vie.
“Je ne changerai pas les fondations.”
combé aux charmes d’une maison fon- dée en 1890 avec l’impression qu’elle était faite pour moi. L.P.P. : Vous avez signé tout de suite ? F.-L.V. : Au préalable, je suis venu quatre jours en juillet dernier pour découvrir le Haut-Doubs et faire une visite inco- gnito à la distillerie. Cette région a tous les atouts du monde. L’accueil est incroyable. Tous les éléments étaient réunis pour me convaincre d’aller plus loin. L.P.P. : C’est le début d’une nouvelle histoire ? F.-L.V. : J’ai tout à apprendre au niveau des recettes de la distillerie qui ne sor- taient pas du giron familial. Pour la fabrication, je sais que je peux compter sur le personnel qui connaît les pro- cessus. Quand je maîtriserai tout ça,
on se relancera dans des petites pro- ductions, des créations à l’image de la distillerie. L.P.P. : Histoire d’apporter votre pierre à l’édi- fice ? F.-L.V. : J’ai 51 ans et j’espère piloter cette maison pendant une vingtaine d’années. Il faut toujours garder à l’es- prit que tout homme n’est que de pas- sage dans l’entreprise.Mon objectif est d’embellir cette maison pour la trans- mettre à mon successeur dans unmeil- leur état qu’en arrivant. C’est ce que j’ai toujours fait. L.P.P. : La distillerie Guy en quelques chiffres ? F.-L.V. : Elle emploie 13 salariés. On pro- duit 600 000 litres dont 85 % de Pont.
F.-L.V. : Oui, je pense qu’on peut générer encore un peu de croissance mais je ne changerai pas les fondations. On garde les mêmes alambics et on maintient la production rue des Lavaux. J’attends avec impatience que la crise sanitaire soit derrière nous pour partir à la ren- contre des consommateurs et des par- tenaires, je pense notamment aux cafés, hôtels et restaurants. L.P.P. : Quid de l’absinthe de Pontarlier ? F.-L.V. : Pour l’instant, c’est une niche. On a la chance d’avoir une Indication Géographique et j’ai envie de persévérer là-dessus. L.P.P. : Tout s’annonce pour le mieux ! F.-L.V. : Je rêvais de trouver un pays où plantermes racines.Cela prend forme. n Propos recueillis par F.C.
L.P.P. : Il y a des marges de progression ?
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