La Presse Pontissalienne 251 - Novembre 2020
L’ INTERVIEW DU MOIS
La Presse Pontissalienne n°251 - Novembre 2020
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IMMOBILIER
Le promoteur Patrick Goursolle
“Ce qui me pousse, c’est de trouver
des réponses à des demandes”
Agent immobilier, promoteur, investisseur… Il est un des acteurs majeurs de l’immobilier dans le Haut-Doubs. Mais qui connaît vraiment Patrick Goursolle ? Interview-vérité d’un homme qui se livre rarement sur lui-même.
L a Presse Pontissalienne : Com- mençons par votre actualité : vous êtes un des promoteurs retenus par la Ville de Pon- tarlier pour construire sur l’îlot Saint- Pierre. Quel est votre projet sur ce nou- veau quartier ? Patrick Goursolle : Je suis en effet un des promo- teurs sélectionnés et dont les lots ont été tirés au sort devant huissier. J’ai eu la chance d’avoir le lot H8, un très bel emplace- ment qui me permet de faire un programme de 24 logements. Le chantier vient de démarrer et nous pourrons livrer les loge- ments début 2022. Suite à un désistement, j’ai pu également obtenir le lot H5 sur lequel je prévois un programme de 17 logements dont la livraison est prévue fin 2022. L.P.P. : C’est vous qui êtes aussi à l’origine de la plus récente zone com- merciale à Doubs, à l’emplacement de l’ancienne “chaumière”. Où en êtes- vous dans ce projet ? P.G. : Cette zone est désormais terminée du point de vue des commerces. Nous y avons créé 2 000 m 2 de commerces avec un coiffeur-barbier, une agence Plaza Immobilier, une salle de gym, le magasin La Vie Claire, une agence de voyage et lemulti- accueil inter-entreprises qu’on a pu ouvrir en mai à la sortie du confinement. Indépendam- ment de ces travaux, la construc- tion de 10 logements est en cours, dont deux restent encore à ven- dre, avec terrasse. Ensuite, entre cette zone et Hyper U, nous fina- liserons un programme de 800 m 2 de commerce où on y ins- talle un restaurant à l’enseigne de Maître Corbeau (spécialisé dans le fromage), un bar et qua- tre salles d’escape game. Ces dernières doivent ouvrir le mois prochain, et le restaurant en février. Ma dernière actualité en termes de promotion immo- bilière, c’est un programme de 15 logements aux Hôpitaux- Neufs dont le démarrage inter- viendra au printemps prochain. L.P.P. : La zone commerciale de Doubs ne risque-t-elle pas la saturation ? P.G. : On prend le risque d’y inves- tir car les besoins existent. À part une cafétéria, elle ne dis- posait pas jusqu’ici de vrai res- taurant.Nous créons des services pour les personnes qui travail- lent sur cette zone, et ce ne sont pas des services qui viennent en concurrence avec d’autres. Ils sont complémentaires.D’ailleurs, des restaurants ont fermé sur les zones commerciales et le
Covid n’a rien arrangé. En inves- tissant ici, nous prenons évi- demment des risques,mais nous croyons à ce que nous faisons. Mon but est aussi d’amener un peu de loisirs sur cette zone. C’est la raison de ce futur escape game. La vie ne doit pas s’arrêter parce qu’il y a le Covid ! L.P.P. : Ceux qui doutaient de vous voir encore faire de la promotion immobilière pourront être rassurés…Certains vous ont reproché d’avoir démoli cette emblé- matique chaumière de Doubs au profit de ce programme immobilier. Que leur répondez-vous ? P.G. : Cette chaumière était posée sur 50 ares de terrain, elle n’était plus du tout en cohérence avec l’évolution de la commune de Doubs. J’ai justement voulu redonner de la cohérence à ce foncier, avec des commerces et des logements qui sont beaucoup plus en phase avec cette zone mi-résidentielle mi-commerciale située à l’entrée de Pontarlier. Ce petit programme permet aussi de proposer des logements abordables à ceux, et ils sont encore nombreux, qui cherchent à se loger à Pontarlier ou dans les environs proches. J’aurais pu y faire 100 logements sur ce grand terrain, mais j’ai voulu rester dans la cohérence et la complémentarité. L.P.P. : La crise sanitaire n’a pas cassé la dynamique immobilière du Haut- Doubs ? P.G. : Le Covid s’est hélas accom- pagné de décès, donc de succes- sions, de séparations également et la courbe des naissances se porte plutôt bien ici. Tous ces facteurs jouent directement sur l’immobilier et ont permis à ce secteur d’activité de semaintenir à un bon niveau. Cette crise a également révélé aux gens qu’il valait mieux avoir un prêt en tant que propriétaire, prêt qu’ils pouvaient éventuellement inter- rompre provisoirement, plutôt qu’être locataire avec des pro- priétaires qui souvent ont refusé d’interrompre le versement des loyers.Troisième phénomène lié à la crise sanitaire : les gens se sont aperçus qu’ils avaient besoin d’espace. Tout cela a contribué à fidéliser notre clientèle et,mal- gré cette crise, les prix dans le neuf n’ont pas chuté, ils se sont juste stabilisés. L.P.P. : Qu’est-ce qui continue à vous motiver après toutes ces années de promotion immobilière ? P.G. : Ce qui me pousse, c’est de trouver des réponses à des demandes. Pourquoi j’ai eu ce
Patrick Goursolle au balcon de la future petite résidence qu’il construit à Doubs.
besoins.C’est aussi ça àmes yeux le rôle d’un promoteur immobi- lier. Pour moi, ce projet à Gilley reste une référence. L.P.P. : Ce rôle d’investisseur et de pro- moteur suscite parfois des jalousies, voire de la condescendance chez cer- tains. Comment expliquez-vous ce genre de réactions à votre égard ? P.G. : Tout simplement parce que je ne suis pas du sérail, je ne viens pas de ce milieu. Il a fallu que je justifie le fait d’être un entrepreneur alors que j’étais un fils d’ouvrier. Du moment où on se trouve parfois devant la scène, on suscite forcément des réactions. Je sais qu’il y a des gens qui m’apprécient, d’autres qui ne m’aiment pas. Entre l’image qu’on renvoie et la réalité, il y a parfois de grandes diffé- rences. L’essentiel est d’être en accord avec soi-même.Mais c’est un problème assez fréquent en France où on n’aime pas trop ceux qui réussissent. L.P.P. : Éclairez-nous sur votre par- cours ? P.G. : Je suis né à Pontarlier, j’ai grandi à Doubs où j’ai fait ma scolarité. Seulement, les études, ce n’était pas vraiment mon truc. À l’âge de 17 ans, je me suis donc orienté dans le bâtiment en tant que manœuvre, ouvrier maçon. C’est comme ça que j’ai appris le métier, avant de vouloir évo- luer dans la conduite d’engins, de pelleteuses. Cette expérience m’a amené à devenir routier à l’international et conducteur de convois exceptionnels. Une très belle expérience. Sur le plan local, j’ai été adjoint au maire sous les mandats de Messieurs Cuinet et Ortelli, jeme suis beau- coup investi dans le foot à Pon-
tarlier et à Doubs, puis en tant que pompier volontaire. Pour ceux qui en doutaient encore, je suis un gars du cru ! Et puis un jour, je me suis dit : “Stop, tu vas prendre ton destin en main.” L.P.P. : C’est-à-dire ? P.G. : J’ai souhaité travailler pour moi. J’ai eu la chance de rencon- trer Michel Bitard qui était à la tête d’agences immobilières. Je suis devenu conseiller en immo- bilier, puis directeur d’agence à 27 ans, puis propriétaire d’une agence et j’ai ensuite créé plu- sieurs agences que j’ai fini par revendre. En parallèle, parce que je continuais à aimer ce métier de constructeur, j’ai créé la société de promotion Gour- soll’immo. J’ai lancé mon tout premier projet à Doubs en créant six maisons mitoyennes au cen- tre du village. J’avais eu la chance d’avoir été suivi par les banques. En créant quelque chose et sans avoir fait d’études, j’ai sans doute aussi voulu me prouver à moi-même que j’étais capable de faire autre chose que maçon ou routier. L.P.P. : Puis l’activité a prospéré rapi- dement ? P.G. : Pas vraiment car au démar- rage, c’était en pleine crise du Golfe avec un immobilier qui était plutôt en berne, puis il y a eu la crise du début des années 2000. J’ai alors choisi de me diversifier en rachetant une entreprise de maçonnerie, puis un cabinet d’architecture et enfin en créant une société, Bâtiment et Patrimoine, que je gère tou- jours, qui œuvre dans le placo, la peinture et la décoration. J’ai aussi mené des opérations comme la création de la zone
Buffalo Grill aux Grands-Plan- chants, en partenariat avec Vin- cent Deffeuille. Entre-temps, j’ai revendu certaines entreprises parce qu’on ne peut pas être par- tout à la fois. L’objectif premier reste d’être dans la satisfaction des clients et personnellement, j’ai désormais un autre objectif qui est de prendre le temps de vivre avec mes enfants. Désor- mais, je pense être dans une configuration stable, et idéale pour respecter ces objectifs pro- fessionnels et de vie. L.P.P. : Vous n’avez pas complètement abandonné votremétier d’agent immo- bilier ? P.G. : Non, j’ai ouvert en parte- nariat direct avec Stéphane Plaza, l’agence qui porte son nom et qui aide à commercialiser mes programmes. Cet homme a su donner une nouvelle image aux agents immobiliers et elle me correspond bien. De fait, j’ai été un des tout premiers franchisés Stéphane Plaza de France il y a 5 ans. L.P.P. :Vous êtes fier de votre parcours ? P.G. : C’est une fierté pour moi d’avoir laissé une petite empreinte sur ce territoire où je suis né. Mais ma vraie fierté est surtout de pouvoir continuer à exercer ce métier que j’aime, et pour lequel j’ai toujours la flamme, et surtout de pouvoir profiter de ma famille. Je privi- légie aujourd’hui la qualité de vie. Je souhaite aussi pouvoir transmettre mon expérience à ceux qui veulent entreprendre. L.P.P. : D’autres projets ? P.G. : Le plus grand demes projets est de rester en santé… n Propos recueillis par J.-F.H.
projet de faire une crèche inter- entreprises ? C’est avant tout pour les entreprises locales, l’hô- pital, Schrader, Hyper U, Béton- tec et d’autres auxquelles on apporte un nouveau service à leurs salariés. Ma réflexion sys- tématique est deme dire : qu’est- ce qui manque à telle ou telle zone, quels services pourrait-on apporter ? Et au passage, à chaque fois qu’on crée un service, ça crée de l’emploi local. Avec les deux micro-crèches que j’ai créées, à Doubs et à La Cluse- et-Mijoux, ce sont 12 emplois créés. C’est avant tout cela le rôle d’un entrepreneur. L.P.P. :Vous intéressez-vous également au développement du territoire en milieu rural ? P.G. : Bien sûr, il n’y a pas que Pontarlier et ses alentours. J’ai cité Les Hôpitaux-Neufs pour un prochain programme. Je pour- rais aussi parler de ce qu’on a fait il y a quelques années à Gil- ley. Une vraie opération d’amé-
nagement commu- nal en partenariat étroit avec lamai- rie. On y a construit des loge- ments accessibles, mais aussi un périscolaire, des locaux pour une banque, unmaga- sin de proximité, un institut de beauté, une mai- son des services… Au final, un vrai aménagement de cœur de ville, un partenariat gagnant-gagnant avec la commune, à l’écoute de ses
“Un restaurant à l’enseigne
de Maître Corbeau.”
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