La Presse Pontissalienne 251 - Novembre 2020

MOUTHE - RÉGION DES LACS 24

La Presse Pontissalienne n°251 - Novembre 2020

REMORAY-BOUJEONS Recherche cuisinier L’auberge O’Doubs Ceurs bien dans son village Après bien des changements, cet établissement communal a semble-t-il trouvé la gérance qui lui convient avec Patrick Bienvenu et sa concubine Édith. Patronyme de circonstance.

L es Cht’is aiment le Haut- Doubs et ce n’est pas Patrick Bienvenu qui dira le contraire. “C’est un petit coin de paradis, un peu excentré même si cela a aussi ses avan- tages” , explique ce cuisinier ori- ginaire du nord. Avant de

reprendre l’auberge de Remoray, il a travaillé quelques années à Besançon puis a cédé aux sirènes helvétiques quelques mois. Mais ce n’était pas son truc. Après avoir postulé deux fois trop tardivement, le couple a

décroché la timbale en 2016. Cinq années que cela dure, presque une éternité dans cette auberge qui a peiné à trouver des exploitants qui restent aussi longtemps. “On a commencé en couple avant de recruter Alan le cuisinier, Pascale la serveuse et depuis peu Romain, mon fils

Alan le cuisinier, Patrick Bienvenu le gérant, et son fils Romain actuellement en apprentissage cuisine.

explique celui qui a pour habi- tude de privilégier les produits frais et de proposer une cuisine traditionnelle de saison. Gibier, champignons et autres saveurs automnales sont à l’affiche. La solidarité à Remoray-Bou- jeons n’est pas un vain mot. Au lendemain même du confine- ment, on s’empressait de venir prendre commande de repas livrés le lendemain par Édith. Les habitudes sont restées. Une quarantaine de personnes est livrée chaque jour et entre 200 et 250 le week-end. “On propose un plat à 8 euros sans frais de livraison. Ce n’est pas super- rentable mais quel plaisir de se sentir utile et d’être si bien accueilli !” n

et encore le travail. “On n’a pas pris un jour depuis cinq ans. À ce titre, je voudrais remercier les habitants et la commune. Ils ont toujours joué le jeu de venir consommer chez nous. J’ai par-

qui effectue son apprentissage en cuisine. Aujourd’hui, on recherche un cuisinier en exi- geant juste de lui qu’il sache cui- siner…” , sourit Patrick qui sem- ble avoir subi quelques déconvenues en la matière. La main-d’œuvre en restauration est toujours un problème en zone frontalière même si les res- taurateurs savent aussi appré- cier la clientèle suisse. L’établissement a été rebaptisé O’Doubs Ceurs. Il abrite désor- mais une petite épicerie et un cabinet où Édith, la compagne de Patrick Bienvenu a développé une activité de blanchiment dentaire. La clef de sa réussite repose sur le travail, le travail

fois eu envie d’arrêter et ce sont eux qui m’ont donné la force.” Bel hom- mage. O Doux Ceurs fonctionne en menu du jour en semaine avant de bas- culer au tableau le week-end. “On se fait plaisir” ,

Une quarantaine de personnes est livrée chaque jour.

L’Auberge de Remoray, propriété communale, avait été entièrement rénovée.

MOUTHE Une reconnaissance Hôpital de proximité : le label qui pérennise les lits sanitaires Ce nouveau statut qui n’est pas sans contraintes confère des missions et de nouveaux moyens aux hôpitaux locaux comme celui de Mouthe qui devrait encore gagner en autonomie. Une reconnaissance, une révolution culturelle.

“Des consultations gériatriques et des suivis psychiatriques devraient être installés en 2021 à Mouthe”, note Jean- Michel Guyon qui intervient à l’hôpital et exerce aussi à

la maison médicale.

“À travers la labellisation, on pérennise les 13 lits sanitaires. Grâce à cela, on bénéficie d’un poste d’infirmière 24 heures sur 24 et de moyens de prise en charge qui nous permettent de garder les patients au plus près des familles” , note le docteur Jean-Michel Guyon, cheville ouvrière de cette labellisation et praticien qui partage son temps de travail entre l’hôpital et la maison médicale. Le décret qui officialisera la bonne nouvelle sortira en fin d’année et sera applicable au 1 er janvier 2021. Tout laisse à penser que Mouthe deviendra un hôpital de proximité comme l’a d’ail- leurs annoncé Pierre Pribile, le direc- teur de l’A.R.S. lors de la signature de la convention C.P.T.S. du Haut-Doubs forestier le 2 octobre dernier à Pon- tarlier (voir notre précédent numéro). Cette remise à plat des statuts des établissements s’inscrit dans le cadre

de loi Macron 2022 sur la santé. La finalité étant de regrouper dans la même strate les ex-hôpitaux locaux et les hôpitaux généraux qui n’ont plus de maternité, ni de chirurgie. Sont concernés dans le Doubs, les hôpitaux deMorteau, Ornans, Baume-les-Dames

Et l’A.R.S. l’a bien compris en validant le dossier meuthiard. “C’est une forme de reconnaissance du travail accompli. Sur la gériatrie qui représente 80 % de l’activité des lits sanitaires, on a de très bons indicateurs de qualité par exemple sur la durée moyenne de séjour” , com- plète Jean-Michel Guyon. Un hôpital de proximité doit satisfaire un socle de critères. Il doit avoir des lits de médecine mais pas de chirurgie ni d’obstétrique. Autre facteur pris en compte, l’existence d’une coopération avec les acteurs du territoire comme les professionnels de santé. Il doit aussi favoriser des consultations décentra- lisées ou s’organiser pour des perma- nences de spécialistes. “Tout dépend bien sûr des spécificités du territoire et de l’éloignement de l’hôpital de recours. Quand on habite à Métabief, c’est plus simple d’aller directement

consulter un spécialiste à l’hôpital de Pontarlier. Des consultations géria- triques et des suivis psychiatriques devraient être installés en 2021 à Mouthe” , nuance Jean-Michel Guyon en signalant que trois problématiques n’ont pas encore trouvé de réponse dans cette labellisation. Quid du statut des médecins qui travailleront dans un hôpital de proximité ? Sur la ques- tion du financement, il reste encore à trouver une tarification adaptée à l’ac- tivité pour assurer un minimum de rentabilité. Enfin, qui va diriger ces hôpitaux de proximité ? Une nouvelle gouvernance doit être définie dans le décret de loi à venir. Le docteur Guyon souhaiterait une présence de direction plus importante sur son site pour pou- voir assumer au plus près ces nouvelles missions d’hôpital de proximité. n F.C.

Mouthe qui a 57 lits E.H.P.A.D. dispose aussi de 13 lits sanitaires avec 6 lits de médecine et 7 lits en soins de suite et de réadaptation. Une dotation sani- taire que défend corps et âme Jean- Michel Guyon. Non sans mal. “Au gré des réformes, ces lits sanitaires ont failli passer cinq fois à la trappe.” Le label hôpital de proximité n’est pas un droit, ni une obligation. Chaque établissement se porte candidat et c’est l’A.R.S. qui étudie le dossier avant de le valider ou pas. L’attribution du label implique d’assurer de nouvelles mis- sions et change le mode de financement de la structure. Le secteur de Mouthe fait figure d’exemple dans l’organisation de l’offre de soins. Les professionnels de santé ont vite mesuré l’intérêt de travailler ensemble dans une maison médicale qui serait d’autant plus effi- ciente en étant “adossée” à l’hôpital.

et Mouthe qui avait perdu son statut d’hôpital local en 2014 pour devenir l’un des pôles du Centre Hos- pitalier Intercommunal de Haute-Comté (C.H.I.H.C.). “Se posait d’ailleurs la question de savoir si l’on pouvait label- liser un pôle qui n’avait plus une structure juri- dique indépendante” , poursuit Jean-Michel Guyon. À la différence de Levier ou Nozeroy également rattachés au C.H.I.H.C.,

“Ces lits sanitaires ont failli passer cinq fois à la trappe.”

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