La Presse Pontissalienne 251 - Novembre 2020

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La Presse Pontissalienne n°251 - Novembre 2020

l Belgique Là où l’euthanasie est autorisée “Ceux qui demandent la mort sont souvent ceux qui ont croqué la vie” Jacqueline Herremans démystifie l’euthanasie en Belgique jugée trop facile selon certains. Ce que dément cette avocate, présidente d’A.D.M.D. et membre du comité consultatif de bioéthique.

L a Belgique est reconnue comme le pays d’Europe le plus libéral en matière de sui- cide assisté. C’est en partie vrai. Là-bas, c’est le médecin qui peut mettre fin à la vie de son patient contrairement à la Suisse où c’est la personne qui fait elle-même le dernier geste. Les enfants peuvent également avoir recours dans le cadre de maladies incurables depuis février 2014 à l’eu- thanasie, donnant à la Belgique le “titre” de premier pays au monde à légaliser l’euthanasie des mineurs, sans limite d’âge, en étendant la loi de 2002. Les conditions sont plus strictes que pour l’euthanasie des adultes. Avocate à Bruxelles, Jacqueline Her- remans s’implique dans les questions d’éthique notamment en tant que pré- sidente de l’A.D.M.D. Belgique (Asso- ciation pour le Droit de Mourir dans la Dignité). Membre de la Commission fédérale d’évaluation et de contrôle de la loi relative à l’euthanasie depuis son entrée en vigueur, elle sera présente samedi 14 novembre à Besançon pour la conférence de l’A.D.M.D. Son rôle : “démystifier” ce qui se déroule dans

son pays. “La condition essentielle pour l’euthanasie doit être une démarche volontaire, réfléchie et réitérée, sans pression extérieure de la part du patient qui se trouve dans une situation médi- cale sans issue et fait état d’une souf- france physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable” détaille l’avocate et présidente de l’A.D.M.D. belge. En 2019, 2 356 personnes ont demandé la mort en Belgique. Un chiffre en aug- mentation. Jacqueline Herremans uti- lise l’exemple du Premierministre belge Wilfried Martens décédé le 19 octobre 2013 par euthanasie à la suite d’un cancer du pancréas : “Membre du parti démocrate-chrétien, il était opposé à l’euthanasie. Lorsqu’il a estimé que ses souffrances devenaient insupportables, il a demandé l’euthanasie” relate la présidente. De très nombreux Français vont en Belgique pour ne jamais en revenir. Ils doivent respecter les mêmes conditions que les Belges. “Nous ne sommes pas demandeurs pour accueillir des étran- gers, poursuit l’avocate. Cela demande

du temps et sur le plan émotionnel, c’est une charge importante. En Belgique, il n’y a pas de condition de résidence mais une relation thérapeutique avec leméde- cin…qui ne peut pas se faire par Skype. Il faut se déplacer plusieurs fois.” Jac- queline Herremans se souvient d’un moment difficile où comme présidente de l’association, elle a conduit une jeune femme originaire du sud de la France dans “son” dernier voyage à Bruxelles. Elle était accompagnée de ses parents, grands-parents, sa sœur, son beau-frère. Surtout, n’utilisez pas le terme de “tou- risme de lamort” , cela énerve Jacqueline Herremans : “C’est faire insulte à la personne.” Selon elle, c’est la France qui doit se poser les bonnes questions sur la fin de vie. “ J’ai un regard étonné lorsque j’analyse le cas français, dit- elle, car la France est habituée à être plus proche des Droits de l’Homme et de la fin de vie. Nombre de médecins chez vous sont contraints dans l’exercice de leur fonction à arrêter des soins qui aboutissent au décès. Lorsqu’ils décident d’envoyer plus de morphine, ils savent que cela va conduire à la mort…” Comme les autres adhérents de l’A.D.M.D., la présidente estime que le

Jacqueline Herremans est avocate en Belgique, membre de la Commission fédérale d’évaluation et de contrôle de la loi relative à l’euthanasie (photo J.-M. Quinet - Reporters).

des Ardennes, cela ne choque plus que revienne au médecin le dernier acte. C’est selon l’A.D.M.D. le dernier soin qu’il apporte à son patient et non une aide à mourir. Vaste débat. n E.Ch.

droit àmourir doit être inscrit au niveau des Droits de l’Homme. “Les patients ne sont pas des suicidaires. Ceux qui demandent la mort sont souvent des personnes qui ont croqué la vie mais ne souhaitent plus souffrir.” De l’autre côté

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