La Presse Pontissalienne 251 - Novembre 2020

La Presse Pontissalienne n°251 - Novembre 2020 le dossier 18

le débat relancé Fin de vie :

La question de la fin de vie revient en force l Débat Une rencontre était prévue le 14 novembre Régulièrement, la question de la fin de vie revient sur le devant de la scène. Après la douloureuse affaire Vincent Lambert, c’est un Dijonnais, Alain Cocq, qui par la médiatisation de sa maladie, contribue à relancer le débat. Alors que des associations poussent pour permettre d’avancer sur la ques- tion du suicide assisté, voire de l’euthanasie, d’autres s’en remettent à la loi telle qu’elle existe depuis 2016 en France et refusent une telle perspective. Un colloque est organisé sur cette douloureuse question le 14 novembre à Besançon. L’occasion pour La Presse Pontissalienne de rouvrir le débat.

La Ligue des Droits de l’Homme et l’association pour le droit à mourir dans la dignité avaient prévu d’organiser samedi 14 novembre à Besançon une rencontre Belgique-France- Suisse pour exposer les lois qui régissent la fin de vie dans ces pays. Un sujet d’actualité avec le cas d’Alain Cocq, un Dijonnais gravement malade qui a décidé de ne plus s’alimenter.

T ant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Cette phrase reprise par des membres de l’association J.A.L.M.A.L.V. qui accompagnent les patients en fin de vie témoigne de la complexité du sujet au moment où les gens du Haut- Doubs vont fêter les morts dans le cadre de la Toussaint. Mourir dans la dignité, abréger ses souffrances, est-il un droit ou est-il une façon pour l’Homme de tout contrô- ler, de tout programmer ? C’est un droit fondamental répond l’Association pour le droit à mourir (A.D.M.D.) qui orga- nise avec la Ligue des Droits de l’Homme une conférence sur les diffé- rentes lois qui régissent la fin de vie en Suisse, en Belgique et en France. Ce dossier n’a pas la prétention de pré- senter tous les contours des lois qui régissent la fin de vie. Il présente des “libertés” différentes si l’on habite d’un côté ou de l’autre de la frontière. “Lorsque je viens àMorteau pour parler de notre association ou du suicide assisté, je suis assez surprise de voir que les personnes connaissent assez bien le suicide assisté en Suisse. Elles sont plutôt pour. Ce que les Français réclament à 95 % (sondage I.F.O.P. - mars 2017), ce n’est pas un droit absolu

l’arrêt de son traitement étaient telles qu’il l’a repris pour finalement décider en mi-octobre dernier d’arrêter à nou- veau les soins. Selon le journal Libé- ration, l’équipe du C.H.U. de Dijon ne semble pas vouloir lui faire bénéficier d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès. La loi Léonetti-Claeys (2016), qui réglemente la fin de vie, est de ce point de vue ambiguë, d’autant que les recommandations de la Haute Autorité de santé pour l’appliquer sont restrictives, parlant d’un décès devant survenir dans les 72 heures, ce qui n’est pas le cas ici. Pour autant, cette sédation est possible lorsque les dou- leurs ne peuvent être soulagées, ce que vit (manifestement) Alain Cocq. Selon un rapport de l’institut d’études démographiques (I.N.E.D.) de 2012, de nombreux décès sont dus chaque année à l’administration d’un médi- cament létal. Pourquoi ? Qui sont ces personnes “euthanasiées” ? Qui a pris la décision ? “La loi française actuelle entretient cette zone de non-droit quand les lois belge, néerlandaise ou luxem- bourgeoise organisent ces fins de vie dans la plus grande transparence et le respect des consciences de chacun” estime l’A.D.M.D. Les personnes qui accompagnent les

de se donner la mort n’importe quand et pour n’importe quelle raison, c’est la possibilité, lorsque la vie est arrivée à son terme et que la maladie ou la grande vieillesse conduisent à la mort, de choisir entre deux façons de mourir : l’une qui serait imposée par la famille, les médecins, la religion, l’autre qu’ils pourraient choisir librement, lucidement et en conscience” relate Séverine Arnaud, déléguée départementale de l’A.D.M.D. Il existe des cas de Français qui ont choisi d’être euthanasiés de

l’autre côté de la fron- tière. C’est très régle- menté (lire en page sui- vante). Après le très médiatique cas de Vincent Lambert, le sujet de la “mort pro- grammée” revient avec celui d’Alain Cocq, un Dijonnais de 57 ans gra- vement malade qui sou- haite mourir. En France, ce n’est pas simple de mourir, ce n’est pas sim- ple non plus de vouloir mourir. L’homme a décidé en septembre d’arrêter de s’alimenter. Les souffrances liées à

“Il manque des places en soins palliatifs.”

Séverine Arnaud (à droite) et Françoise Martin sont pour le “droit de mourir dans la dignité”. Leurs associations respectives sont à l’origine de la conférence qui était prévue le 14 novembre.

viane Berthoud, président de J.A.L.M.A.L.V. Besançon. Les soins palliatifs concourent à une forme d’inégalité estime la Ligue des Droits de l’Homme “car ces services manquent de place” évoque Françoise Martin pour la L.D.H. La France va- t-elle remettre le sujet de la fin de vie à plat ? Pour l’instant, non. n E.Ch.

malades en fin de vie ne sont pas de cet avis. Ils se déplacent dans le service des soins palliatifs ou en maisons de retraite, ne serait-ce que pour tenir la main du malade : “On représente la société, on leur dit qu’ils ne sont pas seuls, qu’on ne les oublie pas. La souf- france physique est soulagée aujourd’hui à 99 % alors que la souf- france psychique ne l’est pas” dit Syl-

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