La Presse Pontissalienne 250 - Octobre 2020

La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020

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Bannans Un contre-exemple Quand le Gouterot retrouve ses méandres, son eau fraîche et ses truites

“U n an après les travaux, on observait déjà un maintien du niveau d’eau très long sur la tourbière, malgré la sécheresse. Le débit du ruisseau du Gouterot a été multiplié par cinq ou six. Un débit constant et largement supérieur au Drugeon dans lequel il se jette” , note Jean-Noël Resch, hydrobiologiste à l’E.P.A.G.E. Haut- Doubs Haute-Loue. Des résultats sur- prenants si ce n’est spectaculaires, à l’heure où l’on ne cesse de déplorer le manque d’eau dans les nappes de l’Ar- lier comme dans le lit du Doubs en terre saugette. Des travaux avaient déjà été menés tout l’intérêt de préserver les zones humides pour la biodiversité mais aussi pour conforter les ressources en eau potable. La restauration de la zone tourbeuse du Gouterot dans la vallée du Drugeon montre

Le ruisseau du Gouterot après travaux (photo Corvus pour E.P.A.G.E.).

en 1998 sur ce secteur mais des ana- lyses ont mis en évidence une situation dégradée. D’où l’intérêt d’engager un projet de restauration portant sur le reméandrement du Gouterot et de son affluent la Raie Saint-Nicolas. “Les travaux ont débuté en juillet 2019. Ils incluaient aussi 1 000 mètres de recharge en matériaux permettant de resserrer la largeur, de remonter le niveau de fond et d’augmenter la hau- teur d’eau des ruisseaux. Des fossés ont

été comblés pour qu’ils ne participent plus au drainage de la tourbière” , détaille l’hydrobiologiste. Les résultats sur la biodiversité sont très encourageants, marqués dès ce printemps par une forte colonisation de vanneaux huppés, de bécassines des marais et quelques courlis cendrés. Une pêche électrique de sauvetage avait été effectuée avant travaux puis une autre au bout d’un an. Comme le ruisseau a retrouvé de la

fraîcheur, la truite est de retour avec des loches et des vairons. “Les travaux ont permis d’augmenter les échanges avec la nappe qui alimente ainsi le ruisseau en eau plus froide.” Les enjeux débordent comme l’eau du Gouterot du cadre environnemental. Le marais du Gouterot est situé à proximité du

captage du syndicat deVau-les-Aigues. “Cette ressource n’est pas immédiate- ment disponible mais elle participe au soutien des débits.” Le coût des travaux s’élève à 182 880 euros hors taxes, financés à 100 % ans le cadre du programme euro- péen Life Tourbières du Jura.

Bouverans Lac classé en seconde catégorie On plie les gaules à l’Entonnoir Avec un étang asséché sur les trois

Le Doubs Société la Truite Pontissalienne

Le réchauffement fatal aux truites de souche Si, d’un point de vue piscicole, le lac Saint-Point est relativement épargné par les effets de la sécheresse, il en va autrement du Doubs dont les eaux chaudes menacent les espèces autochtones.

quarts de sa sur- face, l’association

Quelques jours après la fermeture, les pêcheurs se retrouvent pour une opération de nettoyage des rives.

D éçus ou pas de rac- courcir aussi brus- quement une saison de pêche ? Pas vrai- ment, à écouter les quelques pêcheurs venus nettoyer les abords du lac. “Avant les pluies de fin septembre, le niveau du lac baissait de 5 à 6 centimètres par jour. Impossible de prati- quer dans de telles conditions. En prenant cette décision, on est plus tranquille” , explique Christophe Rousset, le prési- dent de l’association des pro- priétaires du lac. Une décision parfaitement légale sur un étang privé dont la surface varie entre 80 et 90 hectares. “Ici, la gestion de la pêche s’ins- crit dans un cadre administra- tif réglementaire dans lequel des propriétaires du lac a préféré avan- cer la fermeture de la pêche au 12 septembre au lieu du 31 décembre.

L e confinement, en retar- dant les dates d’ouverture de la pêche de quelques semaines, aurait sauvé entre 3 000 et 5 000 corégones au lac Saint-Point. “Cette espèce n’a pratiquement pas été pêchée. Il est beaucoup plus difficile à attra-

1 ère catégorie. “Avec une eau qui peut monter à 23 °C ou 24 °C, on ne trouve pratiquement plus de truites fario si ce n’est dans quelques ruisseaux pépinières. Aujourd’hui, on est obligé d’ale- viner en truites surdensitaires pour satisfaire les pêcheurs.” Les effectifs tendent malgré tout à se réduire à la Truite Pontissalienne comme dans la plupart des autres sociétés. “En 7 ou 8 ans, on est passé de 1 000 à 700 pêcheurs et heureusement qu’on a le lac pour freiner l’hémorragie.” Tout aussi grave que la sécheresse, Jean-Marie Poux insiste sur l’im- portance de préserver la qualité des eaux des lacs Saint-Point et Remoray. “Les travaux effectués par la com’com des Lacs et mon- tagnes du Haut-Doubs sur le col- lecteur des eaux usées vont dans le bon sens. On sait qu’il y a encore des particuliers qui déversent leurs eaux usées directement dans le milieu naturel. On sera toujours très vigilant autour du lac.” F.C.

quelques souvenirs piscicoles douloureux. La sécheresse rééquilibre aussi le rapport entre carnassiers et poissons blancs un peu trop nombreux au goût de certains. “Cette régulation protège les fraies.” L’association qui tient à préserver les zones maréca- geuses autour du lac a égale- ment interdit la pêche en wader, ces cuissardes qui remontent jusqu’à la taille. Elle ne peut rien contre l’arrivée de pêcheurs ailés qui profitent du réchauffement climatique pour s’installer dans le Haut- Doubs, à savoir les aigrettes et les redoutables cormorans. “On a encore la chance d’avoir une bonne qualité d’eau” observe le président. F.C.

loisir”, précise Christophe Rousset. Classé en seconde catégorie, le lac de Bouverans abrite des espèces assez clas- siques : brochet, perche, roten- gle, gardon, carpe… Ce lac relativement peu pro- fond si ce n’est au niveau de l’entonnoir proprement dit se vide à chaque épisode de séche- resse. Le phénomène n’est donc pas nouveau mais tend à se répéter de plus en plus souvent. “On avait constaté une forte mortalité de poissons en 2018. On ne cherche pas à sauver les poissons pris au piège dans les trous d’eau car ils n’y survivent pas comme on avait pu s’en ren- dre compte en tentant ce sau- vetage en 1959” , poursuit Guy Charberet en réveillant

on peut prendre certaines dis- positions comme fermer avant la date officielle. On ouvre d’ail- leurs deux semaines après les autres” , rappelle Guy Charbe- ret, une figure dans le monde la pêche où il a exercé diverses responsabilités. Le lac de l’Entonnoir réunit une trentaine de propriétaires, tous membres de l’association. Chacun dispose d’une carte d’invité et quelques cartes sont distribuées aux habitants de Bouverans. sans compter quelques cartes journalières. “Le nombre de pêcheurs est rela- tivement stable. On en compte en moyenne une trentaine qui pratique majoritairement en barque. Ce plan d’eau n’est pas accessible à la navigation de

per en été quand le zooplancton dont il se nourrit se déve- loppe. En limitant la pression de pêche au printemps, le confinement aura aussi favorisé la reproduction natu- relle. C’est promet- teur pour la pro- chaine saison de pêche”, estime Jean- Marie Poux, le pré- sident de la Truite Pontissalienne qui gère la pêche au lac Saint-Point. La situation est délicate sur le par- cours du Doubs en

Entre 3 000 et 5 000 corégones sauvés.

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