La Presse Pontissalienne 250 - Octobre 2020

La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020 L’ÉVÉNEMENT

L’EAU, LE NOUVEL ENJEU DU HAUT-DOUBS

Les pénuries d’eau se multiplient ces dernières années avec ses consé- quences multiples dont la plus visible est la disparition régulière du Doubs en particulier en aval de Pontarlier. Mais les déficits d’eau ont désormais des conséquences sur l’ensemble des activités du territoire.

l Météorologie

À cause de la hausse des températures

Le Doubs sans eau : un scénario qui devrait se reproduire de plus en plus C’est le déficit temporaire d’eau conjugué à la hausse moyenne des températures qui rend les épisodes de sécheresse des rivières plus fréquents. Cela devrait, hélas, arriver de plus en plus souvent.

Le Doubs à hauteur de Montbenoît le mois dernier.

L e spectacle du Doubs à sec à l’aval de Pontarlier devient un des feuille- tons réguliers de l’au- tomne.Après 2018 et 2019, pour la troisième année consécutive, le Doubs a provisoirement dis- paru de son lit cet automne. Les pluies de ces derniers jours ont heureusement comblé son niveau. Ce phénomène récurrent est-il dû à un déficit de pluie ? Pas forcément… Mais plutôt à une hausse moyenne des tem- pératures estivales qui entraîne une évaporation plus impor- tante. Côté précipitations, il est tombé entre début janvier et fin sep- tembre 1 000 mm (soit 1 mètre)

plans d’eau du Haut-Doubs. Une récente étude de l’Obser- vatoire statistique de l’Arc juras- sien (O.S.T.A.J.) ajoute que “dans la partie française de l’Arc jurassien, la pression démogra- phique s’intensifie à proximité de la frontière et notamment au niveau de la source du Doubs (Mouthe) mais également entre Pontarlier et Morteau, là où le Doubs a subi des sécheresses importantes ces deux dernières années.” Sachant que la consom- mation des habitants est de l’or- dre de 150 à 200 litres d’eau par jour, tous ces facteurs mis bout à bout expliquent ce phé- nomène récurrent. n J.-F.H.

automne avec un lit du Doubs qui a disparu par endroits. “On a connu ce phénomène trois années de suite, c’est une coïn- cidence météorologique, cela ne signifie pas que l’été et l’automne 2021 ne seront pas arrosés” pour- suit le spécialiste. Le déficit ponctuel d’eau n’ex- plique pas tout. Si les rivières s’assèchent de plus en plus, c’est aussi et surtout à cause de la hausse régulière des tempéra- tures moyennes, provoquant l’évapo-transpiration des sols. Depuis une trentaine d’années dans le Doubs, les températures moyennes ont augmenté “de trois à quatre 10 èmes de degrés tous les 10 ans, soit 1 °C en 30

de pluie. “Nous sommes à 80 % d’une année normale. Mais ce retard peut très bien être rattrapé d’ici la fin de l’année” observe Bruno Vermot-Desroches, chef du centre Météo France de Besançon.

tations avaient quasiment atteint les 1 500 mm, sauf que “ 2018 avait été très arrosée jusqu’au 13 juin et très sèche ensuite, d’où les déficits impor- tants d’eau dans les rivières à l’automne.” Et quand bienmême une année est très arrosée, il suffit de cinq semaines d’affilée sans pluie pour que les sols soient taris. Cette année encore, le printemps avait été particulièrement arrosé. “En janvier et mars, jamais les sols n’avaient été aussi gorgés d’eau” ajoute M.Vermot- Desroches. S’en est suivi le confi- nement et ses deux mois sans pluie, puis un été sec. Ce qui explique la situation de cet

ans. Les prochaines statistiques sur 30 ans que nous sommes sur le point d’avoir confirmeront cette augmentation” indique le prévisionniste. Conséquence : avec des tempé- ratures en hausse, l’étiage de la rivière Doubs sera plus fréquent car les besoins en eau plus importants. Et quand bienmême les précipitations seraient plus importantes, des températures de quelques degrés supérieures assécheraient rapidement les rivières. La tendance de fond qui semble devoir se confirmer, ce sont des étés plus chauds et temporai- rement secs. Le cocktail idéal pour assécher les rivières et

La hausse des températures provoque l’évapo- transpiration des sols.

Sur une année entière, il tombe en moyenne 1,50mètre d’eau dans le Haut- Doubs pontissa- lien. En 2018, malgré une sécheresse sévère survenue à partir de lami- juin, les précipi-

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