La Presse Pontissalienne 246 - Juin 2020

28 DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n°246 - Juin 2020

La Ferme Maugain se réinvente face aux réalités du confinement Frappée de plein fouet par les contraintes imposées sur une partie de sa clientèle, la laiterie du Souillot a cher- ché de nouveaux débouchés à travers la mise en place de points-relais et de tarifs incitant à consommer local.

A vec la fermeture des restaurants, de certains marchés et des cantines dans les établissements scolaires et les collectivités, la ferme Mau- gain a perdu du jour au lendemain une clientèle qui représente au moins 60 % de production. “Il nous reste heureusement la grande distribution sachant qu’au début du confinement, les consommateurs boudaient nos produits au profit des achats de première néces-

de massue”, n’a pas tardé à réagir, du moins à réfléchir pour trouver des solutions. “Quand on est chef d’entreprise, on doit faire preuve d’adaptabilité.” L’agriculteur de Chapelle- d’Huin qui avait fait le pari de se diversifier en 2009 dans les produits laitiers a bien pris la mesure de la situation. La bonne santé éco- nomique de la laiterie devrait lui permettre de tenir quelques mois en sous-régime. “J’espère qu'on ne perdra pas trop de petits clients. On a déjà tiré un trait sur les trois mois à venir.”

sité. On en est là aujourd’hui, même si on com- mence à sentir un léger frémissement de reprise avec l’envie de privilégier le local. Cette crise

sanitaire insufflera peut- être une prise de conscience sur l’intérêt de favoriser la proximité dans ses habi- tudes alimentaires” , explique Fabrice Maugain. Ce dernier, passé le “coup

“J’appelle ça la ristourne anti-gaspillage.”

AGRO-ALIMENTAIRE

Comment s’adapter ? D’abord en réactivant le magasin de vente directe rattaché à la lai- terie, qui avait été mis en som- meil. “C’est encourageant. On a pris toutes les précautions sanitaires. On a décidé égale- ment de mettre en place plu- sieurs points-relais à Grand’Combe-Chateleu, Mouthe et Arçon.” Les com- mandes sont prises par télé- phone ou par mail puis les clients vont récupérer leurs produits le jour de la livraison hebdomadaire. La ferme Maugain, c’est aussi

une exploitation laitière touchée par les limi- tations de production de lait imposées pour protéger les marchés du comté, morbier et bleu de Gex. “Pour nous, cela représente un volume non négligable de lait. On a décidé de le trans- former en produits laitiers vendus à un tarif abordable. Cela concerne une partie de la gamme, à savoir les yaourts nature, aromatisés et le lait en bouteille. J’appelle ça la ristourne anti- gaspillage.”

Le magasin de la laiterie Maugain a rouvert ses portes début avril.

l Doubs

l Malbuisson De nouveaux produits Le chaud et froid

Revendication de la profession

Les traiteurs durement touchés Au même titre que les restaurateurs, cette profession a subi de plein fouet l’interdiction de se réunir. Cette mesure devrait perdurer encore quelques mois. Gros manque à gagner.

à la maison Grésard

“L e magasin a très bien fonctionné. On a retrouvé une clientèle locale” , observe Pierre Grésard qui dirige l’entreprise familiale avec sa sœur Françoise. Le confinement sonne-t-il la revanche des commerces et supé- Si l’atelier de production en charcute- rie-salaisons a tourné au ralenti, ce n’est pas le cas de la supérette Huit à Huit qui a connu une fréquentation parfois digne des sommets estivaux.

rettes locales ? On peut y croire. Les conditions de déplacement ont largement joué en faveur des enseignes de proximité sous réserve qu’elles étaient enmesure de proposer une offre de pro- duits de première nécessité correspondant aux attentes. Les bonnes habitudes prises vont-elles perdurer ? C’est toute la question. Pour Pierre Grésard, cette fréquentation qui fut parfois digne des grandes journées de l’été, s’explique aussi par la renommée de la maison Grésard qui s’est toujours efforcée de préserver la qualité qui a fait sa réputation notamment au rayon viande et charcuterie. “On a fait beau- coup de caissettes viande. On en a profité aussi pour lancer quelques nouveautés en charcuterie avec des petits saucissons à déguster à l’apéro par exemple. C’est aussi une façon de remonter lemoral des troupes. Bien sûr, les produits embal- lés ont la cote et personne ne reproche aujourd’hui aux transformateurs d’utiliser du plastique pour le conditionnement” , poursuit le boucher-char- cutier qui se félicite aussi de l’assiduité d’un personnel fidèle au poste, confinement ou pas. Le succès de la supérette compense le petit coup de mou enregistré dans l’atelier de production. “C’est plus délicat. On commercialise beaucoup sur le réseau des magasins de fruitières qui ont dû pour certains fermés temporairement” , note Pierre Grésard. L’entreprise n’a pas eu recours au chômage partiel. L’été s’annonce plutôt bon pour le commerce ali- mentaire à Malbuisson. Chacun compte sur la réouverture du camping, des gîtes, des hôtels et restaurants de la petite station balnéaire. “On recrute toujours une dizaine d’étudiants qui viennent en renfort l’été.Si les vacances démarrent bien, on procédera comme d’habitude.” n F.C.

“O n enregistre une grosse baisse d’activité sur tout ce qui concerne l’activité traiteur de réception, c’est- à-dire en salle. En chiffre d’affaires, cela représente une perte de 35 000 à 40 000 euros par mois” , explique Didier Magnin-Feysot, boucher-charcutier-traiteur sous l’enseigne Haut-Doubs Gourmet à Doubs. Durant tout le confinement et sans doute encore pendant quelques mois, plus de repas de mariage, de baptême, d’anniversaire.

belle bouée de sauvetage” , espère Didier Magnin-Feysot qui a dû mettre sept salariés au chômage partiel. Beaucoup de mariages sont repor- tés de quelques mois, voire d’une année. Du travail en perspective pour les traiteurs qui peuvent tou- jours préparer des repas à empor- ter comme c’est le cas à Haut- Doubs Gourmet. “On livre chaque jour une soixantaine de personnes âgées et on prépare environ 20 pla- teaux-repas pour les entreprises en chantier. Cela permet de com- penser en partie l’arrêt de l’activité traiteur et la fermeture des dépôts de produits régionaux qu’on faisait dans les boutiques spécialisées et les magasins de coop.” À chaque événement festif : Pâques, fête des mères… Haut- Doubs Gourmet propose désormais des menus spécifiques à différents prix. “On a très bien travaillé en boucherie sans connaître de souci d’approvisionnement. On a même accueilli des habitants de Doubs qui n’étaient jamais venus chez nous. J’espère qu’ils reviendront.”

Didier Magnin-Feysot estime qu’à son niveau, la situation est critique mais pas catastrophique car l’État a bien joué son rôle. “Les traiteurs demandent une exonération de charges jusqu’à la fin de l’année. Ils souhaitent bénéficier du même traitement que les restaurateurs.” n Les bouchers-traiteurs comme Didier Magnin-Feysot ont pu compenser en partie le manque à gagner avec les plats à emporter pour les particuliers et les entreprises.

Oubliées les communions, les collations d’as- semblées géné- rales, autant d’occasions de travailler pour les traiteurs. “Le banquet des classes à Pontar- lier pourrait être reporté au 30 août. Ce serait pour nous une

La situation est critique mais pas catastrophique.

“On a décidé de lancer quelques nouveautés en charcuterie”, note Pierre Grésard en présentant ces petits saucissons fait maison.

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