La Presse Pontissalienne 244 - Février 2020
La Presse Pontissalienne n°244 - Février 2020
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l Prospection Protection nouveaux captages Sécuriser au mieux la ressource
Zoom l Les eaux pluviales reversées dans la nappe La C.C.G.P. poursuit sa politique d’investissement visant à supprimer les réseaux unitaires au profit d’une mise en séparatif évitant de mélanger eaux pluviales et eaux usées et de saturer in fine la station de traitement de Doubs. “Les eaux pluviales sont détournées de la station d’épuration pour être rejetées dans la nappe phréatique comme cela est le cas depuis quelques mois vers Houtaud.” l Stabilité de la production depuis 2015 Sécheresse ou pas, le volume d’eau mis en distribution par le Grand Pontarlier reste étonnamment stable entre 2015 et 2018. Il varie en effet entre 3,4 et 3,5 millions de m 3 par an. L’augmentation des besoins liée à la croissance de population sur le territoire de la communauté de communes est ici compensée par la sobriété des équipements électroménagers de plus en plus performants, les efforts des habitants pour consommer moins d’eau et l’optimisation des réseaux. Les communes font de plus en plus d’effort pour supprimer les fuites sur leurs réseaux. L’objectif étant d’arriver à 75 % de rendement. “On observe ainsi une baisse régulière des consommations unitaires. Entre 2007 et 2019, on est passé de 100 à 80 m3 par habitant et par an” , note Sylvain Charrière, directeur du service eau-assainissement qui emploie 26 équivalents temps plein. n
Après les coups de sec en 2018 et 2019, les élus du Grand Pontarlier ont accéléré les travaux pour trouver de nouveaux captages et optimiser l’alimentation entre les communes.
À l’automne 2018, il a fallu déployer les grosmoyens pour éviter que les habitants et le bétail des Granges-Narboz n’aient le gosier à sec. D’autres com- munes ont connu le même sort. Faute de pouvoir utiliser des canalisations qui n’étaient pas encore connectées aux autres réseaux, la C.C.G.P. n’avait guère d’autre solution que d’alimenter Les Granges en camion-citerne. Pas terrible pour le bilan carbone d’autant plus qu’à l’époque le rendement de ce réseau laissait clairement à désirer. “Un camion sur deux servait à alimenter les fuites” , s’en indignait à l’époque GérardVoinnet lors d’un conseil municipal à Pontarlier. “La situation s’est améliorée depuis” , souligne Gérard Rognon. Le puits des Granges a été complété par une inter- connexion avec le réseau de Pontarlier. Les travaux ont été réalisés au prin- temps 2019 pour une mise en service en juin. Avec cinq puits sur sept qui ne sont pas protégeables, la C.C.G.P. n’avait guère d’autre choix que rechercher des
captages. Les prospections ont permis d’identifier de nouveaux sites à Dom- martin etVuillecin qui seront en service en 2020 et remplaceront à terme les puits existants dans l’espace urbanisé de Dommartin et à Doubs. “Les travaux sont programmés en 2020. Cela repré- sente un investissement de 2 millions d’euros entre la C.C.G.P. et le syndicat des eaux de Dommartin” , poursuit Gérard Rognon. Des essais complémentaires de pompage
ont également été menés en 2019 à Houtaud avec des résultats assez probants. “Une étude de faisabilité sera engagée en 2020 pour mettre en production ce site qui remplacera à terme les deux puits de Cham- pagne. Ce projet s’inscrit sur plu- sieurs années et
Des essais complémentaires de pompage.
où tous les espoirs reposent sur l’ex- ploitation du gisement identifié à proxi- mité du tunnel du Mont d’Or. Un vrai château d’eau susceptible de couvrir largement les besoins d’un territoire dont la croissance démographique a été dopée par le développement du tra- vail frontalier. n F.C.
tout va dans le sens de sécuriser l’ali- mentation en eau des abonnés.” Gérard Rognon souligne aussi que la problé- matique de l’eau potable dans le Haut- Doubs ne se limite pas au seul périmètre du Grand Pontarlier. D’autres secteurs souffrent aussi d’un manque d’eau en période critique comme dans la haute vallée du Doubs
Les services “eaux et assainissement” de la C.C.G.P. travaillent régulièrement à la modernisation d’un réseau d’eau de moins en moins sujet aux fuites.
l Eaux de surface Enjeux environnementaux Des chantiers pour restaurer cours d’eau et zones humides
La gestion de la ressource en eau intègre aussi la restauration des ruisseaux et zones humides qui participent au chargement des nappes et à la prévention des inondations. Illustrations au ruisseau de la Morte et à la tourbière de la Grande Seigne.
Le principe de restauration de la Morte vise à combler le lit rectifié pour remettre en eau les anciens méandres (photos E.P.A.G.E.
L e ruisseau de La Morte a subi de lourdes rectifications entre Les Verrières en Suisse et La Cluse-et-Mijoux. La première modification a eu lieu vers 1860 à l’ins- tallation de la ligne ferroviaire entre Pontarlier et Neuchâtel. La seconde est plus récente et remonte aux années soixante dans cette volonté d’assécher les zones humides pour gagner des terres agricoles ou urbanisables. Consé- quences : le cours d’eau a été amputé d’un tiers de son linéaire et la tourbière attenante à la Morte a subi de fortes dégradations. “Le Grand Pontarlier a engagé une première étude de restau- ration en 2008 en prenant aussi en
compte le risque d’inondation des lotis- sements situés à proximité du cours d’eau du côté de La Cluse-et-Mijoux. À sa création en 2013, le Syndicat mixte des MilieuxAquatiques duHaut-Doubs a repris ce dossier qui a ensuite été retenu par l’Agence de l’eau dans le cadre d’un appel à projet avec un finan- cement à 80%” , explique Cyril Thévenet, directeur de ce qui est devenu au 1er janvier 2020 l’E.P.A.G.E. Haut- Doubs Haute-Loue. Après l’incontournable opération de maîtrise foncièremenée en collaboration avec la commune de La Cluse, le chan- tier a débuté fin 2018 avec le principe de combler le lit rectifié pour favoriser
Haut-Doubs Haute-Loue).
le réméandrement naturel. “On est fina- lement passé d’1,8 kmde linéaire rectifié à 3,9 km de linéaire. Le chantier se ter- mine cette année.” Coût de l’opération : 820 000 euros, avec le projet d’intervenir cette année sur la tourbière pour qu’elle soit remise en eau et joue mieux son rôle d’éponge en cas de crue. L’intervention sur la Grande Seigne (Les Granges-Narboz), une des plus vastes tourbières duHaut-Doubs, relève de la même logique d’optimiser le fonc- tionnement hydraulique mis à mal par de multiples drains qui assèchent ce milieu et libère beaucoup de carbone en période de sécheresse. “C’est le plus important dossier de restauration de tourbière du massif du Jura. Ce projet fait partie du programme “Life Tour- bières” lancé en 2015 avec d’autres syn- dicats mixtes et le Parc du Haut-Jura.” Ici, pour retenir l’eau et mieux la diffuser sur toute la surface de la tourbière, le choix a été fait d’implanter des palis- sades, une douzaine, soit un linéaire total d’1,2 km. Les travaux réalisés en 2018 et 2019 se sont terminés par le recouvrement des palissades en bois par de la tourbe, ce qui les protège du pourrissement. “C’était un chantier très
Life Climat qui permettant d’obtenir des aides sur des sites n’étant pas en zones Natura 2000. La sécheresse a permis de réveiller les consciences des élus de la C.C.G.P. et d’ailleurs qui voient désormais tout l’intérêt d’agir pour retenir le plus d’eau possible dans les zones humides, une stratégie pro- fitable au maintien des ressources en eau sur place. n
délicat. Les engins travaillaient sur des plateaux en bois pour augmenter la portance. Il y a aussi un gros enjeu en termes de biodiversité sur ce site qui abrite 23 espèces protégées. En incluant les études, le montant de l’opération s’élève à 750 000 euros, dont 97 % de subventions.” Un financement excep- tionnel certes, encore faut-il être capable de monter des dossiers crédibles. En 2021, l’E.P.A.G.E.Haut-DoubsHaute Loue envisage de déposer un projet
1,2 km de palissade a été planté dans la tourbière de la Grande Seigne pour remettre en eau ce milieu sensible qui fonctionne un peu comme une éponge.
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