La Presse Pontissalienne 244 - Février 2020

20 DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n°244 - Février 2020

L’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche-Comté a dressé dans son dernier rapport sur la démographie régionale un constat peu flatteur sur la capitale du Haut-Doubs qui a perdu près de 2 000 habitants en un peu plus de dix ans. l Comment attirer de nouveaux habitants ?

“Plus de logements à des prix abordables” Patrick Genre

A

Il rappelle que Pontarlier est la ville qui a le plus fort taux de construction en Franche- Comté. “Il n’y a jamais eu autant de logements qu’au- jourd’hui. On a aussi un taux de vacance de 5 %. C’est assez faible.” Pourquoi alors une si faible population ? La raison est avant tout struc- turelle. “On est confronté à une très forte baisse du nombre d’ha- bitants par ménage. En chiffre, cela représente une perte de 0,4 personne par ménage depuis

2014.” Le travail frontalier offre la possibilité aux jeunes d’être plus vite indépendants qu’ail- leurs. Cette population de céli- bataires ou de jeunes couples s’installe de préférence en ville, ce qui explique cette faible den- sité par logement. Idem pour les personnes trop âgées pour continuer à entretenir une mai- son à la campagne et qui vien- nent s’installer près des com- modités de la ville. La politique urbaine portée par la liste “Pontarlier, terre d’ave- nir” s’inscrit dans la continuité avec le souhait d’impulser la création de 80 à 100 nouveaux logements par an. Plusieurs programmes sont en cours ou le seront prochainement : îlot Saint-Pierre, lotissement Mon- taigne. Autre lotissement com- munal à venir, celui du plan Battelin au quartier des Pareuses. “On va imposer aux promoteurs un taux de loge- ments à des prix de 20 à 25 % sous le prix de marché. L’objectif est d’inciter les jeunes ménages à s’installer en ville.” n

vec l’inertie autour de la Maison Chevalier, la question de l’incapacité

Gérard Voinnet

à enrayer le déclin démogra- phique à Pontarlier constitue sans doute l’un des reproches préférés des opposants à Patrick Genre. Chiffres de l’I.N.S.E.E. à l’appui. “Oui, la population a baissé. C’est incontestable. Ce qui m’agace, c’est qu’on ne donne pas les bonnes explications” , note Patrick Genre en admet- tant le retard à proposer des offres adaptées à cette situation.

“Un parcours résidentiel pour les jeunes couples”

ment a-t-on pu par exemple rater l’occasion de créer une salle des musiques actuelles avec l’asso- ciation Les Arts liés ? Plutôt que d’aller à la Rodia à Besançon ou au Moulin de Brainans, les jeunes resteraient ici. Cette Ville n’a jamais donné l’envie à ses jeunes d’y rester.” n

L e candidat de la gauche part d’un simple constat : “Les prix du logement sont plus chers que dans une grande ville comme Besançon. On est à plus de 2 300 euros le mètre carré dans l’ancien. En Haute- Saône, c’est à peine 1 000 euros” se lamente Gérard Voinnet, sachant très bien lui aussi que cette pression sur les prix est évidemment due aux salaires élevés pratiqués de l’autre côté de la frontière et dont bénéficie tout le Haut-Doubs. Il ne peut pas se résoudre pourtant à ce constat. Il plaide pour mettre en place sur Pontarlier un vrai “parcours résidentiel pour les jeunes couples et pour cela il faut diversifier l’offre de loge- ments. Sur des projets comme l’îlot Saint-Pierre où laVille est maître d’ouvrage, il était néces- saire de créer un règlement d’aménagement plus précis, de privilégier les grands logements pour les familles qui veulent s’installer. Rien n’a été fait en ce sens” affirme M. Voinnet. Le prétendant à la mairie estime aussi que c’est une ques-

tion d’attractivité et qu’en la matière, Pontarlier n’a jamais rien fait pour retenir les jeunes. “La population des 30-40 ans ne se sent pas aimée ici. Com-

Pontarlier se vide de ses habitants : moins 1 800 habitants entre 2007 et 2017.

l Quelles orientations fiscales pour le prochain mandat

“Un gel des taux communaux sur le mandat” Patrick Genre

Même si avec la suppression de la taxe d’habitation, les collectivi- tés locales ont de moins en moins d’autonomie fiscale, les impôts locaux restent le nerf de la guerre. L’avis des deux prétendants.

S

oucieux de ne pas trop alourdir la pression fiscale dans une ville déjà réputée pour des loyers particulièrement élevés, le can- didat propose une pause pendant six ans. “On est conscient du ras-le-bol fiscal ambiant et on s’engage à ne pas augmenter les taux de la ville” , explique le candidat Genre qui sous sa casquette de maire actuel n’apprécie guère la manière dont l’État s’est approprié la gestion de la suppression de la taxe d’habitation. “Avec la perte d’autonomie fiscale liée à la disparition

de cet impôt, les communes n’ont plus guère le choix que d’agir sur le foncier bâti. C’est assez injuste car cet impôt est déjà relativement élevé et transfère la charge fiscale uniquement sur les propriétaires. Le gel des taux de la ville concerne donc le foncier bâti et non bâti.” Patrick Genre craint aussi les effets pervers liés à cette dérégulation des ressources fiscales des communes. “Ceux qui ne paient pas le foncier bâti n’auront plus aucun lien fiscal, donc aucun lien de responsabilisation avec leur collectivité. Sur le fond, ce n’est pas une bonne chose. Les gens exigeront que leurs demandes soient satis- faites d’office.” Dans ce contexte de réduction de la pression fiscale, les collectivités vont devoir encore se serrer la ceinture en réduisant les charges de fonctionnement. “On agira dans ce sens avec trois priorités : maintenir la qualité du service rendu à la population, pérenniser le soutien associatif et poursuivre sur la même dynamique d’investissement, soit 4,5 millions d’euros par an avec notamment 700 000 euros dans la voirie” , annonce Patrick Genre qui estime qu’il existe encore des marges de manœu- vre dans l’organisation interne de la collecti- vité. n La pression fiscale ne doit pas être augmentée. Les deux candidats semblent être d’accord sur ce point.

Gérard Voinnet

U n des rares points sur lequel les deux prétendants risquent de tomber d’accord, c’est sur la décision gouvernementale de supprimer une des principales sources de revenu des communes, la taxe d’habitation : “La suppression de la taxe d’habitation est un scandale” tranche GérardVoinnet qui s’inquiète de la baisse du nombre d’habitants à Pontarlier. La capitale du Haut-Doubs a en effet perdu près de 10 % de ses habitants, soit 1 800 âmes, en moins de 15 ans. Et qui dit habitants en moins dit recettes en moins. “Heureusement qu’ici 60 % de la population est assujettie à l’impôt, contre 43 % en France.” Pour le candidat écologiste, la solution viendra dans la capacité qu’aura la Ville à inverser cette courbe démo- graphique. “Si on regagne 1 000 ou 1 500 habi- tants, la masse des impôts augmentera méca- niquement et cela permettra de redonner des marges de manœuvre à la Ville. C’est une dyna- “il faut commencer par regagner des habitants”

mique à engager et pour cela, il faut commencer par regagner des habitants.” Globalement, Gérard Voinnet prône la sobriété fiscale. “Il faut arrêter avec les hausses d’impôts. Une augmentation de 30 % des taux en six ans à la C.C.G.P., ce n’est pas tolérable.” n

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