La Presse Pontissalienne 221 - Mars 2018

17 La Presse Pontissalienne n° 221 - Mars 2018

l Stratégie 1% du parc Néolia vend une partie de son patrimoine H.L.M. Les bénéfices serviront à financer la réhabilitation et le renouvellement du parc dont une partie des 891 logements gérés par le bailleur à l’échelle du Haut-Doubs. État des lieux et perspectives avec Cédric Thibert, responsable de l’agence Néolia à Pontarlier.

l Doubs Le maire Régis Marceau “Faire du logement social à Doubs, ce n’est pas facile !”

D u fait de sa proximité avec Pontarlier et d’une offre étoffée de services et de commerces notamment avec la zone Hyper U, la commune de Doubs a tou- jours les faveurs des promoteurs qui s’arrachent le foncier au prix fort. C’est souvent ici qu’on trouve les records de prix du terrain à bâtir. Dans ces circonstances, “faire du logement social à Doubs, ce n’est pas facile” , constate le maire Régis Marceau. Développer le parc de logements et surtout le rendre accessible aux revenus modestes désta- bilise forcément le marché de l’immobilier. Pour certains, c’est une régulation, pour d’autres une perte de revenus et des risques d’allongement des délais dans le bouclage des programmes. Aujourd’hui, à Doubs, on trouve 45 logements accessibles sous condition de revenus. La com- mune en possède 7 et les 38 autres sont dans le parc Néolia. “On est un peu freiné avec les bailleurs car on a peu de foncier constructible en propriété, donc c’est plus compliqué de leur proposer des conditions financières en cohérence avec leur capacité d’investissement.” Pour autant, la commune consciente du manque d’habitat social, travaille sur un gros projet tou- jours avec Néolia. “C’est un dossier en cours de préparation. Il s’articule en deux axes avec 18 logements à caractère social dont 3 ou 4 équi- pés pour des personnes à mobilité réduite. L’autre partie du programme comprend 32 logements en accession à la propriété. L’ensemble se répar- tit sur trois collectifs en plein cœur du bourg, rue du Puits” , précise le maire. Consciente de la difficulté de s’installer à Doubs pour les familles ou des personnes à revenus modestes, la commune a lancé un projet origi- nal avec le lotissement du Champ du Clos. “Ce innovantes orientées vers l’accession à la propriété à prix modéré. Sans oublier des projets avec les bailleurs. Doubs est bien placée sur le podium des communes où la pression foncière est la plus exacerbée. Ce qui ne l’empêche pas d’engager des opérations

L a Presse Pontissalienne : Comment se répartit le patri- moine Néolia sur le Haut- Doubs ? Cédric Thibert : 60 % du parc est situé sur Pontarlier et Doubs, le reste est localisé dans les bourgs-centres, autour du lac et le long de la bande fronta- lière. Globalement, on consta- te sur ce territoire du Haut- Doubs un manque de petits logements T1 ou T2 qui per- mettraient de répondre à l’évo- lution sociétale avec le vieillis- sement de la population et les familles monoparentales. L.P.P. : Quelle est la stratégie de déve- loppement sur ce territoire ? C.T. : Globalement, on est sou- vent confronté à un problème de disponibilité foncière et de prix du terrain en sachant qu’on est tenu de proposer des loyers modestes. Il n’y a pratiquement aucune vacance sur le parc des 891 logements. Les principaux enjeux de développement sont sur la zone Pontarlier-Doubs avec quelques projets sur Val- dahon, Montlebon, Levier. L.P.P. : Néolia se positionne sur les projets sociaux de I’îlot Saint-Pierre à Pontarlier ? C.T. : Tout à fait. On a répondu à l’appel d’offres sur la rési-

“On enregistre moins de turn-over sur le Haut- Doubs qu’ailleurs”,

Le lotissement du Champ du Clos réalisé sur la butte dominant Doubs est conçu pour proposer

des solutions d’accession à l’habitat à prix modérés.

estime Cédric Thibert,

programme comprend 80 à 90 unités de vie dont 75 % ont été vendues ou le seront à des prix infé- rieurs à 15 % aux prix du marché. Ces exigences ont été notifiées dès le départ au groupement d’entreprises privées qui réalise et commercia- lise ce lotissement. On ne pouvait malheureu- sement pas descendre plus bas en raison des coûts de viabilisation du programme immobi- lier située sur une butte caillouteuse. On a pré- féré s’installer sur des pâturages communaux plutôt de d’empiéter sur de bonnes terres agri- coles. Mais cela n’est pas sans conséquences sur le coût des travaux d’aménagement.” Régis Mar- ceau souligne que ce programme n’entre pas dans le champ de l’habitat social mais reflète les efforts de la commune pour favoriser l’ac- cession à la propriété à prix modéré. La commercialisation du lotissement s’organi- se sur 6 ans pour réguler le flux de population et les conséquences induites sur les infra- structures et l’école. “Trois ans après le lance- ment, 50 % des ventes sont actées. Dans la même logique de mixité intergénérationnelle, on a éga- lement fait le nécessaire pour accueillir la struc- ture  ges et Vie. La commune a vendu le terrain à un prix marginal pour rendre possible la construction de ce foyer pouvant accueillir 16 personnes âgées en perte d’autonomie.” n F.C.

responsable de l’agence Néolia à Pontarlier.

dence senior qui comprendra une trentaine de logements. On va poursuivre le program- me de rénovation énergétique engagé sur les immeubles des C.R.L. rue Jules-Verne et rue des Déportés. Ces travaux vont se prolonger jusqu’en 2019. La performance énergétique est une priorité chez Néolia en sachant, comme la loi l’autori- se, que la moitié des économies réalisées sera ajoutée au mon- tant des loyers. C’est du gagnant-gagnant. On appelle ce principe la troisième ligne de quittance. L.P.P. : Néolia va devoir aussi rédui- re ses loyers ?

C.T. : Inscrit dans la Loi de Finance, ce dispositif baptisé Réduction Loyer Solidarité est imposé par le gouvernement Macron qui veut réduire les A.P.L. Pour les bailleurs, cela représente des pertes en mil- lions d’euros. Pour trouver de nouvelles ressources finan- cières, Néolia a choisi de vendre 1 % de son patrimoine. On va donc favoriser l’accession à la propriété sur des programmes de plus de 10 ans qui auront fait l’objet d’une rénovation. Ces logements seront vendus en dessous des prix du marché avec une garantie de rachat sous condition. n Propos recueillis par F.C.

Réflexion autour d’une maison des saisonniers l Métabief Plusieurs projets engagés ou à l’étude Le pôle touristique du Haut-Doubs mobilise été comme hiver une main-d’œuvre qui peine à trouver des solutions de logement à prix raisonnable. Grosse attente.

“C’ est un vrai problème au niveau de la sta- tion, dans la restau- ration, chez les pres- tataires touristiques. On envisage donc la construction d’une maison pour les saisonniers avec des logements à loyers très réduits” , justifie BernardWauthy, premier adjoint. Rien n’est fait mais il semblerait assez logique de construi- re un tel équipement sur Métabief. Vu les besoins, une bonne cinquantaine de logements ne seraient pas de trop. Le maire Gérard Dèque dresse le même constat. “Cela devient une nécessité locale. Les villages de vacances met- tent bien des chambres à disposition de leur personnel. Idem dans l’hôtel- lerie-restauration, mais cela reste insuf- fisant. Cette maison des saisonniers pourrait s’apparenter à un foyer des jeunes travailleurs.” Ce manque d’hé- bergement à loyer modéré pénalise non seulement l’activité touristique mais dissuade aussi tout une popula- tion à venir vivre dans le secteur.

Le premier programme de logements sociaux sur Métabief remonte à 2016 avec la réalisation derrière le bowling d’un bâtiment de 16 logements gérés par Néolia. “La commune a la main sur quatre de ces logements dans le choix des occupants qui sont soumis aux mêmes critères d’attribution que les autres. On dispose aussi de deux logements communaux en location à des prix raisonnables.” Pas de vacan- ce à Métabief. “C’est complet avant d’être disponible” , sourit Bernard Wauthy.

Néolia gère 16 logements sociaux dans un bâtiment situé à l’arrière du bowling.

Pas de vacance à Métabief.

Pour aller plus loin dans cette politique d’habitat à caractère social, la com- mune actuellement en pleine révision de son P.L.U. réfléchit sur les moyens de développer le parc de logements à loyer modéré. Elle souhaiterait par exemple pouvoir pro- poser des solutions aux primo-accédants et aux

personnes à revenus modestes. Méta- bief pourrait aussi suivre l’exemple de Rochejean où le promoteur “Les Car- rés de l’habitat” réalise un program- me dans lequel Habitat 25 s’est porté acquéreur de huit logements de type 4. “Un dossier est à l’étude sur Méta- bief. Ce concept très qualitatif permet de proposer à la vente des maisons de

120 m 2 à 230 000 euros. Ce n’est pas du logement social proprement dit mais juste la tranche de revenu au-dessus” , confirme Gérard Dèque. Dans cette même logique de mixité des populations et des générations, la résidence pour personnes âgées dépen- dantes “Ages et Vie”. “Dans cette opé- ration, le rôle de la commune se limi-

te à la vente du terrain situé entre le bowling et le cinéma. Ce projet com- prend 14 chambres meublées. Il est financé par des investisseurs. Il semble utile de rappeler que tous les projets en cours ou à venir sont réalisés à par- tir de montages financiers privés sans avoir besoin d’augmenter les impôts locaux” , souligne le maire. n

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