La Presse Pontissalienne 218 - Décembre 2017

A g e n d a

42

La Presse Pontissalienne n° 218 - Décembre 2017

LIVRE

Laïcité et fraternité Joseph Pinard,

apôtre d’une laïcité apaisée À contre-courant des idées trop répandues, l’historien et ancien député du Doubs montre que la laïcité dans la région a été largement acceptée, y compris dans les terres ultra-catholiques du Haut-Doubs.

P ourfendeur des ayatol- lahs de la laïcité, tenant d’une laïcité apaisée, l’his- torien bisontin Joseph inard a voulu dans son der- nier ouvrage “Laïcité et frater- nité” dépasser les vieux clivages et polémiques stériles concer- nant un sujet qui revient sans cesse dans les débats actuels et où l’émotion prend souvent le pas sur la pédagogie et le souci de compréhension. Pour aider le lecteur à prendre un néces- saire recul par rapport à ce sujet si souvent dévoyé, il relate l’his- toire de notre région, et notam- ment du Haut-Doubs, qui selon lui “a été un vrai laboratoire de la laïcité. Le Haut-Doubs a apporté la preuve par les faits que l’école laïque n’a en aucun cas été une machine de guerre anti-religieuse. En 1953, sur 570 séminaristes, 82 % venaient de l’école publique” soutient notam- ment M. Pinard. Plus avant dans le temps, avant

non pas à faire oublier, mais à relativiser les épisodes doulou- reux que le Haut-Doubs, cette “Petite Vendée”, a connus en 1905 au moment où les inven- taires des biens de l’Église a été effectué. “À part ces quelques épisodes œuvres d’une minorité dure, comme celle qui a bloqué pendant plusieurs jours l’église du Russey, la majorité silen- cieuse de cette époque prônait un catholicisme social et répu- blicain, mesuré et tolérant” affirme l’historien, ancien député du Doubs. La fameuse loi de 1905 d’ailleurs a été approuvée par 12 des 14 députés francs- comtois de l’époque. Seuls le Marquis deMoustier et le député pontissalien Grosjean s’y étaient opposés. Ce dernier l’a payé cash en se faisant battre l’année sui- vante par un radical. Joseph Pinard rapporte cet autre épisode à Jougne, vingt ans après les lois de Jules Ferry, où le conseil municipal a demandé

même la promulgation de la loi sur la séparation des Églises et de l’État en 1905, le Haut-Doubs avait montré toute sa tolérance. “En 1898 par exemple, le sous- préfet de Pontarlier apporte une dérogation pour qu’on puisse faire le catéchisme dans les locaux de l’école publique de Montbenoît. En 1893, alors que le journal anti-clérical Le Petit Comtois s’insurgeait contre le fait que des institutrices condui-

Joseph Pinard tient cette étonnante carte du diocèse datant de 1962 où est recensée l’assiduité des fidèles à la messe du dimanche. Le Haut-Doubs dépasse tous les scores !

d’enfants juifs. À ceux qui estiment que la laï- cité est une nouvelle religion voire un athéisme d’État, Joseph Pinard veut montrer que la laï- cité au contraire, c’est avant tout le respect du vivre ensemble. Un message de tolérance pour tenter de lutter contre le sec- tarisme qui ronge plus que jamais notre société. n J.-F.H.

ont su s’écouter, s’apprivoiser, pour incarner la fraternité.” Lui qui se reconnaît volontiers comme un admirateur de l’abbé Fleury, “qui avait eu le courage de mettre une étoile jaune au petit Jésus de la crèche en 1942 dans l’église de Montbéliard.” Ainsi il met en lien une dizaine de couples improbables qui avaient tout pour se détester et qui ont trouvé des raisons de s’entendre : Moustier et Men- dès-France, Henri Huot et l’abbé Chays ou encore Monseigneur Rémond et le juif Syrien Abadi qui participent ensemble à une opération massive de sauvetage

le maintien des sœurs à l’école publique, avec le soutien du député de l’époque Dyonis Ordi- naire, pourtant réputé anti-clé- rical. Dans certains secteurs, la droite a immédiatement reculé après des épisodes de tensions. En 1908, le marquis de Mous- tiers a même fait battre dans le canton de Pierrefontaine-les- Varans le candidat de la droite cléricale et fait élire le Docteur Henriet, père du futur sénateur pontissalien. Dans son livre, Joseph Pinard rend également hommage à ces belles personnalités “qui auraient pu se détester mais qui

sent leurs élèves à la Fête-Dieu, le sous-préfet apaise les choses en disant que cela fait partie des habitudes, arguant que les habitants, quoique républi- cains, restent catholiques.” Dans son ouvrage, Joseph Pinard cherche,

À Jougne, le conseil demande le maintien des sœurs

à l’école publique.

Laïcité et fraternité, édition remise à jour Par Joseph Pinard Aux éditions Cêtre

sabe

onand nc

c

o.fr

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online