La Presse Pontissalienne 210 - Avril 2017
ÉCONOMIE
39 La Presse Pontissalienne n° 210 - Avril 2017
PONTARLIER
l Location Solidaire Encouragé par la réussite des blouses, le collectif se position- ne sur d’autres projets de recy- clage. “Depuis novembre dernier, on collabore avec le garage soli- daire du Jura basé à Lons-le-Sau- nier et qui a confié cinq véhicules à Haut-Services. On les met à disposition du public en situation de précarité professionnelle pour qu’il puisse accéder à une for- mation ou à un emploi” , explique Mélanie Avez, responsable de Haut-Services. l Recyclages en déchetterie Le collectif est aujourd’hui en contact avec Préval à la recherche de main-d’œuvre pour dévelop- per des actions de recyclage sur les huisseries, plastiques et roues. “On travaille à la rédaction du cahier des charges. La généra- lisation de ces nouvelles filières va forcément générer de nou- veaux emplois. D’où l’intérêt pour notre public en situation d’inser- tion d’exercer dans ce domaine. On attend encore la décision poli- tique de Préval mais les locaux sont déjà réservés à la Belle Vie à Houtaud et le dispositif se met- trait en place sur trois des huit déchetteries couvertes par Pré- val” , note Bernard Ménigoz, le président du collectif de l’Éco- nomie Solidaire du Haut-Doubs.
Un projet référence
Des blouses et pleins d’espoir Les blouses confectionnées par Haut-Doubs Repassage à partir de matières récupérées et qui serviront au personnel de l’A.D.M.R. illustrent l’efficacité d’un modèle d’économie innovant porté par le collectif de l’Économie Solidaire du Haut-Doubs.
P ourquoi aller chercher ailleurs ce que l’on a sous la main ? Encore faut-il s’en rendre compte et s’en donner la peine. Les périodes difficiles sont souvent salutaires dans le sens où elles obligent à dialoguer et à échanger. Exac- tement ce qui s’est passé loca- lement pour aboutir à la mise en place en 2013 du collectif de l’Économie Solidaire du Haut- Doubs, association qui fédère aujourd’hui huit structures. “À force de discussions sur les besoins des uns et les compé- tences des autres, ce projet de confection de vêtements profes- sionnels a pris tout son sens. Jusqu’à présent, l’A.D.M.R. du Doubs s’approvisionnait à l’autre bout du monde pour une blou- se qui ne correspondait pas for- cément aux attentes de nos sala- riés. On a tout repris à zéro en
collaboration avec Haut-Doubs Repassage qui fait partie du col- lectif” , rappelle Willy Cadet, directeur de la fédération A.D.M.R. du Doubs. Atelier chantier d’insertion axé initialement sur le repassage et la couture,Haut-Doubs Repas- sage s’est adapté au projet. “On faisait déjà un peu de confec-
Brachet, la directrice d’Haut- Doubs Repassage. Chacun s’y retrouve. La com- mande des 1 000 blouses de l’A.D.M.R. du Doubs est sur le point d’être honorée. “On en a déjà commandé autant sachant qu’il en faut deux par agent” , note Willy Cadet. Tout bénéfi- ce aussi pour Haut-Doubs Repas- sage qui a gagné en efficience. “Cela a permis de profession- naliser les salariés accueillis en insertion. On a même mis en tif. Ce projet fait également émerger une prise de conscien- ce nouvelle. “Dans le domaine de l’insertion, on est aussi capable de générer de la valeur ajoutée, ce qui n’était pas forcément dans nos gènes. Cette réalité va per- mettre au collectif de gagner en autonomie. Voilà où on en est aujourd’hui” , estimeWilly Cadet. Et de l’autonomie en période de restrictions budgétaires, c’est toujours plus sécurisant. n La confection des 1 000 blouses représente un an de travail pour Haut-Doubs Repassage. place un volet formation pour qu’ils acquièrent de nouvelles compétences commerciales. Les vendeuses-retoucheuses sont très recherchées” , complète Natha- lie Brachet. Le succès de l’opération blouses oblige à élargir le rayon de col- lecte à d’autres hôpitaux et éta- blissements d’hébergement. L’exemple de la blouse en dit long des ressources insoupçon- nées de l’économie circulaire. Sous réserve de la jouer collec-
tion à partir de vêtements recyclés mais ce n’était pas notre spécialité. Du coup, on a mis en place une chaîne de production avec tous les compo- sants, de la récu- pération de tissus, ici les draps d’hô- pitaux et d’hôtel, au process de tri et de fabrication” , résume Nathalie
Générer de la valeur ajoutée.
“Nous voulons retrouver l’A.D.N. de Péquignet” HORLOGERIE L’entreprise mortuacienne fondée en 1973 Suite à la mise en liquidation le 30 novembre dernier, le tribunal de commerce de Besançon a confié le 1 er mars la société Péquignet aux mains de quatre associés, anciens salariés de l’entreprise. Une nouvelle page s’ouvre pour la marque fondée en 1973 par Émile Péquignet. Interview de Dani Royer, son nouveau président.
L a Presse Pontisalienne : Quatre dossiers avaient été déposés devant le tribunal de commerce de Besançon. Le vôtre a été préféré. Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence ? Dani Royer : L’élément déclen- cheur a sans doute été le fait que notre dossier était le seul qui proposait une reprise de l’ac- tivité globale de l’entreprise : ses locaux, son activité de pro- duction, son S.A.V., et on garan- tissait la pérennité de lamarque Péquignet dans le temps. L.P.P. : Comment est né ce projet à quatre ? D.R. : Il a fallu nous décider très rapidement. Les quatre repre- neurs travaillent ici depuis 4 ans pour le plus récent et 19 ans pour le plus “ancien”. Entre nous, on s’est dit : soit on va voir ailleurs pour retrouver un emploi, soit on monte un projet de reprise. La réflexion a été rapide, en à peine un jour. On s’est dit tous les quatre qu’on ne pouvait pas laisser partir Péquignet comme ça et on vou-
lait prouver qu’on pouvait tou- jours faire des choses en Fran- ce en matière d’horlogerie. Nous avons repris cette entreprise par respect pour la marque et par respect pour ce qu’a fait Émile Péquignet. C’est pour tout ça qu’on travaille dur depuis le début dumois pour réussir notre pari. L.P.P. : Où voulez-vous emmener cet- te entreprise ? D.R. : Nous nous appuyons sur
nouveaux. Une liquidation, ça impacte forcément. Il faut com- mencer sur le plan commercial par rassurer tous nos distribu- teurs et leur dire que nous sommes toujours là et qu’on a besoin d’eux pour arriver à nos fins. L.P.P. : Vous semblez prudents. Est- ce la raison pour laquelle vous n’avez pas pu reprendre plus de 16 salariés sur les 38 qui travaillaient là ? D.R. : C’est le maximum que l’on pouvait reprendre pour que notre projet soit viable. Nous avons été obligés de calculer au plus juste toutes les dépenses. Tous les autres salariés sont accom- pagnés dans le cadre de la liqui- dation. Avec cette nouvelle orga- nisation, nous avons été obligés d’amener beaucoup de polyva- lence pour chaque personne. L.P.P. : Avec le peu de recul que vous avez, cette reprise est-elle encoura- geante ? D.R. : On y croit, tous les sala- riés y croient. L’étape 1 qui consistait à rassurer nos dis-
Dani Royer, à droite, avec Antoine Commissione, un des quatre associés.
nous appuyer sur le savoir-fai- re local. Nous comptons bien renforcer nos partenariats avec les entreprises régionales et trouver avec elles un terrain d’entente gagnant-gagnant. Nous croyons fortement au savoir-faire français en matiè- re d’horlogerie. L.P.P. : Vous êtes donc raisonnable- ment optimistes ? D.R. : Nous nous sommes fixés pour cette année et l’année pro- chaine des objectifs atteignables, qui ne sont pas démesurés. Et si on atteint ces premiers objec- tifs, alors on pourra songer à renforcer l’effectif. Il nous manque juste encore de la noto- riété. On n’a pas les moyens de se tromper, mais on y croit for- tement. n Propos recueillis par J.-F.H.
tributeurs pour se refaire un socle solide est en passe d’être réussie. Nous voulons retrou- ver l’A.D.N. de Péquignet. Nos 150 distributeurs sur tou- te la France sont déjà pour la plupart rassurés de voir qu’ils ont affaire aux mêmes interlo- cuteurs qu’avant. C’est dans un second temps seulement, même si ça se prépare maintenant, que nous songerons à lancer de nouvelles lignes de produits. Nous avons déjà commencé à y travailler. L.P.P. : Quel marché visez-vous ? D.R. : Au-delà de nos 150 clients actifs sur la France, nous relan- çons nos réseaux de distribu- tion aux Pays-Bas, en Angle- terre, en Belgique, au Luxembourg, avec un agent qui s’occupe de ces secteurs. Et dans
un second temps, nous relan- cerons le grand export avec la Russie ou encore le Japon, mais nous ne voulons surtout pas griller les étapes. L.P.P. : Maintenez-vous le Calibre royal dans votre catalogue ? D.R. : Le Calibre royal figure dans notre collection.Après quelques soucis dans le passé, nous l’avons fiabilisé, il n’a plus de problèmes et il fait partie de la maison Péquignet. Pour le reste, nous prévoyons à plus long terme de décliner la ligne Moorea pour lui redonner de l’A.D.N. histo- rique, et remettre au goût du jour d’autres lignes embléma- tiques de la marque. L.P.P. : Avec quels fabricants comp- tez-vous travailler ? D.R. : Un de nos objectifs est de
ce qui a été fait dans le passé, sur les fonda- mentaux de la marque, mais avec une néces- saire période de transition pour déployer notre projet. Nous continuons à commercialiser les produits existants pour pouvoir dans un second temps en déployer de
“Nous croyons fortement au savoir-faire français.”
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