La Presse Pontissalienne 210 - Avril 2017

MOUTHE - RÉGION DES LACS 30

La Presse Pontissalienne n° 210 - Avril 2017

MOUTHE Marcel Favet Sa bataille contre l’administration Propriétaire d’un kiosque au Saut du Doubs à Villers-le-Lac, le Meuthiard Marcel Favet est interdit par arrêté préfectoral de vendre des repas tant qu’il n’est pas raccordé à l’eau potable. Il se pose en victime. La saison, elle, démarre.

Marcel Favet devant son kiosque.

C’ est l’autre remous du Saut du Doubs à Villers-le-Lac. Certes moins visible que la cascade, mais tout aussi bruyant. À quelques jours de la réou- verture prévue à Pâques,Marcel Favet, commerçant et propriétaire du kiosque “Chez Gigi” s’insurge contre le sort que l’administration lui réserve depuis trois ans maintenant. Dans le vétuste kiosque en bois créé par son grand-père en 1933 - qu’il pro- jette de rénover -, le commerçant ins- tallé là depuis 39 ans n’est plus auto- risé à vendre de repas comme il le faisait jusqu’au 13 août 2014, date à laquelle la préfecture du Doubs a pris un arrêté portant suspension d’urgence de l’activité de restauration au titre du règlement européen. Le gérant et sa femme ont interdic- tion de proposer des plateaux-repas frites, jambon de montagne et saucis- se de Morteau, à 10 euros, tant que le kiosque n’est pas raccordé à l’eau potable. Le commerçant se dit victi- me. “Je ne demande qu’à travailler

pour pouvoir survivre car j’ai une peti- te retraite avec ma femme, déplore M. Favet qui a écrit à la ministre de l’Éco- logie Ségolène Royal en octobre 2015, lettre restée sans suite. Des camions pizzas ont le droit de vendre des repas ou les restaurants d’alpage par exemple et ils ne sont ni raccordés à l’eau, ni à l’assainissement. Nous ne préparons

mairie donne le feu vert avant que la commerçante ne reçoive - le 1 er août - une injonction de quitter les lieux après saisie et avis de la Commission nationale des sites. M. Favet y voit un favoritisme pour ne pas nuire à l’autre commerçant, son concurrent. La Commission a motivé sa décision en expliquant que ce type de vente ambulante n’était pas en adéquation avec le site classé. Quant aux deux cel- lules (vides) situées au rez-de-chaus- sée de lamaison de l’artisanat construi- te grâce aux fonds Interreg, elles accueilleront des expositions tempo- raires et plus de boutiques commer- ciales comme cela était prévu initia- lement. Le Doubs aspire à devenir un long fleu- ve tranquille. Il en va du bon accueil de milliers de touristes à l’heure où le restaurant du Saut du Doubs (côté Les Brenets) est fermé et mis en vente. n E.Ch.

mais ce n’est pas à la collectivité de payer. Lorsque le restaurant l’Absinthe a voulu ouvrir, Monsieur Droz a payé son raccordement. Cela lui a été fac- turé par la commune” déclare Domi- nique Mollier, maire de Villers-le-Lac, qui ne veut pas s’étendre sur cette polé- mique vieille de plusieurs années.Mar- cel Favet se refuse d’investir : “12 300 euros, c’est trop cher” dit-il. Un montant que la collectivité calcule de son côté à “8 900 euros.” Si Monsieur Favet se sent mis de côté, c’est aussi en raison du panneau publi- citaire qui lui a été retiré “après des pressions” croit-il savoir. Argument balayé par la mairie : “Le panneau a été retiré à Monsieur Favet parce qu’il ne correspondait pas à l’autorisation que nous lui avons donnée. Le panneau indiquait le menu et non le kiosque. Je voudrais que les professionnels se ren- dent compte de la pépite qu’ils ont entre les mains… J’ai par exemple deman-

dé à M. Favet de retirer les fils barbe- lés autour de son kiosque : ça fait un peu guerre” déclare le maire. Les fils barbelés auraient été installés par le père du “kiosquier” lequel se bat contre la barrière posée par la mairie en deçà du parking des Vions. Elle le prive, dit- il, de l’accès de touristes handicapés. “Le site n’est pas accessible. Il m’est arrivé de remonter des personnes avec ma propre voiture car elles avaient des problèmes cardiaques. C’est un piège à touristes” s’emporte M. Favet. La bar- rière est légale. La mairie l’a installée “dans le but de préserver l’activité des bateliers et pour des questions de pla- ce de parkings trop peu nombreuses” dit-elle. Monsieur Favet ne désarme pas. Il cite un autre exemple qui le fait penser que tout monde lui en veut. À l’été 2016, il autorise une Villérienne à ins- taller son camion à frites sur son ter- rain, à proximité de son kiosque. La

pas les plats puisque nous achetions les produits. Seules les frites étaient faites ici !” témoigneMar- cel Favet. Dura lex, sed lex … Le commerçant se dit vic- time d’une dénonciation. Pourquoi aurait-il un pas- se-droit et pas les autres ? Il déplore un favoritisme voire une atteinte à la concurren- ce. Ce que nie en bloc la mairie de Villers-le-Lac : “Monsieur Favet peut se mettre en ordre en se rac- cordant à l’eau potable

“Je demande de travailler pour survivre.”

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