La Presse Pontissalienne 202 - Août 2016

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 202 - Août 2016

L’ÉTUDE QUI REMET EN CAUSE L’AVENIR DU CHÂTEAU

une telle collection qui vient de faire l’objet de toutes les attentions de la part du musée de Pon- tarlier. Ce projet de valorisation culturelle et touristique qui vise à porter à 100 000 le nombre de visiteurs par an (contre 56 000 aujourd’hui) a un coût. Les estimations de chacun des deux scénarios affi- chent un montant supérieur à 9 millions d’euros •Route des abolitions autour de la figure emblé- matique de Toussaint Louverture. Le réseau de la Route des abolitions pourrait être davantage valo- risé avec des manifestations itinérantes Les points forts et les points faibles du Château 1 - Les points faibles du Château • Un manque de savoir scientifique sur le site (pas d’étude scientifique du site) • Un contenu des visites qui n’a pas évolué depuis 20 ans • La saison estivale événementielle du Château est riche de nombreuses animations. Cependant, celles-ci ne sont pas inscrites dans une politique culturelle définie. • Le Château ne présente pas d’espace scéno- graphié ni aménagé. Le visiteur voit peu d’espa- ce intérieur, hormis quelques prisons dont la mise en scène est réduite. • Une équipe en sous-effectif • Des équipements vétustes et inadaptés aux besoins d’exploitation touristique et culturelle du site (signalétique extérieure insuffisante, accueil des publics et boutique peu visibles et sombres, pas d’espace de repos ou d’attente pour les visi- teurs en partance pour une visite guidée, trop peu de sanitaires - 1 toilette pour 150 personnes -, pas de lieu de restauration) • Aucun dispositif de contrôle des billets d’accès n’est prévu. La fraude présente environ 10 % de la fréquentation, soit 5 000 personnes environ et un manque à gagner de 30 000 euros • Des missions entières ne sont pas assurées. Par exemple l’événementiel : aucun chargé de projet événementiel pour construire une saison des spec- tacles cohérente, innovante et coordonnée 2 - Les points forts • Une collection d’armes anciennes de qualité, composée de pièces rarissimes labellisée “Musée de France” • Une collection de peinture haïtienne • L’implication des associations locales dans la valorisation du Château • Le festival des Nuits de Joux organisé par le C.A.H.D. identifié sur le territoire • Vauban : patrimoine mondial de l’Unesco. Il pour- rait être envisagé un partenariat (avec la Citadel- le de Besançon et celle de Belfort) pour capter les visiteurs, pour bénéficier de conseils, de savoir- faire. Une politique tarifaire pourrait être commu- ne : pass Vauban avec Citadelles de Besançon et Belfort.

La Presse Pontissalienne a eu accès à deux documents d’analyse qui fixent les intentions de la communauté de communes du Grand Pontarlier pour la valorisation touristique et culturelle du Château de Joux. Ces pistes de réflexion feront bientôt l’objet d’un débat. Objectif : donner un nouvel élan au site touristique.

l Patrimoine Valorisation du fort Un projet à plus de 9 millions d’euros pour le Château de Joux La Presse Pontissalienne a eu accès aux documents relatifs au projet de valorisation touristique et culturelle que porte la Communauté de communes du Grand Pontarlier pour le Château de Joux. Explications.

Ces deux scénarios ont en commun les aména- gements de la première (donjon et cachot de Berthe de Joux) et de la cinquième enceinte (entrée du fort). En détail, la première enceinte accueillerait des salles d’exposition pour présenter la collec- tion de peintures haïtiennes dont va hériter en septembre la communauté de communes. Cette partie du château serait également dédiée à “Tous- saint Louverture et aux différents “locataires” de cette prison d’État.” La cinquième enceinte où se trouve le casernement Joffre, deviendrait quand à elle, “l’ensemble architectural d’entrée et de ser- vice, avec l’accueil, la boutique, les salles de sémi- naire, les activités pédagogiques et une partie de la logistique scientifique.” Les propositions les plus inattendues concernent l’affectation des locaux de l’enceinte 3. Un des scénarios prévoit l’installation d’un hôtel-res- taurant dans le casernement Vauban. Ce bâti- ment servirait aussi de support logistique aux manifestations estivales organisées dans la Cour d’Honneur du château. Dans l’autre scénario, l’hô- tel disparaît et le restaurant s’installe dans le pavillon du gouverneur et dans la poudrière. Cet ensemble de locaux aurait également la fonction de lieu de réception. L’autre changement indiqué dans l’étude concerne le musée d’armes qui doit revenir au château après en avoir été enlevé car les conditions de conservation des pièces n’étaient pas respectées. En fonction du scénario, le musée d’armes “labellisé Musée de France”, dont la col- lection est estimée à plus d’1,5 million d’euros, trouve sa place soit dans le pavillon du gouver- neur soit dans le casernement Vauban. Le casernement Joffre est donc écarté alors que ce lieu avait été pressenti pour accueillir cette collection exceptionnelle. Pourquoi ce recul ? Le document de travail interne à C.C.G.P. apporte des réponses. “Si le bâtiment présente d’indé- niables atouts (…), il montre aussi quelques fai- blesses à contourner : étanchéité difficile à obte- nir, taux d’humidité relative important, gestion des flux des visiteurs difficile, réverbération acous- tique importante. (…) Les aménagements qu’il res- te à mener pour un coût estimé à 1,6 million d’eu- ros sont actuellement suspendus à la maîtrise des infiltrations d’eau.Au vu de ce constat, il convient de revoir la programmation des espaces du caser- nement Joffre” souligne le rapport interne. Bref, en l’état,le casernement Joffre ne peut pas accueillir

L a communauté de communes du Grand Pontarlier (C.C.G.P.) réfléchit à un projet de valorisation touristique et culturelle du Château de Joux, un édifice qui lui appartient depuis 1999. L’objectif de la collecti- vité est de positionner le fort “sur la scène natio- nale et internationale pour augmenter son rayon- nement et renforcer l’attractivité du territoire” lit-on dans un document de travail récent, inter- ne à la C.C.G.P., auquel nous avons eu accès. À l’évidence, la communauté de communes devra

déployer les moyens techniques et financiers à la hauteur de cette ambition. Pour cerner les enjeux de ses intentions, elle s’est appuyée sur le cabi- net d’études Jacques Lichnerowicz de la région parisienne qui a formulé un certain nombre de préconisations pour valoriser ce symbole du patri- moine architectural et historique duHaut-Doubs. Les experts ont défini deux scénarios possibles pour ce site. Ils ont été détaillés dans un pré-pro- gramme architectural et technique que nous avons pu consulter.

Les grandes lignes du projet de valorisation du Château 1- Positionner le Château de Joux comme un équipement structurant le territoire autour de la défen- se des libertés. Toussaint Louverture est le personnage emblématique du dispositif. 2- Améliorer et élargir l’offre touristique pour renouveler et fidéliser le public local et touristique. L’offre culturelle construite autour des libertés sera adaptée à différents publics cibles. 3 - Améliorer les conditions d’accueil de visite du Château pour tous les publics (accueil spacieux, espace d’attente et de repos, sanitaires supplémentaires…) 4- Mettre en place une offre différenciée de parcours de visites axés sur les libertés (offrir plusieurs axes de lecture du site). 5- Une offre de visites guidées pour enrichir la visite libre 6- Proposer une offre commerciale étoffée 7- Mener une politique événementielle en cohérence avec l’identité voulue pour le site 8- Doter le site d’équipements adaptés à son exploitation et poursuivre la préservation du monu- ment historique (salles d’exposition, restaurant…) 9- Renforcer l’équipe du Château au fur et à mesure de son développement 10- Construire un plan de communication adapté au nouveau positionnement du Château. La com- munication dématérialisée sera particulièrement étudiée

(travaux et équipements). Un inves- tissement lourd pour la Communauté de communes du Grand Pontarlier qui a déjà injecté 10 millions d’euros ces 15 dernières années dans la réno- vation de cet édifice à l’architecture fragile. “Nous avons déjà beaucoup investi. Avec ce projet, on repart en quelque sorte à zéro, même si cela s’inscrit dans la continuité de ce qui a été fait jusqu’à présent” confie-t-on à la C.C.G.P. S’il est validé un jour, ce projet de valorisation touristique et culturel- le se déroulera sur une dizaine d’an- nées. Mais avant cela, selon nos infor- mations, il devra être présenté aux financeurs potentiels et faire l’objet de discussions entre les élus dès cet automne. n T.C.

Ce projet vise à porter à 100 000 le nombre de visiteurs.

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