La Presse Pontissalienne 196 - Février 2016

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 196 - Février 2016

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SOCIAL

Veille mobile À l’écoute des sans-abri Recrutée l’automne dernier en service civique, Clémence, jeune assistante sociale, termine sa première campagne dans l’équipe de veille mobile pontissalienne. Réalités du terrain.

E lle a l’écoute sociale dans la peau. Cela ne se commande pas. Même quand son interlocuteur sans- abri est pris d’un brusque accès de colère, elle reste zen, attend la fin de l’orage puis renoue le dialogue pour trouver la solution. Celle qui le met- tra le moins en danger. L’exercice n’est pas forcément évident. “Je ne ressens pas d’appréhension au contact de ces personnes” , note Clémence en expli- quant que sa formation d’assistante sociale l’a grandement aidée dans ses rapports avec les sans-abri et personnes isolées croisées au cours de ses rondes. Fraîchement diplômée de l’I.R.T.S. de Besançon, elle effectue sa première mission de terrain. Loin de la théorie, loin des préjugés. “Au départ, j’étais encore dans le cliché du S.D.F. com- plètement alcoolisé, sale. J’avais les pires stéréotypes en tête. Avec quelques mois d’expérience, je sais qu’on peut parler, dialoguer avec ces personnes comme avec n’importe qui. Mon juge- ment a évolué. C’est tout l’intérêt d’être confronté avec la réalité du terrain. J’imaginais beaucoup de violence au quotidien. Au final, j’ai assisté à deux grosses bagarres.” Pas pire que chez les autres. Elle mesure aussi combien ces per- sonnes ont besoin d’une écoute et atten-

dent parfois qu’on les aide. “Ils vou- draient des réponses rapides qu’on ne peut pas toujours leur apporter.” Tout juste diplômée à 22 ans, Clémence était à la recherche d’une première expé- rience professionnelle quand elle a répondu à l’offre du C.C.A.S. de Pon- tarlier pour un poste sur la veille mobi- le. La proposition a finalement évolué sur un service civique d’une année avec

Clémence, ici en ronde avec Cédric, a découvert le quotidien des sans-abri pontissaliens.

d’autres missions à mener. “On m’a deman- dé de travailler sur les temps d’attente des per- sonnes qui fréquentent l’épicerie solidaire du P’tit Panier. Plutôt que de res- ter assis dans un lugubre couloir, on a mis à leur disposition une salle avec possibilité d’écouter de la musique, de lire des maga- zines…” En parallèle à ces deux missions pontissaliennes, elle intervient à mi-temps sur l’hôpital de Morteau en proposant un accom- pagnement médico-social aux personnes âgées. La polyvalence n’attend pas le nombre des années. F.C.

Accueil d’urgence : bilan positif du recalibrage

Loin de la théorie, loin des préjugés.

L a fermeture de lʼabri de nuit hiver- nal de la rue de la Paix avait sus- cité pas mal de réactions. Parce que le dispositif ne donnait pas entière satisfaction, le C.C.A.S. de Pontarlier a procédé à un recalibrage de lʼoffre dʼaccueil dʼurgence. Cette nouvelle orga- nisation sʼinscrit en phase avec la cen- tralisation du 115 pour optimiser la répar- tition des places dʼaccueil dʼurgence à lʼéchelon départemental. Conséquences : au lieu des neuf places de lʼabri de nuit de la rue de la Paix, le dispositif pon- tissalien en comprend désormais cinq : deux au foyer A.P.A.T. et trois à lʼaccueil de nuit ou C.H.R.S. “On a pris soin de séparer les hommes des femmes. Deux

mois avant la fin du dispositif dʼaccueil hivernal, le bilan est positif. Ce recali- brage sʼavère plus adapté à lʼorganisation dʼun C.C.A.S. comme celui de Pontar- lier qui nʼa pas les moyens dʼune gran- de ville. Cet hiver, personne nʼa dormi

des S.D.F. qui venaient parfois de très loin profiter de la qualité du service de prise en charge offerte aux S.D.F. Du coup, la réduction de la veille mobile aux seuls jours ouvrables nʼa pas vrai- ment été un handicap. Lʼambiance est plus calme quʼavant. Autre preuve de lʼefficacité du recali- brage, aucune plainte nʼest encore par- venue au C.C.A.S. Ce qui nʼétait pas le cas les années précédentes. Le dia- logue avec les sans-abri ne sera pas interrompu quand le dispositif hivernal sʼarrêtera au 31 mars. “En fait, on main- tient une veille mobile toute lʼannée avec Cédric qui avait été recruté pour mener à bien cette mission.”

dehors par obligation. Ceux qui lʼont fait lʼont choisi. On a même reçu des gens de lʼextérieur orientés chez nous par le 115” , explique Béné- dicte Hérard, lʼadjointe pontissalienne en char- ge du C.C.A.S. Pontarlier nʼest plus une destination courue par

Personne n’a dormi dehors par obligation.

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