La Presse Pontissalienne 194 - Décembre 2015
SOCIÉTÉ
La Presse Pontissalienne n° 194 - Décembre 2015 29 La communauté
Le Mea culpa du patron de Klaus AFFAIRE Le patron pontissalien Des centaines de kilos de chocolats et caramels périmés, encore dans leurs emballages, avaient été jetées en pleine nature dans un champ avant d’être brûlés illégalement. Le patron pontissalien de l’entreprise s’explique.
de communes dépose plainte
Président de la communauté de com- munes du Plateau du Russey, Gilles Robert a déposé plainte au nom de la collectivité qui possède la com- pétence déchets sur le territoire. Il a rencontré le propriétaire du champ et le responsable de lʼentreprise. “Je pense que lʼon pouvait retenir dʼautres solutions, dit lʼélu. Lorsquʼil y a un sac-poubelle déposé dans la natu- re, on dépose plainte en gendar- merie. Dans ce cas, on ne pouvait pas faire autrement que déposer plainte pour dépôt sauvage.” Quelles sont les sanctions encou- rues pour un dépôt sauvage ? Selon lʼarticle L 541-46 du code de lʼenvironnement, “est puni de deux ans dʼemprisonnement et de 75 000 euros dʼamende le fait dʼabandonner, déposer ou faire déposer, dans des conditions contraires aux dispositions du pré- sent chapitre, des déchets. En cas de condamnation prononcée pour les infractions visées, le tribunal peut ordonner, sous astreinte, la remise en état des lieux endom- magés par les déchets qui nʼont pas été traités dans les conditions conformes à la loi. La peine est por- tée à sept ans d'emprisonnement et à 150 000 euros dʼamende lorsque lʼinfraction est commise en bande organisée, au sens de l'article 132- 71 du code pénal.”
T riste spectacle. Alors que la chocolaterie Klaus utilise sur ses plaquettes de chocolat l’image bucolique d’une vallée montagnarde où quatre vaches ruminent dans une prairie fleu- rie, elle a sciemment déversé des centaines de kilos de cho- colats et de caramel dans une doline du Russey. Sale image pour le coup. D’autant que la révélation arrive quelques jours
Russey, La Presse Pontissa- lienne a recueilli les commen- taires du dirigeant de la socié- té. Il assume et s’explique. La majorité des chocolats encore emballés étaient périmés depuis janvier 2013. La Presse Pontissalienne : Confirmez- vous que ces chocolats ont bien été déposés ici par vos soins ? Et pour- quoi les avoir délibérément mis là ? Hubert Decreuse (responsable de la chocolaterie) : Oui, ce sont nos produits. Suite au sinistre de l’an dernier (incendie), nous avions plusieurs lots bloqués que nous ne pouvions pas remettre sur le marché. C’était la mauvaise solution, j’en conviens. Nous étions en tra- vaux dans l’usine, tout s’est mal goupillé. Depuis, nous avons ramassé et remis en ordre la doline. Je regrette ce qui s’est passé. L.P.P. :Avez-vous choisi la nature pour éviter de payer une transformation en déchetterie ?
Les cartons de chocolat ont été déversés dans la doline située dans un champ privé entre Le Russey et Bonnétage. En arrière-plan, l’église du Russey.
H.D. : Non, ce n’était pas une volonté de ne pas payer car nous avons cherché à les éliminer. Nous nous sommes renseignés auprès de Préval (Pontarlier). On nous a répondu que c’était impossible. Nous nous sommes tournés vers Besançon, la cimen- terie de Rochefort-sur-Nenon, Corcelles-Ferrières. J’ai des courriers qui le montrent. À chaque fois, nous avons essuyé des refus. L.P.P. : De là à décider de tout jeter dans un trou puis de mettre le feu, il y a tout de même un sacré fossé… H.D. : Nous ne sommes pas com- pris. Il y a eu un quiproquo avec mon beau-frère (N.D.L.R. : le
propriétaire du champ). Je vou- lais faire du compost. L.P.P. : Mais cela n’explique pas com- ment vous faites avec le surplus de chocolat que vous devez supprimer ! H.D. : Du surplus, il n’y en a qua- siment jamais en temps nor- mal. Nous avons toujours pu tout commercialiser. L.P.P. : Dans la doline, il y avait aussi des lots périmés de 2013…Comment ferez-vous à l’avenir ? H.D. : Nous avions profité pour les mettre avec ceux impropres depuis le sinistre. Les périmés dataient d’avant la reprise.Nous allons continuer à chercher pour trouver une filière de recyclage.
L.P.P. : N’avez-vous pas imaginé que déposer cela dans en pleine nature pouvait être polluant voire dange- reux ? H.D. : Je ne minimise pas les faits. Mais comme il s’agit de lamatière organique, il n’y avait pas de risques selon nous. Je conçois que ce ne soit pas très valorisant pour notre société. Il y a un véritable problème de filière. C’était la mauvaise solu- tion. L.P.P. :Vous avez mis le feu au carton et aux chocolats. Et après ? H.D. : Nous avons ramassé et remis en ordre. Propos recueillis par E.Ch.
avant Noël, pério- de propice aux ventes de choco- lat. Après avoir constaté le dépôt sauvage (mercre- di 4 novembre) mêlant palettes supportant des dizaines de car- tons renfermant du chocolat et des bacs en plastique remplis de cara- mel, dans un champ privé du
“Je regrette ce qui s’est passé.”
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