La Presse Pontissalienne 191 - Septembre 2015

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 191 - Septembre 2015

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POLITIQUE

François Sauvadet “L’actuelle présidente de la Région Franche-Comté a joué petits bras”

L a Presse Pontissalienne : Début juillet, vous aviez choisi Besançon pour faire votre pre- mier déplacement de candidat officiel. C’était juste un symbole ? François Sauvadet : C’est plus que cela. J’ai tenu à venir en premier à Besançon pour montrer que nous réussirons cette grande région qui s’étend de la frontière suisse aux bords de Loire uniquement si on joue gagnant-gagnant entre les territoires. Bien sûr il faudra parler du débat entre Besan- çon et Dijon mais il ne faut pas non plus que les autres villes de cette future région ne soient que spectateurs de ce débat. Je sens beaucoup d’agitation chez les deux présidents sortants à ce sujet, mais entre Franche-Comté et Bourgogne, les lois de l’équilibre ne doivent pas non plus être la voie de la dispersion. On sait aussi que le contexte budgétaire sera toujours aussi ten- du pour la future région et que les écono- mies annoncées ne seront pas au rendez- vous. Tout cela est de l’enfumage. Je serai le meilleur garant de l’équilibre entre les deux régions. C’est autre chose que de dire comme le fait Marie-Guite Dufay qu’elle veut préserver les intérêts de la Franche- Comté. L.P.P. : Quels seront pour vous les dossiers priori- taires de la future région Bourgogne-Franche-Com- té ? F.S. : Je souhaite bien évidemment que nous travaillions à l’emploi et à l’économie. La situation locale n’est pas reluisante. Là où en France on a un taux de disparition d’entreprises de l’ordre de 0,5%, en Franche- Comté, on est à 2,5 % et en Bourgogne à 4 % On comptera cette année 2 400 les élections régionales de décembre prochain livre les grandes lignes de sa campagne. Première interview. Avant sa rentrée politique en Franche-Comté à Gilley le 5 septembre aux côtés de Nicolas Sarkozy, le chef de file de la droite et du centre pour

François Sauvadet fait sa rentrée politique dans le Doubs à Gil- ley aux côtés de Nicolas Sarkozy le 5 septembre.

té devienne une terre beaucoup plus attrac- tive. J’ai demandé au député Arnaud Dan- jean d’animer cette cellule européenne. L.P.P. : Quelles sont les conditions de la réussite de cette fusion ? F.S. : Nous n’avons pas d’autre choix que de jouer ensemble et nous avons l’obligation de réussir cette fusion. La Franche-Com- té, avec son agriculture, son industrie, ses 230 km de frontière avec la Suisse, est d’ailleurs une formidable chance pour la Bourgogne.Il n’y aura pas dematchFranche- Comté contre Bourgogne pas plus qu’il y aura un match Besançon-Dijon. Pour que cette fusion soit une réussite, il faut que les choses soient efficientes, opérationnelles et équilibrées. Pour arriver à cet équilibre entre les territoires, j’ai d’ailleurs deman- dé à Jean-Louis Fousseret de le rencontrer comme je l’avais demandé à Alain Millot l’ancienmaire de Dijon (décédé cet été) pour discuter avec eux des conditions dans les- quelles on pourra organiser les choses au mieux. Par ailleurs, je ne veux pas qu’il y ait de territoires oubliés à l’occasion de cet- te fusion. Dans un autre geste de proximi- té, j’ai réuni les six présidents de droite et du centre des Conseils départementaux des deux régions actuelles. Ma main est éga- lement tendue aux deux autres Conseils départementaux de gauche, la Haute-Saô- ne et la Nièvre.Avec les six Conseils dépar- tementaux, nous avons déjà convenu de travailler régulièrement ensemble sur cet- te notion de territoires. Il paraît tout de même étonnant que ces derniers n’aient même pas été associés aux discussions rela- tives à la fusion des régions ! Nous orga- niserons donc une conférence territoriale régulièrement avec eux.Dans les huit dépar- tements de la future région, ils gèrent quand même un budget global de 3milliards d’euros, soit le double du futur budget régional. L.P.P. :Comment transformer cette réforme que vous n’avez pas votée en opportunité pour cette future région qui restera une des plus faibles de France ? F.S. : Sur le plan géographique, ce sera une assez grande région mais c’est vrai que du point de vue du P.I.B., elle sera une des plus

faibles de France. En même temps, elle restera la principale région industrielle de France, il s’agira donc de la faire entrer dans l’ère du 4.0. Surtout, cette région sera avec sa qualité de vie une des plus attractives de France. Nous ferons en sorte qu’elle devienne un territoire avec une qualité de vie au service de l’emploi. Cette région ira des montagnes du Jura aux bords de Loire avec un panel de pay- sages extraordinaire et la proximité immé- diate des grands axes, des pays comme l’Allemagne, la Suisse ou l’Italie et aux portes de Lyon et de Paris. Nous pour- rons faire de cette situation géographique une vraie chance. Nous redonnerons de la fierté à cette région. L.P.P. : Elle en manque de la fierté ? F.S. : Il faut bien reconnaître que jusqu’à maintenant l’actuelle présidente de la Région Franche-Comté a joué petits bras. Il faut désormais changer de braquet, redonner de l’allant et de la fierté à cet- te région. Nous avons des atouts consi- dérables pour pouvoir rayonner à l’international. L.P.P. : Vos têtes de liste départementales sont choisies. Dans la douleur avec les relations tou- jours compliquées avec vos “amis” Les Répu- blicains ? F.S. : Les commissions nationales d’investiture de l’U.D.I. et des Républi- cains ont désigné ceux qui mèneront le combat à mes côtés et je m’en réjouis. Les têtes de listes départementales que je souhaite voir mener la bataille sont les suivantes pour les quatre départe- ments francs-comtois : Florence Besan- cenot dans leTerritoire-de-Belfort, Patrick Genre dans le Doubs, Hélène Pélissard dans le Jura et Alain Joyandet en Hau- te-Saône qui a accepté cette responsabi- lité. Le sujet pour moi, c’est le rassem- blement d’un maximum de gens compétents pour que les choses changent dans cette région. Je mettrai tout mon poids afin que tout le monde se sente à l’aise dans ce rassemblement que je veux le plus large possible. Il faut me faire

confiance pour que toutes les tensions qui sont nées ici ou là s’apaisent très vite. Une page est tournée, une nouvelle s’ouvre. Maintenant, il faut faire campagne pour les gens de cette région. C’est ça le chan- gement à apporter. L.P.P. : Le rassemblement, vous le préconisez jus- qu’où ? F.S. : Si l’U.D.I. ou les Républicains étaient capables de gagner seuls, ça se saurait depuis longtemps. C’est pour cela que l’on a choisi l’union. Je souhaite d’ailleurs que ce rassemblement aille jusqu’au MoDem. L’union n’est pas une option quand on a le F.N. aux trousses. C’est une obligationmora- le et politique. À partir de la rentrée, nous sommes en ordre de marche. Je remarque d’ailleurs que la gauche a beaucoup plus de travail devant elle pour réussir l’union. L.P.P. : Votre avis sur l’aéroport de Dole ? F.S. : Les responsables régionaux ont loupé le coche en voulant un aéroport sans avions aumotif que le contribuable régional n’avait pas à payer de subventions pour faire venir des compagnies low-cost . Si je suis élu, je soutiendrai bien évidemment l’aéroport de Dole. Je pose la question à Marie-Guite Dufay : quelqu’un qui prend le T.G.V., il est bien subventionné par la Région ? Tout le monde a payé pour Besançon, Dijon ouMul- house et à ce motif-là il ne faudrait pas accepter de Suisses ou de Parisiens dans nos trains ? Ce raisonnement est absurde. Ceci dit, deux aéroports, ce n’est pas tenable. Il faut maintenir juste une aviation d’affaire sur Dijon et un aéroport régional sur Dole. L.P.P. : Quelle sera la marque de fabrique Sauvadet pour la future région ? F.S. : Jusqu’à maintenant, le P.S. se conten- tait de parler aux socialistes. Je veux d’abord un changement de méthode : que la futu- re Région parle à tous les habitants de ce territoire, sans gommer les différences mais en faisant en sorte qu’aucun territoire ne soit oublié. Nous sortirons d’une région sim- plement administrée pour entrer dans un développement stratégique. Propos recueillis par J.-F.H.

Bio express François Sauvadet est né le 20 avril 1953 à Dijon, il est vice-président de l’U.D.I. Il est président du Conseil général de la Côte-d’Or depuis mars 2008. Le 29 juin 2011, il est nommé ministre de la Fonction publique dans le troisième gouvernement François Fillon, à la faveur d’un remaniement qui fait suite à la désignation de Christine Lagarde à la tête du F.M.I. En juin 2012, il est réélu député de la Côte-d’Or. Il participera ensuite à la création de l’U.D.I. avec Jean- Louis Borloo. Le 21 avril 2015, il déclare sa candidature à la présidence du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, en concurrence avec Alain Joyandet, qui s'était porté candidat en décembre 2014. Il sera finalement retenu au détriment du sénateur de Haute-Saône suite à l’accord national entre l’U.D.I. et les Républicains.

défaillances d’entreprises sur le territoire. Ce n’est pas normal aujourd’hui que nous n’ayons engagé que 75%des fonds européens disponibles au bénéfice de l’innovation, avec le risque d’en perdre. L.P.P. : Vous avez des idées à émettre à ce sujet ? F.S. : Si je suis élu président de cette grande région en décembre, la première cho- se que je ferai est la créa- tion d’un pôle de stratégie européenne et ce pôle sera basé à Besançon. Il aura vocation à permettre à tous les acteurs économiques de leur simplifier l’accès aux crédits européens. Le délai d’obtention d’un crédit euro- péen est actuellement de 20 mois. Ce n’est plus possible. Parallèlement à la création de ce pôle européen sur Besançon, nous allons den- sifier notre présence sur Bruxelles. L’objectif est que la Bourgogne-Franche-Com-

“La frontière, une chance pour la grande Région.”

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