La Presse Pontissalienne 191 - Septembre 2015

LE DOSSIER

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La Presse Pontissalienne n° 191 - Septembre 2015

FRONTALIERS : LA FIN DES IDÉES REÇUES

Une grande enquête I.P.S.O.S. pilotée par le Crédit Agricole, en partenariat avec le Groupement Transfrontalier Européen vient démentir quelques a priori tenaces au sujet des travailleurs frontaliers. Pour son édition de la rentrée, La Presse Pontissalienne publie les résultats. Chiffres, tableaux, analyses et commentaires.

Observatoire

La parole est aux frontaliers Le Crédit Agricole a organisé la première édition de son “observa- toire des frontaliers” dont il présentait les résultats au début de l’été. On dit le frontalier dépensier, endetté et sans relations sociales côté suisse : toutes ces certitudes sont erronées.

C’ est dans un salon de l’hôtel de la Paix à Genève que le Crédit Agricole a livré le 30 juin dernier les ensei- gnements de son tout premier “obser- vatoire des frontaliers” que la banque compte organiser tous les deux ans. Par- tant du constat que le nombre de tra- vailleurs frontaliers sur l’Arc jurassien (de Bâle à Genève) est passé de 94 000 en 2004 à 150 000 fin 2014 (soit une hausse de 60 % en dix ans), cette popu- lation qui a la particularité de passer tous les jours la frontière pour se rendre à son travail est devenue un sujet d’étude à part entière et constitue pour les régions concernées, dont la Franche-Comté est au premier rang, un véritable particu- larisme autant sociologique qu’économique. Première banque des frontaliers, le Crédit Agricole souhaitait par l’intermédiaire de cette enquête inédite réalisée auprès d’un échantillon d’un millier de clients mieux cerner les attentes et les habitudes de vie de ces derniers. Les frontaliers sont souvent affublés de stéréotypes qui leur collent à la peau, passablement énervants pour eux, car souvent injustifiés. “Cette étude tend

déjà à montrer qu’il y a toutes sortes de frontaliers avec leurs préoccupations dif- férentes” résume Pierre Fort, directeur général adjoint du Crédit Agricole des Savoie. “Cette étude a permis de renver- ser des vérités toutes faites” enchérit Michel Charrat, le président du Grou- pement Transfrontalier Européen (G.T.E.), partenaire de l’étude. Une cho- se est sûre déjà : le recours au travail frontalier ne devrait que s’accentuer.

“La Suisse est le pays au monde qui innove le plus et qui a la population acti- ve la plus mobilisée. De par son déficit démographique de plus en plus fort, la Suis- se se tourne naturellement vers l’étranger pour ses pro- fessions de pointe et de niche. Le seul futur pour la Suisse est de se tourner vers les autres pays pour recru- ter” analyse Cédric Dupont, sociologue et enseignant à l’Université de Genève. Le nombre de frontaliers sans cesse en hausse depuis 2004 devrait encore s’accroître dans les années

“Les temps de parcours ont doublé en dix ans.”

Catherine Galvez, directrice générale de Crédit Agricole Financements Suisse a coordonné l’étude.

à venir. Une des illustrations de cette ouverture croissante, c’est l’E.P.F.L., l’école d’ingénieurs de Lausanne qui est une des écoles les plus ouvertes au mon- de aux étudiants (et aux enseignants) étrangers. Le travailleur frontalier est aujourd’hui en majorité (62 %) un homme, âgé de 42 ans en moyenne et 45 % des frontaliers sont des C.S.P. +. Si le bassin genevois

rassemble les compétences les plus poin- tues, la particularité du travail fronta- lier en Franche-Comté est sa spéciali- sation dans l’horlogerie. Dans notre région, 48 % des frontaliers travaillent dans la branche horlogère, soit près d’un frontalier sur deux. “Les frontaliers francs-comtois n’ont pas forcément tous des diplômes, mais ils ont tous dumétier” commente Élisabeth Eychenne, la direc-

trice générale du CréditAgricole Franche- Comté. Les déplacements sont devenus un des enjeux majeurs du travail frontalier. D’après l’enquête, 49 % des frontaliers travaillent à plus de 20 minutes de leur domicile, 1/3 d’entre eux à plus de 45 minutes et même un sur dix à plus de 60 minutes. S’ils se disent prêts à 48 % à utiliser davantage les transports en

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